Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

12ème  Saison     Chroniques   12.46   à   12.50    Page  199

 

       

JEAN MICHEL JARRE  -  OXYGENE  LIVE

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La Tournée des Idoles au Zénith

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LA PETITE CATHERINE DE HEILBRONN

de  Heinrich Von Kleist

mise en scène  André Engel

****

Théâtre Odéon Berthier

Tel: 01 44 85 40 40

  

    Photo ©  Richard Schroeder   

     

De Catherine à Cunégonde, le coeur de l'aimant balance, mais pour autant Frédéric se trouve désemparé face à une schizophrénie du sentiment où s'entremêleraient fascination et irrationalité.

Il n'en peut mais ce Don Juan à son insu car le songe s'est emparé d'une liaison amoureuse improbable où la conscience de l'attirance ne serait pas liée aux lois physiques de la séduction.

"Parce que c'était elle", "parce que c'était lui" vont s'imposer à des esprits en plein désarroi qui, confrontés à des témoignages contradictoires, vont devoir abdiquer en présence d'une attraction irrésistible.

En tant que fille présumée de l'empereur, c'est l'intuition qui va enchaîner la petite Catherine de Heilbronn selon les forces obscures de l'inconscient à celui qui, par sa simple présence, l'aura assujetti, sans le vouloir, à son destin.

C'est pourquoi Julie-Marie Parmentier (Catherine) aura raison d'Anna Mouglalis (Cunégonde) sa concurrente officialisée en gagnant virtuellement pour la seconde fois aux Ateliers Berthier le coeur de Jérôme Kircher (Frédéric).

En effet, sous la direction d'André Engel qui élabore une quête récurrente autour de l'amour passionnel, le couple Parmentier-Kircher s'affrontait déjà sur ce plateau délocalisé de l'Odéon lors de la création du " Jugement dernier " de Von Horvath. Il y eut ensuite la mise en scène du fameux " Roi Lear " avec Michel Piccoli et voici donc que reviennent maintenant en boomerang les affres romantiques d'un dilemme identitaire entre ange et sorcière gothiques sous la vigilance de Bérangère Bonvoisin, Evelyne Didi, Jean-Claude Jay, Gilles Kneusé, Arnaud Lechien,Tom Novembre et Fred Ulysse.

Certes Anna Mouglalis n'y pas, d'évidence, le beau rôle mais sa voix grave et son port fier la rendent suffisamment persuasive pour effectuer ses premières armes professionnelles sur les planches.

Quant à Julie-Marie Parmentier, elle y excelle au sein de cette épopée de somnambulisme partagé avec son prétendant irrésolu qui lui n'aura de cesse de confondre sur la carte du tendre, la voie royale de son salut entre les deux entités féminines.

Dans une scénographie monumentale de Nicky Rieti digne d'un opéra médiéval, la fantasmagorie de Heinrich von Kleist ajoutée au lyrisme d'André Engel emportent le spectateur dans le tourbillon d'un conte onirique et épique où les ruines de châteaux prendraient des allures fantomatiques de cathédrales prises dans un mouvement de ressac inexorable.

A "l'épreuve du feu" comme le souligne le sous-titre original, les sens aiguisés dans un état proche de l'hypnose tentent de lire la vérité au-delà des apparences mais risquent de se fracasser dans un suicide collectif à l'instar de l'auteur et de son épouse.

Et cependant cette ordalie mystique pourrait faire chavirer la folie du côté d'une réalité tangible car il suffirait d'un presque rien imaginaire, si ce n'est le réveil, pour susciter le happy end.

Theothea le 22/01/08   

DON QUICHOTTE CONTRE L'ANGE BLEU

   

de & mise en scène  Jérôme Savary

****

Théâtre de Paris

Tel: 01 48 74 25 37

  

    Visuel affiche

   

Tel le phénix, voici Jérôme Savary remercié en mai, pour limite d'âge, à la direction de l'Opéra Comique qui, sautant d'un arrondissement parisien à l'autre voisin, réapparaît en janvier suivant au Théâtre de Paris, plus fringant que jamais à la tête de sa nouvelle compagnie basée sur Béziers, " La boîte à rêves ".

Franchissant derechef les lignes virtuelles du Théâtre public au privé, voilà le fondateur du Grand Magic Circus qui s'investit à fond gagnant dans sa nouvelle mission et néanmoins récurrente, celle d'un certain Don Quichotte parti à l'assaut du racolage pseudo-artistique que l'audimat aurait sacralisé sur l'autel médiatique au détriment du spectacle vivant.

Sus donc au play-back accompagné des autres turpitudes fallacieuses du show business et vive le music-hall célébré à l'aune de ses légendes réactualisées:

Qui pouvait mieux que personne incarner l'aura de l'immense Marlène Dietrich, si ce n'est la rayonnante Arielle Dombasle dont les performances vocales ne seraient plus, depuis ses tournées mondiales, ce régal secret partagé exclusivement entre aficionados?

