Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

13ème  Saison     Chroniques   13.06   à   13.10    Page  207

 

 

61ème Festival de Cannes

Palme d'or, juste " Entre les murs " de mai 08

            

  Les  MOLIERES  2008 

Le Palmarès

Points de vue

       

Toutes nos  critiques   2008 - 2009

Les Chroniques de   Theothea.com   sur    

   

THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS      

MASTER CLASS

de Terrence McNally

mise en scène Didier Long

****

Théâtre de Paris 

Tel:  01 48 74 25 37   

 

    Photo © Philippe Quaisse

Moins de 10 ans plus tard, Marie Laforêt revient jouer Callas sous le magister de Didier Long.

Du Théâtre Antoine au Théâtre de Paris en passant par l'Opéra comique, la " Master class " de Terrence Mc Nally créée en 96 par Fanny Ardant sous la mise en scène de Roman Polanski au Théâtre de la Porte-St-Martin, inspire à ce point la chanteuse aux yeux d'or qu'elle souhaite en approfondir toujours plus ce personnage extravagant pour en peaufiner sa propre interprétation.

C'est le travail du philosophe que de remettre sans arrêt son ouvrage en question et à ce titre, cette insistance à réincarner la sublime cantatrice est de toutes évidences à verser à l'avantage de la comédienne.

Si l'opéra est le thème porteur de la Master class, c'est bien de théâtre dont il s'agit et même cette fois-ci plus que jamais de " one woman' show ".

En effet Marie Laforêt, longs cheveux bruns rassemblés en chignon surélevé, hauts talons, jupe noire, longue, plissée et évasée avec taille haute accompagnant un cardigan anthracite sur un sage corsage blanc agrémenté d'un collier à multiples rangées de perles en accord avec les boucles d'oreille, fait une entrée fracassante sur la grande scène dépouillée du théâtre de Paris, bien convaincue que, pour elle comme pour ses élèves, toute la représentation se joue en cet instant magique.

C'est ensuite avec gourmandise qu'elle va assurer les deux heures et demie de représentation en pleine confiance avec son metteur en scène qui lui donne les moyens en musique, lumières et accessoires, mais aussi en qualités notamment vocales des partenaires et surtout en gestuelle chorégraphique lui permettant aisément d'investir la totalité du plateau.

Oui, Marie Laforêt, plus sensuelle que jamais, semble bien dans sa peau de comédienne arpentant les planches, fustigeant les mauvais travers du métier, dénonçant le dilettantisme, la pusillanimité, le manque de conviction des futurs candidats aux grandes scènes internationales.

C'est d'ailleurs aux spectateurs qu'elle s'adresse directement, eux qui, censés vouloir prendre des cours de chant avec la diva, ne possèdent ni les motivations chevillées au corps, ni le look qui devrait les rendre désirables.

Bref, Marie Laforêt flingue tout ce qui voudrait se croire à sa hauteur ou plus exactement à celle de la Callas, car toute cette agitation sentencieuse demeure frappée au coin de l'humour et de l'ironie distanciée.

Au demeurant, c'est une impression ambivalente qui emporte le spectateur dans son admiration devant tant de pédagogie véhémente car tout compte fait le personnage charismatique au centre de tous les regards apparaît plus proche d'une Marie Laforêt transfigurée que d'une Maria Callas qui devait être sans doute plus réservée à l'égard de son métier.

C'est en tout cas ce que l'on aimerait croire à moins que de se ranger définitivement auprès de l'opinion de l'élève humiliée rejetant en bloc l'autorité très condescendante de la Diva.

Dans la perspective des représentations à venir, il serait néanmoins plus valorisant que les rappels et applaudissements puissent, jusqu'aux derniers saluts, s'effectuer dans l'équité entre la tête d'affiche et ses cinq valeureux partenaires, Leïla Benhamza, Maud Darizcuren, Juan Carlos Echeverry, Olivier Hardouin & Frédéric Rubay.

Theothea le 18/09/08

NADA STRANCAR CHANTE BRECHT/DESSAU

de & mise en scène

Christian Schiaretti & Jean-Claude Malgoire

****

Théâtre de la Colline 

Tel: 01 42 62 52 52   

 

     Photo ©  Christian Ganet

Des années vingt aux années quarante, la musique de Paul Dessau embrasse trois décennies depuis les tranchées de la grande guerre jusqu'à l'écrasement du Nazisme.

De cour à jardin, le charisme de Nada Strancar s'impose en une rigueur sobre que le piano de François Martin et l'accordéon de Michel Lairot soulignent avec une précision délicate. Les percussions de Guillaume Blaise font éclater l'ironie Brechtienne jusque dans les retranchements d'un charme désuet.

