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LOVE LETTERS

de  Albert Ramsdell Gurney

mise en scène    Sandrine Dumas

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Madeleine

Tel:  01 42 65 07 09 

 

   Photo Carole Bellaïche 

      

De part et d'autre d'une longue table de banquet auquel est convié de face le public du théâtre de La Madeleine, Anouk Aimée et Philippe Noiret doivent chaque soir attendre une heure et demie avant de pouvoir enfin se regarder dans les yeux avec, au terme de cette gratifiante lecture en duo, l'immense satisfaction d'une salle qui du balcon à l'orchestre les applaudit debout comme en un cérémonial de Molières à vie.

Il faut dire qu'ayant créé pour la France ces "Love letters" d'Albert Ramsdell Gurney en 1990, la belle dame fut accompagnée successivement de deux autres amoureux particulièrement valeureux dans le rôle du correspondant épistolaire si attentionné, d'abord Bruno Cremer puis l'année suivante Jean-Louis Trintignant.

A propos de ce dernier, serait-ce donc le destin qui arrangerait si bien les concomitances pour qu' "Un homme et une femme" soient de nouveau sur "les planches" en ce même automne d'apothéose se répondant comme en échos par- dessus les années depuis le Théâtre Hébertot jusqu'à celui de La Madeleine... chabadabada... chabadabada!...

Voilà qui pourrait fort bien rendre quelque peu ombrageux leurs partenaires respectifs, mais que nenni!...

En effet si peu à l'abri de leurs immenses succès respectifs, les deux acteurs mythiques du couple cinématographique des sixties se renvoient la balle aux deux pôles de la capitale et c'est peu dire qu'ils partagent avec Philippe Noiret pour l'une et Roger Dumas pour l'autre ce que les longues amitiés professionnelles savent rendre au centuple de la donne.

Car ici en toile de fond très "raccord" d'un "American graffities" d'outre- Atlantique, ces lettres d'Amour emplissent Philippe Noiret d'une telle ferveur adolescente qu'Anouk pourrait presqu'en paraître déstabilisée telle la jeune femme glamour qu'elle n'a cessé d'être dans le coeur des Français depuis le fameux film de Claude Lelouch.

Davantage qu'une tranche de vie, c'est donc l'histoire distanciée d'une époque qui resurgit en la présence charnelle des deux comédiens emblématiques avec, posés en perspective sur la table de cérémonie par Sandrine Dumas, les feuillets égrenant les phases des générations baby-boom en une mise en récit amoureux à deux voix qui célébrent à rebours la pérégrination affective d'Alexa et Thomas contée au jour le jour depuis le jardin d'enfants jusqu'au soir de l'existence!...

Theothea le 04/10/05

PIEDS NUS DANS LE PARC

de  Neil Simon

mise en scène  Steve Suissa

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Marigny / Popesco

Tel: 01 53 96 70 20

 

   Photo David Koskas

          

Fallait-il mettre en péril leur jeune couple parce que son partenaire avait refusé d'aller se promener pieds nus dans le parc?

Corie pense que cet évitement est signifiant d'un état d'esprit qu'elle dénonce et c'est pourquoi il est préférable qu'elle quitte Paul sur le champ, puisqu'ils ne sont pas fait du même bois.

Voilà les faits, mais ceux-ci ne tiennent pas compte d'un contexte débiteur au profit d'un mari accaparé par ses récentes responsabilités professionnelles d'avocat et surtout désemparé par l'attitude surprenante et fantasque de son épouse.

Il faut dire qu'elle leur a déniché un petit nid d'amour perché au 10ème étage sans ascenseur d'un immeuble interlope de New York où le moindre des charmes ne serait pas qu'il neige au travers de la verrière!...

Si l'on ajoute que sa mère, aussi sympathique soit-elle, n'est pas forcément un cadeau pour la sérénité de leur ménage, d'autant que Corie s'est mise en tête de lui faire rencontrer un voisin d'appartement du genre aventureux.

Cependant l'histoire importe peu eu égard à ces figures romanesques qui, confrontées aux contraintes de la vie, révèlent des caractères trop entiers ne cherchant toutefois qu'à être affinés pourvu que leurs efforts respectifs soient appréciés dans la réciprocité!...

C'est donc avec la main de fer de Steve Suissa glissée dans un gant de velours que la direction d'acteurs va emprunter les raidillons de la subtilité pour se mettre au service de personnages de caricature.

