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13ème  Saison     Chroniques   13.21   à   13.25    Page  210

 

 

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SECRET DE FAMILLE

de  Eric Assous

mise en scène  Jean-Luc Moreau

****

Théâtre des Variétés

Tel:  01 42 33 09 92

 

      Photo affiche DR.

     

" Arrête de regarder mon pantalon ! "

Ainsi ce soir-là s'adressant à Davy, Michel Sardou se laisse-t-il aller à une réaction spontanée sur la mise en scène millimétrée de Jean-Luc Moreau, alors qu'il vient malencontreusement de se tacher en se servant l'ersatz d'un whisky.

Cette répartie, en début de représentation, aura eu la vertu de désamorcer en direct l'inquiétude immédiate du fils au diapason palpable de son père a priori contrarié, tout en déclenchant le fou rire de la scène à la salle, libérateur d'une éventuelle tension résiduelle.

Ce réflexe professionnel est à l'image du souci perfectionniste que le comédien Michel Sardou, de toutes évidences, attache aux détails de chaque représentation, en tentant de gérer au mieux tout incident inhérent au spectacle vivant.

Si donc le duo père-fils fait preuve d'emblée qu'il est à l'unisson d'un challenge familial, retaillé sur mesures par l'auteur Eric Assous pour être habillé à la toise du mensonge incestueux, ce sont bel et bien une prochaine belle-fille (Mathilde Penin) et une pseudo belle-mère (Elisa Servier), répliques authentiques des belles-soeurs du Théâtre Saint-Georges, qui seront en première ligne des affres conjugaux respectifs de Pierre (Michel Sardou) et Quentin (Davy Sardou).

Sylvain (Laurent Spielvogel) le parolier et Régis (Rita Brantalou) le chanteur populaire, deux souffre-douleur et néanmoins amis de longue date de Pierre le compositeur, compléteront en toile de fond, ce tableau de chasse très privé.

C'est le caractère bougon et dubitatif du personnage paternel, à la manière d'un Jean Gabin redresseur de torts, qui sera mis à l'épreuve du feu libidinal déclenché en ouverture par sa future bru.

Hors du champ de la séduction, Pierre va devoir se débattre avec les déclarations fougeuses de Clémence, la nymphomane dont son fils est éperdument amoureux, tout en assumant le retour lifté d'Edwige, son ex. surfant à contre-courant de ses tourments actuels.

D'ailleurs, si papy fait tant de résistance, c'est qu'à un contre deux, le test de paternité va devoir maintenant rendre public son verdict fatidique en désignant Pierre ou Quentin.

C'est vraiment beaucoup pour un homme qui aspirait à un monde où tout n'aurait été que transparence !

Le théâtre des Variétés accueille et protège ce secret de famille comme la prunelle de nos yeux :

La recommandation de ne prendre aucune photo durant le spectacle avec ou sans flash est, comme à l'accoutumé, annoncée au préalable précisant toutefois qu'une précédente représentation a dû être interrompue pour ce non respect.

Comment en effet imaginer que des téléphones portables puissent se multiplier en clichés numériques au désagrément de tous ?

Par conséquent, aucune image du pantalon beige de Michel Sardou avec sa tâche gênante n'aurait pu être enregistrée l'autre soir.

Cela devait rester un secret partagé entre lui et le public, et c'est très bien ainsi !...

Theothea le 15/10/08

SERIAL PLAIDEUR

de Jacques Vergès

mise en scène  Marie Nicolas &Louis-Charles Sirjacq

****

Théâtre de La Madeleine

Tel: 01 42 65 07 09

 

        Photo ©  Dunnara Meas

       

Le rideau de scène à peine levé sur un entretien en tête-à-tête, assis de part et d'autre de son bureau, voici Maître Vergès qui, prenant congé de sa visiteuse, se lève pour la raccompagner en silence jusqu'en coulisses, côté jardin.

Ainsi se clôt d'emblée la théâtralisation d'un spectacle qui, désormais sur le registre de l'intimité absolue, va pouvoir assumer son plaidoyer à la manière d'une conférence ex cathedra.

Désormais, c'est dans le va-et-vient entre les deux versants de sa table de travail, appuyé sur le rebord ou bien calé dans son fauteuil selon l'alternative, que le célèbre avocat portant allègrement ses 83 ans, va pouvoir entrer en communication avec l'auditoire venant à sa rencontre chaque dimanche et lundi programmés jusque fin décembre 08.

Tel un droit de réponse à Barbet Shroeder qui, dans la signature de son film " L'avocat de la terreur " avait effectué un portrait en partie à charge, Maître Vergès reprend la main à son avantage, saisissant ainsi l'opportunité offerte à lui par Frédérick Franck, codirecteur du Théâtre de La Madeleine, d'écrire et d'interpréter un panégyrique exaltant les droits et devoirs du métier d'avocat.

