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12ème  Saison     Chroniques   12.56   à   12.60    Page  201

 

         

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SADE: LE THEATRE  DES FOUS

chorégraphie & mise en scène

Marie-Claude Pietragalla  & Julien Derouault

****

Espace Pierre Cardin

Tel: 01 44 56 02 02  

  

   Photo ©  Pascal Elliott 

   

Du 4 au 10 février en tournée, La Pietragalla Compagnie résidait à l'Espace Pierre Cardin où elle faisait représentation de son nouveau spectacle " Le Théâtre des fous " selon l'oeuvre et la vie du marquis de SADE, en perspective d'une ambition à célébrer le Théâtre du Corps.

En effet, cet intérêt pour le corps physique étant appréhendé grâce à l'art du mouvement comme un langage privilégié de l'inconscient à la suite d'une dichotomie d'avec la pensée morale, Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault peuvent ainsi exalter la nature paradoxale de l'âme humaine en proie à des réels tourments autant destructeurs que créatifs.

S'appuyant sur l'ambiguïté assumée de l'association du plaisir et de la douleur, la troupe de 8 danseurs va mimer le délire sexuel en incarnant à tour de rôle soumission et domination, violence et jouissance, perversion et dépression tant à l'intérieur qu'à l'extérieur d'une cage dont le quadrillage s'avère à la fois symbole de toute aliénation qu'outil emblématique pour opus chorégraphique.

Ainsi dans une esthétique sensuelle et baroque, très proche des costumes d'un carnaval vénitien, les masques vont-ils pouvoir tanguer sur la musique post-moderne de Laurent Garnier et répondre en échos sentencieux à la voix off, mâle et veloutée d'Alain Delon.

Au demeurant la souffrance, la prostration, les regards exorbités, la contorsion des visages, les cris hystérisés vont y trouver leur libre expression comme pour mieux signifier au-delà de toute censure, la réconciliation possible des pulsions de vie et de mort en un même élan de sublimation artistique.

En symphonie finale, si la théâtralisation d'une mutilation conceptualisant le bleu, le blanc et le rouge pourra esquisser les premières notes de l'hymne patriotique, ce sera pour mettre à l'épreuve la nécessaire prise de conscience universelle d'une scission radicale entre fantasme et réalité.

Mission superbement accomplie par Aurore Di Bianco, Nam Kiung Kim, Claire Tran, Sébastien Perrault, Carl Portal & François Przybylski tant enchaînés que fougueusement entraînés par la divine Pietra et son compagnon associé.

Theothea le 13/02/08

L'ANTICHAMBRE

de  Jean-Claude Brisville

mise en scène  Christophe Lidon

****

Théâtre Hébertot

Tel: 01 43 87 23 23 

  

     Affiche  Photo ©  Emmanuel Robert 

   

Dans l'antichambre du XVIIIème siècle, Madame du Deffand (Danièle Lebrun) tient salon en tentant de perpétuer l'ordre de la Régence tout en résistant aux illusions des Lumières.... Elle s'entoure de Philosophes brillants mais déteste leurs pensées progressistes.

Par ailleurs, en accueillant sous son toit sa nièce Julie de Lespinasse (Sarah Biasini) en tant que lectrice, La Marquise cherche à compenser sa vue déclinante mais surtout escompte un regain de notoriété au bénéfice de ses réseaux d'influences mondaines.

Le président Hénault (Roger Dumas), son amant d'antan, continue à lui faire la cour tout en faisant preuve de diplomatie, d'adaptation et de souplesse quant à l'évolution des moeurs et des idées en cours.

En effet, le projet d'encyclopédie universelle cristallise alors un débat idéologique entre anciens et modernes où Diderot et d'Alembert vont rejoindre Voltaire, Turgot et autre Montaigne en des controverses avant-gardistes que Madame du Deffand s'emploiera à combattre avec ses convictions d'ancien régime.

Jean-Claude Brisville excelle à faire revivre la langue ciselée de cette époque charnière en installant dans le huis-clos deux ou trois protagonistes qui s'affrontent par joutes dialectiques afin de valider les valeurs morales en pleine évolution sous l'inéluctable pression scientifique.

Il en fut ainsi par exemple du " Souper ", de " L'entretien de M. Descartes avec M. Pascal Le jeune " à l'instar de " L'antichambre " pour laquelle la mise en scène de Christophe Lidon s'appuie sur un décor (Catherine Bluwal) qui va se rapetisser au fur et à mesure des scènes.

