Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.36   à   14.40    Page  235

 

   

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ZORRO

de  Stephen Clark

mise en scène  Christopher Renshaw

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Théâtre des Folies Bergère

Tel: 08 92 68 16 50

 

   photo ©  Brinkhoff / Mögenburg © 2009 ZLL

Viva El Zorro aux Folies Bergère !

   

De Hair à Zorro, ce n’est, pour Laurent Bàn et Liza Pastor, qu’une question de saison, puisque déjà en duo de comédie musicale l’année dernière, c’est donc en passant du beautiful people au flamenco gitan que l’identité de Diego de la Vega va, présentement, se démasquer aux yeux de la belle Luisa.

Des mélopées hippies aux rythmes andalous, les deux artistes vont, désormais, monter dans le train de la renommée, à la vitesse sidérale des étoiles en pleine éclosion, sous le claquement langoureux des guitares, en transe contagieuse.

En effet, au terme d'une préparation sur plusieurs mois avec coordination chorégraphique et musicale, en perspective de cette romance de cape et d’épée, le couple de scène « Diego / Luisa » est, aujourd'hui, projeté en emblème médiatique des six autres rôles principaux, Don Alejandro (Georges Beller) également narrateur de l’aventure, Ramon le frère maudit (Yan Duffas), Garcia (Benoît de Gaulejac) en Sancho Pancha revu mais fort heureusement non corrigé ainsi que la superbe Inez (Géraldine Larrosa) officiant en charismatique meneuse de clan.

   

   photo ©  Brinkhoff / Mögenburg © 2009 ZLL

   

A la suite des productions du « Roi Lion » et de « Cabaret », voici donc « Zorro » qui vient d’arriver aux Folies Bergère, accompagné de la musique des Gipsy Kings selon la trame du roman d’Isabel Allende ayant su composer ingénieusement avec les tonalités modernistes du mythe.

Une formation live d’une vingtaine de musiciens, répartis au balcon des Folies Bergère, de part et d’autre de la scène, entraîne l’ensemble constitué d’un nombre équivalent de danseurs et de chanteurs, alors même que plusieurs d’entre eux peuvent intervenir, à la demande, en doublures des rôles titre.

Tel le souffle épique d’un western californien, Zorro le vengeur masqué, suite à une éducation espagnole dont les principes ne transigent pas avec l'éthique, revient dans l’Amérique de ses racines paternelles, sous l’emprise d’une trahison si peu fraternelle qu’elle implique chez le jeune homme Diego, un dédoublement provisoire de sa personnalité.

Toutefois, le souvenir de Luisa, son amie d’enfance, dirigera ses pas de justicier au grand coeur, fort opportunément là où le destin frappe par de grands coups de boutoir, les racines du malheur qui sont, pourtant, sur le point de s’éclipser, par magie, en voltiges, cascades et autres tours habiles de passe-passe.

La cohérence du projet artistique éclate, avec évidence, de mille feux à la fois, conviviaux, enthousiastes et surtout emplis par la bonne humeur communicative des protagonistes, se lisant dans leurs yeux qui se croisent, en de multiples regards impliqués, sans l’ombre d’une échappatoire.

Trois heures, avec entracte, de spectacle romanesque époustouflant, garantissant le plaisir des plus petits au plus grands. Viva El Zorro !

Theothea le 13/11/09

LES ENFANTS DU SOLEIL

de  Maxime Gorki

mise en scène  Côme de Bellescize

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Théâtre  Treize

Tel: 01 45 88 62 22

 

   photo ©  Antoine Melchior

   

Onze comédiens au Théâtre Treize pour un même nombre de personnages rivalisant d’ingéniosité, incarnent une civilisation en pleine ébullition, celle de la Russie au début du XXème siècle, avec l’objectif de faire évoluer la société du progrès au travers de ses classes sociales hermétiques.

Créée en 2008 au théâtre de l’Ouest parisien par la compagnie du Fracas, cette pièce, retraduite par André Markowicz, revient à Paris en seconde saison avec un arrière-plan d’actualité puisque, à une épidémie de choléra, pourrait fort bien correspondre une pandémie de grippe, dans les deux cas très redoutées, à un siècle d’intervalle.

