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LE MIROIR

de  Arthur Miller

mise en scène    Michel Fagadau

 Choix des Chroniques ****

Comédie des Champs Elysées

Tel:  01 53 23 99 19 

 

   

Si la somatisation devait effectivement constituer l'image dynamique en reflet dans "Le miroir", c'est davantage en négatif que s'y appréhenderait l'élaboration didactique du processus freudien, car dans cette optique les explications du thérapeute de service s'apparenteraient aisément à une version de "La psychanalyse pour les nuls"; ce qui bien entendu ne relève pas nécessairement d'une démarche infructueuse!...

Ainsi c'est au travers d'un laborieux cheminement qu'Arthur Miller va débusquer le bloquage psychosomatique par delà la métaphore appliquée à la subite paralysie des membres inférieurs d'une jeune femme pour qui la vie semblait sourire jusqu'à cette date de 1938 où allaient parvenir à New York les rumeurs de nuit de cristal sur le point de ravager l'Europe.

La direction d'acteurs de Michel Fagadau semblerait s'enliser dans une léthargie en osmose avec le handicap physique inexpliqué par la médecine physiologique, si deux comédiens comme mus par le sursaut du désespoir n'allaient jeter toute leur souffrance respective dans un combat de couple découvrant, à son effroi, la réalité du désamour au sein de sa judéité.

C'est la force de Thierry Fremont de maintenir la fébrilité dans sa relation à l'autre, alors qu'en contrepoint Anne Brochet se doit de taire sa fougue dans l'inhibition.

En orbite sur d'autres valeurs de référence, Anne Loiret, la femme du psychiatre Bruno Madinier, surfe avec son mari sur les vagues d'un nuage de placidité que seule une perception mondaine de la thérapie peut rendre crédible.

Au demeurant la ligne directrice d'Arthur Miller séduit par sa volonté à démontrer les ressources infinies de l'autodestruction et la contagion paradoxale qu'elle peut susciter chez un partenaire d'infortune.

Rien ne semblerait arrêter la progression du mal même quand celui-ci fait mine de pactiser avec les pulsions libidinales.

C'est évidemment le rôle de la psychanlyse de mettre à jour les tenants et les aboutissants du traumatisme tenu à distance par le sujet, mais ce combat à armes inégales ne devrait pas être édulcoré par une mise en scène à coups de pinceau feutré.

Theothea le 08/11/05

SAPHO CHANTE FERRE

   

de & par Sapho 

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Molière

Tel: 01 44 54 53 00

 

   Photo: Jean-Claude Moireau

   

Avec son Ferré Flamenco, Sapho trouve à la fois son frère de combat en même temps que la juste mesure de son talent au service de la langue française dans la force des mots lancés, telles des déflagrations.

Dans le halo des lumières de Lisa Racine, la grande dame en robe noire griffée Alain Blanchot projette sa fougue avec la maîtrise d'une professionnelle aguerrie tout en restant à l'écoute d'une énergie rebelle que les plaintes de la guitare de Vicente Alamaraz renvoient en échos aux percussions vigilantes d'Alyss.

En quatre-vingt dix minutes et trois parties thématiques se succèdent le Ferré des poètes, celui de l'Espagne pour laisser place in fine aux grands classiques du maestro qui se concluront par la double version d' "Avec le temps" dont une en dialecte marocain.

"Est-ce ainsi que les hommes vivent", "l'affiche rouge", "Comme à Ostende", Léo le chanteur révolté à la voix rauque ressurgit dans une présence tellurique que l'acoustique feutrée de la salle Pierre Seghers apprivoise au diapason de la féminité orientale secrétée par une Sapho en osmose avec la vivacité des poètes, Aragon, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire ou autres compositeurs tels Jean-Roger Caussimon….

Pour sa deuxième représentation d'une série d'un mois programmée à la maison de la poésie, l'artiste se débattant quelque peu avec des cordons de tout acabit, là le cable emmêlé du micro ou ici les brides maintenant sur les épaules sa tenue de soirée, saura effacer à chaque fois la contrainte scénique avec la sensualité énergique du geste sûr: "Je serai dresseuse de micros dans une autre vie", plaisante-t-elle ainsi d'un cercle de lasso, telle une cow-girl agile.

A cet instant de sa carrière, l'œuvre de Léo Ferré deviendrait-elle l'opportunité pour la chanteuse d'afficher la maturité d'un talent que certes tous lui reconnaissaient auparavant mais que désormais elle aura su inscrire en un hommage au patrimoine culturel francophone?