Ce judicieux concept scénographique renforcera psychologiquement l'enfermement progressif dans lequel va sombrer la vieille aristocrate qui, en résistant aux idées en effervescence, devient peu à peu à la fois paranoïaque et jalouse de sa protégée.

C'est devenu un lieu commun de comparer le sourire de Sarah Biasini à celui de sa mère Romy Schneider, mais indubitablement il fait mouche en réunissant, sous la tutelle complice de Roger Dumas, l'aura élégante de la jeune comédienne à la classe subtile de Danièle Lebrun.

Theothea le 20/02/08

BATAILLES

de  Roland Topor & Jean-Michel Ribes

mise en scène  Jean-Michel Ribes

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Théâtre du Rond-Point

Tel: 01 44 95 98 21 

  

    Dessin ©  Cat.S   

 

D’une bataille à l’autre, voici que Tonie Marshall entre de nouveau en scène pour faire resurgir 25 années après sa création, cette pièce conflictuelle signée à deux mains par Topor & Ribes dans laquelle la comédienne avait débuté sur les planches ce 15 novembre 1983, sans y être jamais remontée depuis.

A l’époque au Théâtre de l’Athénée, Jean-Pierre Bacri & Philippe Khorsand l’accompagnaient dans ces tribulations surréalistes bourlinguant en cinq saynètes de la mer à la campagne en passant par la montagne, "Bataille navale", "Ultime bataille", "Bataille intime", "Bataille au sommet" & "Bataille dans les Yvelines".

Ses nouveaux compagnons de jeu au Théâtre du Rond-Point en 2008 s’appellent Pierre Arditi & François Berléand qui reprennent le flambeau d’une relation ancillaire où le dominant et le dominé se partagent l’angoisse du nihilisme farceur.

Rien cependant ne semblerait pouvoir distraire de leurs disputes récurrentes ces simili conquérants du dépassement de soi confrontés aux antagonismes naturels, alors que la logique rhétorique semble être battue en brèche par la mauvaise foi des événements.

En buttant sur les murs de la contingence, l’homme pourrait s’abîmer en pure perte, si toutefois les sortilèges féminins n’exerçaient leurs prérogatives pour masquer son tragique destin.

Alors à qui mieux mieux, les protagonistes de l’absurde poussent le bouchon du cynisme toujours un peu plus loin que de raison, jusque dans cette sphère où précisément Roland Topor et Jean-Michel Ribes ont « pleuré de rire » durant trois semaines en s’amusant à concocter ce recueil caustique du non-savoir vivre en paix avec soi-même... à commencer par les autres.

A ce petit jeu à la fois sentimental, social et métaphysique, Pierre Arditi est bien entendu le Roi, François Berléand son Valet récalcitrant et Tonie Marshall leur Muse infernale.

Dans un décor époustouflant de Jean-Marc Stehlé, telles des mouches se débattant sur une mer vinaigre, le radeau de la méduse ne saurait rejoindre la sculpture emblématique d’une roseraie bucolique que si de hautes cimes prestigieuses ne transgressaient de force la rouerie ineffable du réel !

Theothea le 27/02/08

LE PLAN B

de  Andrew Payne

mise en scène  Michel Fagadau

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Studio des Champs-Elysées

Tel: 01 53 23 99 19 

  

        Photo ©  Pascalito 

 

Oui, Michel Fagadau peut être satisfait au centuple du casting de son « Plan B »: En effet réunissant sur le plateau du Studio des Champs-Elysées dont il est directeur, Robert Plagnol (Nomination révélation Molières 2002), Aure Atika (cf. « De battre mon coeur s’est arrêté), Natacha Régnier (cf. « La vie rêvée des anges »), Thomas Chabrol fils de Stéphan Audran & Claude Chabrol, l’affiche semblait tellement aguichante qu’elle aurait pu faire illusion.

Aussi en choisissant « The Plan » d’Andrew Payne dont « Synopsis & Squash » avait déjà été adapté et interprété avec truculence par Robert Plagnol la saison dernière au Petit Montparnasse, c’était en quelque sorte « Un quatuor nommé désir » qu’il s’apprêtait ici à mettre en scène au diapason d’un langage cru et sensuel.

Certes « avoir quelque chose de Tennessee » était déjà le signe d’un challenge torride à vouloir être équilibriste telle « Une chatte sur un toit brûlant », mais encore fallait-il qu’il y eût convergence d’intentions passionnelles au coeur de cette bande des quatre dont deux comédiennes faisaient leurs débuts sur les planches.

Pourrait alors s’engager une relation en duo, puis en trio annexant un quatrième partenaire afin de  tenter un viatique en deux tandems, sans que jamais la tension psychique ne cesse de croître au profit d’un instinct à fusionner autant qu’à un déficit à s’auto-détruire.

