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LA SAINTE CATHERINE

de  Stéphan Wojtowicz

mise en scène    José Paul & Agnès Boury

 Choix des Chroniques ****

Petit Théâtre de Paris

Tel: 01 42 80 01 81

 

        photo ldd:  Orly 

                

Si l'infirmière Catherine s'impose comme l'image pragmatique de cette tragi-comédie, Stéphan Wojtowicz traitant ses personnages à parité, donne en effet à Caroline Maillard le "beau rôle" en même temps qu'il offre à ses trois partenaires masculins, des opportunités de composition savoureuse autant que réaliste.

Avec comme toile de fond la grande guerre, en métaphore de toutes les autres, le paternalisme militaire va ici se coltiner avec les blessés ramenés du front en un hôpital de campagne improvisé dans un petit hôtel réquisitionné.

Commandement militaire et soins médicaux vont devoir cohabiter temporairement en un huis clos avec les victimes du carnage sous l'égide d'une idéologie du sacrifice assumé.

Cependant dans ce cocon protégé du fracas meurtrier, la chaîne des responsabilités pourrait fort bien se dissoudre dans les intérêts personnels multiples, si une bizarrerie patriotique n'allait venir semer le trouble dans l'inertie des esprits :

Un sculpteur mandaté par le gouvernement débarque avec la mission de "tailler" une statue en l'honneur d'un "poilu" emblématique par reconnaissance éternelle de la Nation.

Qui donc pourra servir de modèle à l'artiste d'état dont ce chef-d'oeuvre sera prochainement inauguré par le Maréchal Pétain ?

C'est le dilemme entre les perspectives morale et physique de cet hommage historico-culturel qui mettra le feu aux poudres en suscitant des scènes hystérisées où Grand Guignol ne sera jamais loin de faire irruption sur le champ de manoeuvre.

Philippe Magnan est complètement "raccord" avec la lâcheté implicite et l'hypocrisie déjantée d'un capitaine médecin-chef préoccupé exclusivement par son avancement de carrière.

Guillaume de Tonquedec excelle à maquiller l'ambition effrénée de Gilbert Grancouraud envers la notoriété, quitte à faire fi de son environnement.

Didier Brice s'affiche dans la candeur servile de celui qui met son corps et son âme à disposition d'une hiérarchie se prétendant attentionnée.

La mise en scène de cette pièce transpire à chaque instant du plaisir de jouer dont José Paul connaît pleinement les excitations d'acteur et dont Agnès Boury a l'expérience de l'efficacité immédiate.

En bref, la stature de cette création réjouissante est de la matière même dont sont consacrés les Molières.

Theothea le 01/02/06

L'ESPACE FURIEUX

de  Valère Novarina

mise en scène   Valère Novarina 

 Choix des Chroniques ****

Comédie Française

Tel: 08 25 10 16 80

 

     Photo  ©  Thierry Gründler 

     

Davantage qu'une gageure, rendre compte du spectacle de Valère Novarina qu'il met en scène lui-même avec l'honneur d'entrer de son vivant au répertoire de la Comédie-Française, pourrait s'apparenter à une impasse dramatique pour un (esprit) critique quel que soit son entendement de "L'espace furieux".

En effet, si les problématiques soulevées pouvaient par exemple s'énoncer de la sorte: "La matière est-elle muette ? Le réel est-il parlé ?", il ne sera guère possible de suivre en réponses significatives, la pensée de l'auteur plus préoccupé d'incarner cette dernière sous forme de mouvements oratoires plutôt que de la soumettre à l'analyse métaphysique.

Autrement dit au pays magique des mots dits, il est plus aisé de s'enivrer de leur poésie divine que de chercher à comprendre leur flux en concepts sémantiques.

En conséquence, si la règle du "je" admise par l'assemblée pouvait s'énoncer comme une tautologie entre l'existence et la parole telle que "Je parle, donc je suis", Valère Novarina y souscrirait d'un néon transcendant l'enseigne lumineuse au centre du décor pictural; c'est d'ailleurs ce qu'il s'empresse d'effectuer en y inscrivant en lettres scripturales: "Je suis".

