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STRICTEMENT AMICAL
de Sylvie Blotnikas
mise en scène:
Julien Rochefort
|
****
Théâtre de Poche
Montparnasse
Tel: 01 45 48 92 97
|
Pour débuter la rentrée théâtrale, rien de
tel quune pièce subtile dont, pour sûr, la complexité
contradictoire des sentiments va nous poursuivre tout le long de la saison,
sans que personne et donc sans quaucun critique nen trouve la
clef définitive
. car il ne saurait y en avoir une.
En effet, imaginons que Sophie et Gilles soient frère et sur,
que les hasards de la vie les aient entraînés à vivre
sous le même toit, quils aient beaucoup dégards
lun envers lautre.
Ainsi brossée, une telle relation pourrait être proche de
linceste familial, sans que pour autant, aucun lien charnel ne soit
manifeste dans leurs propos attentionnés.
Dailleurs, dès que lun et lautre auraient
lopportunité dune rencontre à lextérieur,
leur intérêt affectif redoublerait en perspective dune
potentielle aventure, voire dun véritable amour.
Mais rien de plus légitime, puisque ici dans cette pièce,
Sophie (Sylvie Blotnikas) et Gilles (Julien Rochefort) ne sont pas frère
et sur, mais bel et bien des ex. que la vie amoureuse a
délibérément séparés mais quelle
a aussi rapprochés de nouveau, à la suite dun deuil,
celui dun ami intime de Gilles, devenu entre temps l'époux de
Sophie avec laquelle il eut deux enfants.
Donc, voici nos ex. accompagnés dun douloureux secret, vivant
désormais en amitié, parce quincapables de transgresser
la fidélité à la mémoire et surtout ne le souhaitant
pas.
Julia (Guilaine Londez) et Gaspard (Frédéric Rose) auront
beau jeu de les divertir de cette paralysie libidinale, cependant leurs
approches, puis leurs retraits respectifs ne seront pas en mesure de rivaliser
avec labîme qui réunit tout en séparant Sophie
à Gilles.
Pour ce couple, puisquà tout le moins, ceux-ci donnent
lapparence den être un au regard dautrui, sincarne
en eux lélégance du respect et de la prévenance
à lautre; ce qui pourrait se révéler être
la vertu essentielle de toute union conjugale!... à moins quune
clef alternative puisse se superposer à cette interprétation
trop prosaïque, celle dun indicible second degré par exemple,
visant juste au cur de lécriture de Sylvie Blotnikas.
Theothea le 07/09/10
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J'AI DEUX MOTS A VOUS
DIRE
de Jean-Pierre
Delage
mise en scène:
Jean-Paul Bazziconi
|
****
Théâtre Rive
Gauche
Tel: 01 43 35 32
31
|
Une silhouette de Pénélope, un maintien de danseuse, une
bouille farceuse et un esprit amusé, Sabine Paturel a tout dune
grande !
Si elle avait deux mots à nous dire, on la croirait sur parole
mais il sagit dune simple figure de style pour amorcer le contact
et susciter lenvie de venir lapplaudir puisque la
chanteuse-comédienne nous propose, en fait, une adaptation toute
personnelle dune pièce de Jean-Pierre Delage créée
en son temps par Jacqueline Maillan.
Prétexte à une comédie musicale à un seul
personnage, le come back sur scène dune artiste, après
une traversée du désert quelque peu dépressive, est
loccasion dun tour de chants à la bonne franquette en
guise de répétitions à un spectacle de retrouvailles
avec le public.
Cependant comme Sabine ne fait que « des
bêtises », les spectateurs seront complices de tant
dingénuité malicieuse que celle-ci semblerait avoir
décidé, une fois pout toutes, de ne pas se prendre au
sérieux.
De surcroît, la qualité musicale de lorchestration
est également convoquée sur les planches du Rive Gauche, sous
la direction de Samuel Sene, en même temps que la posture dun
stand up décontracté.
Sabine, dans un décor kitsch et pop, sévertue à
renvoyer dincessants appels téléphoniques dérangeants,
dans lorbite humoristique des opportunités ravageuses à
tourner en rond, et tente de surmonter, avec une naïveté feinte,
le stress dune pente artistique à rebours vers le triomphe
parisien.
Rôle de composition, bien entendu, que tous, y compris les six musiciens
qui se relaient, en alternance, autour delle, auront interprété
comme la légitime espérance dune artiste se présentant
en jean, chemise blanche et cravate à la garçonne
. mais
surtout drôlement bien dans sa tête !
