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MON LIT EN ZINC

de  David Hare

mise en scène   Laurent Terzieff  

 Choix des Chroniques ****

Studio des Champs Elysées

Tel: 01 53 23 99 19 

 

  Photo  ©  Francesca  Avanzinelli    

      

Si le thème principal de cette pièce est l'addiction, le sujet pourrait en être "Laurent Terzieff" lui-même qui est devenu au fil du temps pour son public la référence suprême de l'acteur s'étant affranchi de toutes contingences.

Cependant le partage de l'affiche avec Dominique Hollier et Benjamin Bellecour permet la découverte de deux autres comédiens dont le jeu est en juste phase avec les contradictions que toute dépendance suscite inévitablement dans l'identité de chaque être.

Ici chez David Hare, le principe métaphorique en est l'alcool avec son antidote le plus puissant " L'association des alcooliques anonymes ". Si le premier est à même de détruire à petit feu l'essence d'une personnalité, la seconde pourrait paradoxalement s'appuyer sur une dynamique très similaire.

En effet l'appartenance au groupe se substituant aux effets pervers de dépendance, apparaîtrait à moyen terme une aliénation psychique du même ordre.

Bref, la notion d'accoutumance prenant le pas sur celle du libre arbitre, l'homme ne serait que la résultante des  apparentes nécessités  auxquelles il abandonnerait tout pouvoir.

Devenue le jeu des ombres qui se disputent son désir, son besoin d'avoir envie, la relation humaine serait ainsi la proie des sollicitations qui engageraient le corps et l'esprit.

Sur la scène du Studio des Champs Elysées où est créée en France "ce lit en zinc" afin de "partir les pieds devant" dans l'opportunité d'un ultime jugement de valeur sur le monde, le trio traditionnel de l'épouse, du mari et de l'amant se transforme soudain en lieu de lutte pathétique pour tenter de sauver son "quant-à-soi" des sortilèges de l'Amour, fléau parmi les drogues dures assimilable aux ravages de l'alcool.

A moins que l'alternative que suggère le metteur en scène Laurent Terzieff permette de trouver remède à la menace sociale: " Guérir de la dépendance en renonçant à ce qu'on est, ou vivre avec sa maladie en restant soi-même "

Theothea le 15/05/06

DOUTE

de  John Patrick Shanley

mise en scène    Roman Polanski

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Hébertot

Tel: 01 43 87 23 23

 

   

            

De "Hedda Gabler" en 2003 au Théâtre Marigny jusqu'à "Doute" actuellement au Théâtre Hébertot, Roman Polanski est cet unique metteur en scène célébré avec 7 oscars et la Palme d'or pour "Le Pianiste" en 2002, mais dont la critique théâtrale de la première à la seconde est passée du déni complet aux louanges unanimes.

Si à l'époque Emmanuelle Seigner son épouse n'avait pas convaincu le gotha culturel pour son interprétation autistique du personnage d'Ibsen, Dominique Labourier, Noémie Dujardin et Félicité Wouassi bénéficient toutes trois aujourd'hui d'un consensus opposé auquel nous souscrivons à part entière, mais non sans percevoir même à trois ans d'intervalle, la continuité d'implication distanciée d'une mise en scène l'autre.

Si depuis l'ombre des coulisses, Roman Polanski aime agiter au devant de la rampe des "poupées de chiffon", c'est pour mieux faire surgir les contradictions internes qui rivalisent en arrière-plan de la conscience de chacune.

En effet campé dans leurs incertitudes morales, des personnages fantoches qu'ils soient extravertis ou non affichent leur désarroi face à la nature humaine complexe et ambivalente.

Ici rejouant "La ville dont le prince est... " un enfant dont la présence sur scène reste virtuelle, c'est le démon de la rumeur, de la calomnie, du harcèlement qui s'invite sur le plateau en prenant toute son expansion à travers quatre comédiens dont le jeu consiste à maintenir du dedans, la force d'irrésolution qui va répandre un scepticisme généralisé.

Le clergé dans ce milieu scolaire privé du Bronx dans les années 64, vécues par l'auteur John Patrick Shanley dans la frustration de son enfance, sert ici de terrain de contestation où l'opposition entre le corps et l'esprit atteint ces degrés irréversibles où l'ambiguïté de l'inconscient affleure les couches de la pédagogie en provoquant des ravages tacites insupportables par la hiérarchie institutionnelle.