Force alors est de constater au fil des cent cinquante minutes de maïeutique sans cesse avortée que la langue s'empare du volume acoustique du Français avec un réel bonheur dont il serait vain de ne pas s'extasier et il sera presque tangible de percevoir le plaisir subliminal qu'en ressentent les interprètes à son écoulement vocal.

Au final, qu'il soit subjugué ou dérouté, le critique pourrait s'interroger en ultime analyse: "L'ai-je bien descendu ?"; il faudra convenir sans esprit d'escalier en colimaçon que: "Telle n'était pas la question".

Theothea le 03/02/06

   

- L'espace furieux - avec Christine Fersen (le prophète), Catherine Salviat (la figure pauvre), Véronique Vella (l'enfant d'Outrebref), François Chattot (Jean Singulier), Daniel Znyk (Sosie), Alexandre Pavloff (l'enfant traversant), Gérard Giroudon (le vieillard carnatif) et trois de ses collaborateurs : Christian Paccoud, Matthieu Dalle et Richard Pierre.

CONVERSATIONS APRES UN ENTERREMENT

de  Yasmina Reza

mise en scène   Gabriel Garran

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Antoine

Tel: 01 42 08 77 71

 

   

Cinq personnages en quête de mémoire familiale réunis le temps d'une journée à l'occasion de l'enterrement du père.

C'est le sixième, la femme étrange venue d'ailleurs qui va en s'immisçant parmi eux catalyser ces conversations au point de faire bouger les lignes de fracture entre frères et soeur, alors que l'oncle et son épouse devront arbitrer au mieux les flux et reflux de sentiments réactivés ou inhibés.

Telle une psychanalyse de groupe surgissant des années 80, Yasmina Reza autorise à nouveau la recréation de cette pièce qui lui valu à vingt-cinq ans, en 1987, le molière du meilleure auteur.

Gabriel Garran, marqué par le caractère Tchekhovien de cette assemblée, en même temps qu'influencé par des fulgurances de Woody Allen dans l'écriture de la jeune auteur, organise sur le plateau du théâtre Antoine une symphonie contrastée du noir en fond de scène jusqu'au blanc de la lumière en plongée sur les visages, tout en ménageant des parodies de colère feinte hautes en humeurs à défaut de couleurs vives.

Le théâtre des conflits familiaux latents va prendre ainsi sa vitesse de transit entre l'avant et l'après du décès paternel où la catharsis du deuil va se résoudre dans le sort affectif d'une maîtresse conviée ou déniée par deux frères en mâle de rivalité.

Margot Abascal incarne avec sensualité discrète ce rôle ballotté entre forces contradictoires; Josiane Stoleru, Mireille Perrier, Jean-Michel Dupuis et Bernard Verley assument avec justesse les tensions relationnelles en présence alors qu'est dévolu à Serge Hazanavicius la tentation de ruer dans les brancards sous-jacente à celle de provoquer l'incident fatal.

Une pièce qui s'inscrit dans un entre-deux du temps afin de mieux y replonger sous une mise en scène respectant les tergiversations ô combien humaines !...

Theothea le 02/02/06

DEMAIN LA BELLE

de  Bernard Thomas

mise en scène    Jérôme Savary

 Choix des Chroniques ****

Opéra Comique

Tel: 08 25 00 00 58

 

     Photo  ©  Serge Alvarez

       

D' "Irma la douce" à "Demain la belle", il y a pour Jérôme Savary l'attrait de l'histoire d'amour musical mais surtout l'atmosphère d'une belle époque révolue dont le conte populaire aime, sous la baguette de Gérard Daguerre, se faire le chantre.

En passant commande à Bernard Thomas de la mise en livret d'une vie de forçat au bagne de Guyane, en l'occurrence celle d'Alexandre Marius Jacob qui donna notamment naissance au mythe d'Arsène Lupin, le fondateur de l'ex-Magic Circus savourant ses dix-huit mois de sursis à la tête de l'Opéra Comique, y donne définitivement ses lettre de noblesse à l'anarchisme triomphant.

