Y aurait-il quelque
substantifique
mlle à extraire du
70ème Festival
de
Cannes,
au vu de ses multiples projections réparties sur les écrans
de La
Croisette
lors du mois de
Mai
2017...
ne serait-ce que dans une
perception subjective
?
Nous conservons, en premier lieu, le souvenir vivace
dAl
Gore,
lex
vice-président
de
Bill
Clinton,
investi dans la défense écologique de la planète qui,
ainsi, ne cesse de parcourir celle-ci en sensibilisant son auditoire mondial,
à la suite de son premier film projeté dix ans plus tôt
« Une
vérité qui
dérange »
et venant donc de présenter au
Festival de Cannes
2017
« Une
suite qui dérange : Le temps de
laction »
en sappuyant sur ses nombreuses interventions de pèlerin à
travers tous les continents, afin de mettre en mouvement les énergies
capables dinverser les forces destructrices de notre environnement
en progression permanente par la faute du comportement humain.
Par effet de contraste, lorsque
Jean Douchet
fustige
« la
propriété »
comme une entrave à la réalité existentielle de
lindividu croyant, à tort, atteindre à sa suprême
indépendance, rejoint-il, dabord pour sa propre gouverne de
cinéaste, le cercle de
lépicurisme prônant la jouissance sans entrave
ou se contente-t-il dopposer une résistance idéologique
formelle au trompe-lil sociétal ?
« Lenfant
agité »
ne répond pas à cette différenciation dialectique implicite
car ce portrait cinéphilique du fameux
critique-historien
octogénaire
surfe avant tout sur le vécu dédié aux déplacements
incessants du
conférencier
international
sans vraiment interroger les réelles motivations de
lhomme
charismatique
qui, malicieusement, se dérobe à toute introspection.
La force de ce
témoignage initié, dédié
et mené par
trois jeunes
réalisateurs Fabien
Hagège, Guillaume
Namur
& Vincent
Haasser,
réside davantage dans la volupté perspicace de pister une
manière atypique de vivre
« sa vie
dincontournable passeur culturel
»
qui, de fait, échapperait à tout formatage conventionnel.
Cest, de toutes
évidences
mais pourtant de manière inattendue, lauteur
de
« Shoah »
Claude
Lanzmann
qui, lui, met les pieds dans le plat avec une candeur à faire fondre
tous les amoureux du coup de foudre réciproque quand ceux-ci se trouvent
exposés au cur denjeux vitaux, collectifs et politiques
à une confrontation personnelle sous géométrie variable
avec
Eros et
Thanatos !
Dans cette perspective, la
séduction amoureuse pourrait-elle être une composante diplomatique
à part entière ou bien ne relèverait-elle que de la
faiblesse de jugement due à la jeunesse ?
Faisant partie de la
première
délégation
européenne
conviée à visiter la
Corée du Nord
en
58
après
les dévastations de la guerre, le jeune
Claude va séprendre de
Kim Kun
Sun,
une infirmière de
Pyongyang dans des situations rocambolesques
où vont se disputer les interdits dune telle brève
rencontre
même
platonique.
Soixante ans plus
tard,
le fougueux nonagénaire retourne sur les lieux de son exploit, toujours
bouleversé à cette évocation quen conteur
patenté, il nous confie face caméra
comme si
lIntime avait soudain rendez-vous avec
la grande
Histoire.
Cest ici
que
Laurent Cantet
en
position
déquilibriste
pédagogique
entre
« 120 battements
par
minute »
prix du
Jury
et
« The
Square »
Palme
dOr,
pourrait en sa qualité de
metteur en
scène
déjà palmé
(Entre les
Murs
2008) faire la synthèse éthique
et même poétique des deux films précités grâce
à son
« Atelier » décriture
où sincarne la fracture entre les
« bonnes
intentions »
du monde socioculturel et le
« malaise
identitaire »
dune jeunesse contemporaine exacerbée au prorata de ses outils
de perception du monde qui paraissent à des années lumière
voire numérique de la
« vieille
école »
bien pensante.
A cet égard
« The
Square »
est formidablement représentatif du fossé insondable qui peut
se créer entre laspiration délever ses contemporains
à une
modernité
réinventée
du
progrès alors même que les paramètres socio-psychologiques
des
motivations
humaines
seraient négligés en leur potentialité
dinteractivité destructrice.
En effet, être
conservateur de
musée
sensible au besoin de lhumanité à renouer un lien authentique
avec elle-même, ne dispenserait pas de percevoir le décalage
abyssal entre les bonnes clefs pour aider ses concitoyens à identifier
leurs
« raisons
dêtre »
au sein de la société davec une résistance atavique
des troubles propres à susciter linquiétude et le nihilisme
dans les esprits :
« The
Square »
de
Ruben
Östlund
savère être une
Palme
dOr
totalement légitime mais que certains ont trouvé exaspérante
dans ses insistances artistiques à sétirer en longueurs
et pléonasmes.
Quant à
Robin
Campillo,
co-scénariste attitré de plusieurs films de
Laurent Cantet
dont
notamment
« Entre les
Murs »
et présentement
« lAtelier » sélectionné
dans
« Un certain
regard »,
lui proposait donc avec
ses « Cent
vingt battements par
minute »
une brûlante plongée dans la mémoire des années
Act-up
Paris,
en y mêlant le combat intime et collectif face au corps social plutôt
indifférent, à ce stade de lévolution de la
pandémie du
Sida,
à lurgence dune mobilisation générale.
Cest donc lhistoire dune course contre
la montre au bord de la panique qui se rappelle à la
mémoire collective
mais
sans jamais y céder en raison de lenjeu forcément solidaire.
Le rappel
de cette lutte oblige à la réflexion sur les égoïsmes
et le manque de clairvoyance à commencer par ceux des
institutions publiques
et
surtout ceux des laboratoires privés.
Tel un message inséré dans une bouteille
à la mer, ce film incite à toujours plus de
vigilance
sociétale
renouvelée face aux défis que la nature humaine se doit de
résoudre avec
rationalité
et
compassion, ne serait-ce que par respect
vis-à-vis
delle-même.
Si donc en toile de fond, la problématique de
la confrontation du collectif davec lintime aurait fort bien
pu servir de ligne thématique aux diverses sélections de ce
70ème Festival
de
Cannes,
le
festivalier
cinéphile
a eu ainsi tout loisir den apprécier pleinement les multiples
facettes en compagnie des différents
Jurys
?
Dautant plus que remettant sans cesse louvrage
artistique en questionnement, nous serons de nouveau, en
mai
prochain,
en prise avec nombre de ces prospectives que le
festival de
cinéma
cannois
porte en exigence intrinsèque afin délever toujours au
plus haut la qualité représentative et engagée du
7ème
Art.
Il est tout aussi réconfortant
que les préoccupations de
lâme humaine
constituent
le cur de cible de ce
rendez-vous
cinématographique
que davoir la conviction de son
universalité
garantissant,
à légard de ceux qui le souhaitent, cet espace
privilégié où la réflexion converge annuellement
de façon à faire une mise au point ambitieuse sur
létat
du
monde
bien que forcément relative.
La
Palme
dOr
se forge ainsi, de façon symbolique, tel un fleuron emblématique
en gestation concomitante avec
son
époque.
Que vive donc, en
Mai
2018,
le
71ème Festival
du film international de
Cannes!...
Theothea le
17/09/17