A ce titre, il est aisément concevable qu'une éventuelle captation audiovisuelle de cette performance sur quatre-vingt dix minutes puisse non seulement témoigner d'une doctrine testamentaire de Maître Vergès mais aussi être utilisée comme support à vocation des générations futures.

En effet, n'en déplaise à ses détracteurs de toute obédience, c'est bel et bien dans une perspective pédagogique qu'a été structuré ce discours comparatif où littérature, théâtre et procès cheminent de pair pour étayer la notion de " défense de rupture " permettant a posteriori d'évaluer le concept de justice comme un humanisme.

Cette stratégie défensive aura été élaborée par empirisme à l'occasion de la guerre d'Algérie alors que deux systèmes de valeurs idéologiques s'affrontaient par-dessus la tête menacée d'une accusée pour terrorisme; c'est alors la médiatisation de l'enjeu capital qui permit de faire reculer le pouvoir politique prenant conscience à son tour de celui de l'opinion.

Par la suite, Maître Vergès n'aura de cesse de systématiser cette arme juridique découverte presqu'à son insu, en la présentant ici au public comme le garant suprême d'une reconnaissance de l'âme humaine en tout justiciable, quel que soit le crime.

En position d'avocat plaidant sur les planches pour une cause citoyenne dépassant son statut personnel, les salves d'applaudissements n'entameront pas son obligation de réserve et c'est donc sans saluer, mais non sans son demi-sourire aux lèvres, qu'il recevra debout et immobile l'acclamation des spectateurs jusqu'au baisser de rideau final.

Theothea le 14/10/08

BEYROUTH HOTEL

de Rémi De Vos

mise en scène  Niels Arestrup

****

Studio des Champs Elysées

Tel: 01 53 23 99 19

 

        Photo ©  Pascal Ito

     

Se croisant en orbite de proximité, deux mondes se frôlent sans jamais se départir de leur quant à soi respectif.

Elle, issue d'un pays livré à la guerre, ne conçoit pas d'autre échappatoire pragmatique que le service rémunéré pour tout viatique.

Lui, revenu de tous les faux-semblants n'a que l'écriture et la lecture pour exutoire au désappointement.

C'est toutefois dans l'opportunité d'un sas de décompression que tous deux vont se livrer à un étrange ballet où le simple bavardage de circonstances disputera le rôle principal à la séduction latente.

Avec comme huis clos, le hall d'un improbable hôtel, lui le dramaturge débarque un soir de l'aéroport avec l'intention d'attendre dans sa chambre, l'invisible metteur en scène local censé vouloir monter l'une de ses pièces.

Elle, la réceptionniste se montre accueillante au plus haut point, bien disposée à rendre tous les services qu'un client de passage serait enclin à souhaiter.

Entre elle et lui, la présence d'un téléphone portable relié au répondeur de l'amour déchu, resté au loin dans le pays de provenance, incitera l'auteur à commenter ses états d'âme à distance.

Mais entre elle et lui, le jeu du chat et de la souris, tous deux désoeuvrés, les conviera à se relancer sans cesse la balle d'une éventuelle sortie de secours à leur pesanteur respective.

La scénographie de Mathieu Dupuy lisse luminosité et pénombre (lumière: Marie-Christine Soma) où chambre et hall ne feraient qu'une seule entité régentée par des pinceaux tamisés à l'affût du jour et de la nuit se succédant à l'extérieur.

La mise en scène secrète une essence subtile où les expressions se lisent sur les visages avant même qu'ils prononcent leurs paroles jetées en bravade au partenaire qui, à son tour, relève le défi sous un panache ironique.

Isabelle Le Nouvel et Niels Arestrup se livrent ensemble à une joute si peu oratoire mais en telle osmose qu'ils sembleraient pouvoir jouer la pièce de Rémi De Vos, en un jeu d'ombres tacite.

Au mieux de la sensualité, c'est en effet le non-dit qui cautionne Flaubert, Baudrillard et autre Kafka dont les citations font tournoyer le mal du siècle sous une valse à mille temps d'où lui et elle ne sortiraient en définitive qu'à leur détriment.

Theothea le 17/10/08

LA VERANDA

de Cyril Gely & Eric Rouquette

mise en scène  Francais Perrin

****

Théâtre La Bruyère

Tel: 01 48 74 76 99

 

        Photo ©  Lot

De " Signé Dumas " au Petit Marigny, ayant confronté Thierry Frémont à Francis Perrin avec 7 nominations aux Molières en 2004 jusqu'à " La Véranda " au La Bruyère, mis en scène par le même Francis Perrin, il y a deux coauteurs Cyril Gely & Eric Rouquette qui livrent ici une pièce casse-gueule au propre comme au figuré.

