Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

11ème  Saison     Chroniques   11.36   à   11.40    Page  178

 

                 

Le  Bigger Bang    des Rolling Stones   à  Paris

Les Rolling Stones en suspens devant Keith Richards

     

Les  MOLIERES

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Retour de flamme au 59ème Festival de Cannes 

   

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THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS      

NAÎTRE

de  Edward Bond

mise en scène   Alain Françon

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Théâtre de La Colline

Tel: 01 44 62 52 52

 

       Photo  ©   Marthe Lemelle     

     

Si « Naître » a fait fuir par vagues de nombreux spectateurs du Festival d’Avignon 2006, il ne semble pas en être de même au théâtre de la Colline à l’automne suivant:

Est-ce à dire que les abonnés de ce théâtre du XXème arrondissement administré par Alain Françon depuis 1996 se sont habitués à la violence inhérente des mises en scène que son directeur consacre de manière privilégiée à l’auteur britannique Edward Bond.

Si donc cette familiarisation avec l’insupportable implique relativement peu de départs inopinés de spectateurs en rebellion, c’est peut-être désormais la somatisation qui guette le public atterré mais calé dans son fauteuil sans pouvoir mettre fin à la torture psychique qui picturalise sur scène le retour du refoulé.

Qu’une jeune femme erre telle un spectre chorégraphique parmi les morts vivants allongés à même le sol selon une composition maîtrisée du bouquet apocalyptique avec l’intention monomaniaque de les sustenter grâce à une nourriture improbable, ne saurait glacer le sang puisque nous venons déjà d’assister à la figuration initiale de l’innommable:

En effet l’image mentale objectivée de l’écrasement d’un bébé contre une armée de boucliers en Plexiglas à travers lesquels une faction de WaPos (War-Police) réalise un mur en ayant placé auparavant la mère en première ligne de cette vision horrifiante, constitue en soi le stade indélébile de la prostration à venir.

Qu’il s’agisse en fait sur scène d’une simple poupée de chiffons ne saurait atténuer la force symbolique de ce geste hyperréaliste transgressant tous les codes universels du respect de la vie.

C’est donc dans la torpeur muette que La Femme (Stéphanie Béghain) aura dénié toute possibilité de réponse à la question impitoyable de l’officier (Eric Elmosnino): « Comment c’est à la fin ? » et sa survie de zombie au sein de ce traumatisme fondamental aura donc valeur de témoignage de la nécessité, au-delà de toute morale, de dépasser l’inhumain par l’humain.

A l’instar des victimes d’attentats ou de catastrophes naturelles, devrait être organisée, à l’issue de cette représentation théâtrale de deux heures trente, une séance de débrieffing psychologique où les spectateurs pourraient verbaliser l’émotion et l’effroi qu’induit une vision réaliste de la violence métaphysique afin d’éviter, en l’intégrant sans mots dire, de la cristalliser dans la stupéfaction au coeur de chaque intimité carcérale.

Theothea le 04/12/06

GORKI

de  Jean-Marie Rouart

mise en scène   Jacques Rosner

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Espace Cardin

Tel: 01 42 65 27 35

 

     Photo   © Jérôme Faggiano   

     

Créée début novembre 2006 à Moscou et Saint-Pétersbourg, cette première pièce de théâtre de Jean-Marie Rouart s’incarnait sous les meilleures auspices puisqu’avec une distribution d’excellence (Roger Planchon, Marie-Christine Barrault, Nathalie Nell, Adeline Zarudiansky et Hovnatan Avedkian), la mise en scène expérimentée de Jacques Rosner, le mécénat de Pierre Cardin et un sujet induisant une situation d’écrivain intellectuel tiraillé par des tensions amoureuses contradictoires au sein d’un rapport de forces politico-diplomatiques Est-Ouest, un ensemble de paramètres prometteurs semblaient donc réunis en perspective d’une affiche à succès.

