Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

11ème  Saison     Chroniques   11.51   à   11.55    Page  181

 

         

Alain Delon  &  Mireille Darc   SUR LA ROUTE DE MADISON     

Le  JUBILE JUBILANT  de Catherine Samie à  La Comédie Française

   

Le  Bigger Bang    des Rolling Stones   à  Paris

Les Rolling Stones en suspens devant Keith Richards

     

Les  MOLIERES

Nominations   2006              Points de vue           Palmarès   2006

Retour de flamme au 59ème Festival de Cannes 

   

Toutes nos  critiques   2005 - 2006

       

Les Chroniques de   Theothea.com   sur    

   

THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS      

CONFIDENCES TROP INTIMES

de  Jérôme Tonnerre

mise en scène   Patrice Leconte

****

Théâtre de L'Atelier

Tel: 01 46 06 49 24  

 

     Photo   ©   Gérard Giaume / H&K   

       

Si une histoire d'amour pouvait être celle d'une méprise, comment ne pas se rendre complice d'une duperie dont il suffirait au final de retourner le contexte et par conséquent le décor comme un gant, pour observer qu'un flirt longuement déguisé se serait considérablement valorisé à l'ombre d'un coup de foudre resté en latence?

Une folle embrassade amoureuse pourrait alors enfin se déchaîner en passion contenue jusqu'à l'inéluctable.

En adaptant son film intimiste réunissant Sandrine Bonnaire et Fabrice Lucchini pour construire la rencontre d'un second couple de scène sur une palette théâtrale dont les émotions successives seront scandées par un tempo asynchrone différant en permanence la prise de conscience mutuelle, Patrice Leconte signe, sous la réécriture de Jérôme Tonnerre, une mise en scène feutrée, subtile et pleine de retenue drolatique.

Fonctionnant comme une psychanalyse qui aurait débuté sur un malentendu, ce qui constitue une caractéristique sui generis, le rythme des séances va se configurer en une suite de rendez-vous manqués en apparence, sans que l'un des deux protagonistes soit en mesure professionnelle ou affective d'y mettre un terme.

La craquante Mélanie Doutey et le secret Jacques Gamblin s'associent pour le meilleur dans une spirale troublante que trois garde-fous, à savoir un thérapeute orthodoxe (Alain Rimoux), une ex-compagne vigilante (Marilyne Canto) et un mari virtuel, auront à l'oeil depuis qu'une simple confusion de portes aura initialisé le subterfuge de leur relation paradoxale.

Le Théâtre de l'Atelier vibre aux frémissements des sentiments qui transparaissent sous la carapace des politesses et prévenances rituelles alors que chaque frustration de la pseudo-cure analytique évalue ceux-ci au prix d'un effort de reconquête qui, de toutes évidences, sera totalement validée par la réussite de ce "transfert" sublimé.

Theothea le 31/01/07

LA RETRAITE DE RUSSIE

de  William Nicholson

mise en scène   Gérald Sibleyras

****

Théâtre du Petit Montparnasse

Tel:  01 43 22 83 04  

 

     Portrait Catherine Rich vue par Cat.S              

             

Magnifique Catherine Rich face à Pierre Santini qui n'ayant pas nécessairement le beau rôle, ronge son frein entre sentiment diffus de culpabilité et nécessité de s'émanciper d'un costume trop serré pour son aspiration à la liberté recouvrée.

Quel beau couple aurait-il formé à la scène sous la houlette vigilante de John R. Pepper, si toutefois, au bout de trente-trois ans de vie commune, leur mariage ne devait laisser la place au traditionnel démon de midi ?

Donc bien entendu, il y a désormais une autre femme dans la libido d'Edouard qui, par dépit mal assumé, donne le change en se réfugiant dans la lecture assidue de la désastreuse invasion de Moscou par Napoléon.

Certes Alice fait preuve, dans ses doutes avérés, d'un tempérament maniaco-dépressif que son mari est en droit de ressentir comme inquisiteur mais sa volonté jusqu'au-boutiste de tenter le réveil des ardeurs conjugales ne cesse de rendre touchant ce sursaut maladroit de la dernière chance amoureuse.

