Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

12ème  Saison     Chroniques   12.21   à   12.25    Page  194

 

       

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ANNE A 20 ANS

de  Anne Roumanoff

mise en scène  Anne Roumanoff 

****

Théâtre des Bouffes Parisiens

Tel: 01 42 96 92 42

  

    Photo  ©  William Let  

Si Guy Bedos avait une émule, ce pourrait être Anne Roumanoff, mais sans doute ni lui, ni elle ne semblent en avoir pris la mesure, ni même la filiation.

Puisque donc, elle c'est elle, et lui c'est lui, il faut convenir que leur registre et leur ton ne sont pas vraiment à l'unisson. Mais pourtant à y regarder de plus près, l'esprit sous-jacent aux deux one (wo)man shows y est à l'oeuvre de manière fort similaire: Davantage corrosif en apparence chez l'un, plus narquois mine de rien chez l'autre, les deux humoristes affichent une semblable détermination à pasticher les idées reçues sans doute parce qu'ils revendiquent pour eux-mêmes, une volonté semblable d'indépendance farouche.

Alors il pourrait paraître que là où Anne donne des coups de griffes, Guy livre des coups de patte, cependant au demeurant le "Radio bistrot" de l'une rejoint la "Revue de presse" de l'autre sur l'orbite de la médiasphère politico-mondaine où de concert les deux artistes fustigent méthodiquement tous les comportements psychosociaux d'assujettissement ainsi que les stigmates du conformisme.

Par la suite concernant l'emballage scénique du show, c'est affaire de sensibilité personnelle et il faut dire qu'en ce domaine, La Roumanoff a acquis désormais une assurance et une maîtrise confondantes d'où le moindre effet de tonalité et le geste le plus anodin semblent se répercuter en échos qui s'esclaffent jusqu'à l'ultime balcon des Bouffes Parisiens.

De toutes évidences, elle n'a de leçon à recevoir d'aucun maître en show-bizz, lorsqu'au détour de sketch soudain improbable animatrice d'un débat interactif, il faut l'entendre suggérer aux témoins d'une pseudo télé-réalité, les réponses toutes faites aux questions orientées qu'elle aligne en manipulatrice patentée des consciences formatées; c'est donc dire: CQFD.

En outre si la bonne humeur est l'apanage de la dame et son sourire labellisé dans l'empathie collective, sa silhouette s'est désormais affinée au point d'en esquisser une sensualité subliminale commençant à rivaliser, sans en avoir l'air, avec l'arrêt sur image "comique".

Oui, Anne Roumanoff est aussi belle et cela va finir par se savoir, quel que soit le talent qu'elle déploie à nous faire rire.

Toutefois puisqu'elle ne cesse de marteler que "l'on nous cache tout, l'on nous dit rien...", ce n'est pas la moindre de ses subtilités que de fêter sur son affiche: "Anne a 20 ans" puisqu'en ricochet malicieux, ce pourrait être aussi l'âge convoité par son public.

Theothea le 22/10/07

HAPPY HANOUKA

de  Alex Pandev & Sylvie Audcoeur

mise en scène   Jean-Luc Moreau

****

Théâtre   Michel

Tel: 01 42 65 35 02

  

    Photo  ©   Lot  

Avec la caution de Maaïke Jansen, le Théâtre Michel joue quartet gagnant alors que trois partenaires vont se relayer pour mettre sur les nerfs son rôle de mère juive pourtant ravie à l'idée de fêter Hanouka en famille.

C'est David son fils adoré sur lequel repose tous ses espoirs de réussite sociale, qui reçoit à domicile avec l'intention de révéler à ses proches, une grande nouvelle nuptiale dont il pressent néanmoins l'effet dévastateur de bombe à retardement.

Sa soeur, sexy en diable mais actrice de seconde zone en manque constante de substances aphrodisiaques n'aura de cesse de tourmenter son petit monde par des réparties à l'emporte-pièce liées à des sautes d'humeur imprévisibles...

C'est donc à Julie, la pièce rapportée de Las Vegas que sera confiée la responsabilité de venir semer le trouble dans cette famille tellement unie que le père est en goguette à Deauville, assuré ainsi d'échapper au psychodrame annuel.

L'organigramme de la distribution va organiser le chassé-croisé paranoïaque autour du tandem Jansen-Pandev, tant les deux comédiennes sur des registres exacerbés spécifiques vont savoir susciter une effervescence à rebrousse poil.

