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SUR UN AIR DE TANGO

de  Isabelle Toledo

mise en scène    Annick Blancheteau & Jean Mouriere

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Poche Montparnasse

Tel:  01 45 48 92 97 

 

   Photo LOT

       

C'est le charme du théâtre de Poche Montparnasse que de savoir créer l'alchimie entre un texte (en l'occurrence celui d'Isabelle de Toledo) et ses personnages d'une part, l'intimité des comédiens avec un public d'initiés d'autre part.

Cette rencontre toujours profitable aux uns et aux autres peut de surcroît susciter de véritables instants de grâce. Avec Etienne Bierry et Olivier Marchal se glissant comme au naturel dans la destinée de Max, veuf au soir de sa vie, et Pierre son grand fils dans la force de l'âge, c'est avec le regard paradoxalement attendri de l'épouse à l'égard de cette filiation pleine d'affection que le spectateur s'immisce dans le malaise conjugal puisque donc Alice (Lisa Schuster) aime désormais ailleurs.

Absorbé par son travail de petit restaurateur du bord de mer, Pierre n'a pas vu venir le naufrage de son couple, mais il faut convenir à sa décharge que son père, aussi sympathique soit-il, a de fait squatté ses quelques moments de disponibilité l'éloigant d'autant de ses responsabilités maritales.

En effet Max, c'est tout un poème!... Ayant déjà passé allégrement le cap du grand âge, il est gagné par nombre de velléités comme celle, par exemple, de se perfectionner en tango tout en conviant son fils à savoir pareillement profiter de la vie au point de lui brouiller les quelques repères subsistant dans la sphère privée.

Ainsi désemparé par "les choses de la vie" mais plein de bonne volonté, Pierre ne va plus savoir de son père, de sa femme, de ses deux enfants, s'il doit chercher le rapprochement ou l'éloignement.

Tous, guettés par le faux pas du destin, resteront en permanence guidés par la pudeur du sentiment tacite.

Trois merveilleux comédiens sur le fil du mélodrame, tissé poignant par Annick Blancheteau et Jean Mouriere!...

Theothea le 15 septembre 2005

LETTRES A UN JEUNE POETE

de  Rainer-Maria Rilke

mise en scène    Bernard Grasset

 Choix des Chroniques ****

Théâtre La Bruyère

Tel:  01 48 74 76 99

 

 

   

Seul sur la scène du Théâtre La Bruyère, Niels Arestrup semble trouver la mesure de son apaisement. Comme si en conseilleur de ses jeunes pairs, il devenait le payeur des droits à être soi-même.

Ces lettres de Rainer Maria Rilke à Franz Xaver Kappus, jeune poète viennois de vingt ans décontenancé par les projets militaires nourris par sa famille à son égard alors qu'il ambitionne une destinée littéraire, ont tôt fait d'inspirer Niels Arestrup à être le chantre d'une conscience libre apte à juger des bien-fondés la concernant.

Dans cette perspective souhaitant s'approcher de la sagesse souveraine, le comédien force alors son apparence jusqu'à la silhouette de vieillard à capillarité taillée dans le foisonnement d'une blancheur atavique.

Ainsi doté de prérogatives empiriques, l'acteur habite le personnage de Rilke au point de devenir chaque soir l'auteur authentique des lettres qu'il signe en fin de chaque correspondance.

Concentrée dans la souffrance artistique à être le seul et unique créateur d'une oeuvre née dans l'urgence et la nécessité, la voie du poète s'ouvre sur le champ des possibles dont il se doit d'être le maître.

Ainsi de Rainer à Franz va circuler, selon les termes de Bernard Grasset, "un manuel de la vie créatrice à portée universelle".

Se faisant, Niels Arestrup fascine son public par un comportement scénique où à chaque instant semble se jouer la survie du rôle qu'il compose dans la subtilité présente... jusque dans le salut final où l'étrangeté du geste demeurera comme suspendue à l'asymptote d'une incarnation à jamais hors d'atteinte!…

Theothea le 19/09/05

LES HORS LA LOI

de  Alexandre Bonstein

mise en scène    Agnes Boury

 Choix des Chroniques ****

Théâtre  Marigny

Reprise  avril-mai 2007:

Théâtre du Gymnase 

 

   Photo Jérôme Deya

        

S'il n'y avait eu qu'un seul spectacle à célébrer en cette rentrée théâtrale 2005-2006, pour sûr nous aurions choisi "Les Hors la loi" qui a déjà été présenté en mars dernier dans ce même théâtre Marigny pour quelques représentations tellement ovationnées qu'une nouvelle série a été programmée du 14 au 18 septembre avec deux séances supplémentaires les 24 et 25 septembre avant l'arrivée de Serge Lama dans la salle prestigieuse.

