Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

12ème  Saison     Chroniques   12.51   à   12.55    Page  200

 

   

Sylvie Vartan " Nouvelle Vague "

   

SPIRIT   Holiday on ice

   

La Tournée des Idoles au Zénith

Magistral Boomerang des Rolling Stones

60ème Festival de Cannes

A la recherche d'un soixantième anniversaire... à fleur d'écran

Les  MOLIERES

Palmarès  &  compte-rendu  2007

   

Toutes nos  critiques   2007 - 2008

Les Chroniques de   Theothea.com   sur    

   

THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS      

BERENICE

de   Jean Racine

mise en scène  Lambert Wilson

****

Théâtre des Bouffes du Nord

Tel: 01 46 07  34 50 

  

      Dessin ©  Cat.S   

     

Le duo Carole Bouquet / Lambert Wilson à l’affiche des Bouffes du Nord dans Bérénice de Racine avait de quoi séduire a priori tout spectateur de spectacle vivant.

Aussi, c’est avec espérance et ferveur que l’on se dirige vers le théâtre dirigé par Peter Brook, sis à la Porte de la Chapelle en se hissant à la hauteur de ce rendez-vous prestigieux tout en maintenant l’éventualité de la déconvenue, à distance raisonnable de soi.

Cependant cette disposition d’esprit inhérente aux premières n’est de toutes évidences plus de mise après quinze jours de représentations, au vu des critiques élogieuses qui fusent de toute la presse culturelle.

En effet, ce troisième essai a été remarquablement transformé par le metteur en scène Lambert Wilson qui, après deux tentatives peu convaincantes de monter Bérénice au Festival d’Avignon puis à Chaillot en 2001, a su cette fois allier abstraction et sobriété de l’enjeu avec fluidité et mélodie de l’alexandrin.

C’est un régal pour les yeux, c’est un agrément pour l’oreille que de se laisser emporter par les flots d’une passion réciproque contrariée par la raison d’Etat, sachant émouvoir selon la conviction et la puissance du vers racinien.

Si rien ne semblait pouvoir arrêter la destinée de deux êtres épris l’un de l’autre alors qu’ils souhaitaient s’unir par l’hyménée à Rome, c’est pourtant la loi impériale qui obligera Titus, l’empereur romain et Bérénice, la reine de Palestine à renoncer à ce projet nuptial, non sans qu’ils aient tenté d’échafauder en vain de multiples échappatoires optionnelles.

En outre Antiochus (Fabrice Michel), un tiers amoureux en secret de Bérénice n’aura fait que susciter méprises et susceptibilités chez les deux amants qui verront peu à peu le monde s’effondrer sous leurs pieds mais sans jamais se départir de leurs dignités respectives.

Belle comme une tragédie grecque à elle seule, Carole Bouquet se drape d’une froideur torride dans sa toge bleu vespéral qui en sublime les traits de volonté farouche.

Beau comme un prince de toujours, Lambert Wilson s’avance fier et valeureux au sein d’une mosaïque concentrique, symboliquement intégrée en plein coeur des Bouffes du Nord.

Il faut dire qu’en bordure de cette même rosace, se tient Paulin, c’est-à-dire son propre père Georges Wilson dont la sérénité de l’âge semble s’emparer du phrasé de la versification classique pour la faire sienne à tout jamais.

Créée pour une soixantaine de représentations dans ce lieu magique entre tous, cette Bérénice va marquer d’une pierre précieuse à chacun, le temps suspendu entre l’éternité et l’éphémère sachant transporter les acteurs et les spectateurs bien au-delà d’eux-mêmes.

Theothea le 01/02/08

RECEPTION

de  Serge Valletti

mise en scène  Christophe Correia

****

Théâtre des Mathurins

Tel: 01 42 65 90 00

  

   Photo L.D.  presse   

   

Tout va de travers dans ce petit hall d'hôtel à commencer par le décor qui semble s'incliner tel un " mal de mer " à moins que ce soit déjà les signes avant-coureurs du témoignage pathétique d'un autre " mal de mère " devenu insupportable...

Aux commandes de ce rafiot en dérive, voici Jean-Claude Dreyfus dans la peau d'un réceptionniste souverainement bougon, en attente d'un client improbable qui, sans plus tarder, va surgir au bon souvenir de son esprit embrumé, tel le messager d'une étrange ressemblance.

Pour l'instant cependant, il n'est nécessaire que de procéder aux formalités d'usage concernant la chambre et d'échanger quelques propos de circonstance, au demeurant assez déconcertants, avec le visiteur en quête de se restaurer.

Mais ce client nocturne ne pourrait-il pas en cacher un second ou plus précisément une seconde pleine de ressentiments ?

