Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

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14ème  Saison     Chroniques   14.61   à   14.65    Page  240

 

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PAMPA

de  Alexis Gruss

mise en scène  Stephan Gruss

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Cirque Gruss

Tel: 01 45 01 71 26  

 

  photo DR. 

   

Par ces nuits glaciales de janvier, recouvertes de neige, l’esprit aventurier devait accompagner le promeneur du bois de Boulogne, pour le convaincre que la Pampa torride était au bout de son chemin.

Et pourtant du métro Ranelagh jusqu’à l’orée du chapiteau dressé, d’octobre à mars, à l’arrière d’un des virages de l’hippodrome d’Auteuil, un agréable sentiment de plénitude renforçait celle du spectacle qui se mérite.

Ainsi placé avec pertinence, sous des auspices ô combien équestres, le Cirque Alexis Gruss présente, sous la signature de Stephan Gruss, sa trente sixième production parcourant, dans l’imaginaire de l’enfance, le continent sud-américain sous des musiques Latinos que son orchestre de piste accompagne sans la moindre discontinuité.

Surfant sur leurs montures d’exception, Falabella de la Pampa, Akbal-Téké, Lusitanien gris, Bais, Pur-sang Arabe, Andalou, Boulonnais, Alezan et autres Appaloosa, la lignée Gruss, depuis le petit Louis jusqu’au maître écuyer Alexis, emmène le public, grâce aux dieux de la jonglerie et de l’acrobatie, d’un bar de Buenos-Aires jusqu’à la plage de Coppacabana via le désert du Chaco, dans un grand manège où de multiples rubans de couleurs voltigent au rythme lancinant du Tango.

Ainsi plongés au sein de la gente équidée, les chèvres naines de Pentagonie, les ânes des Hauts-plateaux, le Lama de la Cordillère des Andes et Syndra, l’éléphant de la jungle asiatique, ont bien du mérite à se faire leur place au soleil tropical, en jouant malicieusement sur leurs différences, à l’instar des Dalmatiens parrainés, avec superbe, par Gipsy.

Cette volonté socioculturelle de pratiquer le cirque à l’ancienne, en s’appuyant sur la tradition de valeurs familiales innovant, en permanence, dans des choix de spectacle thématique, authentifie le parcours généalogique des Gruss et en garantit une satisfaction festive à nulle autre pareille.

Theothea le 13/01/10

ONCLE VANIA

de  Anton Tchekhov

mise en scène  Marcel Marechal et Michel Demiautte

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Théâtre 14

Tel: 01 45 45 49 77  

 

  photo ©  Lot  

         

Retrouver Marcel Maréchal, nommé à la tête des Tréteaux de France depuis 2001, avec présent à la mémoire, ses cinq années passées à la direction du Théâtre du Rond-Point, c’est comme retrouver un oncle des familles qui porterait en lui, l’emblème du chemin à tracer... en l’occurrence celui d’un théâtre itinérant à travers les provinces françaises, posant, périodiquement, ses fameux tréteaux à Paris.

Retrouver Oncle Vania, publié par Tchekhov en 1897, c’est renouer avec l’esprit des familles qui se déchirent pour des problèmes de coeur et d’argent mais qui, néanmoins, ne peuvent se résoudre à l’économie de ces retrouvailles, en raison de liens affectifs complexes qui perdurent dans la nostalgie, quoiqu’il advienne.

Aussi, retrouver Marcel Maréchal dans Oncle Vania, c’est comme jouer avec le feu qui fait brûler la passion du spectacle vivant, en appréhendant, quelque peu, l’éventuelle déception du rendez-vous manqué.

Alors, pour preuve du contraire, voici, fringant dans son costume de lin blanc, l’oncle Marcel faisant une entrée princière, à demi-réveillée, dans le domaine labyrinthique qu’il gère tant bien que mal, avec Sonia (Juliette Duval), sa nièce depuis le veuvage de Maria (Hélène Roussel), respectivement leur mère et grand-mère.

Le décor (Thierry Good) flanqué, dans une lumière réconfortante (Jean-Luc Chanonat), de quatre portes autonomes dont une à double battant, laisse à deviner derrière sa palissade de bois en planches mal fagottées, la nature instable d’une Russie, en attente de Potemkine.

