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CYRANO DE BERGERAC

de  Edmond Rostand

mise en scène    Denis Podalydès

 Choix des Chroniques ****

Comédie Française

Tel: 08 25 10 16 80

 

     Photo  Ldd  Raphaël Gaillarde  

        

Encouragé par Piotr Fomenko qui l'avait convaincu au cours de la création de "La forêt" que Michel Vuillermoz était bel et bien son Cyrano, Denis Podalydès s'est donc senti des ailes pour affronter sa première mise en scène au Français.

Transporté par une nécessité intérieure, c'est un hommage au théâtre de troupe regroupé depuis le XVIIème siècle dans la Maison de Molière auquel le comédien s'est investi en réunissant autour de lui toutes les volontés enthousiastes pour cet objectif ambitieux et néanmoins très affectif.

D'Eric Ruff à Andrzej Seweryn en passant par Michel Favory, Michel Robin, Bruno Raffaelli, Jean-Baptiste Malartre, Eric Génovèse, Nicolas Lormeau... De Véronique Vella à Françoise Gillard en passant par Cécile Brune, Sylvia Bergé, Florence Viala.... accompagnés de Christian Blanc, Alain Lenglet, Christian Gonon, Grégory Gadebois, de Romain Cottard ou Paul Jeanson, de Marie Gutierrez ou Elodie Huber..... tous costumés par Christian Lacroix faisant jongler les atours entre XVIIème et XIXème, la célébrissime pièce d'Edmond Rostand allait sortir d'un long purgatoire pour retrouver l'éclat de ses bravoures sur la scène de la salle Richelieu.

Faisant ainsi appel à de mutiples talents composites, Denis Podalydès courrait le risque contradictoire du trop-plein en illustrant à son insu que le "mieux" peut être l'ennemi du "bien", c'est pourquoi en confiant la dramaturgie à Emmanuel Bourdieu, il s'assura, en néophyte avisé, d'un point de vue associé suffisamment en recul sur son projet fantasque afin de réaliser son "Cyrano de Bergerac" à la manière d'une fresque épique où l'âme de "Don Quichotte" pourrait en prolonger avec légitimité et style, l'ombre d'un véritable Commandeur:

Comme si "néanmoins" en assumant la difformité physique, le chevalier à la triste figure aurait le pouvoir de transfigurer l'impossible résignation en sublime destin!...

C'est donc en coup de maître, n'en déplaise aux pinailleurs et autres exégètes de la pièce de Rostand s'inquiétant de savoir si l'interprétation de Vuillermoz serait en mesure d'effacer celle des illustres anciens que bien "avant la fin de l'envoi", le comédien "touche" sa cible au plus près de notre compassion conquis par tant de pudeur exacerbée avec justesse.

D'ailleurs la compétition posthume avec les fantômes du rôle mythique n'aurait guère de signification si ce n'est celle d'apprécier la détermination du "Cyrano nouveau" dans sa fougue à poursuivre la lutte de ses valeureux prédecesseurs contre l'arbitraire de la vie.

En outre, des avis désobligeants ont cru discerner un déficit de charisme concernant la Roxane de Florence Gillard, alors même que l'absence du pathétisme dans la composition de la comédienne est en soi un gage d'intégrité à l'égard du profond mutisme de la passion.

En effet, Denis Podalydès souhaitait des personnages qui soient moins portés par la représentation factice d'idéaux souvent enclins au porte-à-faux que par le véritable élan du coeur: A juste titre, c'est-à-dire en tant que Pensionnaire, celle-ci exprime donc précisément cela!

Il faut dire également que les décors d'Eric Ruff sont extraordinairement riches à la fois dans leur diversité autant que dans leurs détails constitués de multiples trouvailles relevant directement de l'artisanat scénographique.

De la subjectivité des coulisses en visibilité de ruche créatrice, transpire la fébrilité sensuelle de la représentation théâtrale comme jaillissant d'un gant retroussé par indavertance tout en induisant une "nuit américaine du spectacle vivant" où Michel Vuillermoz y aurait décroché le rôle de sa vie.

Médiateur de Christian à qui il souffle les mots qui sauront distiller l'état de ravissement chez Roxane, Cyrano devrait enfin pouvoir concrétiser l'état amoureux auquel il n'a jamais pu accéder faute de savoir outrepasser "les lois du physique".

"Devenir ce qu'il est" ou "Demeurer ce qu'il n'est pas", telle est pourtant l'alternative qui, dans un instant fragile, lui tendra les bras avant que les armes retentissent pour dénier au final, tout espoir de bonheur à chacun des protagonistes submergés dans une tempête de pétales de mort rouge.

C'est beau!... C'est grand !... C'est fort!... C'est poignant !... C'est sans aucun doute, le succès public assuré et mérité qu'attendait la Comédie-Française.