Et, à ce petit jeu, Béatrice Agenin (ex-sociétaire de la Comédie-Française) n'est pas la dernière à savoir maîtriser les contradictions de son rôle de belle-mère, en face de Thierry Bosc qui s'applique à un burlesque savoir-vivre marginal pendant que Denis Sabbah est en charge de modérer les scènes de transition en assurant la maintenance d'une ligne téléphonique.

Mais évidemment la palme va revenir aux jeunes tourtereaux, à savoir Sarah Basiani s'affichant sur les planches après deux années de cours au Lee Strasberg Theatre institute de Los Angeles et son partenaire Olivier Sitruk déjà bien aguerri à la scène.

Comment ne pas reconnaître le sourire de Romy Schneider quand la morphologie frontale du visage de Sarah semble se cloner dans la vision d'un temps suspendu?

Cependant convaincue que "fille de" n'est pas une rente, ce n'est qu'après dix années de vocation déniée au profit d'autres disciplines culturelles que Sarah aurait décidé, à la suite d'une formation dramatique outre-Atlantique, de commencer enfin à 26 ans la découverte du métier qu'elle semble désormais embrasser à pleines dents.

Aussi n'ayant pas à gravir les échelons de la notoriété à mains nus, c'est donc symboliquement à pieds dénudés que la fille de Romy débute à Paris fort bien entourée, sous les auspices de ce fameux "Parc" faisant actuellement les belles soirées de la salle Popesco au théâtre Marigny!…

Theothea le 05/10/05

MUSEE HAUT, MUSEE BAS

de  Jean-Michel Ribes

mise en scène    Jean-Michel Ribes

 Choix des Chroniques ****

Théâtre du Rond Point

Tel: 01 44 95 98 21

 

      Photo Philippe Delacroix

           

Alors même que durant une quinzaine à deux pas du Théâtre du Rond-Point, le Grand Palais se visitait nuit et jour sous sons et lumières sidéraux, afin de faire admirer sa verrière rénovée dans la transparence du verre et l'emballement de sa charpente métallique belle époque, ce fabuleux navire subjuguait telle une immense coquille vide où déambulaient les promeneurs pour le seul plaisir de la contemplation stupéfaite.

Bientôt les expositions de tout acabit occuperaient de nouveau l'intégrité de cet espace qui, se dit-on, devrait à l'aune de la Nature avoir horreur du vide.

Et pendant ce temps, ayant revissé lui aussi quelques boulons éventuellement défectueux d'une création théâtrale célébrée la saison dernière, Jean-Michel Ribes remettait à flots son destroyer de carnaval haut en couleurs avec pour mission confirmée de pourfendre en charges impertinentes le monument institutionnel sans doute le plus universel qu'est "Le Musée".

De la carcasse vide au trop plein du contenu, c'est sans aucun doute si non l'histoire de l'humanité tout au moins celle de sa "culturation" en trompe-l'oeil que l'auteur a souhaité stigmatiser en la brocardant en une suite de sketchs où l'instinct grégaire régnerait en maître à penser et à consommer.

"L'art est un scandale et musée se glisse d'abord dans s'amuser" selon Jean- Michel Ribes.... C'est pourquoi lorsque s'illustre le "temps du jeu" à l'instar du "Play time" de Jacques Tati, "tant de je" mériterait d'être fustigé de haut en bas de l'échelle du non-signifiant!...

Iconoclaste en diable, l'auteur s'amuse effectivement et tente de nous emmener dans le dédale d'une société humaine qui se serait simultanément pris les pieds dans les filets du suivisme et la tête dans ceux du paraître.

C'est à la fois drôle et insupportable, bien vu et caricatural, intime et criard, plein de malices et lourdingue, bref la pièce est tout à l'image de son modèle, à savoir l'être humain complètement englué dans ses aspirations autant que dans ses contradictions.

A ce jeu-là, Jean-Michel Ribes est assurément un visionnaire hors pair!...

