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LANDRU

de  Laurent Ruquier

mise en scène    Jean-Luc Tardieu

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Marigny

Tel:  01 53 96 70 30

 

Bénéficiant d'une production permettant de rassembler de multiples compétences talentueuses telles celles de Jean-Luc Tardieu à la mise en scène, Jean-Marc Stehlé au décor, Jacques Rouveyrollis aux lumières, Bernadette Villard aux costumes, la création de Laurent Ruquier jouait d'autant plus sur du velours que Régis Laspalès donnait son accord pour incarner le personnage de Landru dans le théâtre dirigé par Robert Hossein.

Alors pourquoi donc ce dispositif scénographique semble-t-il si mal fonctionner durant les quatre-vingt dix minutes de cette première pièce très documentée, en cantonnant dans l'ennui son public pourtant fort bien disposé ?

En premier lieu, parce qu'il y a maldonne à découvrir une reconstitution historique concernant le fameux sérial-killer s'appuyant sur les faits et attestant de son cynisme patent sans que pour autant l'humour puisse y imposer une marque de fabrique attendue en priorité de la part d'un animateur spécialisé dans le genre.

Encore que pris à contre-pied, le spectateur pourrait réajuster sa grille de lecture en cours de représentation, si toutefois l'intérêt dramatique était au rendez-vous, alors qu'en fait de nombreuses scènes fastidieuses à deux personnages se succèdent sans véritable perspective théâtrale.

En outre si le charisme artistique de Régis Laspalès est à la hauteur d'une réputation phénoménale, sa puissance de séduction amoureuse vis-à-vis de la gente féminine n'apparaît pas sur scène avec grande évidence et c'est sans doute ce qui manque le plus pour rendre crédible la systématisation stratégique du guet-apens nuptial s'entremêlant aux mensonges d'une double vie privée.

Au demeurant toutes ses partenaires (Evelyne Dandry, Chloé Berthier, Michèle Garcia et Monique Mauclair) en compagnie de Marcel Cuvelier entourent et choient Régis Laspalès qui articule dans des monologues explicatifs laborieux les intentions, projets, méthodes et autres malversations du sosie masqué en les accommodant sous des annonces fallacieuses et autres tours de passe-passe.

Cependant, c'est sans doute dans la dialectique avec son avocat (Yves Lambrecht) que s'affirme le véritable enjeu de la pièce, alors que Landru remet en cause la recherche d'un système de défense pragmatique tout en lançant des torpilles de distanciation hilarante.

En définitive alors que la chaudière de Landru ou un de ses modèles similaires exposé dans le hall du Théâtre Marigny s'avère appartenir à Laurent Ruquier, deux questions peuvent se poser avec insistance:

- Est-ce vraiment raisonnable d'imaginer que 11 corps humains eussent pu être brûlés, même sciés menus, en un four de si petite contenance ?

- Et plus iconoclaste, l'auteur familier des "one'man show" n'aurait-t-il pas dû prendre le risque de jouer lui-même ce rôle sulfureux ayant su fasciner et inspirer ses premiers élans d'écriture théâtrale, en osant proclamer Bovaresque: "Landru, c'est moi !" ?

Theothea le 10/01/06

SI C'ETAIT A REFAIRE

de  Laurent Ruquier

mise en scène    Jean-Luc Moreau

 Choix des Chroniques ****

Théâtre des Variétés

Tel: 01 42 33 09 92

 

Si "La presse est unanime" était un coup de maître pour Laurent Ruquier, "Si c'était à refaire" serait plutôt à classer dans la catégorie "coup d'essai"; en effet cette pièce sympathique paraît quelque peu bâclée aux entournures et manque notamment de rebondissements dramaturgiques; en outre si le "harem" qui entoure Pierre Palmade permet aux figures féminines de se décliner dans leurs originalités et leurs différenciations, une seconde présence masculine aurait été la bienvenue pour susciter l'émulation de tous.

Cela dit, chacune des comédiennes va offrir au public une part de cette image inversée que la frustration de l'âge et celle de l'imperfection physique élèvent en dictature de la société contemporaine ayant acquis pour la bonne ou mauvaise cause selon les cas, le droit et les moyens de rectifier le corps humain.

Au théâtre des Variétés, les rires fusent sans vergogne des loges d'orchestre aux balcons supérieurs car les mimiques des uns, les bons mots des autres cherchent le commun dénominateur du plaisir à se moquer gentiment du narcissisme excessif régnant en souverain de la reconnaissance de soi-même.