Côme de Bellescize, son jeune metteur en scène voit dans le texte de Gorki, écrit durant son incarcération à la forteresse Pierre et Paul de St-Pétersbourg suite au « Dimanche sanglant » de 1905, l’opportunité d’un questionnement politique, social et philosophique: « Qu’est-ce que veut dire vivre ensemble ? »

Grâce à des panneaux de Plexiglas modulables, la scénographie de Sigolène de Chassy esquisse un monde de bulles illustrant les vapeurs phosphorescentes de consciences en proie au tourment du devenir, sans que celles-ci soient en mesure de faire lien significatif entre elles.

En effet, de l’érosion du système à sa corrosion, les expériences chimiques d’un docteur Follamour, en l’occurence Protassov (Vincent Joncquez), maniant les éprouvettes toxiques afin d’en faire surgir les conditions de la survie humaine, buttent sur la reconnaissance du semblable dans son altérité.

Ca frémit, ça bout, ça jaillit, ça déborde, ça s’enflamme et la métaphore Tchekhovienne finit par exploser car, du savant au vagabond, tous vont être dépassés par l’enjeu existentiel.

Onze comédiens pour treize enfants du soleil, ainsi, se brûlent au énième degré d'une incandescence schizophrénique livrée à l’aveuglement universel.

Theothea le 09/11/09

SOUDAIN L'ETE DERNIER

de  Tennessee Williams

mise en scène  René Loyon

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Théâtre de La Tempête

Tel: 01 43 28 36 36

 

   photo ©  Lot

   

Dans la famille Holly, voici Catherine (Marie Delmarès) la fille, George (Clément Bresson) le frère et Grace (Martine Laisné) leur mère; dans la famille Venable, voilà Violette (Agathe Alexis), la mère ainsi que Sébastian, son fils, le grand absent de cette histoire.

En miroir à ces cinq personnages, seul le personnel médical, infirmier et religieux est en prise directe avec le récit de Catherine, la « folle à interner ».

En support au syndrome de déraison, un grand écran biaise la surface de jeu, de façon à ce que chacun de la scène à la salle puisse y projeter l’état de son entendement.

Comme toujours, chez Tennessee Williams, le grand sud des Etats-Unis est censé imprégné de sa chaleur torride, de ses plantes carnivores et de sa faune anthropophage, la conscience d’un mal être généralisé.

René Loyon installe cette torpeur, en dirigeant ses acteurs dans le repli sur soi stratégique, garant d’implosions, sans cesse sur le point de fustiger la parole hors normes

Pour lieu du crime, voici Cabeza de Lobo, là où donc, Sébastian a perdu la vie alors que Catherine l’accompagnait au cours d’un voyage d’agrément.

Ce fut bien la première fois que ce fils faisait faux bond à sa mère, en lui préférant une rabatteuse de jeunes gens, plus attirante et donc plus performante.

Entre Violette et Catherine va s’engager une lutte de la vérité où la mort de Sébastian ne sera pas tant l’enjeu que le signifiant d’une rivalité mémorielle à peine latente entre la passion amoureuse et l’amour œdipien.

Et c’est donc le statut de l’homosexualité au cœur d’une société éminemment puritaine qui devrait faire les frais d’un travestissement de la pensée terrorisée, du discours normatif et en définitive de la raison.

Mais voilà qu’à l’écoute du conflit mental se dresse la technologie révolutionnaire du psychiatre, le docteur Sugar (Igor Mendjisky), prête à libérer la parole grâce au sérum de vérité.

Ainsi, au Théâtre de la Tempête, dans une nouvelle traduction de Jean-Michel Déprats et Marie-Claire Pasquier, naviguant entre vision cauchemardesque, hallucinations poétiques et hyperréalisme, le spectateur pourra choisir sa voie du salut.

Theothea le 17/11/09

LES AUTRES

de  Jean-Claude Grumberg

mise en scène  Daniel Colas

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Théâtre des Mathurins

Tel: 42 65 90 00

 

   photo ©  J.F. Delon

   

C’est l’histoire d’un beauf, entouré de ses souffre-douleur, notamment sa femme et ses fils, que les verdicts à l’emporte-pièce d’un employé lambda, auraient catapulté dans l’orbite d’un racisme bien ordinaire.

A vrai dire, ce sont trois histoires compilées de Jean-Claude Grumberg qui, mises bout à bout par Daniel Colas, font le récit significatif de ce que pourrait être la sourde montée en puissance des préjugés xénophobes lorsqu’une misanthropie latente se maquillerait en symptôme du mal de vivre.

