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OH LES BEAUX JOURS

de  Samuel Beckett                Reprise  du

                           3 mai au 17 juin 2007

mise en scène    Frederick Wiseman

 Choix des Chroniques ****

Théâtre du Vieux-Colombier

Tel: 01 44 39 87 00

 

    Photo  Lot

Depuis sa création en 1963 par Madeleine Renaud, ces "beaux jours" de Samuel Beckett se présentent de facto comme le "bâton de maréchal" du spectacle vivant que toute comédienne se doit d'interpréter parvenue dans la maturité de son art.

Il se trouve qu'avec un demi-siècle de pratique intensive sur les planches, Madame la doyenne de la Comédie Française a atteint en quelque sorte l'âge professionnel du rôle situé dans les didascalies de la pièce "...autour de la cinquantaine avec de beaux restes..."

Cette estimation de l'auteur a son importance, car elle infirme la notion implicite de "fin de vie" généralement annexée au personnage de Winnie sous l'effet sans doute d'un amalgame abusif avec la fameuse Maud complice du jeune Harold, jouée pareillement dans la jubilation du 4ème âge par l'épouse de Jean-Louis Barrault.

Ici au théâtre du Vieux Colombier, Willie le compagnon de vie associée à Catherine Samie est donc interprété par Yves Gasc, autrefois son partenaire de jeunesse; tous deux vont contribuer à rendre lumineux un concept féminin décliné dans la force de l'âge et spéculant sur l'idée du bonheur au quotidien alors même que le naufrage progressif de l'autonomie est patent.

Accomplir dans la légèreté tous les gestes successifs qui emplissent les habitudes d'une journée alors que celle-ci se répéterait ad vitam aeternam, voilà qui devrait confiner à l'insupportable.

Aussi en place d'une récurrence infinie, Winnie tout d'abord dressée en buste au sommet d'une pyramide de terre, va au deuxième acte être peu à peu ensevelie jusqu'à ce que ne reste visible que sa tête toute prête à être engloutie par le sable mouvant.

Sourire constant aux lèvres, la dame semblera disparaître sous nos yeux telle qu'elle a vécu dans l'insouciance de l'instant présent savouré jusqu'à la lie dans l'obstination à survivre.

Cette métaphore du vide existentiel qui  caractériserait la condition humaine et dont la seule possibilité pour s'en affranchir consisterait à le remplir avec une suite de gestes anodins sans se poser d'autre problématique métaphysique que celui de vivre sans cesse une "belle journée", relèverait davantage du leitmotiv poétiquement abstrait que d'une dialectique complexe entre positivisme et nihilisme: "...Pas mieux, pas pis, pas de changement...".

Catherine Samie y effectue une performance à la fois de mime jouant avec les contorsions du visage en même temps que celle d'une voix excellemment placée dans le masque et rompue à une articulation phonétique exemplaire.

Ceinte dans sa jupe de toile tendue hors normes, la comédienne semblerait pour un peu tournoyer dans le rythme frénétique du derviche tourneur disponible à toutes aspirations au Nirvana pourvu que son congénère puisse encore l'applaudir en cette envolée ultime!...

Theothea le 01/12/05

LE CID

de  Pierre Corneille

mise en scène    Brigitte Jacques Wajeman

 Choix des Chroniques ****

Comédie Française

Tel: 08 25 10 16 80

 

    Photo  Cosimo Mirco Magliocca

Tant Brigitte Jacques Wajeman (la metteuse en scène) qu'Alexandre Pavloff (Rodrigue) confirment avoir été surpris chacun dans leur domaine lorsque leurs compétences respectives ont été sollicitées pour porter à nouveau sur scène le Cid non joué à la Comédie-Française depuis 1977.

Estimer dans cette perspective, à l'instar de certains chroniqueurs, qu'une motivation mal fondée et un casting en contre-emploi aient pu menacer la réussite de cette re-création reste néanmoins sujet à caution; il n'empêche que les partis-pris de direction d'acteurs ne vont cesser de surprendre tout au long de la représentation:

Comme si par exemple, Rodrigue n'élevait la voix qu'à contretemps autant qu' à contresens, en se mettant à murmurer là où il eût fallu lâcher les chevaux: " Nous partîmes cinq cents .... Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port... ".