En effet, bravant la règle tacite du happy-end préconisé pour une comédie, l'écriture organise quatre-vingt dix minutes de montée en tension autour d'un contentieux que la diplomatie de bon voisinage aurait dû enrayer dès l'origine du drame pressenti.

En épilogue, deux maisons mitoyennes seront " A vendre " alors que peu de temps auparavant, deux couples aspiraient, chacun à leur manière à y couler des jours heureux...

Mais voilà, Les " Constant " ayant l'apanage de l'antériorité auront cru pouvoir imposer aux " Neveu " un territoire collectif alors que ceux-ci, dès leur emménagement ont exprimé leur souhait d'ériger une véranda dans la parcelle de jardin qui leur appartient... pourvu que le permis de construire leur soit accordé par la Mairie où, fort opportunément, Gilles Constant est employé.

Cependant pour ces rats des villes face aux rats des champs, le standing des uns est à l'opposé de l'art de vivre des autres.

Aussi, ce n'est pas un apéritif de bienvenue en chaises longues avec la perspective de parties de pétanque en commun qui suffirait à apaiser les arrière-pensées des primo-occupants face aux desiderata des nouveaux arrivants.

Pour parfaire le tableau des animosités, une femme de ménage, (Isabelle De Botton) adepte du commérage, et un garnement, disponible à toutes les nuisances, sauront répandre l'huile suffisante à tous les embrasements que par ailleurs, le feu procédurier va mettre en branle.

Aussi le face-à-face Lisa Schuster / Gérard Loussine en prise avec Marie Piton / Marc Fayet va tellement tourner aigre qu'il est judicieux de rappeler, à cet instant, que le témoignage du fait divers relève, bel et bien, de la Comédie.

Qu'il soit donc rendu grâce aux acteurs et à leur metteur en scène d'avoir réussi à nous faire sourire avec ce qui est si pitoyable et mesquin dans l'âme humaine.

Theothea le 22/10/08

GREASE

de  Jim Jacobs & Warren Casey

mise en scène  Jeanne Deschaux & Olivier Benezech

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Théâtre Comédia

Tel: 01 42 38 22 22

 

        Visuel affiche DR.

Kitsch et coloré à l'eau de rose sous dominante acidulée, Grease débarque au Théâtre Comédia en direct des années cinquante avec sa Cadillac rouge de frime adolescente et ses enjoliveurs de blousons noirs pour robes à volants.

Le couple Danny ( Djamel Mehnane) - Sandy (Cécilia Cara) va y faire chavirer les coeurs des Pink Ladies tout en ravivant la rivalité des T. Birds d'avec la bande des Scorpions.

Pleine d'une énergie puisée au feeling de West Side Story, cette comédie musicale des années Juke-box signe le mariage emblématique des chaussures à hauts talons et des baskets que l'American Graffiti attitude a su importer jusqu'au Lycée Rydell, assurément le plus rock'n'roll des States.

De Broadway à Panam en passant par Londres, plus de trente années de show n'auront pas réussi, non seulement, à entamer la magie de ce musical créé en 72 mais l'auront, au contraire bonifié, en portant à son crédit, le témoignage d'une époque paradoxalement nostalgique, celle d'avant les prises de conscience nées de 68.

A la suite de sa réussite pour Le Roi Lion à Mogador, Stéphane Laporte rempile par une adaptation des Livrets lyrics & musique de Jim Jacobs et Warren Casey, en livrant à la mise en scène de Jeanne Deschaux et à la scénographie d'Olivier Benezech, les émois d'une jeunesse par nature insouciante confrontée à l'émulation des déviances avec son cortège de contradictions sempiternelles.

Quasi post-moderne, à l'instar d'une " Mamma Mia " transgressant les codes normatifs, c'est dans la projection des utopies affectives en devant de scène, que les tubes dopés au vinyle résiliant, viennent cueillir les spectateurs ne pouvant retenir leurs mains d'en battre la cadence sous 45 tours.

Surplombant du haut de sa mezzanine, cette fièvre des joutes amoureuses, le Band de Franck Sitbon instrumentalise pour le meilleur de la " Beat Génération ", les sorties du samedi soir en un amalgame de l'année scolaire.

Jonglant avec leurs personnalités en devenir sur des estrades mobiles, les leaders des deux sexes s'affrontent et se succèdent en une corrida sentimentale où la " mise à mort " serait le coup de théâtre initiatique du " Boogie Woogie ".

Place donc à la vingtaine de chansons scandant les standards comme " Greased Lightning ", " Summer Nights ", " Rock'n'roll Party Queen " ou encore " You're the one that I want ", surfant du français à l'anglais en passant par le mix, afin de se laisser aller tant aux bons sentiments qu'aux fameuses vibrations des fifties.

Theothea le 21/10/08

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