Theothea le 15/06/06

POEUB

de  Serge Valletti

mise en scène    Michel Didym

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Colline

Tel: 01 44 62 52 52

 

     Photo   ©  Christian Ganet  

     

Excusez du "Poeub" mais disserter sur cette consonance, c'est prendre le risque totalement vain de démontrer qu'une "pub" inadéquate ne serait pas à la hauteur du délire contrôlé de Serge Valletti.

D'ailleurs raconter l'intrigue aventureuse de Globul, ce serait oser reconstituer un schéma rationnel là où la disgression est élevée en art de faire s'entrechoquer les concepts discursifs en confrontation avec les idées associatives.

Tenter d'en synthétiser la logorrhée par des images emblématiques comme celle du "tonneau" revendiquant une étymologie directe avec "étonnement", ce serait faire preuve d'arrogance en goût vestimentaire là où pourrait résider le dernier avatar branché du costume à la mode.

En outre décrire un savoir-faire à nul autre pareil, ce serait comme réduire l'inventaire imaginé par l'auteur à un décompte savant de ses tamponneurs à l'aune d'un groupe de réfugiés en manque improbable de file d'attente.

Tout se mélangerait ainsi dans un "ni queue ni tête" linguistique pour lequel aucune critique constructive ne serait en mesure de relever le défi du sens.

Aussi, demeurons humble devant la fascination d'un spectacle mystificateur en diable au profit d'une poésie qu'une troupe profondément unie d'une vingtaine de comédiens peut emporter sur des airs d'accordéon dans une cavale abracadabrante dirigée par Michel Didym.

En inspectrice du tout terrain, Hélène Alexandridis succéderait à Marilu Marini au tiers du parcours du Théâtre de la Colline qui constituerait ainsi l'apogée d'une tournée initiée début mars au Théâtre de la Criée.

Et le valeureux et performant comédien Hervé Pierre prendrait en charge la tête du monôme sachant pertinemment jusqu'où le ridicule ne peut tuer sans qu'il soit nécessaire d'apprécier le destin d'une vie à son retour à la case départ, fût-ce t'elle celle d'un pub irlandais d'origine... pour en finir "ambianceur".

Et comme le fameux Globul, ex-patron du "Poeub", "Vous n'y comprendriez rien.... C'est la philosophie! C'est la recherche des questions qui n'existent pas!"

Theothea le 13/06/06

LA MALADIE DE LA MORT

de  Marguerite Duras

mise en scène    Bérangère Bonvoisin

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de La Madeleine

Tel:  01 42 65 07 09 

 

     Visuel   Cat.S  

   

Fanny Ardant est en elle-même un mystère; et si en plus, toute de noir vêtue jusque sur des hauts talons telle une Jackie kennedy aux obsèques de John, la comédienne s'avance de la pénombre sur la vaste scène totalement dépouillée du Théâtre de la Madeleine vers un angle de convergence avec une chute de lumière diaphane, c'est alors en souveraine de la pensée magique qu'elle se pose dans un sourire indéfinissable... jouant de ses mains avec la lame d'un coupe-papier laissant présager une destinée funeste.

Avant que la « longue dame brune » n'ait dit le moindre mot, tout est dit et Duras n'a plus qu'à transformer l'essai en preuves à conviction qu'une impasse s'est refermée sur « elle m'aime ».

Enjeu absolu d'une boucle tripolaire, l'amour est en effet l'objet d'une convoitise partagée en trio de prétendants, la femme, l'homme et la narratrice, à ceci près que Marguerite Duras souhaitait que cette dernière fût-ce également un mâle.

En tous cas, c'est bien ici Fanny Ardant qui endosse à elle seule le rôle des trois protagonistes pour tenter à trente reprises jusqu'au 9 juillet de rapprocher leur « souffrance à être seul » sans jamais parvenir à identifier ce mal par une autre nosologie que l'incapacité foncière à aimer.

Avant que l'actrice tourne résolument le dos au quatrième mur, tout est joué et Duras n'a pas à rendre compte de l'échec viscéral, il suffit à l'auteur de soulever le voile des intuitions : « Ainsi cependant vous avez pu vivre cet amour de la seule façon qui puisse se faire pour vous, en le perdant avant qu'il soit advenu. »

Ainsi l'incommunicabilité des sexes se heurtant de front avec la barrière du plaisir, même l'argent n'aura pas réussi à résoudre le verrou de la plénitude à deux.

Davantage énigmatique que pessimiste, le texte de Marguerite Duras est épousé par Fanny Ardant comme une lumière qui s'éleverait au milieu d'un champ de consternations que sa superbe mise à distance transcenderait dans la fascination de l'instant théâtral.