Quant à Chimène (Audrey Bonnet) cadencée sur un rythme maniaco-dépressif, ses envolées alexandrines flirtent bien souvent avec le tempo d'un rap martelé, provocant en retour une perception moderniste des conflits intérieurs: "Vas, je ne te hais point !", en ersatz sulfureux d'une improbable réplique telle "n... ta  m... !".

En tout état de cause, la présence physique des deux héros sur scène transformera avec évidence leur dilemme insurmontable en degré indicible du tourment amoureux!...

Par ailleurs comme étayée par une posture décalée, l'infante emporte tous les suffrages critiques, tant par son attitude pragmatique que par l'interprétation de Léonie Simaga faisant figure de révélation en tant que nouvelle pensionnaire du Français.

Il est incontestable que les réminiscences de la prestation de Gérard Philipe dans les années cinquante en Avignon, voire celle de Francis Huster plus récemment, encombrent quelque peu la perception du rôle mythique qu'il est donc judicieux aujourd'hui de ne pas aborder de front; aussi pourvu que le récit fût pédagogique, les enjeux clairement exposés et surtout que la langue versifiée y soit le vecteur incontournable, faire exister Rodrigue et Chimène sur la scène de la Comédie- Française peut effectivement se concevoir par une approche néo-romantique contemporaine avec cependant pertes et profits inévitables des repères de panache s'étalonnant sur les vertus traditionnelles.

Du désenchantement nostalgique pourrait naître alors le cheminement d'une réelle métamorphose dans la gamme du ressentiment et de l'orgueil vers une prise de conscience de la notion de relativité évoluant quelque part à distance entre sentiments privés et devoir moral.

Au demeurant, il semblerait que cette nouvelle production puisse s'adresser de manière privilégiée aux scolaires, et ce ne serait pas la moindre des réussites de La Comédie-Française que ceux-ci en ressortent heureux d'y avoir ri, fût-ce aux dépends du modèle emblématique, mais cependant fort émus d'y avoir trouvé réelle matière à identification.

Theothea le 30/11/05

OCCUPE-TOI D'AMELIE

de  Georges Feydeau

mise en scène    Jean-Louis  Martin-Barbaz

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Silvia Monfort

Tel:  01 56 08 33 88 

 

  Photo  Ph. Guérillot

Prenant le parti d'une mise en scène trépidante et déjantée, Jean-Louis Martin Barbaz emmène sa troupe sur un rythme effréné qui en règle générale devrait s'associer pleinement à la mécanique précise et leste des pièces de Georges Feydeau.

Cependant souvent au cours de cette représentation du théâtre Silvia Monfort, l'expérience non aguerrie de la plupart des jeunes acteurs laisse sur la rétine, l'impression résiduelle de mouvements collectifs approximatifs plus nerveux que percutants.

En contrepartie des portraits caricaturaux de personnages hauts en couleurs avec accent prononcé ou travers comportementaux égayent cette course folle d'où va émerger Amélie (excellente Emilie Cazenave) une cocotte... minute, cette demi-mondaine en laquelle le metteur en scène discerne les premiers élans du féminisme.

Après l'entracte, la scène du mariage civil en mairie se composera telle une toile impressionniste qui saura effectivement témoigner de l'atmosphère bon enfant d'une époque révolue.

Dans l'ensemble, le spectateur n'a pas vraiment l'occasion de rire aux répliques acérées de l'auteur puisque les effets de scénographie se substituent à la vitesse de la lumière aux perles rhétoriques des réparties; toutefois ce spectacle de trois heures se laisse volontiers regarder avec le plaisir d'être entraîné sur le manège d'une vive euphorie.

Theothea le 12/12/05

L'AMERIQUE

de  Serge Kribus

mise en scène    Bruno Abraham-Kremer

 Choix des Chroniques ****

Studio des Champs-Elysées

Tel: 01 53 23 99 19

 

   Visuel  Robba presse

"L'Amérique, l'Amérique, l'Amérique!... " clamait la chanson de Joe Dassin, celle que le chanteur des années soixante-dix idéalisait dans l'élan des fantasmes d'un Nouveau Monde.

