Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

13ème  Saison     Chroniques   13.86   à   13.90    Page  223

 

               

  Les  MOLIERES  2009 

Le Palmarès      Points de vue

   

SAMEDI DE FETE EN 2008 AVEC BASHUNG

        

61ème Festival de Cannes

Palme d'or, juste " Entre les murs " de mai 08

       

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LA GRANDE MAGIE

de  Edouardo de Filippo

mise en scène  Dan Jemmett

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Comédie Française

Tel:  08 25 10 16 80

 

         photo ©  Cosimo Mirco Magliocca   

   

Comme d’un coup de baguette, « La grande Magie » d’ Eduardo de Filippo semble avoir revivifié l’histoire d’Amour entre La Comédie-Française et l’exigence, parfois velléitaire, de la critique parisienne.

Difficile, en l’occurrence, de trouver un grincheux qui viendrait écorner le plébiscite pour sa superbe troupe, la mise en scène inspirée de Dan Jemmett, la scénographie pirandellienne de Dick Bird et cette édifiante fable entre illusion et métaphysique.

Que l’homme prenne ses désirs pour des réalités, voilà qui semble mettre tout le monde d’accord et, même mieux, élèverait en commun dénominateur, sa défiance des frustrations de la vie.

Entre terrasses, balcons et appartements du Grand Hôtel d’une station balnéaire des années 30, va ainsi se concocter une vraie fête du Théâtre.

En faisant disparaître Marta (Coraly Zahonero), l’épouse de Calogero, le magicien Otto (Hervé Pierre) exécute un tour de commande que celle-ci et Mariano (Michel Favory), son amant, mettent à profit pour disparaître quatre années durant lesquelles le mari éconduit cherchera à dénier son abandon.

Feignant d’admettre, selon les propos du mage sommé de s’expliquer, que Marta est enfermée dans un petit coffret dont elle ne pourrait sortir saine et sauve que si elle bénéficie de la foi indéfectible du mari en cette auto-persuasion, celui-ci retarde l’instant décisif jusqu’à ce qu’une concomitance fortuite implique un doute généralisé sur ce qu’il lui faudrait croire ou pas.

Prenant le public à témoin, la mise en scène brouille brillamment les cartes des certitudes, en multipliant les points de vue en trompe-l’oeuil, grâce à des plans scéniques plus ou moins rapprochés.

Ainsi de tours de passe-passe en convictions trahies, les espoirs déçus se transformeraient en sublimation du destin et par conséquent, à travers cette allégorie des tribulations conjugales de Calogero (Denis Podalydès) incitant la folie à se sauver d’elle-même, pourrait se profiler une métaphore de l’histoire de l’Homme.

Theothea, le 20 avril 09

LE GARCON DU DERNIER RANG

de  Juan Mayorga

mise en scène  Jorge Lavelli

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Théâtre de la Tempête / Cartoucherie

Tel:  01 43 28 36 36   

 

   photo ©  Antonia Bozzi   

   

Jusqu’à Pâques 09, le théâtre de la Tempête accueillait Jorge Lavelli qui, pour la deuxième année consécutive, montait une pièce de Juan Mayorga, auteur espagnol que l’ancien administrateur de la Comédie Française considère comme l’un des dramaturges majeurs contemporains.

En souscrivant totalement à cette perspective, la critique unanime s’accorde à louer la découverte d’une écriture que Gorge Lavelli a mis en scène avec la poigne subtile de celui qui sait posséder des atouts exclusifs dans son jeu.

Et ceux-ci ne sont pas moindres, à commencer par une révélation, le jeune Sylvain Levitte, formé au Studio Théâtre de J-L Martin-Barbaz, dans le rôle de Claude régnant en démiurge sur cette initiation littéraire à l’école du bien écrire et dont pourtant, il ne devrait être que l’humble élève.

A moins que ce ne soit Pierre-Alain Chapuis, retrouvant Lavelli à la suite de sa première création de Mayorga, « Chemin du ciel », qui agisse ici, en maître tout puissant, d’une destinée pédagogique cherchant l’apothéose de sa carrière d’enseignant.

Tous deux vont progresser dans la dialectique du maître et du disciple sous le contrôle d’un concept sociétal déstructuré à la mode contemporaine où inquisition, voyeurisme et manipulation vont être les mots-clefs d’un rapport de forces implicite.

Depuis « La Ville dont le Prince est un enfant » de Montherlant jusqu’au « Théorème » de Pasolini, la thématique du visiteur qui vient perturber l’ordre établi, en prenant l’ascendant sur l’entourage grâce à l’influence de forces occultes ou divines, est un formidable levier aux interdits.