L'objectif de Laurent Ruquier étant de proposer une cure de jouvence pour le prix d'une place de théâtre, il est indéniable que la bonne humeur ambiante contribue largement à ce succédané des familles.

Claire Nadeau, Aléxia Namani, Isabelle Mergault, Laurence Dabadie et Noémie de Lattre composent allègrement un quintette de salves humoristiques face auxquelles le scalpel malicieux de Pierre Palmade s'apparenterait volontiers à la baguette magique du meneur de revue.

Dénuée du néo-cynisme de "Grosse chaleur" ou de "Landru", cette pièce ni faite, ni à refaire pourrait fort bien se substituer au nez rouge du clown qui cache tant bien que mal dans l'éclat de rire général, les failles communes à tout un chacun afin de les transformer en rides rédemptrices.

Theothea le 11/01/06

DONA ROSITA

de  Federico Garcia Lorca

mise en scène    Matthias Langhoff

 Choix des Chroniques ****

Théâtre des Amandiers

Tel:  01 46 14 70 00 

 

La scénographie de "Dona Rosita" est à déguster comme une ode luxuriante dans le secret d'un jardin peuplé de plantes tropicales auto-carnivores que Federico Garcia Lorca s'attacherait à pénétrer par effractions surréalistes.

Matthias Langhoff en fait tourner le manège burlesque jusqu'à l'extinction vitale du modèle économique aisé de familles extravagantes que les moeurs espagnoles du XIXème siècle avaient formaté en art de vivre le dédoublement théâtral de soi-même jusqu'au plus intime du rituel quotidien.

Désoeuvrée au point de n'avoir que la culture des roses en ligne d'horizon, la communauté familiale de Dona Rosita vivra son chemin de pétales en trompe-l'oeil sous la perspective du mariage annoncé avec le "fiancé exilé", cadençant ainsi le cycle récurrent des saisons au rythme des espoirs d'hyménée jamais atteints mais sans cesse renouvelés.

Cependant la mort de l'oncle, laissant toutes les femmes Rosita dans l'infortune d'une réalité sans lendemain, sonnera le tocsin de cette Cerisaie ruisselante de roses en perpétuelle magnificence de floraison.

Le temps des opportunités ayant renoncé à poursuivre ses tentatives de survie, c'est dans la vision fantasmée d'une débauche orgiaque que le metteur en scène improvise une fausse fin de représentation théâtrale rebondissant sous l'égide d'un cauchemar éveillé.

Tous ensemble, Jean-Marc Stehlé, Agnès Dewitte, Evelyne Didi, Gilles Privat contribuent à mettre en cage fleurie Emmanuelle Wion rongeant son frein sous les aubades d'un quintette hispanisant élevé en comédie musicale très couleur locale.

Theothea le 17/01/06

LE GENIE DE LA FORET

de  Anton Tchekhov

mise en scène    Roger Planchon

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Gérard Philipe

Tel: 01 48 13 70 00

 

     Photo   ©  Bellamy/1D-photo  

A la manière de ces labyrinthes vitrés qui égayent les fêtes foraines, Roger Planchon met en place un dédale familial dont les membres circuleraient de pièce en pièce constamment le nez sur le carreau, tous en quête d'une issue de secours à leurs tourments intimes et domestiques.

Cet état d'inquiétude général se traduit sur le plateau du Théâtre Gérard Philipe par des déplacements vifs et saccadés de tous les personnages grâce à des mouvements de groupe sortant précipitamment de scène par l'une des issues latérales pour réapparaître immédiatement par une autre située sur un plan visuel plus ou moins rapproché.

Ainsi va s'esquisser le profil d'une immense maison (décor: Ezio Frigerio) où chacun se perd à force de se confronter avec l'ensemble de ses occupants.

Que des bouleaux émergent brusquement et voici le contexte forestier qui dessine un environnement de bout du monde où l'isolement serait profondément en phase avec les prémisses d'une écologie instinctive, s'il n'y avait le souci d'une rentabilité financière à les tronçonner.

Car de cette Cerisaie dispendieuse va se tramer le spleen infini d'un oncle Vania avant le nom (ici oncle Voïnitski) jusqu'à le pousser seul dans les retranchements d'un suicide collectif annoncé dont triompheront en définitive deux projets nuptiaux encore improbables l'instant d'avant.

