Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

11ème  Saison     Chroniques   11.11   à   11.15    Page  173

 

           

Le  Bigger Bang    des Rolling Stones   à  Paris

Les Rolling Stones en suspens devant Keith Richards

     

Les  MOLIERES

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LES HISTRIONS

de  Marion Aubert

mise en scène    Richard Mitou

****

Théâtre de la Colline

Tel: 01 44 62 52 52

 

    Photo  DR.  Bernard Lhomme   

     

Quant tant d'inventivité scénique et de créativité textuelle se déversent sur le plateau de la colline, accompagnées d'un quatuor (Gérald Chevillon, Benoît Convert, Antoine Girard, Thibaud Soulas) plein d'allégresse instrumentale avec la ferme intention de refaire le monde, soit l'on prends ses jambes à son cou pour se réfugier dans le cocon conventionnel, soit l'on en prends plein les mirettes sans chercher à faire de tri labelisé au "bon goût" de l'Histoire officielle:

Ainsi en 2006, du "Big Bang" des Histrions au "Bigger Bang" des Rolling Stones, seul le superlatif aura eu le droit de faire la nique au comparatif:

Aussi pour eux comme pour elle, rien ne peut ressembler à la Genèse réinventée par Marion Aubert qu'elle précipite dans les affres contemporaines pour en prédire l'épilogue en 2076.

De la saga des étoiles catapultées dans l'univers jusqu'au facéties délirantes du monde du théâtre, en passant par le couple d'Adam et Eve incarnant le spectacle vivant, les créatures mises en scène par Richard Mitou pourraient s'apparenter à un catalogue des erreurs de casting perturbant le bel ordonnancement des planètes:

En effet parmi d'autres et des meilleures, La vieille du premier rang, les apôtres de l'apocalypse, la femme qui voit flou, l'homme-sécateur, le petit ministre de l'intérieur des jupes à lunettes, le roi et la reine de carton-pâte vont se disputer la prédominance poétique inspirée par le jardinier céleste, les algues bleues, la femme-sève, l'actrice-cierge, l'homme né d'une boule de Noël, l'homme aux cheveux d'or ou la femme qui avait un rayon de soleil entre les dents etc....

Sous la houlette de l'homme pratique (Frédéric Borie), l'enfant sans cesse en demande d'histoires fabuleuses s'en laissera conter jusqu'à plus soif:

Trois heures de spectacle avec entracte laisseront néanmoins l'impression que l'apothéose en fin de première partie sous forme de comédie musicale artistiquement maîtrisée ne pourra être égalée par une suite dédiée davantage à des bonus d'acteurs quelque peu en redondance.

Theothea le 29/09/06

FIN DE PARTIE

de  Samuel Beckett

mise en scène    Bernard Levy

****

Théâtre de l'Athénée

Tel: 01 53 05 19 19

 

          

La mise en scène de Bernard Levy dessine les contours symboliques d'un espace mental cubique où deux fenêtres donnant respectivement sur terre et mer culminent de part et d'autre, hors d'atteinte de taille humaine.

Deux poubelles, un fauteuil d'handicapé, un escabeau et une longue vue constitueront les éléments solides d'un décor que

quatre personnages vont occuper virtuellement en égrenant le rythme d'une journée où il ne se passera rien ou si peu que même la mort de l'un, de l'autre ou même de tous ne pourra être un événement puisque la partie est déjà jouée.

Les nombreuses didascalies de Samuel Beckett installent le dialogue sur des rails en contraignant de fait les acteurs et leur directeur à penser les mots comme autant de tentatives d'évasion d'un imaginaire carcéral.

Mais la sortie de secours entre vivant et non-vivant ne peut résider que dans la matière cérébrale que deux d'entre eux vont malaxer obsessionnellement pendant que les deux autres se contenteront d'en subir béatement l'insatisfaction.

