Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

12ème  Saison     Chroniques   12.61   à   12.65    Page  202

 

         

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Etienne Daho  " D' Invitation en Obsession "

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A la recherche d'un soixantième anniversaire... à fleur d'écran

          

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THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS      

OSCAR

de  Claude Magnier

mise en scène  Philippe Hersen

****

Théâtre du Gymnase

Tel: 01 48 65 97 90

  

    Visuel  affiche  

   

Avec Louis de Funes en illustre prédécesseur, à la suite de Pierre Mondy, qui avaient créé successivement cette comédie de Claude Magnier au Théâtre du Palais-Royal quarante années plus tôt avec la réussite que l'on sait, ce n'était pas une évidence artistique pour Philippe Hersen que de trouver la personnalité qui conviendrait à une telle reprise en 2008.

Aussi avec un détachement exacerbé, Bernard Farcy compose-t-il un président Barnier se positionnant sur un registre suffisamment éloigné de toute hystérie pour que la comparaison entre ces deux époques n'ait pas de justifications pertinentes et laisse ainsi à l'ensemble de la distribution la chance d'innover.

Misant donc le comique de cette pièce, avant toute autre considération, sur la qualité de sa construction, les comédiens sont invités par le metteur en scène à jouer la mécanique de l'intrigue au plus près de ses rebondissements relationnels.

Alors si le mariage de la fille de Barnier est effectivement l'objet de toutes les préoccupations, faudrait-il encore savoir s'il n'y a pas d'erreur sur l'identité des futurs époux, confrontés au chantage ainsi qu'à la valeur subjective d'une valise voyageuse.

C'est ainsi que neuf personnages vont se télescoper sur scène dans le plus grand désordre des esprits échauffés par des projets nuptiaux qui vont se substituer les uns aux autres, sans qu'aucun des protagonistes ne tienne en main à lui seul, la clef de ce manège en folie.

Peut-être pourrait-on précisément regretter qu'à cette absence structurelle de démiurge en chef, ne vienne point se greffer dans l'interprétation un souffle d'extravagance individuelle plus spécifique à chacun des comédiens.

Il faut dire qu'à l'expérience professionnelle de Bernard Farcy, Chantal Ladesou & Vincent Moscato répondent des acteurs au devenir fort prometteur mais encore peu aguerris, Davy Sardou, Florence Geanty, Sophie Tapie, Odile Vuillemin, Blanche Raynal & Avy Marciano.

C'est le charme de cette production que d'associer la confrontation des générations à une valeur sûre du vaudeville contemporain et c'est donc à ce titre que " fils et fille de... " Sardou & Tapie s'intègrent avec aisance à une troupe acquise d'emblée à la sympathie du public.

Theothea le 03/03/08

LA MAIN PASSE

de  Georges Feydeau

mise en scène  Mitch Hooper

****

Théâtre Michel

Tel: 01 42 65 35 02

  

        Photo ©   BM Palazon

   

En passe d'être emblématique d'une Comédie bien Française, la Compagnie Anthéa Sogno, telle son illustre consoeur éponyme, pratique allègrement l'alternance afin que les uns et les autres de ses membres se nourrissent mutuellement de leurs différences et de leurs spécificités.

Ainsi dans cette reprise au Théâtre Michel de " La main passe " créée en 2005 au Théâtre Mouffetard, à l'exception des rôles de Francine (Anthéa Sogno), Halidet (Anatole de Bodinat) et Planteloup (Hervé Masquelier) vont se relayer treize comédiens pour assurer la maintenance de chacun des six autres personnages.

Il faut dire qu'avec le tempérament fougueux et passionné d'Anthéa Sogno disponible, dès le rideau baissé, pour distribuer les prospectus de sa compagnie afin qu'une grande chaîne de communication vivante se tisse avec les spectateurs, et qu'ainsi bien convaincue de l'efficacité des méthodes promotionelles du off d'Avignon, il règne un véritable engouement professionnel autour du charisme de sa fondatrice.

Voici par exemple Christophe Barbier, le rédacteur en chef de l'Express pratiquant par ailleurs avec assiduité le théâtre amateur qui, ayant précédemment "sauvé" au pied levé la compagnie A. Sogno d'une annulation, endosse ici le costume de mari trompé durant une quinzaine de représentations, en ce début mars.

Ce "surdoué" (sic Anthéa) semble effectivement très à l'aise dans la composition d'un jeu de dupes consentantes où en guise de mistigri, chacun des protagonistes va refiler au partenaire la responsabilité psychologique de l'Amour mal assumé.

C'est dans cette perspective que l'enjeu visionnaire d'une modernité des moeurs va être perçu par Feydeau, car si mari et femme s'éprouvent ainsi jusqu'au divorce, c'est sans aucun doute pour tester les résistances aux convenances sociales en les différenciant délibérément de tout envoûtement sexuel en puissance.

