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NUMERO COMPLEMENTAIRE

de  Jean-Marie Chevret

mise en scène    Alain Sachs

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Saint Georges

Tel: 01 48 78 63 47

 

          Photo:   Laurencine Lot

     

Passant d'une extrémité à l'autre du spectre de la comédie sociale, Jean-Marie Chevret propose mine de rien avec son "Numéro complémentaire", une pertinente étude de mœurs où seraient réunis en une même entité à la fois les "Groseille" et les "Dusquesnoy" voguant sur le long fleuve d'une vie si peu tranquille!…

L'auteur crée ainsi l'opportunité de faire muter trois personnages issus d'une famille prolétaire "tuyau de poêle" vers un destin accidentel de grands bourgeois parvenus pendant qu'Alain Sachs leur concocte une collection de travers caricaturaux hystériques, quoique très caractéristiques des classes antagonistes auxquelles ils vont se référer.

Pour mettre en place l'objet du délire, il aura suffi d'un ticket de loto gagnant le gros lot de 25 millions d'euros et d'un maître médiatique identifié comme le passeur idéal entre jet-set et masse laborieuse.

Comme si l'idéologie de Karl Marx avait soudain pris le visage des Marx brothers, un Monsieur Jourdain de banlieue va entreprendre de réaliser le rêve de sa progéniture; ainsi dès que la citrouille sera devenue carrosse, la fille de Nanard pourra accéder en princesse au gotha des nantis.

Jean-Edouard Bernel, l'animateur chéri des ados en addiction du star-system aura été auparavant kidnappé avec l'ordre de mission d'exécuter sans délai les desiderata des Leblanc, complètement tourneboulés par le magot tombé du ciel.

Tempérant néanmoins le projet farfelu, Bernel va imaginer une transformation radicale du train de vie familial en le déménageant dans les quartiers résidentiels de la capitale avec, comme dans le Bourgeois gentilhomme, apprentissage à la clé des bonnes manières et usages de la haute société.

Tous les éléments seront ainsi réunis pour opérer le choc des cultures entre deux mondes qui ne se côtoient habituellement que par télévision interposée.

Dans son interprétation de Bernard (le père), Francis Perrin se délecte comme un poisson en eaux troubles et se lâche avec jubilation chaque fois que la norme pourrait déranger l'excès alors que Nadette (Isabelle de Botton) ne cesse de courir avec truculence derrière les fantasmagories de son mari et de sa fille (Anne-Sophie Germanaz) qui, elle, se berce d'illusions de Nirvana à portée d'extravagances malgré toutes les rectifications de son professeur de maintien (Cyril Guei).

Il n'y aura pas trop d'un Bernel pour ramener in fine tout ce joli monde à la raison, non sans avoir fait le détour des deux heures pleines d'un véritable "numéro" d'acteurs irradiant la prestation "complémentaire" du très sympathique et enjoué Stéphane Bern.

Theothea le 20/10/05

PLATONOV / LE CHANT DU CYGNE

de  Anton Tchekhov

mise en scène    Alain Françon

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Colline

Tel: 01 44 62 52 52

 

   

En osant ajouter à la version courte du "Platonov" (3h30), la demi-heure du "Chant du cygne" auquel succède un entracte de durée équivalente, Alain Françon le directeur du théâtre de la Colline propose en quelque sorte une soirée thématique où la notion scientifique de "trou noir" pourrait servir de "toile de fond" à une mise en scène métaphorique.

La fascination Tchekhovienne va pouvoir s'y développer a volo en se laissant absorber par son principe de contradiction intrinsèque, garantissant tout loisir au concept d'insignifiance pour se construire un solide statut formel en creux.

Cependant la longue plongée dans l'obscurité grandissante pouvant s'apparenter aux descentes vertigineuses vers les profondeurs du "grand bleu" ne s'accompagnera pas nécessairement des sensations de griserie et d'euphorie censées imprégner l'attention du spectateur en proie davantage par moments au sentiment primitif d'abandon dans le "noir complet".