Theothea le 21/10/05

LA CHEVRE ou QUI EST SYLVIA ?

de  Edward Albee

mise en scène    Frédéric Bélier Garcia

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Madeleine

Tel:  01 42 65 07 09 

 

   Photo:  ©  P. Messina  

     

Si le théâtre de la Madeleine affiche complet à 19h00 et 21h00, provoquant un embouteillage monstre entre les deux représentations qui voient se succéder le couple Anouk Aimée-Philippe Noiret à Nicole Garcia-André Dussollier, l'indice de satisfaction n'atteint pas nécessairement la même côte de l'une à l'autre.

Cependant la fameuse chèvre d'Edward Albee a non seulement le don de faire jaser, mais surtout la capacité de délier les langues qui se répandent en interprétations sauvages et se répondent en critiques de "toute nature", au vu de la mise en scène de Frédéric Bélier Garcia.

Qui est Sylvia ? Bien malin celui qui croit pouvoir apporter une réponse définitive au sortir d'une pièce étrange laissant à la fois une impression de gêne atavique, en même temps que la sensation de légèreté que suscite la prise de conscience du refoulé.

Certes au premier degré, le scénario oscille entre l'originalité du surréalisme et un réalisme insupportable, d'autant plus que le ressassement d'une liaison libidinale entre un homme mature et un caprin n'en finit pas de se payer de mots tentant de s'approcher au plus près de l'aveu libérateur.

Toutefois il faut s'y résoudre, le tabou ne passe pas la rampe et quelle que soit la beauté du sentiment amoureux, la zoophilie ne se laisse pas apprivoiser... puisque de toutes évidences elle avance en terrain antagoniste, tel un cheval de Troie.

En effet cette "Sylvia" pourrait bien être le masque trompeur des petits ou grands arrangements que l'être humain organiserait autour de sa libido, lorsqu'il serait en peine de la faire assumer par la morale.

Ce n'est pas par hasard que Martin Gray (André Dussollier), cet architecte de 50 ans à qui tout réussissait jusque-là, est soudain en proie à des problèmes de mémoire très pénalisants qui le laissent flotter dans une incertitude autant incompréhensible de lui-même que de ses proches.

Désemparée par la destruction sans retour de la confiance absolue et guidée par le sentiment aveugle de l'abandon et de l'impuissance, Stevie (Nicole Garcia) son épouse va alors se réfugier dans l'hystérie instinctive.

Leur fils (Xavier Boiffier) pourrait ainsi devenir la victime expiatoire de ce déphasage familial, si ce n'est qu'au sortir de l'adolescence, celui-ci a encore toutes "ses chances" pour se projeter dans les sortilèges de la déviance sexuelle.

Quant au traître, puisqu'il en faut toujours un dans un exploit passionnel, ce sera Ross (Daniel Martin), le faux ami, celui qui souhaite tellement le bien de tous, qu'il fera délibérément déraper et avorter toutes les velléités de sincérité.

Ainsi la chèvre aurait bon dos et pourrait s'apparenter à une pulsion carnavalesque où le rite sacrificiel à l'égard des dieux en colère relèverait d'une catharsis collective qui se serait embrouillée avec les symboles.

Chacun alors trouvera midi à sa porte et pourra, sans ménager le chou, s'ériger en gardien du troupeau... de tous les ruminants en cavale!...

Theothea le 26/10/05

LA VEUVE JOYEUSE

de  Franz Lehàr

mise en scène    Jérôme Savary

 Choix des Chroniques ****

Opéra Comique

Tel:  08 25 00 00 58 

 

   Photo:  Cyr-Emmeric Bidard  

   

Comme à l'accoutumé, Jérôme Savary fait dans la démesure et celle-ci lui rend bien le régal festif qu'il en escompte utilisant du premier au troisième acte de "La veuve joyeuse" l'art maîtrisé du crescendo jusqu'au happy-end Hollywoodien que le cancan endiablé va sublimer en une facétieuse chorégraphie (Nadège Maruta).

En premier lieu, il y a la musique de Franz Lehar dont les tubes planétaires et intemporels ponctuent sans relâche l'une de ces 82 représentations programmées pour la re-création de cette fameuse opérette centenaire autour des fêtes de fin d'année 05-06.

Choeur et ballet galvanisent la distribution des rôles planifiée en une triple alternance des comédiens chanteurs pour une gestion professionnelle des voix et le confort de tous.

Et surtout il y a dans la fosse de l'Opéra Comique, l'orchestre dirigé par Gérard Daguerre qui insuffle un tempo argentin à trois temps dont le maître des lieux est depuis toujours si friand de par ses origines.