Eloge à l'incertitude planant sur les êtres pour les faire basculer du meilleur au pire sans que les causes y soient clairement répertoriées, cette pièce de jeunesse de Anton Tchekhov fort décriée à sa création est portée par les forces juvéniles d'un metteur en scène de 75 ans qui se mêlant à ses comédiens (R. Planchon joue le rôle du professeur Serebriakov) implique l'interprétation dans l'hétérogénéité de la nature humaine à se forger un destin de préférence positif.

Cette manière noble de ne pas baisser les bras devant l'adversité, c'est Jean-Pierre Darroussin (Voïnitski, gestionnaire désabusé du domaine) qui s'en fait le chantre par la preuve du contraire devant le choeur de ses partenaires qui eux s'évertuent à en exposer les contradictions.

Citons parmi eux, Thomas Cousseau (Khrouchtchev le docteur), Hélène Fillières (Andreïevna l'épouse du professeur) et Olga Kokorina (Sonia la fille du professeur) pour en suggérer l'enjeu amoureux latent sans que d'aucuns puissent n'en maîtriser le fil d'Ariane.

Le trait de génie, c'est bien celui de continuer à croire en la pulsion de vie, là où face au sombre doute cachant la forêt du nihilisme tout semble s'en aller à vau-l'eau.

Roger Planchon y excelle en défricheur visionnaire.

Theothea le 18/01/06

DON, MECENES ET ADORATEURS

de  Alexandre Nicolaïevitch Ostrovski

mise en scène    Bernard Sobel

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de Gennevilliers

Tel: 01 41 32 26 26

 

     Photo   ©  Bellamy/1D-photo

C'est avec Alexandre Nicolaïevitch Ostrovski, auteur fondateur du Panthéon personnel de Bernard Sobel que celui-ci tire sa révérence de metteur en scène à Gennevilliers alors qu'il s'apprête à quitter fin 2006, au terme de quarante-trois années, la fonction de directeur/créateur d'une institution artistique en "banlieue rouge" devenue officiellement "Centre dramatique national".

Telle une ode au monde du théâtre dans la Russie en fin de XIXème, les coulisses de "Don, mécènes et adorateurs" y bruissent des intrigues entre comédiennes et leur cour d'admirateurs en suscitant bien des émois, des rivalités mais aussi de l'émulation légitime.

Sous la protection très vigilante de Domna Pantélevna (Elizabeth Mazev) sa mère et l'amitié complice de Nina Smelskaïa sa condisciple (Isabelle Duperray), la belle Alexandra Néguina (Chloé Réjon), douée d'un talent dramatique manifeste se méfie du directeur du théâtre (Gaëtan Vassart), est à l'écoute de ses camarades de troupe (Eric Castex, Jacques Pieiller), est très attentive à l'égard de ses multiples soupirants (Eric Caruso, Laurent Charpentier, François Claviar, Thomas Durand, Vincent Minne) étudiant, fonctionnaire, aristocrate et autres mécènes, mais sans jamais perdre de vue les priorités de son ambition professionnelle qui sauront la porter à tous les sacrifices affectifs pour le bénéfice de sa carrière.

Si les deux premiers tiers de la pièce se déroulent la plupart du temps dans un non lieu étriqué à hauteur du rideau de fer, c'est un véritable feu d'artifices que réserve la partie finale en une scène d'anthologie plongée dans un immense décor de "livre magique" où le long d'un quai de gare vient se ranger en partance imminente pour Moscou, une locomotive toute vapeur hurlante dans le brouhaha des chaudières fumantes.

En premier plan cinématographique, le hall des pas perdus accueille un splendide buffet des adieux pour célébrer le départ de l'actrice appelée par vocation autant que par opportunité vers les promesses de la renommée au sein de la capitale Russe.

Le convoi ferroviaire s'étant ébranlé hors de la gare s'évanouissant à son tour comme à l'issue d'un songe, c'est alors, dans la perspective des deux salles en enfilade  s'opposant par gradins interposés en un face à face soudain réunifié par leurs scènes conjointes, que va se refléter le dilemme éternel du théâtre où la poésie de l'imaginaire doit se réaliser dans le miroir des contraintes de la contingence.

Chacun des protagonistes resté sur "le carreau" avec ses frustrations amoureuses devra prendre la mesure de sa responsabilité culturelle et politique face à ses espoirs intimes contrariés.

Ce départ en fanfares pourrait fort bien illustrer à rebours la destinée d'une vie consacrée au spectacle vivant en permettant à Bernard Sobel de trouver à 70 ans d'autres "renouvellements" pour exprimer ses compétences dans une indépendance recouvrée vis-à-vis de toutes les tutelles.

Theothea le 20/01/06

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