Ary Abittan (David), le seul homme de ces festivités tentera davantage la carte de la discrétion tellement la situation lui semblera échapper à tout contrôle.

Quant à Sylvie Audcoeur (Julie), la coauteur avec Alex Pandev (), elle restera en retrait de toute provocation délibérée que sa fonction d'empêcheuse de tourner en rond aurait pu éventuellement engendrer.

Troisième mise en scène concomitante de Jean-Luc Moreau en ce début de saison théâtrale, cette comédie n'obéit pas aux lois des rebondissements successifs mais repose avec allégresse sur des numéros d'acteurs hilarants, offerts sur un plateau.

Theothea le 23/10/07

JEAN-PAUL II

de  Alain Decaux

mise en scène   Robert Hossein

****

Palais des Sports

Tel: 08 25 03 80 39 (0,15/m)

  

    Photo  ©   Yann Dejardin  

Le "N'ayez pas peur" de Robert Hossein lancé chaque soir au Palais des Sports est à l'image des grands spectacles du metteur en scène de Ben Hur au Stade de France, à ceci près que cette fresque biographique autour du Pape Jean-Paul II est assez sobre dans sa réalisation, qu'il n'y a pas cette fois de témoignages interactifs et que d'ailleurs, les comédiens n'intervienent pas dans la salle, comme précédemment.

Quand on connaît le goût immodéré pour le directeur du Théâtre Marigny à l'égard de ces happenings initiés avec le public, il serait tentant d'évoquer une évolution du parti-pris artistique.

Cependant à l'approche de ses quatre-vingt ans, celui-ci a simplement voulu rendre un réel hommage à l'homme de foi qu'il a rencontré au cours de son pontificat à l'instar d'Alain Decaux, le coauteur de cette hagiographie scénique.

Donc en trente-trois tableaux composés dans le souci du détail où, de manière récurrente, l'image arrêtée sur une cinquantaine d'acteurs et de figurants figés en plein mouvement fait effet de principe esthétique sublimant la vision historique de chaque étape fondatrice, s'affiche une galerie d'évènements symboliques parmi lesquels la visite au mur des lamentations à Jérusalem, la rencontre au mur de Berlin, la réunion oecuménique d'Assise constituent autant de moments d'anthologie particulièrement impressionnants.

Naturellement la Pologne natale fait figure référentielle et géopolitique de la pensée ontologique du Saint-Père au nom de laquelle celui-ci va mener un combat emblématique à l'égard des droits de l'homme en essayant de concilier et fédérer le mouvement Solidarnösc de Lech Walesa face à la dictature militaire de Jaruzelski.

De même la Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev lui apparaîtra en puissance comme le fil instigateur et réconciliateur entre les Europe de l'est et de l'Ouest.

Si donc l'éloge à l'homme de Paix constitue la base directrice du message apostolique retenu par le tandem Decaux/Hossein, celui-ci ne pouvait néanmoins contourner la douloureuse problématique psychosociale et planétaire du SIDA.

A ce sujet la dialectique thématique lors d'une rencontre supposée entre l'Abbé Pierre et Jean-Paul II met en présence deux thèses idéologiques qui vont s'opposer certes en nuances diplomatiques mais dont le Pape semble mesurer à sa juste valeur le dilemme moral dont il ne lui sera pas possible de s'extraire.

C'est d'ailleurs la seule phase du spectacle où véritablement l'esprit critique va se développer in situ de manière contradictoire.

Pour le reste, c'est au spectateur de remettre en perspective ce qui lui est donné à voir et à entendre selon sa propre appoche culturelle et religieuse.

Cependant puisque Robert Hossein affiche en toute visibilité ses couleurs théologiques ainsi que surtout sa foi du charbonnier, nul n'est lésé sur ses propres convictions philosophiques et c'est donc toujours un grand plaisir que de participer, en final, aux applaudissements d'un spectacle vivant ambitieux, empli de toutes évidences de bonne volonté et de partage universel.

Theothea le 24/10/07

L'ENTRETIEN DESCARTES / PASCAL

de  Jean-Claude Brisville

mise en scène   Daniel Mesguich

****

Théâtre de l'Oeuvre

Tel: 01 44 53 88 88

  

    Photo  ©   Eric Devert  

Sur la scène du Théâtre de L'Oeuvre, Les Mesguich père et fils se font face de profil de part et d'autre d'une table trônant au milieu d'un décor XVIIème, arborant eux-mêmes des costumes de cette époque.