Cependant le thème du désenchantement inhérent à l’attitude de Gorki réfugié à Capri à partir de 1928 jusqu’à sa mort de retour en Russie tend à plomber non seulement les dialogues mais, par voie de conséquences, l’interprétation des personnages qui semblent évoluer chacun dans leurs bulles en voulant se protéger d’une éventuelle contamination dépressive.

C’est bien le comble puisque l’Amour est le véritable centre d’un enjeu opposant les âges de la passion au principe de réalité mais sans que sur scène l’élan libidinal soit suffisamment crédible pour emporter l’adhésion et la conviction du spectateur.

Alors Roger Planchon promène sur le plateau une silhouette rappelant celle d’un Gabin quelque peu désabusé, en ponctuant sa composition d’un Gorki vieillissant de sursauts salvateurs que chacune de «ses trois femmes» tend de mettre à profit selon leurs propres points de vue et intérêts subjectifs.

Il faut dire que l’écrivain Russe partagé entre sa volonté d’exercer son esprit critique depuis l’exil plus ou moins en roue libre et son inclination à accepter les honneurs d’une réhabilitation tardive par des autorités russes cherchant à subjuguer l’opinion intérieure et la communication occidentale, celui-ci se sent à juste titre traqué et piégé par ses démons intérieurs autant que par ceux qui souhaitent récupérer son prestige en le neutralisant.

Faire la part des choses et accepter la vie telle qu’elle se présente devrait amener le spectateur non seulement à entrer en compassion avec la complexité maladroite des protagonistes en butte à une destinée en impasse mais surtout à apprécier à sa juste valeur cette rencontre au sommet d'illustres professionnels du spectacle vivant.

Theothea le 05/12/06

LA GUERRE DE TROIE N'AURA PAS LIEU

de  Jean Giraudoux

mise en scène   Nicolas Briançon

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Théâtre Silvia Monfort

Tel: 01 56 08 33 88

 

     Photo  ©  Sébastien Aubinaud     

     

Attention chef d’oeuvre!...

En premier lieu en raison du texte de Giraudoux dont le style poétique, métaphorique et en définitive philosophique est en soi une perfection au service d’une dramaturgie jusqu’au bout palpitante; ensuite parce que d’évidences la mise en scène de Nicolas Briançon est véritablement en état de grâce permettant à tous les comédiens d’évoluer comme en lévitation, portés par un humour lucide et pragmatique; enfin parce que précisément la direction d’acteurs se superpose à un lyrisme rarement égalé mettant en jeu la Guerre et la Paix des peuples comme celle des consciences, tout en induisant subséquemment une éthique de l’Amour.

Il faut dire que la Pénélope de circonstances, en l’occurrence Hélène, est incarnée par la superbe Elsa Mollien avec une pertinence malicieuse et séductrice à faire succomber tous les Troyens qui la détiennent captive telle une vierge intouchable!...

N’en croyant mot, les Grecs vont saisir fort opportunément ce prétexte pour feindre de croire la guerre inévitable.

Cependant la répartition des rôles ne sera pas si manichéenne que ces apparences le supposent puisque dans les deux camps s’opposent des partisans bellicistes et pacifiques, voire s’alternent au fur et à mesure que progresse la dialectique réflexive.

En ayant ramené Hélène à Troie, Pâris (Thibaut Lacour) pensait légitime de vivre avec elle la grande passion qui semble les avoir gagnés tous deux en un même élan; cependant qu’Hector (Nicolas Briançon) évaluant immédiatement le danger que représentait un tel trésor de guerre n’avait qu’une idée en tête, celle de parvenir à renvoyer la belle chez les Grecs sans que les Troyens aient à subir de représailles.

La fatalité du conflit sera au centre des préoccupations des uns et des autres, soulevant la problématique d’une attirance diabolique universelle et intemporelle de l’homme pour un affrontement avec l’ennemi qu’il est capable de susciter sur mesure et a volo.

