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D'AMOUR ET D'OFFENBACH

de  Tom Jones

mise en scène  Jean-Luc Revol

 Choix des Chroniques ****

Théâtre 14 

Tel: 01 45 45 49 77 

 

     Photo  Lot  

         

"Tout à fait charmant, un peu branquignol!..." pouvait-on entendre ce soir-là à la sortie du Théâtre 14.

"The game of love" composé livret et paroles par Tom Jones s'inspirant lui-même du "Anatole" d'Arthur Schnitzler, a été adapté en français par Stéphane Laporte qui, ainsi, récidive après le succès de "I do I do" en 2001 déjà remarquablement interprété par Manon Landowski dans ce même théâtre avant d'avoir été repris dans l'amphithéâtre du Palais des Congrès.

Ainsi d'un Jean-Luc à l'autre, de Tardieu à Revol, la comédienne se trouve emportée dans le tourbillon de la vie amoureuse passant par les magies de la fiction, des tribulations d'une destinée de couple à celle présentement d'un kaléidoscope de conquêtes féminines successives qui n'en ferait qu'une aux yeux d'un homme, cet Anatole (Gilles Vajou) se désespérant d'être aimé pour lui-même alors qu'il se cherche entre Sacha Guitry et Don Juan.

Chorégraphie d'Armelle Ferron et musique d'Offenbach sous les mains pianistiques de Thierry Boulanger ou Stam Cramer, scandent et enchaînent les séquences de ce destin au masculin qui, satisfait de collectionner les facettes diversifiées de la féminité, n'en confie pas moins à Max son alter ego (Raymond Acquaviva), ses tergiversations et ses doutes quant à la pérennité de son ambition festive.

L'apparition de personnages secondaires successifs (Hervé Lewandowski) joue les empêcheurs de tourner en rond autour d'un jeu de société à trois partenaires où le tiers serait qu'il le veuille ou non, le faiseur ou le briseur de couple, selon les circonstances.

Légère comme du champagne, cette création a le mérite de rendre joyeux et enchanté, au propre comme au figuré, le public qui ne demande qu'à être transporté avec allégresse dans ces jeux de l'amour.

Theothea le 07/04/06

TÊTE D'OR

de  Paul Claudel

mise en scène    Anne Delbée

 Choix des Chroniques ****

Théâtre du Vieux Colombier

Tel:  01 44 39 87 00

 

     Photo  Ldd  Emmanuel Orain

   

Renversé racines par dessus faîte, l'arbre déraciné occupe le volume spatial de la scène du Vieux Colombier en traçant une implacable diagonale de cour à jardin, comme si Anne Delbée souhaitait barrer dans le champ d'investigation critique les possibilités d'une perspective analytique se protégeant d'emblée de toute interprétation sauvage.

En effet, ni "sujet Lacanien", ni même "objet barré", ce décor unique de Michael Simon déterminant les quatre heures de représentation pour trois actes avec entracte, impose la courte échelle nécessaire pour s'élancer dans l'au-delà de l'absolu, quand toutes les amarres du réel ont été brisées par des forces titanesques.

Qu'il faille alors renverser les valeurs implicites de la rationalité jusqu'à s'appuyer sur ce tronc impérial pour l'utiliser comme rampe de lancement du désir de puissance, voilà en quelque sorte les signes avant-coureurs du souffle poétique, prêts à se déverser par vagues de mots sur les flots Claudéliens en furie.

Thierry Hancisse y est magistral à la mesure hors norme d'un comédien habité par les fougues contradictoires rendant velléitaires les ambitions versatiles de Simon Agnel devenu ce Tête d'or dévoré par l'angoisse dominatrice.

Face à cet Ubu emporté par l'exaltation jusqu'au fanatisme, le visage de la mort se présente à plusieurs reprises en approfondissant toujours davantage l'image conceptuelle du passage du vivant au néant.

Ainsi les personnages de Cébès (Clément Hervieu-Léger), l'empereur (Andrzej Seweryn) et la princesse (Marina Hands) vont-ils constituer en des instants fatidiques autant de drames humains à gérer au mieux en tentant de donner du sens au nihilisme anxiogène dans des élans de pensée formelle ô combien lyrique!...