Les "Hors la loi", cette comédie musicale réunissant 6 comédiens handicapés moteurs, un sourd et trois "valides" a été initialement imaginée pour sensibiliser l'opinion aux clivages contre-performants qui peuvent subsister entre le monde du handicap et le reste de la société; ce spectacle destiné à parcourir la France profonde a donc été littéralement happé et plébiscité, dès ses premières représentations, par les spectateurs parisiens complètement enthousiastes face à une telle initiative qui met du baume au coeur de tous.

Ce succès immédiat entraînant nécessairement un bouche à oreille galvanisant, ce sont maintenant les producteurs qui s'interrogent sur la suite à donner face à cet engouement public.

Il faut dire que, acquise dès le départ, l'hospitalité de Robert Hossein dans son théâtre a été le coup de pouce du destin qui a permis au concept artistique originel d'Ounissa Yazid, présidente de l'association Handi-Art qu'elle a fondée en 97, non seulement de se construire sous des auspices favorables mais encore de fédérer de multiples talents comme celui d'Alexandre Bonstein à l'écriture, d'Agnès Boury à la mise en scène, de Dova Attia à la production.

Il ne restait qu'à effectuer le casting (Patricia Assouline, Rosario Cusumano, Lila Derridj, Grégory Dunesme, Rachid El Ouaghli, Patrick Laviosa, Ariane Pirie, Caroline Soria, Sherazade Tamzought, Gilles Vajou), avec le souci d'intégrer des savoir-faire complémentaires pour que la magie soit au rendez-vous de l'émotion et de la parodie afin de faire triompher par le rire, toute l'énergie du cheminement métaphorique.

Ainsi sur les traces de Bonnie & Clyde et dans la confusion des rôles entre ceux qui ont la bonne carte à jouer et ceux qui ne l'auraient pas, un souffle insidieux va faire valser les codes établis au point d'en faire danser les fauteuils roulants eux-mêmes!...

Irrésistible au premier degré de ces tribulations de bon aloi, la qualité des voix et de l'interprétation musicale va non seulement éveiller la "nostalge" de tubes bien balancés, mais encore créer un sentiment de plénitude où le défi à vaincre les contraintes constituerait en soi un réconfort collectif.

Euphorisant pour la meilleure des causes, ce spectacle et d'autres à venir devraient désormais bénéficier de tous les signes valorisants que notre société se doit à elle-même!...

Theothea le 20/09/05

CREANCIERS

de  August Strindberg

mise en scène    Hélène Vincent

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l' Atelier

Tel: 01 46 06 19 89

 

   Photo Emmanuel-Robert Espalieu

            

La distribution est intéressante, l'auteur est fascinant, la metteur en scène a de l'expérience, le théâtre de l'Atelier est un lieu où la magie opère à juste titre et pourtant d'où vient cette étrange impression que tous ces éléments réunis passent à côté de l'impact attendu à l'égard d'un tel projet.

A l'analyse, il sera possible de penser que la direction d'acteurs est trop réaliste au détriment du machiavélisme implicite tissé dans la stratégie d'August Strindberg. Sans doute le jeu des protagonistes s'apparente trop à une rencontre de salon, là où il faudrait voir des âmes en souffrance prêtes en puissance à des extrêmes contradictoires, là où le spectateur devrait percevoir davantage de ressentiment que de sentiment bafoué.

Ainsi, Gustav (Lambert Wilson) apparaît-il très sûr de lui, imbu de sa personne mais relativement peu comme un personnage en nécessité de vengeance radicale en mémoire d'un amour trahi.