A l'arrière de la scène, apparaissent sur fond d'écran de grands cieux nuageux sur lesquels défilent ou s'incrustent les textes des 21 chansons évoquant notamment " Mère courage et ses enfants ", " Le cercle de Craie caucasien ", " La bonne âme de Sé-Tchouan ", " Maître Puntilla et son valet Matti "....

La grande salle comble du Théâtre de la Colline ramenée à sa jauge intime applaudit entre chaque "song" afin de maintenir un lien continu dans l'écoute attentive portée à la voix tour à tour chaude et rocailleuse de l'immense tragédienne, comme si celle-là pouvait résonner du retour de Marlène, ou de l'avènement d'une autre Madonne. Ah ?

Oh ! Mais point de méprise, de Nada à Strancar, que celle-ci soit la comédienne formée par Vitez, ou maintenant la chanteuse de Schiaretti, sa classe discrète ne pourrait guère se prêter à la comparaison artistique.

Theothea le 17/09/08

LES DEUX CANARDS

de Tristan Bernard

mise en scène  Alain Sachs

****

Théâtre Antoine

Tel: 01 42 08 77 71  

 

     Visuel dossier de presse 

Si effectivement un " canard " pourrait fort bien en cacher un autre, Tristan Bernard se plaît à opposer les couacs d'une gazette locale à son alter ego de sensibilité diamétralement opposée.

Ainsi de gauche à droite, le coeur de Gelidon (Yvan Le Bolloc'h) penchera autant que ses convictions politiques ne l'amèneront à rédiger son éditorial du matin pour La Torche et celui du soir pour Le Phare dans un chassé-croisé entre Léontine (Isabelle Nanty) et Madeleine (Cassandre Vittu de Kerroul), ses deux amours concomitants, mais dont il va mal mesurer les conséquences induites entre les deux clans rivaux.

Ses frasques irresponsables mais surtout candides vont le conduire malencontreusement vers un duel d'honneur dont il devrait assumer à lui seul le rôle schizophrénique des deux adversaires.

Charge à l'égard d'un journalisme capable de substituer une idéologie politique à une autre, en retournant habilement les mots et les phrases selon leur contraire, l'auteur apprécie que la légèreté des moeurs se traduisent en répliques pétillantes et en mots d'esprit.

Alain Sachs, maître en fantaisie et autres situations fantasques, possède jusqu'au bout de la direction d'acteurs, l'art subtil de mettre ceux-ci en confiance, là où précisément leurs personnages s'emmêlent les pinceaux du savoir-vivre et de la bienséance.

C'est ainsi qu'Isabelle Nanty fera un tel profit de l'ingénuité semblant l'envahir qu'elle va totalement désinhiber son amant versatile, emporté, lui, par un surf délicieux sur les vagues des contradictions inéluctables, là où, de toutes évidences, Yvan Le Bolloc'h excelle au plus haut point.

Les spectateurs, séduits par le charme désuet des sentiments bon enfant, acceptent avec gratitude, le parti pris des invraisemblances poétiques et observe, après l'entracte, avec délectation le jeu du chat et la souris qui, par masques interposés, n'identifie qu'un seul escamoteur jonglant davantage avec l'énorme paire de lunettes d'automobiliste pionnier qu'avec l'épée.

Désormais convaincu qu'elle constitue un pur chef d'œuvre, Alain Sachs, qui a découvert récemment par hasard cette pièce " Les deux canards " restée en sommeil après sa création au Théâtre du Palais Royal en 1913, donne, ici, à cette troupe du Théâtre Antoine composée également d'Urbain Cancelier, Pierre-Olivier Mornas, Gérard Chaillou, Jean-Marie Lecoq, Jean-Pierre Lazzerini, Jean-Louis Barcelona, Michel Lagueyrie et Catherine Chevallier, tous en phase avec le joyeux décor de Stéphanie Jarre et les fringants costumes d'Emmanuel Peduzzi, l'opportunité d'un état de grâce sans cesse renouvelée en se fondant d'empathie à la verve, ô combien malicieuse de Tristan Bernard.

Theothea le 24/08/09

LE DIABLE ROUGE

de Antoine Rault

mise en scène Christophe Lidon

****

Théâtre Montparnasse

Tel: 01 43 22 77 74  

 

      Photo ©  Emmanuel Robert / dossier de presse  

"Un personnage à la fois fort et faible, ambigu, avec quelque chose d'un peu démoniaque...", telle était l'idée du prochain personnage que Claude Rich souhaitait pouvoir jouer à l'approche de ses quatre-vingts ans, communiquant ainsi en quelques traits son souhait auprès du dramaturge Antoine Rault qui, en 2005, lui déjà avait permis de composer celui d'Althusser dans " Le Caïman " pareillement sur la scène du Théâtre Montparnasse.