C'est le choix d'Alexandre que de s'accorder une année jour pour jour avec Jeanne la jeune infirmière pour vivre en duo le temps d'une dernière histoire d'amour avant que de franchir en solo la porte de sortie d'une vie en galère.

A l'instar de Bernard Sobel qui doit tirer sa révérence de metteur en scène célébrant son départ d'artiste vers un destin sans retour au havre de Gennevilliers, Jérôme Savary donne ici sa chance à une année de rémission pour vivre chaque instant d'amour à l'égard du spectacle vivant.

Si les œuvres métaphoriques proposées par ces deux créateurs touchent au plus haut point leur public, c'est qu'elles correspondent à des tranches de vie qui se sont totalement confondues avec la passion de servir l'art de la scène.

C'est ainsi que "Demain la belle" résonne comme une grande évasion dont Sophie Duez serait l'égérie aux multiples visages et Arnaud Giovanetti le messager d'une résistance radicale à tous les compromis avec la médiocrité.

Certes le bagne n'est pas un lieu convoité pour engendrer l'humeur festive, mais il a le mérite de témoigner des forces antagonistes en présence dont il est plus que jamais nécessaire de briser les chaînes d'assujettissement.

Si en pied de nez aux institutions, une bande de pieds nickelés est en mesure de mettre les rieurs de leur côté, c'est donc pour la bonne cause et à peu de frais qu'un hommage à la redistribution collective peut servir de feu d'artifices à la bonne volonté ainsi qu'à toutes les intentions idéalistes au service du mélodrame.

Theothea le 07/02/06

A. & C.

d' après Shakespeare

mise en scène    Lewis Furey

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Ville

Tel: 01 42 74 22 77

 

     Photo  Yves Renaud  

           

Tel le furet du bois joli, Lewis surgit de nulle part là où personne ne l'attend!...

Voici donc le premier volet d'une trilogie se présentant comme la phase alpha d'un opéra Romain induite en livret musical intuitif auquel devraient succéder une adaptation de "César et Cléopâtre" de Georges Bernard Shaw et ensuite celle de "Jules César" de Shakespeare.

Conçu à la manière d'un clone transposé à partir de "Antoine et Cléopâtre" du même Shakespeare, "A. & C." s'élabore comme une oeuvre en hypertexte dont chaque moment renverrait par récurrence à tous les autres.

En effet si la chronologie des événements reste le fil conducteur de cette nouvelle production du fameux créateur canadien polyvalent, sa pièce de théâtre musical se présente comme une sorte d'épure acoustique où l'enjeu amoureux et politique se mêle de l'universel à la manière d'un puzzle où les divers éléments pourraient s'assembler de multiples manières comme autant de points de vue conceptuels.

Métaphore subjective d'un rapport de forces entre l'Orient et l'Occident, entre rationalisme et esthétisme, entre amour et guerre, entre masculin et féminin, entre modernisme et conservatisme, ce n'est pas tant l'amalgame des contraires qui la dirige qu'une dialectique des ressources humaines qui la porte à toutes les écoutes, fussent-elles contrariées par le goût formaté contemporain.

Aussi qu'au cours des 5 représentations, le Théâtre de la Ville se soit peu à peu vidé de quelques unes de ses forces vives abonnées à tous les éclectismes artistiques, nul ne s'en offusquera car c'est sans doute ainsi que peut se régénérer le flux vital devant s'expurger des toxines culturelles ambiantes.

A la suite de sa prestation dans "L'homme de la Mancha" dans les pas de Jacques Brel, célébrée par le masque de la meilleure interprétation masculine en 2003 (Académie québecquoise du Théâtre), Jean Maheux apporte ici à Marc-Antoine cette virilité sensible que Cléopâtre (Sylvie Moreau) façonnera à son image aux dépends d'Octave César (Renaud Paradis).

C'est donc à 56 ans, en signant livret, musique et mise en scène, après avoir été dans une autre vie, chanteur, violoniste, pianiste, comédien, compositeur, et cinéaste..., que le "partner" de Carole Laure sa muse de toujours, se compose désormais un nouveau rôle d'avant-garde, celui de "jeune auteur de théâtre musical passioné d'Opéra".

Theothea le 09/02/06

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