" Ah ! Si les maris pouvaient laisser leur femme avoir un ou deux amants pour leur permettre de comparer... Il y aurait beaucoup plus de femmes fidèles "

Face à cet esprit d'ouverture morale pragmatique, tout en étant inspirés par les ardeurs sensuelles du gros plan cinématographique, Anthéa Sogno et Anatole de Bodinat font, sur scène, monter au torride le thermomètre voluptueux de l'adultère avec toutefois, le défi complètement maîtrisé de ne jamais contrarier le bon goût du spectacle vivant.

Au diapason de la mise en scène hyperréaliste de Mitch Hooper, c'est un régal que de se laisser embarquer dans les méandres exacerbés du sentiment amoureux au profit d'une vérité affective où chacun tenterait d'être en phase avec ses pulsions libidinales.

Joyeux programme pour lequel la Compagnie Anthéa Sogno a l'intention, assurément, de garder la main fort longtemps !...

Theothea le 07/03/08

LA REINE MORTE

de  Henry de Montherlant

mise en scène  Jean-Laurent Cochet

****

Théâtre 14

Tel:  01 45 45 49 77 

  

    Photo LD.  presse   

   

Sous une ressemblance troublante avec Alfred Hitchkock, Jean-Laurent Cochet est devenu une véritable Institution du Théâtre vivant tant son cours, sa compagnie, ses mises en scène, ses interprétations ont galvanisé plusieurs générations de comédiens tout en faisant école avec des succès publics à répétitions.

Mémoire théâtrale de ses quarante dernières années, celui-ci conseille, dirige et forme ceux qui ont le privilège d'être dans sa trajectoire artistique avec, en prime, pour certains d'entre eux l'opportunité de l'accompagner sur scène chaque soir.

Ainsi clôturant récemment les représentations de "Aux deux Colombes" à l'affiche depuis six mois au Théâtre de La Pépinière Opéra, il vient d'enchaîner immédiatement au Théâtre 14 avec la reprise de " La reine morte ".

Passer de Sacha Guitry à Henry de Montherlant n'est certes pas d'une évidence criante, c'est pourquoi au lieu de pratiquer une rupture de ton radical, le "maître" préfère paradoxalement opter pour la continuité en incarnant Ferrante, le roi du Portugal avec la même bonhomie distanciée qui sied non spécifiquement au personnage mais bel et bien au tempérament de celui qui l'interprète.

C'est précisément en amenant le rôle au plus près de soi que Jean-Laurent Cochet en donne la pleine mesure, celle qui fait ou non qu'un comédien joue " juste ".

Sorte de luxe suprême élevé en ligne de conduite, cela ne dispense pas ses élèves, bien au contraire, à faire leurs classes pour découvrir l'expression de leur nature profonde en faisant preuve d'humilité face à toute tentation de faux-semblant.

C'est donc ainsi que "La reine morte" apparaît ici dans une lisibilité parfaite, malgré que son académisme pourrait paraître être battu en brèche:

Insistant en effet sur les failles redoutables que la sensibilité humaine peut susciter au sein de ses contradictions récurrentes, Jean-Laurent Cochet focalise l'attention sur l'amalgame possible entre volontarisme et laxisme en confrontant celui-ci à une raison d'état qui elle-même ne pourrait fort bien relever que de la chimère.

Le cynisme faisant place à un scepticisme capricieux, la froideur des personnages de Montherlant va ainsi se diluer davantage dans des passions avortées que dans la lutte d'idéaux contrariés.

Aussi que le prince Pedro (Xavier Delambre) puisse vivre son amour avec Ines de Castro (Catherine Griffoni) ou qu'au contraire il doive se plier au diktat de son père en épousant l'Infante de Navarre (Elisabeth Ventura), cet enjeu stratégique où la mort est requise sous contrat n'aura de portée intelligible, selon J-L Cochet, que si la vulnérabilité de l'âme humaine est placée au coeur de la démonstration scénique.

Selon ce point de vue délibérément humanisé, l'humour latent de Montherlant va pouvoir ici développer la palette souvent contenue de ses multiples variantes en amenant le spectateur à s'interroger sur la pérennité des grands principes et leur bien-fondé.

Une leçon de morale selon Montherlant autant qu'une leçon de choses selon Jean-Laurent Cochet.

Theothea le 11/03/08

LE JOURNAL D'HELEN

de  Hélène Hessel

mise en scène  Anne Rotenberg

****

Petit Montparnasse

Tel: 01 43 22 83 04 

  

     Affiche / Photo ©  Emmanuel Scorcelletti  

   

Souriante et pulpeuse comme une orange se lovant dans un ensemble d'organdi blanc ceinturé de noir à la taille, telle une nouvelle Claude Jade des années 50, Claire Chazal pourrait incarner l'improbable fantasme d'une nouvelle héroïne des "baisers volés" de François Truffaut.

