Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

13ème  Saison     Chroniques   13.91   à   13.95    Page  224

 

               

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L'AMANTE ANGLAISE

de  Marguerite Duras

mise en scène  Marie-Louise Bischofberger

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Théâtre de La Madeleine

Tel:  01 42 65 07 09   

 

   photo ©  Theothea.com      

   

Oeuvre de fiction inspirée par un fait divers criminel, « l’amante anglaise » est constituée de deux interrogatoires successifs, celui de la meurtrière avérée, précédé de celui de son époux.

Dans la mise en scène de Marie-Louis Bischofberger, Marguerite Duras semble être guidée par deux préoccupations essentielles, les mobiles du crime ainsi que la disparition de la tête de la victime.

Placées sur des rails dialectiques, les deux séances de questionnement cherchent donc à approfondir l’enquête judiciaire après que les aveux ont été confirmés.

Très proche d’une esquisse en portraits psychologiques, autant celui de Pierre Lannes va correspondre à un stéréotype de la normalité, autant celui de Claire Lannes s’apparentera à celui d’une malignité délirante cherchant à valoriser son éventuel atout.

Quel pourrait-il  être au regard du complément d’enquête, si ce n'est la détention d'un secret inaccessible à toute rationalité interrogative qui chercherait, en vain, à formuler la question clef pouvant déclencher l’amorce d'une intelligibilité du crime?

Effectivement, les faits résistent à la simple logique puisque, suite au geste meurtrier de Claire Lannes, le corps de Marie-Thérèse Bousquet, cette cousine sourde et muette, a été découpé en morceaux dispersés sur des trains de marchandises sans que la coupable et son mari soient en mesure d’y apporter la moindre motivation compréhensible par la Justice.

La rencontre artistique, au sommet, de Ludmila Mikaël avec Ariel Garcia-Valdès est ici virtuelle, puisque seuls les applaudissements les réuniront au final, devant les spectateurs, sous le haut parrainage d’André Wilms qui, lui, joue sa partition d’interrogateur, en deux fois trois quart d’heure, avec chacun d’entre eux.

Ainsi, sous des rôles symboliques de composition exacerbée par des « dialogues de malentendants subjectifs », ce talentueux trio de comédiens ravive la lacune de leur rareté respective en haut de l’affiche théâtrale.

Theothea le 08/05/09

LES MAINS SALES

de  Jean-Paul Sartre

mise en scène  Guy-Pierre Couleau

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Théâtre de l'Athénée

Tel: 01 53 05 19 19  

 

      photo ©  Theothea.com   

     

De Sartre à Camus, des « Mains sales aux « Justes », c’est l’engagement politique par Théâtre interposé dont débattent ces deux pièces écrites, de manière concomitante en 47-48.

Présentées successivement en un diptyque au Théâtre de l’Athénée, Guy-Pierre Couleau les met en scène avec les mêmes comédiens afin d’illustrer comparativement la dialectique idéologique en oeuvre sur le terrain du combat politique mené par les deux illustres auteurs.

La dramaturgie des « mains sales » est structurée par un processus de suspens qui offre à la perspective de l’assassinat d’Etat, les vertus de la résistance et de l’idéalisme confrontées au pragmatisme de la diplomatie et du compromis comme autant de gages de la survie du pouvoir.

En effet, face à l’inexpérience de la jeunesse, le rôle de la transmission du savoir-faire est d’interroger les modalités d’une fin qui pourrait justifier les moyens.

Cependant Jean-Paul Sartre va multiplier les sources de malentendus entre les convictions, apparemment contradictoires, jusqu’à faire imploser, tel un Vaudeville, les ressorts d’un adultère pressenti.

Enfin, tel est pris qui croyait prendre, l’enthousiasme juvénile se heurtera aux retournements d’alliance qui auront raison vitale, de toute fidélité aveugle.

La problématique de l’engagement trouvera ainsi ses limites dans l’inconstance humaine à résoudre les conflits d’intérêt évolutifs.

Ainsi, le couple Hugo(Nils Öhlund)-Jessica(Anne Le Guernec) qui jouait aux apprentis d’une passion fusionnelle face au charisme perspicace d’Hoëderer (Gauthier Baillot), éclatera en plein vol sous la pression de factions antagonistes servant, pourtant, une même cause originelle.

C’est paradoxalement, le relativisme de la pensée révolutionnaire qui pourrait servir de morale politique à cette tragédie Sartrienne, non exempte d’un humour distancié.

Entre les trois représentations de l’Opéra bouffe de Jean-Philippe Calvin pour une anti-pièce « La Cantatrice chauve » de Ionesco avec l’Orchestre Lamoureux et, donc, les cinq en reprise des « Justes » de Camus, « Les mains sales » s’offrent trois semaines de programmation à l’Athénée que la compagnie « Des Lumières et des Ombres » a ainsi l’opportunité de mettre au profit d’un « Théâtre existentialiste » qui renoue si bien avec les « planches ».