Résolu à profiter au maximum des deux dernières saisons qui lui reste à apprécier en tant que directeur de la salle Favart désormais théâtre national, Jérôme Savary va nous éblouir jusqu'en 2007, date fatidique de sa mise à la retraite d'où néanmoins il rebondira sur son destin de saltimbanque en rejoignant le centre du monde virtuel, à savoir Perpignan.

C'est pourquoi ce spectacle au superlatif bardé d'emblée d'un programme luxueux fort bien documenté, d'un site internet utilisant les ressources de l'image animée, d'un décor opulent (Ezio Toffolutti) osant l'atterrissage d'hélicoptère dans l'embrasure du palais de Chaillot et de costumes dessinés par Michel Dussarat dans une fantaisie d'apparat kitsch, s'il pouvait de prime abord déconcerter avec un humour espiègle et potache tant affectionné par notre deus ex machina, ne cessera après l'entracte de vaincre les résistances d'arrière-garde pour séduire des mille feux du divertissement cette très belle époque du théâtre musical à Paris, celle qui sera d'ici peu nostalgique de Jérôme Savary.

Theothea le 15 novembre 2005   

LE ROI SOLEIL

de  Lionel Florence et Patrice Guirao

mise en scène    Pierre Jaconelli / Kamel Ouali

 Choix des Chroniques ****

Palais des sports

Tel: 08 25 03 80 39

 

    Photo:  promotion presse AS.Communication

     

Certes avec presque un quart de dramaturgie vivante accompagnée ponctuellement d'un quatuor à cordes et clavecin, "Le Roi Soleil" rompt sensiblement avec la série des grands spectacles enregistrés exclusivement en play-back; ainsi l'apparition de Molière en ouverture montre d'emblée la volonté de situer cette comédie musicale sous les auspices du théâtre classique où de fait des comédiens tels Marie Lenoir (Anne d'Autriche, La Voisin) et Pierre Forest (Mazarin, Molière) vont avoir l'opportunité de livrer des joutes rhétoriques du plus bel effet.

Si en première partie, la séduction d'un décor (Alain Lagarde) à la fois ingénieux et prestigieux faisant toile de fond à la jeunesse tourmentée du jeune roi (Emmanuel Moire) incline le spectateur aux vertus pédagogiques d'une mise en perspective chantée et dansée, toutefois après l'entracte la machine artistique s'emballe dans les chorégraphies de Kamel Ouali dont l'esthétique sophistiquée semble tourner à vide sur les fêtes de Versailles sans pouvoir y accrocher les réels enjeux du règne solaire.

En effet, si le synopsis thématise essentiellement la biographie de Louis XIV en un parti pris historique où le destin de l'homme d'abord sacrifié à ses devoirs royaux saura inverser les priorités lors de la maturité du souverain, il s'avère que sur la scène du Palais des Sports, le fil rouge de ses tribulations amoureuses avec Marie Mancini  (Anne-Laure Girbal), Mme. de Montespan (Lysa Ansaldi) et Françoise d'Aubigné (Cathialine Andria) s'effilochera au profit d'une suite presque ininterrompue de tableaux riches en couleurs mais sans âme historique véritable.

Faire passer le souffle d'une monarchie absolue mais éminemment influente sur le plan politique et culturel jusqu'à nos jours, voilà ce qui aurait du être sous-jacent à une dynamique créatrice qui semble se contenter des normes d'un savoir-faire à la mode.

Au demeurant le groupe des chanteurs avec Emmanuel Moire (Louis XIV), Anne-Laure Girbal (Marie Mancini), Christophe Maé (Monsieur, le frère du Roi), Lysa Ansaldi (Mme. de Montespan), Merwan Rim (Le duc de Beaufort), Victoria Petrossillo (Isabelle, la fille du peuple) et Cathialine Andri (Françoise d' Aubigné) ainsi que la troupe des danseurs effectuent une prestation à haute valeur professionnelle où chaque discipline du spectacle musical contribue dûment à égayer d'énergie féerique toutes les mirettes spectatrices.

Cependant si l'ambition clairement affirmée par l'un des tubes est d' "être à la hauteur" (paroles: Lionel Florence & Patrice Guirao / musique: Cyril Paulus), pour autant "Le Roi Soleil" n'atteint pas le point culminant de la Comédie musicale auquel, par son sujet, il aurait pu prétendre mais ouvre cependant une brèche conséquente dans cette dynastie du show vers l'art du théâtre.

Theothea le 10/11/05

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