« La guerre de Troie n’aura pas lieu » annonce Andromaque (Valentine Varela) à Cassandre (Emma Colberti) en ouvrant ce bal des dupes, « Elle aura lieu » en convient Hector à sa clôture laissant cependant au soin du poète grec d’être plus perspicace que le poète Troyen (Demokos) ayant cédé à la tentation ultime de la violence communicative.

Ulysse (Bernard Malaka) sera-t-il magnanime malgré son analyse implacable et sans illusion au sujet de la destinée humaine emportée par les rapports de forces inhérents à sa nature ?

Cette pièce écrite en 1935 révèle les données sous-jacentes et pernicieuses de la rhétorique politico-diplomatique et préfigure les faux-semblant du libre arbitre, lorsqu’à la croisée des chemins, ceux-ci peuvent tergiverser d’un argumentaire pragmatique à l’autre destructif.

Jean Giraudoux laisse au spectateur la mission d’y apporter ses propres conclusions!... En ce qui nous concerne, nous confirmons d’une part que cette pièce est magnifique, d’autre part qu’elle est mise en valeur avec une infinie justesse.

Theothea le 06/12/06

A LA RECHERCHE DE JOSEPHINE

de  Jérôme Savary

mise en scène   Jérôme Savary

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Opéra Comique

Tel: 08 25 00 00 58

 

     Photo  D.R.  Tom Haley     

     

The last Show but not the least!...

Et peut-être même le meilleur de tous ses spectacles car Jérôme Savary, à mi-parcours de sa septième et ultime saison à l’Opéra-Comique en raison de la limite d’âge à 65 ans révolus, offre au public parisien sa dernière oeuvre musicale en tant que directeur de ce Théâtre National qu’est désormais devenue la salle Favart:

«Looking for Joséphine» son titre original lors de sa création à La Nouvelle Orléans s’affiche en version française «A la recherche de Joséphine, on l’appelait La Revue Nègre»... C’est donc dire tout un programme!...

A la fois l’histoire du Jazz, celle de la ségrégation des noirs en Amérique en même temps que l’apologie du mythe de «Joséphine Baker» venue faire en Europe au-delà des années folles des ravages tellement plus enthousiasmants que ceux du cyclone Katerina s’abattant en 2002 sur la Louisiane et projetés en «toile de fond» en signe d’actualisation du destin collectif.

Il est comme cela Jérôme Savary prenant prétexte d’un phénomène du music-hall moderne, il va nous embarquer au sein d’une encyclopédie vivante et pédagogique contant le negro spiritual, le blues et autre ragtime pour nous faire assister en direct à la naissance du Jazz et au rayonnement de son aura jusqu’à nous jours.

Auparavant il aura déniché sa nouvelle reine qu’il n’aura aucune difficulté à sacraliser aux yeux du Tout-Paris, puisque Nicole Rochelle s’impose avec toute son énergie malicieuse et sensuelle comme une «sacrée héritière» de Joséphine dont la jeune artiste américaine s’inspire du jeu de scène davantage qu’elle ne l’imiterait.

En reprenant tous ses standards tels que «J’ai deux amours» ou «La Tonkinoise», la nouvelle égérie aux seins nus et aux multiples colliers de perles porte allègrement la ceinture de bananes au comble du fantasme sexuel, pour ne pas dire à son paroxysme.

Autour d’elle s’électrisent en osmose une dizaine de danseuses et danseurs mettant la barre très haute afin d’évoquer quelques-uns des tableaux d’époque à la manière de la prestigieuse revue nègre sous la responsabilité chorégraphique de Stéphanie Batten Bland.

Tous sont ainsi au diapason d’une formation Jazz au grand complet assurant sous la direction de David Boeddinghaus chacune de ces influences du Bayou qui savent ravir le sens du rythme.

Reste au trio Jimmy (Jimmy Justice), Tom (Allen Hoist) et Old Joe (James Campbell) en charge du récit chronologique de cette saga musicale, à se mettre au service du producteur français débarqué à New Orleans afin d’y débusquer sa Joséphine.