Prise en tenaille entre une soeur supérieure psychorigide et un prêtre (Thierry Fremont) s'affranchissant des conventions, la soeur novice exprimera tout la confusion d'un monde en recherche de nouvelles valeurs éthiques.

Très pragmatique, une mère de famille connaissant le prix de l'exclusion viendra relativiser les principes de salubrité sociale à l'aune d'une appréciation globale souhaitant faire la part des choses.

A terme, chacun des protagonistes renvoyé dans une position de retrait laissera au spectateur le soin d'utiliser si possible le doute au profit de la plurivocité que l'adaptation française de Dominique Hollier sait bien rendre tactile.

Theothea le 17 mai 2006

UN TRAMWAY NOMME DESIR

de  Tennessee Williams

mise en scène    Elsa Royer

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Mouffetard

Tel: 01 43 31 11 99

 

     Photo  ©  Dominique Journet  

     

Le film d'Elia Kazan (1951) avec Marlon Brando a fait connaître à un grand public la forte pièce de Tennessee Williams, montée d'abord à Broadway.

Elsa Royer a eu le courage de retrouver la scène, au-delà de l'écran dont le souvenir subsiste dans quelques extraits de la bande sonore, et les acteurs n'ont pas cherché à mimer Vivian Leigh ou Karl Malden, mais ont trouvé leur ton juste.

Blanche Dubois (Gaëlle Billaut-Danno) arrive à la Nouvelle-Orléans dans l'appartement où sa soeur Stella (Violaine Fumeau-Silhol) vit avec son mari Stanley Kowalski (Alexandre Chacon). Elle n'est plus très jeune et névrosée et s'adapte mal à la ville, à l'arrangement sommaire qui lui est offert, de plus elle est troublée par la sensualité brutale de Stanley, qui ne supporte pas son maniérisme; elle noue une relation avec Mitch (Nicky Marbot), un ami de Stan complexé envers les femmes, qu'elle complique à loisir avant que Stan n'apprenne son passé mouvementé et peu reluisant et lui demande de partir après avoir informé Mitch de la situation.

Alors que Stella revient de la clinique où elle a mis au monde un bébé, Blanche, qui a été possédée par Stan, sombre peu à peu dans la folie, se réfugiant dans le monde improbable d'un ami milliardaire et sa soeur et son beau-frère l'envoient en hôpital psychiatrique.

Elsa Royer a divisé la scène par des rideaux transparents, qui permettent de figurer la rue ou la chambre de Blanche; ce dispositif rend bien compte de la chaleur moite de la ville, dont Stan et Mitch parlent avec insistance en changeant de maillot ou en tombant la veste.

Gaëlle Billaut-Danno rend finement toute la faiblesse de Blanche, sans parvenir toutefois à rendre perceptible la folie qui s'aggrave; Violaine Fumeau-Sihol donne toute sa fraîcheur sensuelle au personnage de Stella, follement amoureuse de Stan; les deux hommes sont parfaits dans leurs rôles sans devoir rien à leurs prédécesseurs:

Alexandre Chacon est plus violent que Brando l'était dans le film, alors que Nicky Marbot est très convaincant. Elsa Royer a redonné toute sa valeur à une véritable pièce de théâtre, dont la tonalité est différente de celle d'un film sorti alors qu'Hollywood était encore régi par les contraintes du code Hays d'autocensure.

Jacques Portes le 07/06/06  (en partenariat avec Theothea.com)

UNE AUTRE ANDROMAQUE

d'après  Jean Racine  

mise en scène:    Marie-Claude Morland

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Lucernaire

Tel: 01 45 44 57 34

 

    Photo  Ldd presse  

    

Le thème de la tragédie est simple: personne n'aime la personne qui l'aime.

Après la victoire des Grecs à la guerre de Troie, Andromaque et son fils Astyanax ont vu mourir Hector leur mari et père des mains de Pyrrhus, or ce dernier est tombé amoureux fou de la veuve, délaissant Hermione qui ne renonce pas à lui, en dépit de l'amour que lui porte Oreste.