Que Neil (Marie-Françoise Audollent) et Nagg (Georges Ser), les parents âgés soient ainsi abandonnés chacun au fond de sa poubelle personnelle, que leur fils Hamm (Thierry Bosc) soit handicapé moteur tyrannisant Clov (Gilles Arbona) le souffre-douleur autant servile que rebelle, voilà enchaînés les maillons d'une existence trop humaine qui psalmodient la ronde métaphorique d'un quotidien exemplaire en fin de course:

"A moi de jouer !..." annonce d'emblée Hamm placé au centre de l'échiquier obligeant à son tour le seul pion claudiquant resté en atout, à faire les cent pas d'une case en impasse à l'autre pour différer sans cesse l'échec et mat.

En affichant ainsi d'entrée de jeu les derniers râles d'un monde autiste, le théâtre de l'Athénée s'ouvre judicieusement à l'interprétation implacable d'un quatuor stylisé.

Theothea le 03/10/06

QUARTETT

de  Heiner Müller

mise en scène    Robert Wilson

****

Théâtre de l'Odéon

Tel:  01 44 85 40 40 

 

    Photo  ©Pascal Victor/Odéon-Théâtre de l'Europe

Spectacle culte ou phagocyte d'une oeuvre dont le texte serait kidnappé au profit d'un système représentatif préétabli ?

C'est davantage la deuxième option de l'alternative qui sert de fil conducteur à l'opinion critique de ceux qui croient présentement défendre l'orthodoxie de la pièce de Heiner Müller au regard de la direction revisitée de Bob Wilson transformant Isabelle Huppert en créature de fée ou de sorcière Dombalesque; ce qui entre parenthèses ou par euphémisme ne semble pas déplaire à la Dame se délectant dans le rire nerveux, qu'il soit cynique ou sarcastique !...

Du point de vue de "la corbeille" de face, donc légèrement en contre-plongée dans la distanciation, l'empathie avec la mise en scène nous a peu à peu enveloppés pour culminer dans la conviction d'une séquence finale d'ores et déjà cultissime:

Psalmodiant dans la récurrence " Une putain est morte - nous restons seul - cancer - mon amour " avec un timbre de voix chaud et consciencieux, le personnage de Merteuil s'éloigne peu à peu vers le fond gris translucide de la scène totalement dépouillée laissant en image arrêtée à l'horizon du dernier instant, la silhouette d'une Isabelle Huppert stylisée jusqu'au bout du doigt tenant " sa " chaussure de princesse.

Bien entendu, c'est Valmont qui aurait dû logiquement énoncer cette dernière réplique, fût-elle en boucle !...

Il faut dire que l'humilité artistique d'Ariel Garcia Valdès est ici à son comble dans cette création pouvant s'apparenter à son égard tel un bizutage puisqu'il y est non seulement le cavalier non servant d'Isabelle mais surtout le faire-valoir de Merteuil par autocensure implicite.

Cependant pour Bob Wilson, l'identification est un jeu avec lequel il y a tout loisir de jongler pourvu que l'inversion y circule à l'avantage du sens projeté.

En effet étiquetées "années 70", les modalités de son installation scénique pourraient sembler se répéter jusqu'à la caricature, s'il n'y avait de progression sensible à l'intérieur même du dispositif:

Musique psychédélique, hurlements bestiaux, gestuelle sophistiquée, chorégraphie alambiquée, lumières couleur fluorescente ceignant les êtres, abstraction d'objets non fonctionnels etc... d'abord tonitruants et tape-à-l'oeil, tous ces éléments vont se conjuguer pour peu à peu se dissoudre au rythme d'un texte cherchant dans la réitération impressionniste de morceaux choisis, la substantifique amoralité d'une relation entre les sexes.

L'humour latent qui accompagne l'interprétation des cinq rôles s'intégrant dans la partition, fort pertinents pour un quartette, est de la veine du rire intérieur qu'il n'est éventuellement possible de partager qu'avec son voisin de fauteuil.... c'est-à-dire le plus efficace eu égard à la satisfaction qu'il procure... Onanisme mental en duo !... Alors oui, pourquoi donc se refuser un "Dernier Tango à l'Odéon" et vice versa?