C'est pourtant en rebondissant sur ces contraintes aveugles que le premier et le dernier tableau du "Platonov" sauront créer l'antidote propre à se laisser séduire par la dégénérescence d'une société trouvant dans les exploits de son antihéros, l'inanité dont elle a peut-être toujours rêvé secrètement.

Ainsi répondant à Platonov (Eric Elmosnino), le champion vaincu dans la lumière torride de la steppe après sa brillante représentation de toute les potentialités avortées de l'être humain, voici dans la nuit silencieuse du théâtre déserté Svetlovidov (Jean-Paul Roussillon) qui marmonnerait la désillusion du "cygne" s'identifiant à la déchéance du spectacle vivant mais qui dans un sursaut salutaire rendrait néanmoins un hommage éternel à Shakespeare, Pouchkine et consort.

Retourné alors comme un gant, le comédien désabusé sur le sort de l'humanité en perdition pourrait ainsi se requinquer en donnant un sens ultime au "verbe".

Là où le critique dramatique Philippe Tesson perçoit en Platonov "un démiurge révélateur des faiblesses humaines", l'un des protagonistes le considère tel "un Platon miniscule", alors que le metteur en scène conçoit en moraliste après Paul Ricoeur: "Platonov est le seul à savoir que la douleur de l'autre peut lui être imputable".

Aussi quel que soit le point de vue adopté sur le personnage, il semblerait qu'Anton Tchekhov ait légué en cette première oeuvre de jeunesse non formatée, un vaste constat clinique des temps contemporains.

Theothea le 23/11/2005

LA PLACE DU SINGE

de  Mathilde Monnier & Christine Angot

mise en scène    Annie Tolleter

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Colline

Tel: 01 44 62 52 52

 

   Photo: Marc Coudrais

Certes de "affligeant" à "éloquent" s'exprime une évidente discontinuité, c'est pourtant depuis cette palette paradoxale que s'élève la critique médiatique face au primate qui pourrait fort bien en cacher un autre.

Qui occupe la place du singe? Serait-ce celui qui ausculte la relation au vivant et en sculpte les travers ou bien son alter ego qui stigmatise la pitrerie de cette représentation?

Pourquoi devrait-on valoriser la posture de fou du roi et dénier celle du rebelle à la grande bourgeoisie?

Ayant assimilé que l'union défaisait la force, Mathilde Monnier et Christine Angot vont se livrer à un rituel où, de l'une à l'autre, toute tentative d'expression artistique semblera se fondre dans son contraire comme de pile à face.

Dissertant autour du concept du bonheur en tant que valeur refuge de cette caste sociale ayant élu le bleu marine en signe de reconnaissance, les deux jeunes femmes joignant le geste à la parole vont s'approprier l'espace vital pour mieux en expurger la marque de fabrique élitaire.

Que vois-tu de moi? Que sais-tu de moi? Qu'entends-tu de moi que je n'entends pas? En catalyseur d'une recherche existentielle, le questionnement identitaire de Jean-Louis Murat va se proférer jusqu'au sein de l'oralité féminine par la médiation de ces deux voix exacerbées.

Sublime, forcément sublime!... Ainsi se révélera l'enjeu d'une telle audace à fleur de mots où la chorégraphie des corps tient tête à la résistance d'une façon autre d'être au monde!...

Theothea le 16/11/05

LE ROI NU

de  Evguéni Schwartz

mise en scène    Laurent Pelly

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l'Athénée

Tel:  01 53 05 19 19 

 

   Photo: Guy Delahaye

Cochon de Roi qui voulait donner sa fille en mariage au souverain du comté voisin, alors que celle-ci avait les yeux de Chimène à l'égard d'un porcher dont l'âme valait bien celle d'un prince charmant!...

Découverte passionnante d'un auteur russe, Evguéni Schwartz qui, ayant louvoyé entre le fascisme d'Hitler et le despotisme de Staline, a su adapter sa créativité à l'encontre de toute dictature en travestissant son talent selon les codes imaginaires d'un fabuliste!...

S'inspirant de trois contes d'Andersen "Le Porcher", "La princesse sur un pois" et "Les habits neufs de l'empereur", le dramaturge développa un surréalisme décalé, obligeant le spectateur adulte à renouer avec la jubilation enfantine afin de savourer l'irréelle vraisemblance.