Paul Claudel n'a que vingt-et-un ans lorsqu'il compose cette épopée poétique qui se laisse pleinement apprécier dans l'écoute latente se laissant divaguer par les associations métaphoriques dépourvues à cette époque de mysticisme triomphant.

C'est alors que l'interprétation dopée par l'énergie transcendentale d'Anne Delbée peut laisser éclater sa puissance y compris vocale à tel point que le plateau de la salle Richelieu pourrait être le cas échéant fort propice à une reprise ultérieure.

Theothea le 11/04/06

A LA RENVERSE

de    Michel Vinaver

mise en scène    Michel Vinaver

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Artistic Athévains 

Tel: 01 43 56 38 32 

 

     Photo  Marion Duhamel  

              

Tournant sans fin sur lui-même, cet «On achève bien le corps social» transforme la ronde de vingt comédiens en un manège de chevaux de bois que le narrateur affronterait en sens inverse de la marche, comme s'il fallait remonter le temps pour percevoir la clé de l'action humaine.

Que l'entreprise soit au centre des préoccupations de l'individu, tenaillé entre le besoin économique et la position sociale, voilà l'enjeu du travail de Michel Vinaver qui, pour la première fois à 80 ans, s'empare de toutes les manettes de la représentation théâtrale pour devenir le metteur en scène de ses propres textes.

Installant un dispositif scénique que le public peut circonscrire à 360 degrés selon le point de vue subjectif de chaque spectateur, il suffira au créateur de tracer un cercle virtuel ceint par les bancs et les gradins pour que la tragédie moderne prenne une dimension métaphysique sous la loupe de l'observateur critique.

Voilà qu'au lieu de faire évoluer de manière pertinente la marque de son produit phare bronzant de «Mi Fa Sol» en «Si Do Ré», l'entreprise Bronzex va subir de plein fouet un désastre industriel renforcé par le choix du label contre-performant «Corps libre» en concomitance avec la mort annoncée d'une princesse atteint d'un mélanome malin commentée chaque semaine en direct par elle-même sur les écrans de la télé-réalité.

En conséquence, la désertion solaire immédiate des plages balnéaires va entraîner la panique à tous les niveaux hiérarchiques depuis le management de la maison-mère aux Etats-Unis jusqu'aux salariés de la boîte française, induisant une cacophonie de décisions et de contrordres menant à la grève générale.

Paradoxalement, ce sera l'optimisme pragmatique qui triomphera d'un dépôt de bilan assuré par une reprise collective sous forme d'autogestion avec alignement général des salaires.

Fort intéressante dans sa spatialité socio-économique, cette mise en scène de Michel Vinaver très soutenue par l'ensemble de la critique, ne nous fera pas néanmoins tomber «à la renverse», car cette métaphore ingénieuse de la rotation ne saurait nous faire oublier son réalisme documentaire artistiquement peu transgressif.

De surcroît selon l'emplacement de chaque spectateur, les comédiens interprétant le texte de quart, de trois quarts, souvent de dos et rarement de face, il est indéniable que des répliques entières se perdent malencontreusement dans l'acoustique du Théâtre Artistic Athévains restructuré pour la circonstance.

Theothea le 24/04/06

LE BAGNE

de  Jean Genet

mise en scène    Antoine Bourseiller

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l'Athénée 

Tel: 01-53-05-19-19

  

Des «Bonnes» au «Bagne», de la première pièce de Jean Genet à la dernière, le théâtre de l'Athénée a donc l'honneur de jalonner à soixante années d'intervalle les repères extrêmes d'une oeuvre qui continue à ériger son auteur en créateur hors normes, vingt ans après sa mort.

La mise en scène d'Antoine Bourseiller, promu de facto en gardien du temple, a le don de faire surgir une vision métaphysique du Bagne en organisant la vie quotidienne du cauchemar éveillé autour d'un mur à deux faces pivotant sur lui-même, entre ombre et lumière, tout en étant pigmenté de multiples alvéoles qui constituent le seul lien symbolique de cet univers autarcique avec le monde extérieur.