Andromaque va feindre d'accepter pour sauver son fils, et se suicider avant la consommation du mariage, alors qu' Hermione va tuer celui qui l'a abandonnée avant de se donner elle-même la mort; Oreste reste seul et interdit.

Au lieu de monter la pièce au complet, Marie-Claude Morland a choisi d'en extraire les principaux dialogues et de les séparer par des poèmes de Marc Blanchet sur un fleuve de sang et de mort, repris par les cinq comédiens ensemble.

L'effet est assez saisissant d'autant que ces acteurs sont assis aux côtés de spectateurs dont les sièges entourent la scène centrale et leur concentration est très perceptible.

La qualité des poèmes est réelle, mais la langue de Racine s'impose toujours quand Andromaque (Odile Frédeval) se refuse à Pyrrhus (Bertrand Farge), quand Oreste (Hervé Guérande-Imbert) supplie Hermione (Sophie Bourel à la colère impressionnante), quand Polymorphe (Marc Wéry), le valet confident se charge du lien entre les scènes.

Le choix de ces dialogues va à l'essentiel et la tragédie se noue implacablement, sans qu'apparaisse la moindre dague, le moindre autel. Ce concentré de tragédie classique est intéressant, sans que les intermèdes poétiques lui apportent autre chose qu'une respiration. Sans doute un moyen de transmettre la tragédie plus facilement à un public d'aujourd'hui.

Jacques Portes le 07/06/06  (en partenariat avec Theothea.com)

LES GRECS

de  Jean-Marie Besset

mise en scène    Gilbert Désveaux

 Choix des Chroniques ****

Théâtre du Petit Montparnasse

Tel: 01 43 22 77 74 

 

     Photos ©  Jacqueline Chambord  

             

En cette fin de saison Théâtrale 2005-2006, "Les Grecs" de Jean-Marie Besset constitue un appel d'air vivifiant, d'autant plus intéressant que pour la première fois l'auteur a franchement pris le parti de l'humour, que cela lui va très bien et à nous pareillement.

Il faut dire qu'avec Marianne Basler, véritable révélation dans la comédie et Xavier Gallais qui sait se prêter aux attitudes les plus incongrues, la "party" à trois s'engage plutôt bien lorsque le mari ombrageux (Jean-Michel Portal) va tenter de jouer les empêcheurs de tourner en rond.

En l'occurrence, c'est Homère et son Illiade qui seront le prétexte à joute verbale lors d'un repas bourgeois-bohème des beaux quartiers et que la maîtresse de maison va chercher à intéresser les enjeux en forçant qui à prendre la défense des Troyens, qui celle des Grecs assiégeant Troie avec leur fieffé cheval.

D'ailleurs l'actualisation de ce dernier ne se serait-elle pas réincarnée dans les avions qui pénétrèrent les tours jumelles le 11/09/01, en dissimulant un quatrième personnage, immigré sans papier bien évidemment pour forcer le cliché socioculturel ?

Le voilà d'ailleurs cet intrus de service, Osman (Salim kechiouche) qui rejoindra fort à propos le trio pour faire éclater définitivement les convenances et les valeurs établies d'une bourgeoisie qui aime toujours autant jouer à se faire peur, ne serait-ce que pour conserver la sensation d'une menace à exister !...

S'il fallait trouver l'ombre d'une métaphore avec les démons qui peuplent notre monde contemporain, Jean-Marie Besset pourrait en devenir définitivement le chancre s'il le souhaitait, mais c'est principalement dans le domaine des moeurs intimes qu'il préfère cultiver son savoir-faire; alors de l'homosexualité aux multiples univers hétéros déviants, il aime répandre le venin en souffre-douleur des âmes déphasées par l'infinité des conjugaisons sexuelles en apparence possible, mais qui laisse immanquablement un arrière-goût d'insatisfaction affective!..

Bref, l'ordre moral règne en coulisses et après ce week-end de chamade exutoire en villégiature parisienne, il reste à parier que tous les protagonistes réintégreront le juste rôle les reliant les uns aux autres.

Entre temps le spectateur aura passé un temps délicieux à compter les coups où la sensualité aura su disputer le terrain aux positions psychosociales établies en dégustant cette tendre guerre comme du petit lait.

Theothea le 07/06/06

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