Theothea le 07/09/10
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SOLNESS LE
CONSTRUCTEUR
de Henrik Ibsen
mise en scène:
Hans Peter Cloos
|
****
Théâtre
Hébertot
Tel: 01 43 87 23
23
|
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Affiche
/ photo © Laurent Speller (vu
intégral)
|
Weber & Doutey, ces deux-là sont sur le plateau de
lHébertot pour le meilleur deux-mêmes, renvoyant
les cinq rôles secondaires aux utilités du texte dIbsen
que Hans Peter Cloos semble réduire délibérément
à du poil à gratter.
Sil est quelque peu étrange de faire appel au talent mythique
dEdith Scob, alors que celle-ci doit se vouer au double déni
de briller à la fois en tant que femme et en tant que comédienne,
il est non moins enchanteur dapprécier, en gros plan, le couple
vedette hors de toutes autres conjonctures relationnelles.
De Jacques à Mélanie, le courant artistique passe à
un tel point quil est fort peu aisé den déduire
à qui profite davantage lopportunité de leur rencontre
sur scène, initiée par Hans Peter Cloos.
Jacques Weber qui donne souvent limpression dêtre
oppressé par la charge de son savoir-faire, gagne ici, beaucoup, à
se laisser envahir par les composantes enjôleuses et ludiques
de sa partenaire; quant à Mélanie Doutey, elle porte, par un
jeu extraverti dirigé de main de maître, la qualité de
leur duel complice à la hauteur de létat de
grâce.
Dans ce registre favorable aux numéros dacteur, quen
est-il de Solness, ce constructeur de génie, devenu paranoïaque
face aux forces de la jeunesse suspectées de vouloir le déloger
de sa position dominante ?
Une lecture à front renversé de la pièce dIbsen
pourrait, sans doute, éclairer le point de vue implicite de Hans Peter
Cloos:
A son insu, ce serait Hilde qui mène le bal, toute emportée
par la puissance inexorable dun rêve à construire autant
quà réaliser jusquaux conséquences ultimes
de lambition.
En effet, au pays des merveilles, quoi de plus légitime que de
vouloir se faire offrir un royaume doté dun incontournable
château tout auréolé de joyeux nuages ?
Et quimporte le vertige chronique de Solness, si la spéculation
de leur bonheur ne devait tenir quau défi daller coiffer
la tour la plus haute dune couronne de fleurs, gage de la toute puissance
de leur fascination mutuelle?
Dans un décor de Jean Haas où une palette hyperréaliste
de noirs et de blancs induirait lesquisse dun bureau
darchitecte, en morphing dun carrosse de bal pour
lau-delà du miroir, les voilà donc embarqués dans
un délire jubilatoire dont ils vont partager lenivrante addiction
avec les spectateurs, en retardant le plus longtemps possible le réveil
redouté au cur dune chute onirique sans fin
Theothea le 16/09/10
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NONO
de Sacha Guitry
mise en scène:
Michel Fau
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****
Théâtre de La
Madeleine
Tel:
01
42 65 07 09
|
|
photo
Marcel Hartmann © Getty images
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Ecrit à dix-neuf ans en une matinée estivale à
Saint-Valery-en-Caux, le premier acte de « Nono » était
alors conçu par Sacha Guitry comme un « lever de
rideau » qui précédait souvent, avant-guerre, la
représentation dune soirée théâtrale.
Cependant, sur des conseils amis et plus ou moins avisés, le jeune
auteur allait compléter par deux actes supplémentaires,
lécriture de sa première pièce qui fut, ainsi,
créée le 6 décembre 1905 au Théâtre des
Mathurins.
Entrée dans le monde parisien sous un concert critique très
favorable, la renommée du fils de Lucien Guitry se plaçait
demblée sous des auspices prometteurs.
De Blanche Toutain à Julie Depardieu, en passant par Yvonne Printemps,
le rôle dAntoinette Berger, dite « Nono »,
se doit dêtre interprétée avec laura dune
candeur feinte quant aux ravages quelle suscite non seulement dans
la gente masculine, mais tout autant auprès de sa ou ses rivales
féminines.