Juan Mayorga s’en sert ici pour pénétrer la sphère privée du relationnel afin de mettre les êtres, quel que soient leur âge, leur sexe et leur niveau socioculturel, en péril d’identité à construire ou à reconstruire.

Ainsi, Rapha père (Christophe Kourotchkine) et fils (Pierric Plathier), Jeanne (Isabel Karajan) et Esther (Nathalie Lacroix) vont-ils, à leur insu, se heurter de plein front à un processus machiavélique mis en branle par le couple, toujours en devenir, « narration-rédaction » de l’état des lieux et des gens qui y vivent, dont seules, en définitive, la langue et l’écriture posséderaient le code secret.

En effet, l’écrivain en herbe et son guide ne semblent guère en mesure de maîtriser, par eux-mêmes, les tensions engendrées au fil du feuilleton dialectique naviguant entre séduction et fascination.

Qu’une gifle mette un terme à l’escalade progressive vers le non-respect du savoir-vivre ensemble et voici que toutes les pendules de la maturité vont conclure à la nécessité d'une réinitialisation du système.

Alors si, « même la pluie ne se déchausse pas pour danser », les volte-face des points de vue simultanés, orchestrés par Lavelli, devraient servir d’accès prioritaire à la reconnaissance d’une écriture théâtrale en prise directe sur l’image mentale autonome.

A voir et à revoir en cas, fort souhaitable, de reprise.

Theothea le 15/04/09

LE JOUR SE LEVE LEOPOLD

de  Serge Valletti

mise en scène  Michel Didym

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Théâtre des Abbesses

Tel:  01 42 74 22 77   

 

    photo ©  Christine Sibran   

   

En ce lundi 30 mars, le Théâtre des Abbesses rejoignait le cortège des heureux prétendants aux Molières 2009, en prenant connaissance des deux nominations pour « Le jour se lève » à l’affiche, encore pour quelques représentations, dans cette seconde salle du Théâtre de la Ville.

Près d’un mois plus tard, le dimanche 26 avril, les jeux seraient donc faits en découvrant si effectivement le Molière de la compagnie reviendrait à « Boomerang » et celui du comédien dans un second rôle à « Jean-Claude Durand ».

Ainsi, vont dans Paris et en région ces doux espoirs de reconnaissance que le monde du spectacle vivant aime entretenir avec la notoriété.

En l’occurrence, « Le jour se lève » est un texte de Serge Valletti écrit en 1982, reconstituant par la fable déjantée le climat post soixante-huitard régnant au sein de communautés marginales, ayant alors essaimé un peu partout en France.

Avec neuf personnages truculents accompagnés sur scène d’un musicien Mathias Lévy, la scénographie brosse un tableau de pieds nickelés azimutés et fort sympathiques dont l’influence méditerranéenne n’a pas de besoin impérieux en rivalité avec la culture des Chtis.

En effet, la langue orale, retravaillée au burin des toquades et autres extravagances de ces olibrius ingénus, transporte en un tel état de lévitation syntaxique qu’il est fort salutaire de larguer les amarres.

Réjouissant quoiqu’un peu longuet dans ses maintes digressions verbales, cette pièce met quasiment a parité l’ensemble de ses protagonistes.

Si donc celui d’entre eux, désigné par la profession du spectacle, devait parvenir à emporter le trophée convoité, il est assuré d’avance que tous ses compagnons de jeu (Alain Fromager, Quentin Baillot, Alexandra Castellon, Olivier Achard, Jean-Paul Wenzel, Guillaume Durieux, Catherine Matisse & Christophe Odent) se sentiraient, à juste titre, redevables de cet honneur dédié à Jean-Claude Durand.

Et si par ailleurs, le Molière de la compagnie leur était dévolu, l’auteur Serge Valletti et le metteur en scène Michel Didym y seraient nécessairement associés au plus haut point.

Ainsi, vont les motivations spéculatives à trois semaines de la 23ème cérémonie aux 17 Molières, berçant d’ambitions justifiées tous ces artistes qui souhaitent, à bon droit, qu’enfin le jour se lève sur la valorisation médiatique de leurs talents respectifs.

Theothea le 07/04/09

REVEILLON D'ETE

de  Isabelle de Tolédo

mise en scène  Annick Blancheteau & Jean Mourière

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Théâtre  Michel

Tel:  01 42 65 35 02   

 

     photo ©  Lot   

   

Fêter Noël au mois de juin, voilà une facétie supplémentaire que « Mamma Mia » aurait pu inclure à son programme et dont Isabelle de Toledo a fait l’occasion d’une rencontre annuelle entre quatre soeurs, la fille de l’une d’entre elles et, fort opportunément, une voisine extravagante (Martine Pascal).