N'apparaîtraient-ils pas alors ensemble, réunis fictivement, comme les deux faces d'une même réminiscence destinée à se manifester douloureusement au veilleur de nuit ?

S'exerçant au thriller hitchkockien pourvu d'une langue réjouissante pleine de saveurs au énième degré, l'écriture de Serge Valletti emporte sur son passage les garde-fous de la compréhension rationnelle confrontée à un inquiétant entre-deux freudien.

Si donc d'un sexe à l'autre, le metteur en scène Christophe Correia en profite pour pousser la logique du jeu à trois personnages aux conséquences ultimes du psychodrame à deux, il est magistral d'avoir conçu l'interprétation de Claire Nebout en un mouvement de balancier où celle-ci peut, de tout son saoul, incarner son double rôle aux confins de l'ambiguïté.

D'une subtilité à travestir les corps en mémoire immanente, ce formidable duo de comédiens peut ainsi afficher leur complémentarité de composition, à l'instar d'une peinture réjouissante de deux consciences à libérer de l'indicible par un passage à l'acte inéluctable.

Theothea le 07/02/08

LES FORAINS

de   Stephan Wojtowicz

mise en scène  Panchika Velez

****

Théâtre La Bruyère

Tel: 01 48 74 76 99

  

     Photo © Serge Lafourcade

   

Alors que les Forains débarquaient en janvier au Théâtre La Bruyère en reprise de leur création au Théâtre Treize en septembre dernier, l'unanimité de la critique à leur égard pourrait laisser augurer d'heureuses surprises les distinguant aux prochains Molières.

Il faut dire que Stephan Wojtowicz a déjà été récompensé comme meilleur auteur de " La sainte Catherine " qui fut une véritable révélation au Petit théâtre de Paris en 2006.

Par ailleurs comédien, présentement à l'affiche dans le " Le temps des cerises ", celui-ci connaît par fonction et sans doute aussi par intuition, l'art des mots à mettre en bouche lorsque le langage devient l'enjeu fortuit d'une rencontre humaine.

En effet, intégré dans une scénographie de Claude Plet, à la fois réaliste et suggestive, voici un no man's land balisé entre une voie de chemin de fer, une route et une décharge à ordures où trône à ses risques et périls sur un talus, la caravane près de laquelle vivent trois exclus du train de vie sociale en bonne marche, Jackie (Nathalie Cerda), Eddie (Maxime Leroux) et Nono (Didier Brice).

S'agirait-il donc ici de vie ou de survie ? Telle pourrait être la problématique qu'il faudrait être en mesure de trancher lorsque vont surgir dans cet univers dantesque, deux représentants inattendus de la société de consommation, Hélène (Aliénor Marcadé-Séchan) & Olivier (Matthieu Rozé).

Au choc des cultures implicite du point de vue du spectateur, va correspondre une tentative d'approche maladroite des deux camps en présence qui vont s'empêtrer mutuellement dans un espéranto de la langue française où le parler vrai ne pourra être que celui des gestes, des regards et de la tonalité des voix.

L'incommunicabilité devenant ainsi le vecteur du ressentiment réciproque mais aussi paradoxalement celui d'une solidarité instinctive, c'est un parcours initiatique bidirectionnel qui va s'élaborer le temps d'une tragi-comédie où ceux qui reprendront le train au final ne seront pas nécessairement ceux à qui on penserait initialement.

En les forçant à compter des trains imaginaires qui passent sans s'arrêter, l'écriture de Wojtowicz implique chaque acteur à conter son rôle dans une composition hyperréaliste de son personnage alors que la mise en scène de Panchika Velez excelle à les faire passer la rampe, tous ensemble, en une fantasmagorie hallucinatoire.

Theothea le 08/02/08

HELOÏSE

de  Patrick Cauvin

mise en scène  Patrice Leconte

****

Théâtre de l'Atelier

Tel: 01 46 06 49 24

  

     Photo L.D.  presse   

   

Pour un coup d'essai, c'est un coup maladroit mais néanmoins empli d'un charme désuet installant les acteurs sur un petit nuage dont la mélancolie nous reste quelque peu étranger!...

En confiant à l'écrivain Patrick Cauvin avec qui il a collaboré pour plusieurs films la mission d'oser écrire sa première pièce de théâtre, Patrice leconte aurait souhaité transmettre la magie douce amère d'un univers échappant au réalisme et au conformisme ambiant, celui d'un cours de danses de salon à l'enseigne d' " Héloïse et Roméo " où selon un baume rétro et provincial, chacun aurait le loisir de s'inventer une destinée qui lui conviendrait.

Toutefois il semblerait ici que le savoir-faire cinématographique du metteur en scène ait pu faire écran avec les lois dynamiques qu'impose la dramaturgie théâtrale.