Du sommet de la hiérarchie pénitentiaire jusqu'au bagnard anonyme, tous partagent un même destin, perdu quelque part sur un îlot abandonné du cortège des vivants. Le sort les plaçant de part et d'autre de l'autorité de la loi, un modus vivendi complexe et contradictoire les amène à sanctifier la notion du sacrifice suprême, célébrant ainsi la mort par la guillotine comme l'aboutissement exemplaire d'une cérémonie mystique.

Dans cette perspective Claudélienne, le rapport de forces entre les hommes devient le seul enjeu qui vaille intérêt à susciter la haine, l'orgueil mais aussi le respect sans oublier le désir ambivalent que les frustrations entremêlées ne cessent d'éveiller à chaque incartade avec le règlement s'imposant à tous, si ce n'est à leurs consciences homosexuelles ou non.

La dimension scatologique est édulcorée par A. Bourseiller au profit d'un humour cynique en toile de fond des dialogues de Genêt qui se prêtent aisément à une interprétation distanciée en évitant adroitement le panégyrique de l'expérience carcérale.

Entre valeur documentaire et mystification de la transgression, l'impact du Bagne reste un secret intime avec lequel chacun est appelé à transiger dans sa relation entre bien et mal.

Theothea le 06/05/06

HAMLET ( UN SONGE )

de  William Shakespeare

mise en scène    Georges Lavaudant

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l' Odéon 

Tel: 01 44 85 40 40

 

     Photo  © Ros Ribas

              

Si Hamlet était un songe, Ariel Garcia-Valdès en serait la vision sublimée tant l’acteur à la fois d’origine catalane et castillane, après «La rose et la hache» à Berthier et avant «Quartett» à l’Odéon intra-muros, se laisse imprégner par la force du «jeu» au moment où l’émotion s’emplit du texte au point de dire les mots comme s’ils lui venaient à l’esprit dans l’instant.

Arpentant le plateau du nouvel Odéon dans toute son envergure tel un Phénix à peine réincarné qu’il ne cesserait de vouloir en finir avec la monstruosité tranquille que les compromissions de la vie lui offrent sur un plateau princier, le comédien semble se dédoubler en pointant un Hamlet virtuel qui sourirait aux anges dans la position du philosophe ayant assimilé les tourments du monde.

Du coin de l’oeil de son cheval de Troie, Georges Lavaudant personnifié en Claudius l’oncle usurpateur du titre de Roi ainsi que d’époux de Gertrude (Astride Bas) la mère d’Hamlet, suit son acteur fétiche sans perdre une parole que la traduction de Daniel Loayza organise en jeu de maux que se disputent l’humanité corrompue de l’intérieur.

Horatio (Babacar M’baye Fall) toise dans l’ombre distanciée ce que la mauvaise conscience pourrait commettre en erreurs stratégiques, si son protégé n’était déjà hors d’atteinte puisque d’aucuns jugent fou ce prince refusant la substitution d’un père envoyé ad patres par complot.

D’ailleurs Hamlet lui-même est prêt d’en convenir, ayant bien compris ce que la simulation du délire pouvait susciter d’avantages, dévoilant en retour les atermoiements cachés et contradictoires de l’âme humaine.

Fossoyeurs de la posture, Philippe Morier-Genoud (Polonius), Joseph Menant (Guildenstern/Osric), Pascal Rénéric (Rosencrantz/Laërte) complètent ce tableau spectral dont il reste néanmoins possible d’être songeur.

Cependant que triple modèle de la vertu perdue, Ophélie (Anna Chirescu, Estelle Galarme, Axelle Girard) se démène sous les castagnettes de Jean-Claude Gallotta en cadence sur des rythmes andalous paradant des intermèdes syncopés de chorégraphies up to date.

Présentée comme une suite de morceaux choisis emblématiques d’une oeuvre de quatre heures synthétisées au tiers, la mise en scène du maître des lieux Georges Lavaudant scintille des mille feux d’un spectacle vivant dont les attributs audiovisuels sont à la hauteur d’une machinerie toute neuve avec laquelle même un enfant ne pourrait résister de jouer, fût-ce pour l’étrenner avec Shakespeare en une série de représentations inaugurales d’un théâtre de l’Europe plus mythique que jamais.

Theothea le 12/05/06

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