Le rôle de Madame Weiss (ici Brigitte Catillon), de 18 ans
laînée de Nono, vient en contrepoint flatter le machisme
mondain de Robert Chapelle (ici Michel Fau), lamant blasé par
un amour encombrant qui lempêcherait de renouveler la jeunesse
de ses conquêtes.
Dun coup dessai à la mesure dun coup de maître,
la valeur navait pu attendre le nombre des années que Sacha
mettrait, de toutes façons, à profit pour peaufiner la guerre
des sexes quil ferait sienne jusquà lui octroyer toutes
les associations dun esprit prêt à se damner pour le bon
mot à venir.
Prenant à son compte les frasques spirituelles et non moins charnelles
du Guitry débutant, le comédien Michel Fau impose son personnage
lunaire, composite dune fixité à la Buster Keaton
revisitée par linspiration habitée dun Jean Guidoni,
afin de contraindre sur scène le metteur en scène éponyme
à jongler avec les forces antagonistes de trois couples potentiels,
ceux des nouveaux et anciens amants face à celui singé en miroir
par les domestiques.
Alors, comme un dandy en diable surgissant dune boîte à
surprises toujours renouvelées, Xavier Gallais alias « Jacques
Valois » pourrait tirer les marrons du feu de lamour qui,
sans cesse, le courtise mais constamment le diffère de Paris à
Trouville, et vice versa.
Légères comme les bulles dun Champagne demi brut,
les paillettes « Belle époque » des costumes (David
Belugou) enivrent le décor (Bernard Fau) à double détente,
entre grand restaurant et villégiature balnéaire, dans
lécho mythique de la « Putain sublime »
quelle puisse se nommer « Lolita »,
« Lulu » ou autre « Nana ».
Theothea le 21/09/10
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LE TECHNICIEN
de Eric Assous
mise en scène:
Jean-Luc Moreau
|
****
Théâtre du Palais
Royal
Tel: 01 42 97 40 00
|
Après dix années de carrière en solo respectif, le
couple Giraud-Jansen à la ville se reforme à la scène,
celle prestigieuse du Palais-Royal.
Maaïke et Roland ont emmené dans leurs bagages de saltimbanques,
leur fidèle complice Jean-Luc Moreau à la direction dacteurs
ainsi que lauteur à succès récurrents, Eric
Assous.
Fort de cet équipage gagnant-gagnant, six autres comédiens
viennent les relayer dans un tourbillon de quiproquos où deux ex.,
séparés par vingt-cinq années de destin individuel,
se retrouvent subitement confrontés à des retrouvailles où
la hiérarchie professionnelle est en butte aux regards croisés
des collaborateurs.
En effet, devenue directrice dune maison dédition
littéraire, Séverine Chapuis règne en maîtresse
femme sur un microcosme où lintuition doit semboîter
avec les « bons coups » médiatiques alors que
le flair doit protéger des risques de mauvaise fortune.
Mais comment maîtriser la situation totalement inattendue du retour
inopiné de lex-conjoint « has been », alors
même que Séverine sest remise en ménage, apparemment
heureux, avec Patrice, son manager de publication ?
Voici donc Jean-Pierre Chapuis promu technicien de surface, autrement
dit en position d« homme à tout faire »,
fonction pour laquelle celui-ci, pour son profit, ne va pas tarder à
imaginer les prérogatives.
Il suffirait peut-être dune assistante peu scrupuleuse en
amour, dun fils caché monté sur patins à roulettes,
dun directeur de lecture à inclinations hors sujets, pour que
le cheptel « maison » décrivains
« petites plumes » senraye dans la machine à
produire du best-seller.
Cest alors que JP, sous le très discret pseudo
d« Auguste » , armé de son matériel
dentretien et de nettoyage au Karcher pourrait, sans doute, être
tenté de faire chanter tout ce beau monde.
Cest peu de dire que Maaïke Jansen règne en grande
instigatrice des chassés-croisés et autres imbroglios cocasses,
insufflant à tous ses partenaires le surcroît dénergie
qui fait le bonus dune comédie.
Roland Giraud, un peu comme à guignol, saisit les opportunités
de tirer la couverture à lui, mais laisse volontiers à son
épouse-comédienne, la juste reconnaissance du talent
exceptionnel.
Ainsi complices, en se passant le témoin, du stylo au balai-brosse,
le couple Girand-Jansen renvoie au public, limage dun jeu de
rôles truculents assumés jusquaux confins du
professionnalisme.
Theothea le 22/09/10
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