En revenant sur les planches à une année d'intervalle, tout en passant par la case du Festival de la correspondance à Grignan, la journaliste du 20h00 manifeste ainsi avec persistance son désir légitime d'exister et de s'exprimer autrement qu'en femme tronc médiatique.

Prenant la lumière comme personne, elle dispose de plus d'une heure chaque mardi à partir de 19h00 pour apprivoiser une banquette à croisillons que son aura va circonscrire avec force poses étudiées où les bras s'étireraient au mieux d'une langueur printanière.

De "Laissez-moi" la saison précédente au "Journal d'Helen" aujourd'hui, c'est donc la même scénographe Anne Rotenberg qui campe la lectrice de circonstances dans le faisceau radieux du sentiment amoureux en expansion alors que la journaliste s'applique à sortir de sa gangue sans jamais toutefois se départir de sa réserve.

Lors de cette soirée hebdomadaire au Petit Montparnasse, en équilibre pertinent sur le fil d'une émotion juste et profonde, les années "Jules, Jim & Kate" constituent la trame thématique d'un récit à double résonance.

En effet, au pendant du roman d'Henri-Pierre Roché à l'origine du film "Jules et Jim" signé par François Truffaut correspond la version féminine de cette même passion partagée à trois dont Helen Hessel témoigne dans son journal intime en rapportant au jour le jour les tribulations de ses relations avec Franz Hessel et Henri-Pierre Roché.

Au-delà des palpitations liées à la situation troublante d'un entre-deux de l'amour et de l'amitié vécu en trio, c'est sans doute dans l'autonomie revendiquée en tant que gage suprême de liberté assumée que Claire Chazal semble vouloir projeter la quête féminine de l'idéal amoureux au diapason des temps modernes.

Si la réussite de sa démarche artistique devait être mise au profit de sa détermination appliquée, assurément cette conviction emporterait l'adhésion générale.

Cependant comme " jamais deux sans trois ", et pour cause bien entendu, il devrait être sans doute très profitable à " l'actrice en devenir " de faire évoluer le registre et le potentiel de son expression scénique à l'occasion d'un projet de spectacle vivant ultérieur.

Theothea le 13/03/08

JUSTE LA FIN DU MONDE

de  Jean-Luc Lagarce

mise en scène  Michel Raskine

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Comédie Française

Tel: 08 25 10 16 80 (0,15 e/m) 

  

   Visuel ©  Cat.S   

   

"Juste la fin du monde" ... rien de plus... si ce n'est la famille qui vole en éclats faute d'avoir su trouver un terrain d'entente où l'écoute de l'un ne devrait pas assourdir la parole de l'autre.

Réunis en conciliabule, la mère (Catherine Ferran), la soeur (Julie Sicard), le frère (Laurent Stocker) et la belle-soeur (Elsa Lepoivre) goûtent le temps d'une visite de Louis (Pierre-Louis Calixte) dans leur maison familliale à la campagne, aux ressentiments que le fils prodigue amène de la ville sans autres bagages que lui-même.

Au comble de la susceptibilité mal partagée, les maux fusent de toutes parts avec l'espoir d'exprimer cette part de vérité que chacun voudrait pouvoir communiquer à ceux qui devraient se situer au plus cher de sa chair.

Rien n'y fera, ni les disputes, ni les rabibochages de circonstances car, selon des fréquences audibles déphasées, les mots se lancent au visage tel un boomerang dont seul chaque expéditeur détiendrait le code génétique.

Après avoir épuisé toutes les ressources rhétoriques qu'un arbitrage incompatible fustige systématiquement dans des propos hors sujet, la famille "tuyau de poêle" laissera repartir comme il était venu du pays lointain de l'enfance, le messager de l'amour-haine irrésolvable dans l'instant présent.

Toutefois, le seul regret de Louis sera de n'avoir pas osé, sur le chemin du retour, crier au monde un ineffable bonheur que l'écho lui aurait, à coup sûr, renvoyé en empathie.

Certes, il était venu pour leur annoncer sa mort prochaine; assurément, il en était reparti avec son secret bien à lui.

Focalisant en des gros-plans, pour lesquels Muriel Mayette a donné une belle opportunité en acceptant la prolongation de l'avant-scène jusqu'au cinquième rang de l'orchestre, Michel Raskine utilise cette extension comme le fer de lance du conflit tribal que chacun nourrit à l'égard de ses proches dans une intimité paradoxale.

Au coeur de la Salle Richelieu, l'incommunication généalogique ayant été ainsi installée en enjeu à transgresser, le courant peut  passer alternativement des planches aux fauteuils comme jamais alors qu'au frontispice subsistent déjà bien solitaires mais irrévocables,  les trois lettres de " f i n ".

Theothea le 04/03/08

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