Tendus comme sur le fil du rasoir, les instants de vie vont s’enfiler électrisés comme les perles d’un collier dont chacun voudrait hériter des pierres les plus précieuses au nom de l' idéal absolu.

Au premier temps de la valse, il y a donc le couple Sarah (Aure Atika) & Tom (Robert Plagnol) à la vie à la mort mais déjà en embuscade cette dernière guette, avec son cortège de poussières d’ange, cet amant que les velléités de la concupiscence vont lui disputer.

En seconde période, surgira de nulle part Annie (Natacha Regnier), disposée sur le champ à faire ménage amoureux... sans se préoccuper des implications existentielles du partage affectif collatéral.

Car voici venu le temps où Craig (Thomas Chabrol) entre en scène, à la fois exigeant et ombrageux mari de Sarah en même temps que fidèle ami d’enfance de Tom.

C’est ainsi qu’en quartette au rythme de chaises musicales, le jeu de rôles va substituer la partition des protagonistes afin d’adapter un modus vivendi où chacun, du masculin au féminin, pourrait trouver son compte de libido.

Toutefois, si l’envie d’autonomie restera leur ambition la mieux partagée, rien ne semblera pouvoir les détacher les uns des autres, tant le besoin d’aimer, d’être aimé et son corollaire celui de faire souffrir « l’autre », voire d’être odieux, aura su s’emparer des commandes du piège universel reliant les sexes.

Du microcosme représentatif à la dynamique de groupe, il n’y aura que le pas du signifiant à franchir, c’est ce que l’interprétation « Actor ‘s studio » de Robert Plagnol va déclencher chez ses partenaires qui en boomerang lui rendent la réplique au coup pour coup.

Selon des tempéraments contradictoires mais, somme toute, à armes relativement égales quoique émoussées et asynchrones, les personnalités s’affrontent en quête d’identité mais sans jamais se départir d’un troisième oeil.

Au rythme d'accroches sixties entrecoupant, de leurs tubes énergétiques, le fondu enchaîné des changements de plateau triomphera au final et in extenso l’ironique « Happy Together » des Turtles.

« Fort, très fort !... Drôle, très drôle !...

Theothea le 22/02/08

LE JEU 2 LA VERITE

de   Philippe Lellouche

mise en scène  P. Lellouche & Morgan Spillemaecker

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Théâtre des Mathurins

Tel: 01 42 65 90 00

  

      Affiche  Photo ©  Philippe Jacquin

   

A deux heures d’un mariage de quadragénaires, le jeu de la vérité devrait faire table rase des non-dits entre potes, de telle façon que témoins et futurs époux passent ce cap institutionnel sans traumatisme.

C’est ainsi que la parole va circuler à brides abattues sous forme de questions inquisitoriales auxquelles la règle invite à répondre sans langue de bois.

Ce pourrait être une tragédie des temps modernes, mais ce sera une comédie sociétale qui, au-delà des quatre protagonistes sur scène et sous forme d’un miroir tendu à l’intention des spectateurs, s’interroge sur les engagements moraux que la maturité présuppose.

Comment, en passant de l’autre côté du miroir convergent, ne pas dénier l’époque des amitiés célibataires prolongées, sans trahir les pactes de sa jeunesse menacée par une vie d’adulte tant redoutée ?

Vieux comme le monde, ce débat, assaisonné aux goûts du jour c’est-à-dire aux modes et addictions des générations nées de parents soixante-huitards, va emporter dans un tourbillon prénuptial, trois copains en compagnie de la séduisante Margaux, une de leurs ex-muses désormais handicapée moteur à la suite d’un accident sept années auparavant.

Mais attention au jeu de la vérité, un enfant attendu pourrait fort bien en cacher un autre, en déclenchant un raz de marée existentiel qu’il faudrait pouvoir assumer avec classe et ouverture d’esprit.

Souvent « border line » avec leurs blagues de potaches et leur parler de machos reconvertis, en un groupe de trois complices, à la guerre des sexes, Jules (Philippe Lellouche), Pascal (Christian Vadim) et Fabrice (David Brecourt) n’en mènent cependant pas très large face à une Margaux (Vanessa Demouy) placide et déterminée.

A la fois plaisante, consensuelle et néanmoins dialectique, la reprise de cette pièce à succès de, par et avec Philippe Lellouche, génère l’immense mérite d’attirer à elle bien au-delà du public habituel du spectacle vivant.

Theothea le 28/02/08

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