Ainsi, Adolphe (Jean-Pierre Lorit), cet artiste vulnérable et influençable, nous apparaît comme une victime sans défense, alors qu'en fait une sourde résistance au cataclysme à venir ne devrait cesser de poindre à fleur de peau.

Et puis, il y a Tekla la femme fatale, celle par qui tout le mal amoureux se déclenche autour d'elle sans qu'elle en ait la moindre once de responsabilité; Emmanuelle Devos semble en distancier tellement son interprétation que l'attrait mystérieux qu'elle devrait irradier paraît s'estomper dans la banalité des arguties du rôle.

Cependant, divisée en trois parties caractérisées par autant de rencontres déterminantes, d'abord "Gustav-Adolphe", ensuite "Tekla-Adolphe" et enfin "Gustav-Tekla", la pièce "Créanciers" culmine en une rencontre finale au sommet avec le trio composé de l'ex-mari, de la femme et du jeune époux pour dévoiler la manipulation démoniaque à laquelle, devant témoins, ils se sont tous abandonnés du plus actif au plus passif.

Il faut dire alors que Lambert Wilson, lâché comme un lion en cage depuis le début de la représentation fait passer l'assistance par de tels frissons d'effroi mêlés d'admiration, que ces instants d'émotion intense valent bien d'effacer toutes les sensations précédentes de vacuité.

C'est bien lui le prince de la soirée!… En effet le "Gustav" d'Hélène Vincent tire toutes les épingles du jeu, du sien et même de celui de ses partenaires, au point qu'il pourrait paraître crédible que Tekla et Adolphe par instinct de survie se remettent en ménage.

Mais était-ce là l'objectif psycho-dramatique poursuivi par August Strindberg?

Theothea le 22/09/05

RICHARD III

de  William Shakespeare

mise en scène    Philippe Calvario

 Choix des Chroniques ****

Théâtre des Amandiers

Tel: 01 46 14 70 00

 

       Photo Pascal Victor

   

Le Richard III de Philippe Calvario incarné par Philippe Torreton était fort attendu en ce début d'automne 2005 en représentations au théâtre des Amandiers de Nanterre, puis en tournée hexagonale.

D'autant plus qu'en face au théâtre de Paris devait le concurrencer le Richard III de Didier Long avec Bernard Giraudeau!… Cependant le duel Shakespearien n'aura pas lieu puisque la deuxième mise en scène est différée pour raison de santé du comédien.

Sans doute les deux Philippe devraient-il être fort marris de cette rivalité défectueuse, car leur Richard passant à l'acte d'une série de meurtres fantasmés dans l'opportunité la plus totale, sera un "sale gamin" aux caprices sans limites à l'égard de la couronne royale que ce personnage maléfique veut conquérir.

Prêt à toutes les forfaitures pour assouvir son obsession du pouvoir absolu, leur Richard saura pourtant au final se contenter paradoxalement d'un cheval à bascule en place "de son royaume" pourvu qu'il ait eu auparavant l'ivresse d'avoir transgressé toutes les règles du jeu, y compris peut-être celles du drame!..

Quels auraient alors été les avantages respectifs issus de la confrontation artistique si Didier Long et Bernard Giraudeau n'eussent pas adopté ce même parti-pris de stratégie ludique?

S'arc-boutant à la fois sur les lois du grand spectacle et la truculence de Guignol, Philippe Calvario va trouver un rythme métaphorique qui permet à Philippe Torreton de transformer cette perspective du Don Quichotte sanguinaire en un rôle éminemment physique, tel celui d'une rock star affrontant et fascinant le public d'un grand stade.

En japonisant les costumes et le décor dont un panneau mobile pourra tel un pont-levis servir selon, de mur de lumière tamisée, de plafond luminescent et pourquoi pas ressembler à une piste de disco, le metteur en scène va susciter une transposition spatio-temporelle implicite fort propice à un univers imaginaire où le concept du meurtre n'aurait pas d'autre équivalent que celui du modèle freudien.

Ainsi Richard médiateur de l'inconscient aura beau jeu de renvoyer les pulsions de mort au rang des accessoires d'une jungle policée où les interdits ne seraient que le paravent du mal incarné.

Le véritable enjeu du Richard III de Calvario-Torreton, c'est donc " le jeu " dans toutes ses acceptions.

Theothea le 30 septembre 2005

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