Theothea le 05/10/06

SYNOPSIS & SQUASH

de  Andrew Payne

mise en scène    Patrice Kerbrat

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Théâtre du Petit Montparnasse

Tel:  01 43 22 77 74 

 

     Photo  © Jean-Paul Lozouet

Tels deux partenaires de tennis attentifs à se déstabiliser au mieux de leur complicité aguerrie, Ryan et Greg pourraient être les clones de Brian et Alan;

c'est pourquoi en adaptant de l'anglais ces deux pièces d'Andrew Payne "Synopsis" et "Squash", Robert Plagnol, associé d'abord à Vanessa Chouraqui pour la réécriture, va trouver ensuite dans l'interprétation respective de leur personnage dominant, un exutoire sur mesures dont il confiera la réplique du dominé à Benjamin Boyer.

En super arbitre de "terre battue", Patrice Kerbrat va manager les deux coéquipiers dans une empathie instinctive où la confiance réciproque devrait servir de viatique à un double test en aveugle de l'amitié et de l'amour.

Car face à ces deux associés de travail ou de loisir, ce sont les personnages de l'ombre, autrement dit les commanditaires, épouses légitimes ou maîtresses qui vont animer les ficelles de ce duo de marionnettes à leur insu puisque maintenues en permanence sous influence vitale.

En effet d'abord rédacteurs de séries télévisées médiocres payés à la commande avec l'ambition chevillée d'écrire pour un long métrage de cinéma qui leur permettrait d'accéder enfin à la notoriété professionnelle, les deux compères de scène vont, en deuxième partie voire en guise de revanche, se transformer en financiers réunis chaque semaine par affinité jusqu'à se trouver confrontés ensemble à l'opportunité de découcher en toute impunité si toutefois la confiance devait régner...

Aussi entre pacte de franchise et contrat écorné, entre fidélité et traîtrise de fait, entre la règle morale et ses exceptions, flirtant allègrement sur la dialectique implicite de domination/soumission qui pourrait sans prévenir se retourner contre elle-même, les deux comédiens Robert Plagnol et Benjamin Boyer vont se livrer à un fascinant numéro de composition digne de l'actor's studio et exemplaire de toutes nominations aux Molières 2007.

La salle du Petit Montparnasse sera conquise d'entrée de jeu sans se départir jusqu'au salut final de cette jubilatoire première impression constamment renouvelée dans l'hilarité.

Theothea le 04/10/06

BLANC

de  Emmanuelle Marie

mise en scène    Zabou Breitman

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Théâtre de la Madeleine

Tel: 01 42 65 07 09

 

     Photo  ©  Mathilde Chapuis

         

Zabou Breitman ne lit pas les critiques qu'elles soient bonnes ou mauvaises; gageons que cette attitude lui permet de demeurer sur la crête du doute et de l'expectative !...

C'est de manière similaire ce qu'il advient à ses deux comédiennes (Isabelle Carré & Léa Drucker) qui se glissent avec bonheur dans l'inquiétude partagée par l'aînée et la cadette réunies le temps d'une mise en parenthèses du quotidien pour veiller leur mère au seuil de la vie.

De leur fébrilité et appréhension spontanées face à la rupture annoncée avec un équilibre relationnel mal arrimé, les deux soeurs vont dans cette attente de durée incertaine se forger, presque à leur insu, les armes nécessaires à un nouvel engagement pour leur avenir respectif.

Jouant à cache-cache avec les draps étendus dans le jardin, fraîchement lavés des souillures à répétition, c'est la blancheur d'une virginité à recomposer qui devra triompher d'un cercle seulement vicieux dans les apparences... en raison affective de ce râle de vie souffrant derrière la porte pour une partance définitive.

De leurs différences caractérielles surgira la voie d'une entente renforcée par cette épreuve surmontée seules à deux, c'est-à-dire quasiment à l'écart des tiers, qu'ils soient père, mari ou fils voire peut-être même médecin.

C'est donc Emmanuelle Marie qui est l'auteur de cet "entre-deux" du temps et de la fraternité au féminin sachant conjuguer rugosité des réactions conditionnées avec subtilité des sentiments à fleur de peau.

Le décor transcendant de Jean-Marc Stehlé enveloppe la mise en scène enjouée de Zabou en un lumineux champ de blé imaginaire d'où semble surgir une petit cocon familial comme d'un conte plein d'espoirs envers toute renaissance !...

Theothea le 09/10/06

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