Proche du rôle de Tayllerand dans le Souper de Jean-Claude Brisville en 1990, Claude Rich retrouve dans Mazarin, cette même délectation où l'exercice du pouvoir se marie avec la raison d'Etat au sein d'un faisceau d'intrigues voluptueuses et de jeux d'influences.

Vieillissant mais, encore pour un temps, mentor du jeune Roi et de la reine-mère Anne d'Autriche (Geneviève Casile), le cardinal oeuvre de son expérience pour négocier le mariage du futur Louis XIV (Adrien Melin) avec l'infante d'Espagne, afin d'instaurer une paix durable entre les deux royaumes.

Mais faudrait-il dénier les forces de l'Amour pour réussir un tel projet nuptial alors qu'en effet le jeune Louis et sa nièce Marie Mancini (Alexandra Ansidei) nourrissent l'un pour l'autre un attrait irrésistible ?

Bordée par le pragmatisme de Colbert (Bernard Malaka), la diplomatie du Cardinal va donc avoir fort à faire pour éloigner les deux tourtereaux l'un de l'autre à la fois sans leur consentement mais surtout sans que le pouvoir de l'Etat ne vacille.

En outre, son prochain retrait des affaires va obliger Mazarin a être très précautionneux à l'égard de son héritage testamentaire concernant notamment les intérêts de sa famille et de sa pension.

C'est donc avec un doigté jubilatoire que Claude Rich avance dans l'histoire monarchique avec son long manteau rouge d'apparat sous les multiples facettes du stratège.

Un immense miroir surplombant la scène renvoie à la salle l'image kaléidoscopique des dorures et autres superbes costumes en un malstrom d'habiletés, de ruses et de charme royal scintillant, orchestré par Christophe Lidon.

Claude Rich est aux anges, et c'est avec un plaisir communicatif que les spectateurs se mirent en diablotins consentants.

Theothea le 23/09/08

LE MALADE IMAGINAIRE

de Molière

mise en scène Georges Werler

****

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Tel: 01 42 08 00 32  

 

     Visuel dossier de presse 

Dans un décor d'apparat (d'Agostino Pace ) pour salle du trône majestueuse, siège au centre de la lumière (de Jacques Puisais), un roi de dérision jouant au malade afin de mieux complaire au pouvoir obscurantiste d'un charlatanisme pseudo médical.

Vingt ans après avoir incarné le rôle d'Argan, voici Michel Bouquet qui remet son titre en jeu alors qu'il aurait dû interpréter en lieu et place le " Cardinal d'Espagne " de Montherlant.

Ainsi vont les aléas de la production théâtrale, voilà donc le retour du " Malade imaginaire " au Théâtre de la Porte Saint-Martin et son interprétation distanciée par un comédien juvénile de 83 ans ayant l'intention chevillée de dénier le simple copier-coller, non sans avoir convaincu auparavant Georges Werler, son metteur en scène attitré, de faire table rase du rire par les seules vertus du galimatias morbide.

S'adressant désormais au vingt-et-unième siècle, cette ultime comédie de Molière se devait d'apporter un éclairage contemporain à une rhétorique mystificatrice prétendant abusivement s'imposer comme thérapie.

En effet, influencée comme Mr. Jourdain par les atours formels du jargon scientifique, la pédanterie est, de tout temps, encline à se laisser séduire par l'autoritarisme de la pharmacopée.

Aussi, place à ce nouveau malade imaginaire qui jouerait lui-même à se faire peur tout en cherchant à terroriser ses proches afin de mieux imposer sa loi d'apprenti dictateur se raccrochant pathétiquement au savoir illusoire.

C'est alors que, dans une perspective ludique et transgressive, vont pouvoir se dessiner les traits de personnages fantoches mais peu dupes d'un jeu de rôles annonçant la parodie vertueuse où l'homme devrait, à terme, devenir son propre médecin.

A commencer dans le domaine de l'amour où il serait vain d'imposer un mariage d'intérêts sordides à des êtres qui possèdent en eux-mêmes la clé de leur vérité.

C'est ainsi que dans un feu d'artifices final, grâce à l'habileté de Toinette (Juliette Carré), au volontarisme de Béralde (Pierre-Alain Chapuis ) et à la complicité de Cléante (Sylvain Machac), Angélique (Julie de Bona), la fameuse jeune fille à marier, va apparaître comme la rédemptrice de tous les archaïsmes et sera en mesure d'amener joyeusement son père, à théâtraliser ses chimères plutôt que de chercher à les imposer à autrui.

Theothea le 26/09/08

Recherche   par mots-clé