« Michu », « Les vacances » & « Rixe », tout un programme à l’issue de la guerre d’Algérie ayant transformé la France du début des années soixante en un bêtisier replié sur lui-même.

Ainsi, en indices d’une première ouverture sur le monde, à la veille de rater son objectif, les étiquettes calomniatrices de « communiste », « homosexuel », « juif » et « Franc-maçon » commencent à fleurir le terrain vierge de l’obscurantisme « grand public ».

Voici même que le tourisme de masse lance ses premières invasions néocolonialistes sans vergogne, tout empli de la bonne conscience du modernisme triomphant.

Alors, accompagnant le retour d’âge en métropole, la paranoïa naissante va se cristalliser sur quelques signes avant-coureurs de menace diffuse et généralisée, engageant ce processus socio-pathologique à culminer en geste fatal.

Oui, Henri et Aimée forment ce couple modèle que les stéréotypes consuméristes sont en train de mettre en place, à l’abri du grondement des forces telluriques synthétisant l’immense ailleurs différencié du monde des Autres.

Il faut dire qu’Evelyne Buyle excelle à rendre banal et quotidien les morceaux de bravoure lapidaires d’un Daniel Russo à fleur de peau révulsée et tout en sautes d’humeur dictatoriales, rendant plus vrai que nature, l’espace-temps dédié à l’imbécillité humaine.

Assurément au Théâtre des Mathurins, cet étalage délibéré de la bassesse humaine, caractérisée jusqu’à l’écoeurement de l’observateur, pourrait bien avoir des vertus pédagogiques.

Theothea le 19/11/09

VIVIEN LEIGH

de  Marcy Lafferty

mise en scène  Michel Fagadau

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Comédie des Champs Elysées

Tel: 01 53 23 99 19

 

   photo affiche ©  Pascal Ito  / Visuel film AFPH

        De Vivien Leigh à Caroline Silhol, Hollywood revival

   

Avec l’affiche d’« Autant en emporte le vent » en toile de fond, Caroline Silhol, tenue mordorée, s’approche d’un des deux fauteuils club rouge, reconstituant, auprès d’un bouquet de roses blanches en panache d’un simple guéridon, la dernière conférence de presse donnée, dans les sixties, par l’une des actrices symbolisant au mieux l’âge d’or du cinéma Hollywoodien.

D’une première question journalistique s’amorce alors, en réponse unique, le parcours d’une carrière vouée au Star system qui aura réuni autant à la ville qu’à l’écran ainsi que sur scène, ce couple mythique du Théâtre anglais au XXème siècle, à savoir celui de Vivien Leigh & Laurence Olivier.

En héros Shakespeariens sur les planches de Londres, leur union de vingt-quatre années, à la fois conjugales et professionnelles, irait, cependant, se fracasser sur la psychose maniaco-dépressive à la fois moteur et fossoyeur de la nature déterminée de Vivien.

Sans doute l’implication excessive de la comédienne dans des rôles existentiels résolument dramatiques contribuerait à briser son aura, pourtant à l’origine des deux Oscars la menant de la sublime Scarlett O’Hara face à Clark Gabble jusqu’à la poignante Blanche d’« Un tramway nommé désir », en danse du diable avec Marlon Brando.

Certes, à la Comédie des Champs-Elysées, Caroline Silhol arborant les atours évanescents d’un culte emblématique à la blondeur absolue, symboliserait plus spontanément une esthétique charismatique proche de Marylin Monroe, mais c’est, sans doute précisément, dans le contraste violent voire l’électrochoc entre ses tonalités de langueur faussement désinvolte, en prise avec la vivacité extrême des répliques fusant comme des grenades dégoupillées, que la justesse de son incarnation va transcender cette opposition des apparences.

En outre, en adaptatrice du texte original de Marcy Lafferty, Caroline Silhol cumule, de fait, les compétences à se projeter dans l’imaginaire des monstres sacrés, lié à une époque à jamais révolue.

Ainsi, le rayonnement solaire de l’interprète vient se substituer à la légende de la Star des Grands Studios, accompagnée autant dans son accomplissement que dans son désarroi lucide, alors même que celle-ci résume, avec ironie et pertinence, les cinq étapes de la vie d’un acteur:

1) Qui est Vivien Leigh ? - 2) Je veux Vivien Leigh ! - 3) Je veux une Vivien Leigh ! - 4) Je veux une Vivien Leigh jeune - 5) Qui est Vivien Leigh ?...

Theothea le 16/11/09

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