Theothea le 12/05/09

L'INGENU

d'après  Voltaire

mise en scène  Arnaud Denis

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Théâtre  Tristan Bernard

Tel: 01 45 22 08 40  

 

         photo ©  Lot   

Chronique différée

          

OBALDIA SUR SCENE

    

de & par  René de Obaldia

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Théâtre du Petit Hébertot

Tel: 01 55 63 96 06  

 

       photo ©  Lot  

   

Passé le cap des quatre-vingt dix ans, René de Obaldia a été invité par Xavier Jaillard, le directeur artistique du Petit Hébertot, afin de se raconter à travers un florilège de son oeuvre littéraire et poétique ("Les Innocentines", "Les richesses naturelles", "Exobiographie", "Le centenaire", "Fantasmes de demoiselles"etc...), ainsi que théâtrale.

Chaque soir sur scène et désormais en prolongation, prenant place derrière un petit bureau, encombré de multiples livres et documents, l’Académicien s’ingénie avec charme, davantage à une leçon de spectacle vivant qu’à une scanographie exhaustive de sa mémoire.

Peu comédien lui-même pour autant, c’est avec un plaisir non dissimulé que le poète dramaturge rend visite à tous ces acteurs (Michel Simon, Jean Rochefort, Ludmilla Mikaël, Claude Piéplu, Michel Bouquet, Maria Pacôme et Micheline Presle, Rosy Varte, Sami Frey, François Chaumette, Françoise Seigner etc.... ) qui ont fait vivre ses personnages nés d’un imaginaire en ébullition fantasque et facétieuse.

Grâce à des photos du patrimoine théâtral suspendues des cintres et des extraits vidéo de ses pièces projetées sur écran (« Du vent dans les branches de sassafras », « Monsieur Klebs et Rozalie », « Genousie », « Le défunt », « Les bons bourgeois », « Le Général Inconnu », « Le Grand Vizir », « Poivre de Cayenne », « La Baby-sitter », « Edouard et Agrippine », « Pour ses beaux yeux » etc...), l’auteur peut ainsi livrer en « bonus live », ses commentaires ciselés trahissant, sans vergogne, un humour fort juvénile.

S’essayant même avec un bonheur joyeux à imiter les contorsions verbales de Michel Simon, ne retrouvant pas le nom « Obaldia » lors d’une présentation en public, les rires accompagnent, volontiers, cette plongée spectaculaire au coeur du siècle précédent.

Sur scène, un cheval de bois d’antan et un tricycle de la belle époque illustrent ce goût d’une culture foisonnante où la fraîcheur d’esprit donnait un sens iconoclaste à une langue maniant le raffinement surréaliste.

Ce soir-là de mai, le conteur regardait, droit dans les yeux, l’objectif d’une caméra médiatique placée au premier rang des fauteuils, afin que soient captés, pour le meilleur, ces instants d’éternité.

A l’annonce d’une parution prochaine d’« Impromptus », chez Grasset, gageons que, lors des saison à venir, le label « Obaldia » soit de nouveau estampillé jusqu’à apparaître au plus haut de l’affiche des Théâtres.

Theothea le 14/05/09

PUR

de  Lars Norèn

mise en scène  Lars Norèn

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Théâtre du Vieux-colombier

Tel:  01 44 39 87 00 & 01   

 

         dessin ©  Cat.S   

   

De l’emménagement au déménagement, la schizophrénie du duo s’est jouée de l’espace vide où le temps unit et désunit l’homme et la femme qui pensaient l’habiter.

Du projet à la rupture, l’enfant de leur union a maintenant disparu de leur perspective conjugale et ainsi, il ne reste à la pensée qui envisageait son existence, que de ressasser, désormais, sa disparition.

L’image du passé semble se superposer à celle du présent en confondant le couple d’hier avec celui d’aujourd’hui faisant et défaisant selon des gestes symétriques, les cartons d’emballage interchangeables.

De Pur I à Pur III, en deux temps devenus caduques et trois mouvements chorégraphiques de valse hésitation, l’histoire d’une famille va se résoudre au néant dans le miroir où les ombres passent et trépassent.

Lars Norén a mis en scène, au Vieux Colombier, sa propre écriture qu’il a composée selon l’essence des personnages et qu’il a voulu modifier selon l’incarnation des comédiens.

De l’homme (Christian Cloarec) et la femme (Catherine Sauval) jusqu’à « il » (Alexandre Pavloff) & « elle » (Françoise Gillard), le temps ne fait rien à l’affaire, tant l’amour et la passion, remontant le cours de son flux, vont se retrouver à tourner en rond dans une pièce d’un blanc nuptial vain.

Les mots cisèlent la langue de Norén jusqu’à lui faire atteindre la pureté diamantaire qui tombe, tel un couperet, sur tout espoir transcendant.

Mais soudain figés, comme des morts-vivants, les acteurs inspirés se renvoient la petite musique d’une danse dans l’au-delà pouvant se contempler ad vitam aeternam.

Theothea le 24/04/09

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