Dans l’imbroglio des relations à neuf personnages, dansant sur le volcan crépusculaire d’un monde à réinventer, le focus peut se déplacer allègrement de l’un à l’autre, selon les motivations spécifiques de telle mise en scène, sans que Tchekhov ne puisse être pris en défaut de pertinence psychologique ou sociale.

C’est pourquoi, ici, la « sublime » Elena Andreievna (Liana Fulga), la seconde épouse du professeur Serebriakov (Michel Demiautte), illumine la maisonnée d’un charisme discret et de son charme subtil, laissant le parfum délicat du désir flotter, à qui mieux mieux, au grès des fantasmes de celui-ci ou de celui-là.

Par effet de miroir amincissant, les frustrations amoureuses de Sonia à l’égard du médecin Astrov (Emmanuel Dechartre) n’apparaissent, ainsi, que comme des épiphénomènes moins difficiles à gérer que pourrait laisser supposer sa soi-disante laideur.

En définitive, la dramaturgie de François Bourgeat laissera l’oncle et la nièce dans un état de béatitude positive où la notion du travail à venir sera perçue comme une chance à saisir.

Aussi, grâce à l’intensité paradoxale de ces doux souvenirs mélancoliques, le repos éternel des uns et des autres n’est pas, de toutes évidences, au programme du lendemain.

Theothea le 14/01/10

BONNIE & CLYDE

de  Raphaël Bancou

mise en scène  Antoine Lelandais

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Théâtre de L'Alhambra

Tel:  01 40 20 40 25

 

  photo  DR. 

   

Le showcase proposé en septembre dernier promettait beaucoup; notamment la prestation de Christine Bonnard en prêcheuse baptiste particulièrement allumée.

En retour, la comédie musicale, proposée durant les fêtes à l’Alhambra fut, assurément, séduisante grâce à la pertinence et l’efficacité de son casting.

Cependant, si cette adaptation théâtrale, signée Raphaël Bancou, laisse quelque peu à désirer, quant au romantisme canaille de l’histoire d’amour tragique ayant réuni Bonnie (Faye Dunaway) & Clyde (Warren Beatty ) au cinéma, le parti-pris d’en conter, ici, le destin, à la suite d’un vol de diamants, au travers d'une succession de règlements de compte au sein de la pègre new-yorkaise, limite son ambition à un enchaînement de contrats à exécuter, à différer et même à annuler, selon les motivations opportunes du Parrain (Gilles Vajou) et de ses sbires.

Si, donc, le livret de Raphaël Bancou apparaît, en deçà, de l’enjeu du mythe de Bonnie Parker (Cécilia Cara) et de Clyde Barrow (Fabian Richard), en revanche la mise en scène d’Antoine Lelandais jongle habilement, en live sur scène, avec les neuf artistes, leur distribuant les rôles, à bon escient, pour un jeu performant, entre théâtre, musique, chant et chorégraphie.

Ainsi, l’évidente potentialité de tous les comédiens participant à ce polar musical apparaît, à chaque exhibition, les mettant au centre de l’action en cours, mais il semblerait qu’eût été, malencontreusement gommé, entre le showcase et la comédie musicale, livrée dans son intégralité, cet humour latent, décalé et même sarcastique perçue, à l’origine du projet.

C’est donc ainsi, à titre d’exemple, que le prêche, initialement déjanté, d’Anita « la sainte », semble être devenu, dans sa version actuelle, par trop raisonnable.

Au crédit de cette production de Lard’enfer (Arthur Jugnot), la stylisation des chorégraphies (Armelle Ferron) décomposant le mouvement, en arrêts sur images cinétiques, participe à cet ensemble d’intentions artistiques en voie d’aboutissement.

Aussi, pourquoi ne pas envisager une re-création, ultérieure, de ce show musical, en le rendant moins lisse et plus perméable aux numéros d’acteurs jouant sur le second ou troisième degré d'une histoire de coups tordus à dynamiter impérativement de l’intérieur ?

Theothea le 15/01/10

AU BORD DE L'EAU

de  Shi Nai-An

mise en scène  Patrick Sommier

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Théâtre  MC93 Bobigny

Tel:  01 41 60 72 72   

 

  photo ©  Vincent Pontet  / WikiSpectacle  

   

Ce spectacle de l’école de l’Opéra de Pékin initié par Patrick Sommier, directeur de La MC93 de Bobigny, correspond à une troisième rencontre franco-chinoise d’un simili jumelage ayant débuté en 2002.