Il n'empêche que la compréhension de leur point de vue respectif contraint le spectateur à adopter celui de leur fils qui n'en peut mais.

En effet, davantage consterné que moraliste, Jimmy (Julien Rochefort) apparaît comme la plupart des enfants de divorcés, quelle que soit l'époque, tel un être masquant l'échec de ses parents sous une apparence distanciée révélant de fait son incapacité à vivre pleinement sa propre destinée.

Ainsi va cahin-caha le trio familial qui se disloque en direct sous l'observation médusée du public, en prenant conscience qu'il n'y a aucun recours pour un fiasco qui, pourtant a priori, n'était sans doute pas inéluctable.

Cependant sans en avoir l'air, c'est bel et bien le fils qui va rester en carafe en s'interrogeant sur les raisons fondatrices de cette faillite récurrente du couple parental subtilement adaptée en français par Gérald Sibleyras selon "Retreat from Moscow" de William Nicholson.

Superbe Pierre Santini face à Catherine Rich qui a indubitablement le beau rôle, celui d'émouvoir selon une palette métissée de sentiments, ô combien contradictoires.

Theothea le 30/01/07

A LA PORTE

de  Vincent Delecroix

mise en scène   Marcel Bluwal

****

Théâtre de l'Oeuvre

Tel:  01 44 53 88 88

 

    Photo   ©     Eric DEVERT

       

D'abord il y a un écrivain, Vincent Delecroix qui, maître de conférence à La Sorbonne, a déjà publié trois essais philosophiques et quatre romans dont "A la porte" fut sélectionné pour le prix Médicis.

Ensuite, il y a Marcel Bluwal qui porte son intérêt sur le texte et convoque Michel Aumont dans ce personnage atrabilaire pour la mise en scène d'un monologue intérieur autour d'un jeu de chaises, pourquoi pas musicales.

Enfin, de la Gare du Nord au Canal Saint-Martin en passant par le boulevard Magenta, va errer cette silhouette désemparée par l'indifférence ambiante autant qu'elle pourrait l'être elle-même au désarroi d'autrui.

Bref, mis à la porte de chez lui par sa propre négligence alors que celle-là lui claque dans le dos à son insu, l'homme en délire métaphysique va problématiser son cheminement vers un au-delà si proche de lui que réalité et onirisme vont se télescoper au diapason du stress de se retrouver nu un dimanche matin dans les rues désertes de la capitale tout en s'inquiétant de ne pas déranger, par téléphone, sa soeur dépositaire d'un double de son trousseau de clés... du moins feint-il de croire en cette version d'une fin de vie pleine d'impasses spéculatives à transgresser.

Disciple spirituel d'un univers dramatique qu'affectionne Eric-Emmanuel Schmitt, Vincent Delecroix semble prendre à son compte l'interrogation à voix haute que permet le théâtre, face à un monde médiocre confronté au miroir du cynisme misanthrope lorsque le compte à rebours final fait défiler ses dernières flammes vacillantes.

Michel Aumont est tout simplement cet artiste ad hoc en mesure de figurer les étapes transitoires et néanmoins contradictoires d'un élan poétique chassé hors de lui-même par des circonstances antagonistes.

Du grand Art dialectique au fil de ce récit en passe de tourner à vide dans le 19ème arrondissement alors que les concepts font sourdre les idéaux enfouis sous la carapace du mal être de chacun.

Un auteur est né sur les planches de l'Oeuvre, un valeureux comédien l'aura habité sous les frasques transcendentales d'un ancien professeur en retraite.

Theothea le 05/02/07

L'AVARE

de  Molière

mise en scène   Georges Werler

****

Théâtre de La Porte saint-Martin

Tel:  01 42 01 38 23

 

   Photo DR.  DUNN MEAS

       

Désormais Michel Bouquet est devenu cet acteur intouchable qu'à la fois l'état de grâce et la reconnaissance du public placent sur le piédestal de la renommée infinie.

Du "Roi se meurt" récemment à "L'Avare" dont il interprète à nouveau le personnage d'Harpagon, voici le comédien qui compose un vieillard sautillant et sournois, complètement habité par la passion monomaniaque de thésauriser son argent tout en s'aveuglant au point de prétendre convoiter Frosine l'amoureuse de son propre fils Cléante.