C'est ainsi qu'en grandes pompes, la troupe de Savary nous revient en boomerang avec toutes ses plumes et paillettes d'apparat ainsi que ses confettis du divertissement pour partir à l'attaque du fameux " Moulin Rose " dont l'homme de la Mancha ne pourrait supporter ne serait-ce que la vue d'un sein.

Mais séduction pour charisme, ces deux-là ne vont pas rester insensibles à leurs atouts respectifs; c'est pourquoi Daisy Belle et Don Quichotte n'auront de cesse de renouveler les numéros toujours plus impressionnants d'un cabaret imaginaire dont le deus ex machina serait bien entendu l'Amour.

Dans cette perspective, Joan Crosas n'aura pas forcément le beau rôle du mythe prestigieux alors que Frédéric Longbois aura davantage d'opportunités à faire briller son Sancho Panza, en célèbre valet du cavalier à la triste figure.

Fidèles au poste, Nina Savary, la fille de Jérôme, et Roland Romanelli, le partenaire à la direction musicale depuis des lustres ,vont compléter l'illustre marque de fabrique pour une rencontre au sommet consacrant ainsi la fable épique de Don Quichotte contre l'Ange bleu.

Accroché à sa trompette dont il sait extirper des fulgurances poignantes, l'inépuisable meneur de troupe présentera tour à tour au final chacun des membres dont notamment les trois "girls" (Clémence Bollet, Sabine Leroc, Nina Morato) et les deux musiciens Paco El Lobo & Sabine Jeangeorges qui tous ensemble avec Antonin Maurel et Marco Oranje sont le gage d'un spectacle vivant dont le charme tient autant dans ses faiblesses que dans ses qualités artisanales.

Theothea le 13/01/08

LOOKING FOR MISTER CASTANG

     

de  &  mise en scène  Edouard Baer

****

Théâtre de La Cigale

Tel: 01 49 25 89 99

  

    Visuel affiche

L'univers d'Edouard Baer surfe dans l'air du temps.

Son nouveau spectacle " Looking for Mr. Castang " peut être considéré comme un must parisien du spectacle vivant au vu du plébiscite que lui accorde la génération, estimée au pifomètre, des trentenaires.

Parmi ceux-ci, beaucoup se souviennent très certainement de "La Folle et Véritable Histoire de Luigi Prizzoti" aux Folies Bergère avec une troupe de 27 comédiens et viennent donc à La Cigale, boostés par un bouche à oreille flatteur, assister à cette recherche d'un certain Monsieur Castang, producteur insaisissable bardé d'un projet cinématographique improbable mettant en branle les ressources artistiques d'une planète en émoi éthique avec ici, une équipe d'acteurs réduite de moitié.

D'aucuns pourront dire qu'ainsi Edouard, le médiatique meneur de jeu gagne en qualité ce qu'il abandonne en quantité mais il serait sans doute préférable d'apprécier sa perspective actuelle en considérant l'ouverture baroque sur les tribulations d'un monde en folie qui lui rendrait ainsi joyeusement la monnaie de sa pièce.

Cependant il ne suffit pas de flirter avec le génie, encore faut-il savoir s'entourer de talents et ce n'est pas la moindre des qualités de cet artiste touche à tout que de percevoir avec intuition les aptitudes et autres dons en puissance pour les réunir en une bande de personnages hétéroclites dans la lignée d'un music hall de toujours.

Ainsi de numéros fantasques en saynètes abracadabrantesques s'élabore un cercle gagnant-gagnant où chaque personnalité y trouve son compte de visibilité, à commencer par celle du chef omniprésent mais de toutes évidences sans cesse à l'écoute de ses partenaires, Atmen Kelif, Arnaud Aymard, Fred Tousch, Adriana Pegueroles, Diane Bonnot, Sylvain Granjon, Christophe Meynet, Saidou Abatchou, Abdou Abatcha, Patrick Boshart, et Alka Balbir.

En outre, ne cédant en rien à la mode de l'interactivité avec le public, le spectacle débute avec des incursions exubérantes dans la salle pour ensuite se circonscrire intégralement sur scène.

Si les dérives du 7ème art sont ici au centre des pérégrinations loufoques et autres divagations burlesques mettant sur la sellette la mondialisation, Edouard Baer pourrait être le Don Quichotte Fellinien d'un " 8ème et demi " qui consisterait à terrasser par l'absurde tous les moulins à "bonne parole".

Theothea le 23/01/08

LES NOUVELLES VOLTAIRE'S FOLIES

d'après    Voltaire

mise en scène  Jean-François Prévand

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Théâtre de l'Oeuvre

Tel: 01 44 53 88 88

  

   Photo ©  Eric Devert   

     

Du Théâtre de l'Ouest Parisien où elles furent créées en 1970 jusqu'à leur reprise au Théâtre de l'Oeuvre où Gérard Maro, l'un de leurs quatre comédiens, les accueille en 2007 en tant que directeur comme il le fit déjà à ce titre de 1987 à 1993 à La Comédie de Paris, ces Nouvelles Voltaire 's Folies apparaissent plus que jamais d'une actualité éthique brûlante après plus de trente-sept années de valeureuse pérégrination.