Célébrant ces mêmes années d'où émergèrent les révolutions socioculturelles issues des générations du baby-boom, Bruno Abraham-kremer se souvient d'épopées à la mode européenne où les convictions politiques s'échafaudaient dans le délire des substances opiacées en s'adossant à une création musicale anglo-saxonne foisonnante. C'était son Amérique à lui!...

Au service de cette mémoire, Serge Kribus mettra en mots le récit d'une pérégrination initiatique de Paris à Nice via Bruxelles et Amsterdam, où deux jeunes hommes vont parcourir les étapes d'une amitié dans les traces légendaires d'un road-movie ayant consacré auparavant "Easy rider", "Midnight cow-boy", "Butch kassidy et le Kid", "L'épouvantail" (Palme d'Or 73) ainsi que "Paris Texas" Palme 84 pour Wim Wenders qui, en 2005, viendra mettre son brillant point final à un cycle d'errance U.S. avec "Don't come Knocking".

Ici, sur la scène du Studio des Champs-Elysées, grâce à une perspective hiérarchisée sur plusieurs plans en profondeur de champ utilisant judicieusement la chambre noire à soufflets des appareils photographiques d'antan comme cadre référentiel, Abraham-kremer va ajuster et structurer les mots de Kribus pour scénariser les maux significatifs de la décennie des seventies initiée dans l'utopie collective à l'occasion des festivals de Woodstock pour l'Amérique et Wight pour l'Europe.

Avec en toile de fond nombre de ballades des années psychédéliques interprétées guitare et voix par Claire Deligny évoquant non sans nostalgie cette pléiade de tubes du "Flower power", les deux comédiens assurent une présence protéiforme dont la performance aurait mieux convaincu si elle n'était quelque peu parasitée par une similitude morphologique encombrante.

L'esthétique du genre aurait en effet gagné à une complémentarité physique et psychologique des personnages rendant plus immédiate les liens relationnels de leur duo.

A cette réserve près, ce spectacle scandé sur le registre du "has been" possède effectivement le charme désuet d'une époque à peine révolue et témoigne néanmoins de la pertinence d'un rapport au monde actualisé.

Theothea le 28 novembre 2005

ROMEO ET JULIETTE

de  William Shakespeare

mise en scène    Benoît Lavigne

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Treize

Tel:  01 45 88 62 22

 

  Photo:  Falazon-copyright 2005

L'apothéose de la corrida de chair et de sang qu'a orchestrée Benoît Lavigne est atteint lorsque Mercutio (Thomas Durand) est blessé mortellement et va quelques instants plus tard dans une grâce sublime s'effondrer en un ballet chancelant sur la scène du Théâtre Treize.

La vengeance exercée ensuite par Roméo sur Tibalt (Olivier Bénard) mettra alors un point final au panache de cette lutte entre les deux familles Capulet et Montaigu.

A l'issue de ce terrible bilan, Roméo et Juliette n'auront plus que la ressource de réfugier leur liaison dans l'acte symbolique d'un double suicide induit par la méprise d'une communication défectueuse.

Au rythme de la violence, du rap et de l'humour, force est néanmoins de constater que la passion amoureuse est ici quelque peu délaissée, presque hors sujet.

C'est le dilemme de cette superbe mise en scène qui durant deux heures mène tambour battant un spectacle digne du stade de France, pour ne pas dire de Robert Hossein et qui se retrouve faute de combattants contraint en trois quarts d'heures ultimes à tenter de rendre crédible la puissance destructrice d'un Amour perçu davantage en vecteur salutaire d'une épopée spectaculaire.

Autrement dit ce Roméo est plus doué en chef de bande qu'en amoureux transi et cette Juliette le lui rend bien. Xavier Gallais et Tamara Krcunovic tiennent ainsi leurs rôles à distance et excellent donc dans l'interprétation décalée tels des enfants qui s'amuseraient à jouer à la guerre.

Ce spectacle plein de fougue et de talents n'a donc pas l'âme romantique car la compagnie des saltimbanques l'affronte à la manière d'un combat entre vie et survie en un élan spécifiquement contemporain à l'instar d'un noir désir auquel Benoît Lavigne se plaît à le référer.

Theothea le 13/12/05

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