Cannes
2019
L'année
Parasite
Scellée
par Alain Delon & Sylvester
Stallone
Sous le triple parrainage de Claude Lelouch, Anouk Aimée
et Jean-Louis Trintignant présentant « Les plus belles années
dune vie » cinq décennies après « Un Homme,
une Femme », la 72ème édition du Festival de Cannes
décernait sa palme dOr à « Parasite » de Bong
Joan-Ho, rarement attribuée de manière aussi consensuelle et
fort classieusement encadrée par celle dHonneur remise à
Alain Delon pour sa carrière et La Master Class de Sylvester Stallone
rééquilibrant dun coup dun seul, sil le fallait,
les égos de tous les « peoples ».
Bref, lintensité était de mise à la
fois sur les écrans et dans les salles à laune de discours
qui ne pourraient quenorgueillir le patrimoine du
Cinéma.
Pour Alain Delon, cétait Anouchka sa fille,
elle-même comédienne, qui se chargeait à la fois de coacher
la Star paternelle, den être sa confidente ainsi que son agent
et surtout de lui remettre ce plus beau des trophées au soir de sa
carrière.
Pour Stallone, cétait le journaliste Didier Allouch
qui menait en contre-champ linterview alors que lacteur soliloquait
brillamment selon son instinct et sa
façon de percevoir lintérêt que sa présence
suscitait spontanément à chaque instant.
Comme deux moments suspendus hors du temps dans un Festival qui
court sans cesse entre deux toiles, dun photo call à une autre
standing ovation, les visuels témoignent dune incontestable
présence magnétique au cours de ces deux happenings quaucun
être présent en salle Debussy naurait osé troubler
en quoi que ce soit.
Il peut paraître étrange de mettre en perspective
et a parité, un an plus tard, ces deux évènements dont
les héros ne partageaient point, de toute évidence, la même
posture face à lhonneur qui leur était procuré
par lorganisation du Festival et, pourtant, force est de se rappeler
que ces deux entités vivantes du Cinéma venaient, en quelque
sorte, se mettre à nu devant lassistance indubitablement
cinéphile en leur dévoilant, sans pudeur feinte, leurs faiblesses
ou lacunes existentielles compensées par une aura et un talent hors
du commun.
Si Alain annonçait, sans grand ménagement, quil
était proche du grand départ et que par conséquent,
il lui fallait vivre ces instants précieux de reconnaissance et
dhommage, comme une véritable empathie avec le public, Sylvester,
quant à lui, préparait son énième retour avec
la foi dun magicien qui sait quil ny a pas de recette miracle
mais qui pressent que les ondes positives rôdant autour de lui vont
plaider en sa faveur dans un reflux mystérieux tout en continuant
dêtre le premier surpris par ce
phénomène.
Un peu comme si les forces telluriques étaient bien plus
importantes pour ces deux monstres sacrés que tout business plan
échafaudé par des experts en mal de relancer leur mythe
respectif.
Captant, dans les deux cas, toute lénergie vitale
de la salle Debussy, le Français et lAméricain unissaient
ainsi, en dehors de toute contingence planifiée à 5 jours
dintervalle, une sorte de mainmise sur limaginaire collectif
dont, nécessairement par la suite, les mémoires individuelles
et médiatiques feraient écho en se référant à
ces instants privilégiés quasiment iconiques.
La nostalgie inhérente à lHistoire du Cinéma
se construit ainsi, par ces états de grâce que personne ne
contrôle mais que tous savent quils ne se répèteront
plus jamais à lidentique.
Aussi puisque « The show must go on », ce flash-back
concernant la célébration 2019 rendait de facto dautant
plus attrayants les sortilèges spécifiques nécessairement
attendus pour la 73ème édition du Festival de Cannes qui aurait
dû avoir lieu en mai 2020 mais qui, sous contrainte du confinement
international, devrait prendre la tournure exceptionnelle dune mise
en abîme du Cinéma projetant les films officiellement
sélectionnés comme les véritables Stars dun Festival
devenu momentanément virtuel pour assurer la meilleure sauvegarde
collective
sur un écran restant à imaginer en projet
d'une Palme dOr forcément inédite.
Pour le meilleur et pour le pire, Le Festival de Cannes était
bel et bien scellé... en perspective de sa résilience
!
Theothea le 20/03/20