A la manière d’une master class, l’objectif est de rendre sensible au spectateur néophyte, l’exigence disciplinaire d’un Art théâtral légendaire au service, en l’occurrence, d’une oeuvre littéraire de référence où 2000 pages content les exploits de 102 brigands d’honneur ayant tenté de mettre un terme à la corruption d’état.

La scène de la Salle Oleg Efremov divisée, pour la circonstance, en trois zones, offre côté cour, la présence d’un orchestre composé, notamment, de multiples instruments de percussion, alors que du côté jardin, les coulisses de loges virtuelles dévoilent le maquillage des artistes selon les étapes successives d’une élaboration très appliquée.

En rendant hommage à ce roman fleuve, l’école pékinoise révèle, ainsi, ses propres rouages assurant la transmission d’une culture millénaire, à travers des générations d’artistes en perfectibilité dans toutes les disciplines de l’expression vivante.

Si, de part et d’autre de l’acte théâtral circule à mi-hauteur des cintres, la traduction francophone des dialogues et des chants, cette aide à la compréhension n’aura, guère, d’autre influence qu’indicative.

En effet le véritable enjeu de la démonstration est ailleurs que dans les anecdotes du discours; il se situe davantage dans l’imprégnation progressive à des couleurs dominantes, à des timbres de voix haut perchées, des sons martelant la récurrence, des gestuelles à la fois précises et fluides, des regards pénétrants et doux à la fois... bref à un univers codifié à l’extrême dont nous ne pouvons apercevoir que l’esthétique, tout en pressentant la force de l’esprit scolastique.

C’est beau et mystérieux, tout à la fois. Cela oblige au respect inconditionnel, tout en nécessitant l’humilité d’une ignorance assumée.

Les portes de la Chine semblent, ainsi, s’entrouvrir, sous la pédagogie d’un apprentissage à long terme avec, comme par magie, des effets sensitifs immédiats se déclenchant dans l’instantanéité de la candeur émotive.

Theothea le 18/01/10

LES AVENTURES DE LA DIVA ET DU TOREADOR

     

de & mise en scène  Raphaëlle Farman & Jacques Gay

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Petit Théâtre de Paris

Tel: 01 42 80 01 81 

 

  photo presse DR.  

   

De création en prolongations, le buzz de La Diva et de son Toréador n’ont cessé de croître et d’embellir dans la rumeur du tout Paris, faisant désormais la part belle sur la toile, aux jeunes générations rejoignant celles des seniors ayant assuré la phase initiale de leur réputation duelle.

Si précédemment, le duo Casadesus-Lockwood avait déjà cartonné, en deux opus, sur le registre mixte du Jazz et du Lyrique; en ce qui concerne Raphaëlle Farman et Jacques Gay, il s’agit de rivaliser, dans la parité des voix masculine-féminine, sur des airs d’opéra et de comédies musicales célèbres, jouant, à cache-cache, avec l’équilibre libidinal et affectif.

Ce spectacle, composé d’une vingtaine d’oeuvres interprétées sur le ton de l’humour au second degré relatant les quiproquos de la jalousie conjugale piégée dans les pérégrinations des vire-volte amoureuses, entraînent les tourtereaux dans une valse planétaire du bel canto où les clichés touristiques renvoient au bonheur réactualisé de l’opérette.

Ecrit et mis en scène par eux-mêmes, ce divertissement fourmille de trouvailles scénographiques à chaque plan, tant sur la gestuelle, les mimiques, les poses, les costumes et les accessoires que sur l’esprit farceur qui unit, pour le meilleur, cette soprano et ce baryton, accompagnés d’un souffre-douleur, sous le nom de Firmin (Fabrice Cocitto) dont le moindre des talents n’est, certes pas, de les fédérer sous les touches de son piano.

Au delà des rappels, Raphaëlle Farman et Jacques Gay proposent dix minutes de débat permettant de répondre, en temps réel, au questionnement des spectateurs qui, à cette occasion, apprennent qu’une suite, encore plus délirante, à leurs aventures « tauro-cantatrices », est en voie de prochaine création chorale.

Theothea le 19/01/10

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