Contrat rempli jusqu’au contentement absolu du public qui va pouvoir jusqu’à la mi-janvier 2007 passer joyeusement des fêtes de fin d’année grâce à une mémorable jam-session en compagnie de l’irremplaçable Jérôme Savary... au final avec sa trompette.

Theothea le 07/12/06

ARIANE ET FERDINAND

   

de & par  Philippe Caubère 

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Théâtre du Rond-Point

Tel: 01 44 95 98 21

 

     Photo  ©   Michèle Laurent     

     

Les six épisodes de «L’homme qui danse» réunis en trois volets «Claudine et le théâtre», «68 selon Ferdinand» et «Ariane et Ferdinand» peuvent être considérés comme complémentaires dans leur suite chronologique tout autant que synoptiques dans leur continuité thématique:

En effet «Claudine ou l’éducation», «Le théâtre selon Ferdinand», «Octobre», «Avignon», «Ariane» et «Ferdinand» constituent autant de facettes d’une seule et même quête de Philippe Caubère, à savoir celle d’une dialectique pérenne avec sa mère qui perpétuerait le temps de l’adolescence au sein de l’antagonisme affectif tout en maintenant en suspension les points de vue filial et maternel à parité.

A l’issue de ce troisième et ultime volet, Claudine va quitter définitivement la scène des fantasmagories de Ferdinand qui devra se résoudre ou non à jouer l’épilogue artistique du cycle une prochaine fois...si toutefois il devait ressentir la nécessité douloureuse de rompre un lien potentiellement incestueux pour gagner une autonomie virtuellement redoutée.

   

V. ARIANE

Qu’il se le dise ou non, Philippe Caubère est au sommet de son art de comédien.

Il semble désormais évoluer en très haute altitude dans la sphère légère de l’équilibriste se frayant un chemin au milieu de la galerie de portraits qu’il interprète plutôt qu’il ne compose.

Dans «Ariane» donc, Claudine la mère de Ferdinand encadre, comme à l’accoutumé, cette première période de la Cartoucherie durant laquelle La Mouchkine va confirmer et illustrer sa réputation de metteuse en scène visionnaire dans des scènes de création et de répétition d’anthologie:

Jamais le talent de mime n’aura inspiré le génie de Philippe Caubère avec autant de délire maîtrisé que lorsqu’il donne l’occasion au personnage de Bernard, l’intellectuel de la troupe, de «faire le chien» à quatre pattes avec une telle conviction que celui-ci ne parviendra plus à quitter cette identification avec son alter ego de circonstances.

La «Charcuterie» comme la rebaptise Claudine apparaît donc bel et bien comme ce lieu de toutes les expérimentations qui subsiste toujours en 2006:

«1789» et «1893» constituent alors les deux monuments que prépare Le Théâtre du Soleil d’où resurgit tout le bouillonnement culturel en débat à l’époque:

Fallait-il ou non sacraliser Brecht et sa distanciation portée comme un étendard en partant à l’assaut du spectacle conventionnel ?

Pendant ce temps, Ariane étudiait des textes en Sanscrit à l’écart de soirées festives où elle puisait son inspiration au son des Rolling Stones clamant: «No satisfaction».

La mise en espace de Caubère procède de l’épure en s’entourant d’un minimum d’ustensiles symboliques:

Trois chaises, un banc, deux tapis, un coffre, une couronne, deux châles, un brigadier, un livre de texte sacré.... qui seront substitués, dès la représentation terminée, par l’indéfectible «servante».

Economie du geste théâtral, émotion sous contrôle, sobriété de mise en scène impliquent sur les planches, une volonté d’abstraction de plus en plus charismatique.

Cependant hors scène, Philippe Caubère ne cesse de s’interroger sur la pertinence artistique d’avoir ainsi consacré sa vie professionnelle à ce récit autobiographique.

Cette inquiétude rémanente le porte à universaliser son propos en faisant ressortir son véritable savoir-faire de comédien: Il n’imite pas ses personnages mais il s’en fait leur porte parole incarné.