Tout semble raccord pour donner à voir et entendre l'entretien que René Descartes (51 ans) eut avec Blaise Pascal (24ans) le 24 septembre 1647 dans une chambre à Paris dont aucun compte-rendu ne nous ait jamais parvenu.

C'est précisément l'audace inventive de Jean-Claude Brisville d'avoir imaginé la teneur de leurs propos en mettant en perspective les points de vue religieux, scientifiques et philosophiques spécifiques des deux penseurs, l'un Jésuite l'autre Janséniste.

Cependant la mise en scène de Daniel Mesguich glisse d'emblée dans ce bel ordonnancement historiquement reconstitué un étrange grain de sable dont il est à la fois impossible d'ignorer l'incohérence anachronique mais dont il est peut-être vain d'exagérer la signification symbolique:

Pourtant que vient donc faire ce superbe poste de T.S.F. à lampes au-dessus d'un coffre où sont remisés les travaux de Descartes que celui-ci voudrait pourvoir transmettre en relais à Pascal?

Qu'en dire si ce n'est que pour accéder à ces précieux documents, Daniel Mesguich (Descartes) sera dans l'obligation de mettre sur le sol ce bel objet de transmission hertzienne, dédié à l'entre deux guerres du XXème siècle ?

Disons donc qu'en témoignage métaphorique du " docu-fiction " ainsi mis en place avec une once de provocation, les spectateurs vont pouvoir assister davantage à une joute intellectuelle, voire une querelle morale entre deux grandes intelligences, plutôt qu'à une pensée dialectique en élaboration de synthèse.

C'est à une impasse idéologique assumée qu'aboutiront ces deux personnalités n'ayant pas su communiquer en empathie, non sans avoir tenté l'une et l'autre d'amener l'interlocuteur sur son terrain de prédilection, qui vers le pragmatisme rationaliste, qui vers le mysticisme intransigeant.

En outre que le spectateur soit situé relativement côté cour ou côté jardin, c'est selon le même visage ou la même nuque perçus respectivement de trois-quarts qu'il percevra Daniel Mesguich le père distancié et attentif, ainsi que William Mesguich le fils pâle et impétueux qui, à tailles quasi égales, transforment allègrement ce duel d'idées contradictoires d'un autre siècle en une rivalité compassionnelle du XXIème au nom de l'émulation filiale fascinant à parts égales chacune des deux générations contemporaines concernées.

Theothea le 25/10/07

L'IGNORANT ET LE FOU

de  Thomas Bernhard

mise en scène   Emmanuel Daumas

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Théâtre de l'Athénée

Tel: 01 53 05 19 19

  

    Photo  DR.  

De sa loge d'Opéra jusqu'à l'auberge des Trois Hussards après la représentation de "La Flûte enchantée", la Cantatrice (Dominique Valadié) aura été le sujet de toutes les préoccupations d'un père (Roland Bertin) aveugle et alcoolique qu'un médecin (Michel Fau) ami tente de divertir au mieux de l'inquiétude par un bavardage sans limites et son goût immodéré pour les opérations légistes.

Un quatrième personnage (Vincent Deslandres) sera aux petits soins de tout ce petit monde d'abord en habilleuse de la Diva, par la suite en qualité de maître d'hôtel.

Près de vingt ans après sa mort, Thomas Bernhard sait provoquer toujours autant qu'il amène les consciences à une réalité du dérisoire face aux prétentions humaines.

L'Art et la mort sont constamment au coeur des préoccupations du dramaturge autrichien qui, de santé vacillante, n'aura jamais pu réaliser ses ambitions musicales de jeunesse.

Une rencontre privilégiée entre Dominique Valadié et Emmanuel Daumas le metteur en scène avait initié un puissant désir de monter ensemble un projet pour lequel il fallait trouver " Un texte monstrueux et drôle.... Quelque chose entre l'engagement d'une vie dans l'Art et le dégoût de l'art face à la barbarie. "

"L'ignorant et le fou" est donc la réponse implosive à ce souhait théâtral commun que Michel Fau va catalyser du début à la fin de la représentation dans un délire logorrhéique hors normes, au demeurant fort convaincant.

Quant aux prestations de Roland Bertin face à Dominique Valadié, elles semblent pour leur part flotter entre deux eaux, en des flûtes enchantées de champagne coulant à flots de maux renversés à la nique du désespoir.

D'ailleurs, un spectacle où est assumé concrètement le plaisir de l'auteur à tirer la langue au public, est nécessairement revigorant.

Theothea le 26/10/07

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