Ainsi tout en ayant résidé à l'Absidiole, au Lucernaire, au théâtre de la Plaine, à la petite chapelle de la Présentation en Avignon Off, ce sont aussi les nombreuses années de tournées à travers la France et l'étranger qui forgèrent la notoriété de ce spectacle entièrement dévolu à l'idée de tolérance.

En effet ayant eu l'opportunité de découvrir chez les bouquinistes des bords de Seine dans les années soixante, " Les Dialogues philosophiques " dans une édition classique Garnier, Jean-François Prévand eut l'intuition immédiate que ce recueil pamphlétaire de Voltaire pouvait constituer un sujet théâtral porteur.

Devenu lors de la création, adaptateur et metteur en scène de cette cause davantage pédagogique que politique, voici donc que, comme en boomerang d'une époque libertaire révolue, surgit de la confusion idéologique contemporaine, la véritable profession de foi d'un combattant de la culture armé d'un quatuor de choc avec Charles Ardillon, Olivier Claverie, Gérard Maro & Jean-Jacques Moreau.

Les quatre comédiens y campent, avec maestria, une galerie de personnages qu'ils se partagent au grè des saynettes, en plongeant au coeur de l'instrumentalisation religieuse menée par une Intelligentsia internationale de toutes obédiences.

Utilisant les ressources du Cabaret et du Music-hall, la direction d'acteurs s'appuie sur un mécanisme d'horlogerie digne du Vaudeville pour stigmatiser dans une caricature désopilante, les turpitudes de l'âme humaine.

En apothéose de ce jeu de rôles percutant, la prestation de Gérard Maro composant l'empereur de chine en audience sur son trône, atteint les sommets hilarants de l'expressionnisme facial: Un véritable moment d'anthologie du spectacle vivant au service d'un texte pourfendeur des volontés d'hégémonie, de domination et d'exploitation.

Ainsi faisant fi des fanatismes religieux, l'auteur du XVIIIème se dresse de toute sa verve cinglante contre l'ignorance, la bêtise, les préjugés de toute nature et fustige les injustices soulevées par les multiples malignités du pouvoir.

Etant entendu que la foi doit rester le jardin secret de chacun, ce sont effectivement les quatre religions monothéistes, catholique, musulmane, juive et protestante qui sont dans le colimateur caustique de Voltaire et par-delà l'aberration des principes dogmatiques dévoyés, c'est la liberté individuelle de penser qui est en point de mire de son ambition à l'éducation universelle.

Sans doute avant que de parvenir à cet objectif, ces Voltaire 's Folies ont-elles de beaux jours devant elles, en se prolongeant présentement au Théâtre de l'Oeuvre.

Theothea le 31/01/08

LES COURTES LIGNES DE MONSIEUR COURTELINE

d'après  Georges Courteline

mise en scène  Sébastien Rajon  

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Théâtre de l'Athénée

Tel: 01 53 05 19 19

  

     Photo ©  Florent Barnaud   

   

En s’associant fort opportunément à Courteline, la compagnie Acte6 présente au Théâtre de l’Athénée un spectacle de type « Cabaret » grâce auquel le spectateur peut avoir la sensation d’assister à un feu d’artifices vaudevillesque côté salle en même temps que vu des coulisses...

En effet, faisant du décor, des costumes, de la gestuelle et globalement de l’interprétation, le partenaire privilégié de la troupe, la mise en scène de Sébastien Rajon révèle la tragédie comique de personnages empêtrés dans leurs habitudes et leurs travers au point d’en devenir tellement pitoyables qu’ils pourraient faire illusion d’auto-dérision.

Ce montage d’une vingtaine de saynètes ou courtes pièces est un véritable régal au cours duquel une dizaine de comédiens se relaient dans des numéros d’acteurs totalement émoustillants.

Nous citerons ici par exemple Maline Cresson et Marjorie de Larquier qui ont l’opportunité d’enchaîner trois sketchs (Gros chagrins, Morte saison & L’Amour des hommes) où l’esprit de caricature s’empare de portraits féminins en situation de désagrément conjugal pour en faire jaillir des compositions complètement hilarantes.

A la suite de ce spectacle dans la grande salle, la soirée pourra se poursuivre avec la moitié de la troupe en salle Christian Bérard par un mélodrame « L’homme qui a vu le diable » selon un texte de Gaston Leroux mis en scène par Frédéric Ozier. Dans sa note d’intention, celui-ci commente: « Il s’agit de sublimer le Grand Guignol et de transmettre la jubilation du rire et de l’effroi ».

Theothea le 29/01/08

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