A l’instar de la comédie musicale et du film avec Meryl Streep, le thème contemporain de la solitude féminine passée le cap de la jeunesse y est implicite bien que l’autonomie y soit revendiquée comme l’apanage des générations modernes.

Accompagnées des mêmes tubes du groupe Abba, c’est donc pareillement dans la bonne humeur et la fête que ces contradictions de la vie y seront évoquées pour le meilleur et pour le rire.

Au Théâtre Michel c’est par, fidélité à la mémoire de leur mère disparue un an auparavant, que Martine, Lucie, Françoise et Sophie se réunissent dans la maison familiale pour fêter Noël au début de l’été ainsi qu’elles avaient coutume de le faire depuis le décès du père une nuit de 24 décembre.

Telle une « Cerisaie » où Sophie a élu domicile avec sa fille, la mélancolie Tchekhovienne règne à fleur de peau, derrière les pleurs et embrassades de ces retrouvailles remises en question à chaque motif d’énervement ou de colère.

Il faudrait pouvoir percer l’abcès des ressentiments mais le culte des anciens les empêche de franchir le pas jusqu’au moment où la vente de la maison s’imposera en modus vivendi profitable à toutes.

Cela n’empêchera pas toutefois de faire réveillon une dernière fois en juin sur le lieu même des souvenirs définitivement révolus.

Ce pourrait être une gageure que de mettre en scène un univers exclusivement féminin où les hommes n’apparaissent virtuellement que comme des fantoches faisant de l’ombre à la vie, mais il faut dire qu’Annick Blancheteau et Jean Mouriere s’y entendent pour susciter une complicité espiègle qui règle son compte à tout esprit grincheux.

Dans la veine de Mamma Mia, cette pièce est donc à apprécier sans complexe, sans préjugé et pour de rire.

Theothea le 17/04/09

JULES ET MARCEL

de  Pierre Tré-Hardy

mise en scène  Jean-Pierre Bernard

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Théâtre  Hébertot

Tel:  01 43 87 23 23   

 

    visuel affiche  

   

Michel Galabru et Jean-Claude Carrière ont créé « Jules et Marcel » lors du festival de la correspondance de Grignan en 2007.

Aujourd’hui en 2009, c’est Philippe Caubère qui reprend le rôle de Marcel Pagnol face à un Galabru-Raimu plus que jamais célébré en tant qu’acteur patrimonial.

En effet Michel, honoré par le Molière du Comédien en 2008, a, enfin, gagné la véritable reconnaissance de ses pairs et c’est donc, notamment à ce titre, que le Théâtre Hébertot fait le plein de sa jauge chaque soir.

Cependant, Philippe Caubère ne se contente pas de jouer le rôle du faire-valoir, en présence du monstre sacré. Doué au centuple de tous les savoir-faire du show-man, il compose délibérément dans une sobriété de bon aloi, la retenue d’un personnage talentueux à l’ombre des projecteurs.

L’affiche officielle montre les deux comédiens à bustes inversés l’un au-dessus de l’autre, comme si, par un simple renversement d’image, leurs rôles de Raimu et Pagnol pouvaient, d’un coup de baguette magique, s’intervertir.

Sans doute en auraient-ils, l’un et l’autre, la légitimité et l’audace, mais il est fort à parier que les spectateurs, eux, n’y trouveraient pas leur juste compte de satisfaction.

Effectivement la faconde d’un Michel Galabru se substituant au personnage truculent de Jules Raimu est tellement réjouissante que la verve diplomatique de Marcel Pagnol rencontre, avec un bonheur certain, la malicieuse réserve logorrhéique de Philippe Caubère.

Complices, par conséquent, de leurs notoriétés respectives, les deux comédiens n’usent donc de l’artifice que pour mettre à feu et à rires, les lettres et propos échangés entre Raimu et Pagnol, au plus fort de leur créativité théâtrale et cinématographique.

En meneur de jeu attentif, Jean-Pierre Bernard occupe la place discrète du narrateur n’intervenant que pour situer et expliciter le contexte.

Décidément, quelle affiche pourrait se payer de bons mots marseillais, mieux que celle mettant a parité Jules Raimu et Marcel Pagnol, ainsi que Michel Galabru et Philippe Caubère avec leur authentique amitié et admiration professionnelle réciproque ?

Theothea le 16 avril 09

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