Theothea le 06/10/05

LA CERISE SUR LE GATEAU

de  Sylvie Joly

mise en scène    Alex Lutz

 Choix des Chroniques ****

Théâtre des Mathurins

Tel:  01 42 65 90 00 

 

   Photothèque Fabien Lecoeuvre

   

De toutes évidences, la grande salle de 400 places du théâtre des Mathurins convient parfaitement à l'imaginaire à la fois intime et extraverti de Sylvie Joly. D'ailleurs la "Cerise sur le gâteau" est une métaphore très explicite du parti pris artistique de son nouveau spectacle:

En effet, si le précédent "Je suis votre idole" était conçu comme un "best off" de sa carrière, ce dernier se présente comme un "bonus" de quatre-vingt minutes où la comédienne, larguant les amarres de ses références cultes, s'approprie le droit à l'innovation et s'en trouve d'autant plus libérée des contraintes résiduelles.

Chacun de ses récents sketches évoluant sur la corde raide de l'impertinence, leurs auteurs (Alex Lutz le metteur en scène, Pierre Palmade, Jean-loup Dabadie, Henri Mitton, Mathilde Vial, Thierry Joly, Fanny Joly, Jean Guiraud, Victor Berbesson, Frédéric Longbois, Joël Bouquet, Stéphane Guérin, Bernard Michel, Henri Salvador et bien sûr Sylvie Joly elle-même) semblent avoir repoussé toujours plus loin les retranchements du culot où l'actrice s'engouffre avec la délectation de celle qui aurait renoncé à défendre toute image de bienséance convenue.

Telle une maîtresse en feux de joie, elle se plante avec aplomb sur le devant de la scène et tire consciencieusement une à une ses salves dans l'assurance de faire mouche à chaque tirade iconoclaste.

Savourant la gourmandise de parodier le vernis de la comédie humaine, elle s'abandonne au plaisir de choquer les bons sentiments en une prolifération hyperbolique de leurs nuisances potentielles.

Enfin n'étant pas la dernière à fustiger les postures de la mode, voici plus snob que La Joly, cette Sylvie qui enchante avec son "Y a quelqu'un qui m'a dit…. que j'ai encore grossi…" en clin d'œil à Carla Bruni et prétexte à intégrer un petit tour de chant malicieux à son traditionnel "one'woman show".

Qu'on se le dise, Sylvie Joly accompagnée du pianiste Thierry Boulanger est au top de sa forme… Cerises donc à volonté sur le gâteau!…

Theothea le 11/10/05

REQUIEM POUR UNE NONNE

de  William Falkner

mise en scène    Jacques Lassalle

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l'Athénée

Tel: 01 53 05 19 19

 

       Photo Antoine Girard

             

Pour Marie-Josée Croze être choisie comme interprète d'une mise en scène de Jacques Lassalle rendant hommage à ses deux maîtres d'adolescence, Albert Camus & William Faulkner, et être de surcroît la partenaire qui aura la charge d'endosser le sentiment de culpabilité d'une société face à la conscience de la faute indicible, c'est tout à la fois une haute responsabilité professionnelle ainsi qu'une consécration au royaume des grandes figures de théâtre.

Certes la pièce de Faulkner adaptée par Camus ne se laisse pas apprivoisée d'emblée, tellement est diffuse cette sourde oppression morale enveloppant l'Amérique sudiste et raciale du début du XXème, mais en effectuant une mise en perspective vers le symbolisme de la tragédie grecque, Jacques Lassalle invente une direction d'acteurs permettant à ceux-ci de devenir les doubles de leurs personnages; ainsi dans la pénombre tamisée des miroirs en trompe-l'oeil, une sorte de ballet va s'organiser où les protagonistes s'éloignent, se rapprochent, se frôlent comme autant de mantes religieuses en apnée mais toujours prêtes à fondre sur leurs proies.

Tels des spectres d'un cinéma en vitesse ralentie jusqu'à la limite du décrochage, les images pseudo-arrêtées d'une instruction à charge sembleraient à tort temporiser le crime imprescriptible, le meurtre de l'innocence faite enfant.

Cependant l'oeil était dans la tombe et regardait Temple Stevens!...

Aussi quelle que soit la justification des faux-fuyants, rien ni même son mari désemparé (Scali Delpeyrat) ne pourra empêcher Temple de venir témoigner in extremis en faveur de son ancienne compagne d'infortune Nancy Mannigoe (Martine Maximin) auprès du gouverneur (François Macherey), de manière non à expliquer les circonstances atténuantes impliquées par le viol et la prostitution forcée mais davantage à inciter le courage du pardon en tant que processus de vie.

Sachant que la peine de mort devrait être la clef d'une justice aveugle, la rédemption par l'émergence de la conscience pourrait-elle effacer le poids de la mémoire?

Theothea le 07/10/05

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