Y aura-t-il un épilogue? L’auteur en doute, hésitant entre le désir de laisser son oeuvre inachevée et le souhait de la voir aboutie afin de savoir, à la fin des fins, si en tant qu’artiste, il a effectué le bon choix.

Le plébiscite du public serait-il le meilleur critère d’évaluation?

Aurait-il pu consacrer sa carrière à une ambition supérieure? Bien que sa mère eût souhaité qu’il fût prêtre, sa «mission sacerdotale» est-elle réalisée de cette manière ou au contraire serait-il passé à côté de sa destinée? Il ne le saura sans doute jamais et, à ce titre, il ressemble à tous ses frères humains, c’est ce qui paradoxalement pourrait le rassurer et eux pareillement!...

     

VI. FERDINAND

En attendant l’épilogue qui reste annoncé pour septembre 2007 par le théâtre du Rond-Point malgré les réticences et incertitudes de l’auteur, «Ferdinand» est à ce jour la pièce ultime du puzzle de «L’homme qui danse ou la vraie Danse du diable ».

Cet épisode final lui-même subdivisé en deux parties par l’entracte confronte Théâtre et Cinéma au coeur de leur expression spécifique où sera jouée chacune dans une pénombre relative, les répétitions de deux scènes difficiles à régler tout en épuisant la notion de perfectibilité au prorata du signifiant recherché.

Dans un premier temps, Ariane Mnouchkine règle la chorégraphie de Josette en quête d’un personnage fantasque et aérien pour ne pas dire proche d’un «fou volant»; dans le second le récit de tournage de «Molière» va accompagner l’agonie de Claudine en un manège en folie où la caméra cherchera le bon déroulement d’un plan séquence qui devra se conclure par un incongru: «Je suis heureux, je suis assis».

Plus que jamais prétexte à approfondir le concept de récurrence jusque dans ses retranchements les plus éloignés, cette mise en abîme dont Ferdinand est le premier à railler la fonction à la mode, permet néanmoins à Philippe Caubère en passant d’une créativité à deux pôles à celle de toute une équipe technique et artistique, de jongler avec les compétences, les angles de vue pour atteindre le stade idéal, celui où il ne faudra surtout ne plus toucher à rien!...

Si ce ressassement pourra sembler traîner quelque peu en longueur lors de sa mise au point fastidieuse dans une Cartoucherie en rupture de courant électrique, c’est ensuite à la lumière vacillante d’un candélabre que Molière va s’approcher en cercles concentriques de plus en plus rapprochés de sa propre mise à mort sur scène alors que Claudine y incarnera le double de cette réalité ultime, à son corps lui aussi très mal défendu des assauts de la faucheuse.

Virevoltant sur l’immense scène du Rond-Point presque trop petite pour l’ambition de son labyrinthe affectif et créateur, Philippe Caubère apparaît plus que jamais au sommet de son art tant le geste est sûr et précis au regard d’une énergie dépensée sans compter.

Le plébiscite que lui accorde le public en standing ovation est à nul autre pareil; l’empathie et la complicité se joignent en un même élan pour applaudir celui dont la mégalomanie revendiquée est parvenue jusqu' aux confins de la mesure symbolique assumée.

Philippe Caubère eut jadis comme modèle Gérard Philippe et Mick Jagger, c’est en devenant Claudine sa mère et Ariane son pygmalion qu’il a pu faire fi de son égocentrisme et transgresser son orgueil légitime en s’en distanciant dans le regard de l’autre.

Savoir tirer parti de ses qualités et défauts selon la grille de ses fantasmes, voilà l’enjeu du comédien en puissance qui puise auprès de ses modèles la grâce de devenir provisoirement autrui en devenant lui-même.

Ce jeu de miroir fonctionnant de manière réciproque à l’intention du spectateur, il n’est pas surprenant que ce dernier s’engage lui aussi, en confiant son admiration à celui qui aurait tout compris jusqu’à l’indicible et qui vous le renverrait au centuple de l’émotion, de l’humour implicite et du rire.

Theothea le 14/12/06

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