" L'enfance est un pays que l'on traverse sans le connaître et que
l'on commence seulement à apercevoir au moment même de le quitter...
"
Cependant à l'âge où d'autres ont découvert
les Rolling Stones et les Beatles, Eric-Emmanuel Schmitt lui a été
touché par la grâce en entendant à son insu la voix d'une
cantatrice chantant Mozart.
L'adolescent de quinze ans effectua alors une rupture métaphysique
dans sa relation au monde, passant subitement d'une dépression nihiliste
à la sublimation artistique s'ouvrant sur le concept de perfection
absolue.
Thérapie ou méthode Coué, cette attitude de
détermination définitive semble avoir ensuite complètement
réussi au dramaturge à succès ainsi qu'à l'homme
privé.
Le philosophe se sert donc ici de cette expérience fondatrice
personnelle pour susciter à titre d'exemple universel les vertus de
la passion culturelle lorsqu'en partant d'un choc initial, tel le coup de
foudre, ce dernier est en mesure de conditionner la destinée dans
le registre de l'idéal pragmatique.
En s'appuyant ainsi sur le noyau dur de cette révélation
originelle, les déclinaisons de la beauté pourront se conjuguer
dans l'infinité des possibles ramenant sans cesse à l'unique
vérité d'une création à l'image d'un Dieu
parfait.
Christophe Lidon a su installer avec le décor ingénieux
et stylistique de Sophie Jacob les conditions requises pour mettre en confiance
le rôle de " l'alter ego ", tout en multipliant les repères
chronologiques de mise en scène qui jalonnent les rencontres avec
Mozart ou plus exactement avec l'oeuvre musicale.
Harpe, clarinette et chant viennent en effet ponctuer la mémoire
constructive de l'écrivain qui se relèvera de chaque échec
octroyé par la vie comme d'une rédemption nécessaire
à la suavité de la connaissance.
En tant qu'interprète de l'auteur à renom, Didier Sandre
est aussi un merveilleux instrument sur lequel la tonalité chaude
de la voix résonne tel un sourire angélique dont il ne doit
pas se départir sous peine de nuire à la magie du spectacle.
C'est pourquoi en " jouant le jeu " de cette vie avec Mozart, vont pouvoir
se glisser les notes d'une musique apte à mettre du baume sur des
paroles humaines qui auront ainsi le mérite de se transcender dans
un chef d'oeuvre sans cesse renouvelé, celui du miracle de la vie.
Theothea le 03/07/06