Alors que la saison précédente dans ce même théâtre de l'Atelier, celui-ci avait dirigé avec succès Jacques Gamblin et Mélanie Doutey dans sa propre adaptation de son film à succès " Confidences trop intimes ", l'écriture impressionniste de Patrick Cauvin paraît, cette fois-ci, avoir égaré le réalisateur en des successions de gros plans desquels le spectateur est invité à extrapoler le non-dit socioculturel en l'associant à l'esquisse d'un imaginaire musical et dansé.

Ce qui aurait pu être l'opportunité d'un film de type, pourquoi pas, rohmérien ne parvient pas sur les planches à susciter l'intérêt pour une intrigue tournant en rond autour de faux-fuyants psychologiques alors que les comédiens s'appliquent de leur mieux à susciter l'évanescence de leurs rôles.

Dans ces conditions, l'empathie du spectateur n'a d'autres ressources que de se concentrer sur les talentueuses prestations de Rufus, Mélanie Bernier, Bernard Alane, Agathe Natanson, Isabelle Spade & Laurent Gendron d'autant plus qu'un apprentissage chorégraphique aux mambos, tangos, pasos, valses et rumbas n'est pas la moindre preuve d'une intention louable à séduire et émouvoir.

Theothea le 12/02/08

LA FORME DES CHOSES

de  Neil Labute

mise en scène  Adrian Brine

****

Petit Théâtre du Paris

Tel: 01 42 80 01 81

  

       Visuel affiche 

   

En accueillant ces quatre jeunes comédiens au Petit Théâtre de Paris autour de l'auteur américain Neil Labute sous les auspices du metteur en scène Britannique Adrian Brine, Stéphane Hillel, son directeur fait preuve à nouveau d'intuition et de confiance bien placée envers des noms d'acteurs momentanément à peine connus, Julie Delarme, Marie-Julie Baup, Jérôme Foucher & César Méric en sachant les entourer et les mettre en valeur grâce à des valeurs sûres.

Alors que ce qui pourrait ressembler a priori à un scénario de sitcom va s'avérer en fait donner prise à un système de relations humaines où, sans en avoir l'air, la crédulité de l'un peut s'offrir en pâture à la manipulation d'une autre, la forme va ainsi s'investir dans le fond des choses au bénéfice d'intérêts humains contradictoires.

S'il devait exister une pièce dont il est indispensable de ne pas révéler le coup de théâtre final, c'est effectivement celle-ci où au tout début, Evelyn (Julie Delarme) va faire la rencontre d'Adam (Jérôme Foucher), gardien d'une salle de musée dont elle outrepasse délibérément les consignes de sécurité concernant une statue, avec l'objectif vraisemblable de mettre à l'épreuve le jeune homme.

Mais pourquoi agit-elle donc ainsi ? Tout concorde à ce que ce soit le jeu du flirt et de l'amour naissant qui inspire un tel comportement de provocation pour déclencher en retour l'intérêt certain du garçon mais par ailleurs assez peu sûr de lui.

Néanmoins entre étudiants, ils se comprennent rapidement à demi-mot et débutent ainsi une liaison amoureuse dont la jeune femme va prendre d'emblée les rênes en essayant de modifier le look, les attitudes, le style de vie et par voie de conséquence d'éclore la personnalité de sa conquête masculine.

Cependant, même Jenny (Marie-Julie Baup) et Philip (César Méric), le couple intime d'Adam, vont finir par s'inquiéter de changements aussi radicaux chez leur camarade au point de déclencher des rancoeurs et des susceptibilités inconnues jusque-là dans leur amitié d'étudiants.

Avec l'aplomb charismatique de Julie Delarme, voilà que de pygmalion au féminin, Evelyn serait en quelque sorte devenue véritable pygma-lionne ayant cannibalisé son amant pour mieux le posséder et en faire sa chose. Cette résultante d'une relation dominant-dominé dans le cadre d'un amour passion serait en effet suffisamment habituelle pour crédibiliser cette situation de paroxysme.

Mais que nenni !.... Car l'enjeu va se situer ailleurs, quelque part où le cynisme du monde contemporain tente de faire feu de tout bois.

En effet au-delà des deux couples en présence, c'est bel et bien en toile de fond, l'ensemble du système sociétal que stigmatise Neil Labute en dénonçant le jusqu'au-boutisme cynique que celui-ci aurait sécrété à son insu dans ses motivations à agir.

Voici donc une pièce qui, sous des apparences faussement anodines, soulève des interrogations fondamentales sur une humanité menacée en sa rupture d'éthique.

Theothea le 05/02/08

Recherche   par mots-clé