Le Théâtre de la Porte Saint-Martin dont le directeur Jean-Claude Camus possède maintenant l'ensemble des rênes de production et de création artistique présidant à la destinée de cette salle prestigieuse, propose avec l'ultime pièce de Molière mise en scène ici par Georges Werler, un spectacle complètement dédié et réalisé autour de l'immense comédien que ses quatre-vingt un ans transportent sur un véritable nuage de félicité.

S'il ne devait en rester qu'un seul, ce serait effectivement Michel Bouquet et tous acquiesceraient cette suprématie qui s'impose d'elle-même alors que tous vont venir à juste titre le célébrer dans un hommage à l'Acteur implicitement associé à l'Auteur classique de référence.

"Au voleur ! au voleur ! à l'assassin ! au meurtrier ! justice, juste ciel ! je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent... "

Des premiers rangs d'orchestre jusqu'aux fauteuils des balcons les plus éloignés, tous restent médusés alors que Michel Bouquet vient les haranguer au devant de la scène en les prenant à témoins qu'eux seuls pourraient l'aider à retrouver sa raison de vivre, sinon....

" Je veux faire pendre tout le monde; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après..."

Bouquet grimaçant, Bouquet s'embrasant, Bouquet restant coi, tous le suivent du regard, tous ne voient que lui jusqu'à ce qu'il reste seul en transe sur les planches, levant les bras tendus vers sa cassette adorée, alors que le rideau rouge va tomber comme un couperet symbolique.

A quatorze comédiens, ils vont donc pouvoir venir saluer les spectateurs qui, emportés par un culte enthousiaste, ovationnent celui d'entre eux qui fait mine de quitter la scène pour mieux revenir sous les rappels en compagnie de ses treize valeureux partenaires.

Theothea le 06/02/07

LA VALSE DES PINGOUINS

de  Patrick Haudecoeur

mise en scène   Jacques Decombe

*****

Théâtre des Nouveautés

Tel:  01 47 70 52 76

 

     Photo   Lot    

       

De "Frou-Frou les bains" à "La valse des Pingouins", Patrick Haudecoeur a emmené bon nombre de ses partenaires en passant du théâtre Daunou, actuellement en travaux de rénovation, à ce magnifique écrin qu'est la salle du théâtre des Nouveautés.

Pariant plus que jamais sur la séduction branquignolesque de ses créations, Patrick Haudecoeur place le théâtre musical en vecteur d'un divertissement burlesque, loufoque et absurde où la bonne humeur serait le mot de passe.

En osant pousser le bouchon aux limites de situations abracadabrantesques, l'auteur épaule l'interprète meneur du jeu de ses camarades, en campant des personnages hauts en couleur et caricaturaux jusqu'à parfaire une bande de pieds nickelés.

En effet, animée autour d'une botte magique qui se déchausse d'elle-même, une soirée festive de promotion est organisée à l'intention d'un éventuel investisseur pour le convaincre des vertus révolutionnaires de cette redoutable invention.

De dérapages contrôlés en avatars pétaradants, les péripéties et autres intrusions imprévues vont s'accumuler en semant la confusion générale tout en sachant contourner soigneusement toute catastrophe rédhibitoire.

Ainsi Clara, la fille du maître des lieux, une aimable personne exclusivement compréhensible d'un maître d'hôtel quasi sourd, va entraîner une suite de quiproquos, rien que par la psalmodie d'un pseudo-langage de bégaiement hermétique à tous.

C'est Sara Giraudeau, jeune comédienne et par ailleurs progéniture de Bernard et Annie Duperey, qui s'impose en révélation totalement inattendue dans ce rôle qu'elle compose avec un charme confondant.

Autour d'elle, la valse va vivre mille temps de cocasseries extravagantes sans toutefois parvenir au régal de "Frou-Frou".

Gageons que les représentations sauront peaufiner la perfectibilité créatrice de ces joyeux Pingouins à l'unisson quelque peu hétéroclite.

Theothea le 01/02/07

Recherche   par mots-clé