Theothea le 19/06/06

HÔTEL DOROTHY PARKER

de  Valéria Moretti & Rachel Salik

mise en scène    Rachel Salik

 Choix des Chroniques ****

Théâtre La Bruyère

Tel: 01 48 74 76 99

 

    Photo ©  Florence Dalahaye 

       

Après avoir fait carrière sur la très petite scène du Théâtre des Déchargeurs en début d'année 2006, le fantasque hôtel de Dorothy Parker vient d'être consacré par le succès en reprise au Théâtre La Bruyère pour deux mois prolongés jusqu'au 24 juin.

Ce spectacle, mis en scène par Rachel Salik qui souhaitait faire revivre la célèbre chroniqueuse des années folles à New-York, est l'aboutissement d'une adaptation en compagnie de Valeria Moretti de quelques-unes des nouvelles de l'écrivain-journaliste pour reconstituer en une dizaine de séquences le destin d'une intellectuelle emblématique à la fois brillante et caustique durant les années 30.

Sur des rythmes de Jazz, certains de ses poèmes nourrissent les contours d'une comédie musicale emmenée par quatre jeunes femmes qui constituent autant de facettes de la femme américaine égérie d'une époque aspirant à l'autonomie mais corsetée par de multiples contraintes et préjugés.

C'est ainsi dans une lutte avec ses propres démons que Dorothy Parker nous emmène au travers de quatre portraits en quelque sorte autobiographiques et qui se répondent en échos par-delà les soirées festives ou suicidaires, selon les vertus de l'alcool.

Geneviève Mnich, Suzanne Schmidt, Yvette Caldas et Sylvie Jobert négocient ainsi ces passages en force ou sensualité lascive sous le regard d'un cinquième personnage féminin, une gouvernante noire qui se pose en juge implicite et sans appel face aux comportements contradictoires et capricieux de ces maîtresses femmes: Betty Bussmann y excelle dans ce rôle qui lui permet d'y dévoiler un véritable talent d'actrice blues.

En outre, c'est au piano live que Suzanne Schmidt avec sa triple casquette de musicienne, comédienne et chanteuse accompagne et assure la direction vocale de ses camarades de scène.

Par ailleurs Gonzague Phélip, assistant à la mise en scène, compose une succession de rôles muets en contrepoint de la guerre livrée à l'entité du couple traditionnel.

L'ensemble constitue un spectacle dont le charme pseudo-désuet s'inscrit dans un registre de modernité dont l'inspiration au féminin conjugue le chant et la chorégraphie avec un souffle artistique de subtilités subliminales... et par conséquent délicieuses.

Theothea le 16/06/06

C'EST COMMENT LA-HAUT ?

de  Pétronille de Saint-Rapt

mise en scène    Catherine Hauseux

 Choix des Chroniques ****

Théâtre du Petit Hébertot

Tel: 01 58 88 30 30

 

     Photo  Ldd.  Fabrice Vallon  

      

Nominée aux «Révélations féminines» des Molières 99 en compagnie notamment de Marina Hands et de Barbara Schulz, Pétronille de Saint-Rapt a transformé en 2006, cette «mise en lumière» en une quête de sens qu'elle s'est concoctée à son image et à la mesure des soucis existentiels de l'enfance.

Implicitement autobiographique pour partie, son conte onirique associe les fantasmes de taille à ceux des âges de la vie qui, au fur et à mesure qu'elle les franchit, paraissent toujours dissimuler davantage le pourquoi et le comment des choses.

Au royaume des lilliputiens, telle une Alice en mal du pays des merveilles  et en pleine exploration des pressentiments du petit Prince, Pétronille semble se confronter à une vérité qui se refuse à chaque détour de ses questionnements à la fois perfides et pertinents:

Au centre de ses préoccupations, se dresse la stature de sa mère qui catalyse ses motivations rebelles en même temps que les désirs lui naissent polymorphes dans les sphères de la connaissance tout autant que de la sensualité.

Aussi, comment faire la part des choses quand la génitrice ne cesse de répéter jusqu'à en pleurer que sa fille n'est pas comme tout le monde et que cette dernière se force à penser qu'elle n'a même pas peur ?

Convaincue qu'elle est quelqu'un de bien, une battante, une gagnante, la solution serait de posséder les neuf vies d'un chat dont les pattes de velours lui permettraient de rebondir quel que soit l'obstacle que la vie lui opposerait.

Qu'à cela ne tienne, voilà notre Pétronille armée du fil du téléphone, telle la pelote de laine d'un chaton farceur, prête à la strangulation décisive pour soutirer de sa mère un sanglot enfin sincère et affectif !...

Oui, mais c'est comment là-haut quand le père a disparu des repères d'une petite fille désenchantée ?

Catherine Hauseux a su encadrer les associations délirantes d'une rêverie éveillée dans l'intimité d'un journal à sauter par-dessus bord de scène !...

Superbe texte écrit par une comédienne qui, alliant la compétence à la candeur, a rencontré avec évidence le délicieux plaisir du rôle de pure composition quand précisément ce n'en est pas un, puisque celui-ci adhère exclusivement à son identité fantasmée.

Theothea le 23 juin 06

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