Laurent Pelly souhaitant mettre en scène un spectacle gai et enlevé s'appuyant sur les vertus humaines tout autant que sur leur dérives, a senti la nécessité d'une nouvelle traduction de "La princesse et le porcher" confiée ainsi à André Markowicz qui signe cet iconoclaste "Roi nu" dans la démesure hilarante du verbe fallacieux.

Entourés d'une troupe entraînée à l'interprétation fougueuse tournant comme une mécanique de pur-sang, la princesse (Audrey Fleurot) et le roi honni (Eddy Letexier) vont s'adonner à une partie de cache-mensonge dont l'ultime et suprême ruse sera de faire apparaître le monarque nu tel un ver peu reluisant, paradant néanmoins dans un tissu invisible aux yeux de tous y compris de lui-même.

Comme dans un hommage à Charlie Chaplin, la satire sociale et politique aura pris des airs de conte pour enfants où ici Henri et Henriette pourront savourer leur bonheur nuptial en un happy-end fort réjouissant.

Theothea le 17/11/05

LE JAZZ ET LA DIVA

de  Caroline Casadesus & Didier Lockwood

Reprise au Théâtre Tristan Bernard

mise en scène    Alain Sachs

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Gaîté Montparnasse

Tel:  01 43 20 60 56 

 

     crédit photo: L. Ledoyen

Si la tendre guerre entre homme et femme était bien au coeur de "Accords parfaits" la saison précédente dans ce même théâtre de la Gaîté-Monparnasse, Caroline Tresca et Philippe Caroit son époux tentaient avec succès de faire oublier derrière la fiction qu'ils étaient également unis à la ville.

Cette fois-ci, en duo avec sa Caroline à lui, issue de la famille Casadesus tant renommée sur le plan artistique, Didier Lockwood joue sur scène avec sa femme à être ce qu'immanquablement leur couple doit être dans la vraie vie.

Le respect disciplinaire se lisant réciproquement dans les yeux du partenaire, les deux musiciens, l'une de formation classique, l'autre de jazz en profitent néanmoins à qui mieux mieux, pour brocarder certes les trompe-l'oreille et autres facilités que pourrait s'octroyer l'autre camp, mais surtout font oeuvre pédagogique de briser les barrières entre les genres musicaux dont une certaine discrimination socioculturelle ferait perdurer l'hétérogénéité.

L'une chante l'Opéra, l'autre "fait le boeuf" à lui seul autour de son violon alors que Dimitri Naïditch, pianiste ukrainien hors-pair dont les deux protagonistes se disputent le talent, les accompagne confident ou arbitre en tenant symboliquement la chandelle, histoire de ne pas brûler par les deux bouts le roman merveilleux d'une passion amoureuse attisée par "Hypnoses" album de mélodies composées une par une par Didier et offertes à Caroline pour chaque anniversaire.

Dire que la Diva est rayonnante et fascinante serait un euphémisme, s'attarder sur la dextérité du violoniste et les dons de la chanteuse ferait cliché hors sujet mais en revanche être en complicité à ce qu'il fasse "le bête" alors qu'elle ne cesse de s'amuser à le séduire est un régal de tous les instants qu'il faut célébrer au plus haut point tant la jubilation circule de la salle à la scène comme de la poudre magique prête à tous les embrasements.

Evoquant les premières rencontres de la "carpe" (néo-silhouette de Catherine Rich qui glisserait muette d'entre les bras de ses prétendants ?) et du "lapin" (doté d'un sourire craquant avec une légère dentition de rongeur similaire à celle du comédien Roger Pierre, voire Bernard Tapie!...), la muse soprano s'esclaffe: "C'était obélix regardant bouche bée Falballa !... ".

"Caroline est mon violon, je suis sa voix, elle est ma belle et moi, son clochard" confime le maestro.

Alain Sachs est le démiurge de cet état de grâce amoureux qui swingue lyrique durant cent minutes d'hypnose aussi rares que le bonheur.

Theothea le 24/11/05

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