Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

15ème  Saison     Chroniques   15.076   à   15.080    Page  269

 

 

         

Conservatoire - Atelier Hans Peter Cloos - photo © Theothea.com 

       

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LABICHE

de  Labiche

mise en scène: Pierre Pradinas

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Théâtre de la Tempête

Tel:  01 43 28 36 36 

 

         photo ©  Theothea.com  

   

On ne change pas une équipe qui gagne mais on lui adjoint volontiers, en bonus, cet élément catalyseur qui ferait différence avantageuse entre un baiser volé au grand dam de la société bien pensante d'avec toute une vie dévouée à l’apostolat d’un mariage consenti à l’insu du plein gré, pour satisfaire un beau-père déphasé avec l’idée du bonheur.

C’est pourquoi Matthieu Rosé rejoint Gabor Rassov, Gérard Chaillou, Thierry Gimenez et leur égérie Romane Bohringer auprès de Pierre Pradinas aux pinceaux d’une peinture de la bourgeoisie du XIXème en deux tableaux moqueurs, « 29 degrés à l’ombre » et « Embrassons-nous Folleville » s’enchaînant comme à livre ouvert sur tranche scénographique.

Si Labiche n’était guère aux abois du plébiscite de ses contemporains, c’est qu’il avait tout compris de son époque cherchant à s’enrichir par tous les moyens pourvu que la morale fût sauve en apparences tout en réussissant à faire de ceux-ci les témoins hilares de leurs propres turpitudes.

A son tour de nos jours, Pierre Pradinas a perçu le succès escompté d’une réalisation parodique de Labiche à partir d’un dyptique faisant la part belle à la lâcheté universelle si bien partagée et pourtant si bien maquillée en intentions vertueuses.

Dans cette perspective théâtrale pleine de malices, le metteur en scène convie les artifices de la comédie musicale à illustrer par des contrepoints décalés en playback, la trame de saynètes s’inspirant pêle-mêle de Charlie Chaplin et de Jacques Tati tout en se référant aux comédies-ballets de Molière.

Au théâtre de la Tempête au sein de la Cartoucherie, les spectateurs ne s’y trompent pas:

La montée en puissance dans un délire progressif orchestré vers l’apothéose finale où la porcelaine va imploser en mille morceaux, agit comme une catharsis salvatrice à tous les préjugés et autres conventions sociales corsetant la liberté de penser, d’exister et en définitive d’aimer:

Alors, sous 29 degrés à l’ombre, n’hésitons plus, embrassons-nous, folle ville !...

Theothea le 16/03/11

LE TEMPS QUI PASSE

de  Karine Silla-Perez   

mise en scène:  Vincent Perez 

****

Théâtre des Mathurins

Tel: 01 41 62 95 00

 

          photo ©  Theothea.com  

   

Entre mémoire exacerbée et recherche du père, une auteure Karine Silla-Pérez projette sa quête identitaire dans l’écriture autobiographique de sa première pièce de théâtre en imaginant la rencontre de deux êtres fragilisés par le mal de vivre.

Celui-ci et celle-là vont tenter de remonter le temps à contre-courant d’une anxiété diffuse qui les rend sur scène, à la fois fébriles, maladroits et néanmoins plein de compassion respective l’un envers l’autre.

Lui, c’est Vincent Pérez, dans la vie le mari de l’auteure, et présentement le metteur en scène opportun du duo qu’il partage, ainsi, avec Elsa Zylberstein sur les planches des Mathurins.

Ni réellement psychanalyste, ni vraiment détective, c’est plutôt en confident de circonstances que le comédien aborde son rôle en cherchant davantage à le positionner en arrière-plan existentiel d'une scénographie qui devrait amener sa partenaire à déplacer peu à peu son angoisse de la vacuité vers le trop plein d’amour…

Cependant en se privant du regard distancié et professionnellement expérimenté d’un metteur en scène extérieur à ce jeu de famille, l’acteur se dédouble en réalisateur-interprète effacé mais quelque peu aveugle au désarroi implicite de la comédienne, contrainte à surcompenser le fil dramaturgique.

Comme en déséquilibre perpétuel, l’actrice avance dans sa progressive reconnaissance de l’autre, qu’elle soit figure paternelle sublimée ou image de l’amoureux transi, sans un réel tutorat qui, en quelque sorte, lui permettrait de laisser libre cours à l’expression artistique de sa panique intérieure.

Des derniers rangs de l’orchestre, la vue panoramique sur le plateau délibérément nu avec en visibilité ostentatoire tout le matériel d’incendie et de sécurité électrique, met inconsciemment les deux partenaires en situation d’urgences et de premier secours sans qu’il soit possible de les extraire, même dans l’imaginaire du spectateur, de ce huis clos déstabilisant.

Si, en happy end, la quête du père semblerait se résoudre favorablement dans la passion amoureuse, la démarche autobiographique parait, de son côté, vouloir se convaincre des vertus de l’oubli improbable du déficit originel.

Theothea le 17/03/11

ADAGIO

     

de & mise en scène:  Olivier Py 

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Théâtre de l'Odéon

Tel: 01 44 85 40 40

 

         photo ©  Theothea.com

     

Sous titré « Mitterrand, le secret et la mort », l’Adagio d’Olivier Py s’offre comme un chemin de croix sur le Golgotha de la réflexion humaine en quête de maîtrise de sa destinée.

D’emblée, un escalier magistral s’élève en marche scénographique vers la bibliothèque globale en un temps où l'Internet n’en avait pas encore démocratisé l’accès virtuel.

En toile de fond, les marches du Panthéon, de l’Arche de La Défense, de la Pyramide du Louvre, de l’Opéra Bastille et de la très Grande Bibliothèque pourraient s’y poser en références subliminales.

Au terme de la pièce, celles-ci se refermeront sur elles-mêmes, à l’instar de la chambre noire d’un appareil photographique argentique qui, au sein de son obscurité totale, conserverait, au-delà des clichés controversés, la force patrimoniale de la grande Histoire, celle de l’être universel.

« Je resterai avec vous, car je crois aux forces de l’Esprit »

Pour incarner le seul Président aux deux septennats complets de la Vème République Française ou plutôt pour en induire la pensée en mouvement, un acteur fabuleux, Philippe Girard conceptualise son interprétation de François Mitterrand, à l’aune contradictoire de sa grande taille, comme un souffle, une inspiration, un élan reproduisant les traces mnésiques de l’inconscient collectif national.

Autour de cette omniprésence troublante autant que séduisante, six comédiens se glissent dans une trentaine de personnages peuplant, d’ombre et de lumière, la Cour Elyséenne avec l’assurance de leurs points de vue indépendants et donc, fort opportunément, dialectiques.

Au-delà des conseillers géopolitiques, la caste des médecins s’avèrent sur le plateau de l’Odéon, comme la plus représentative de celle qui, pour la bonne cause thérapeutique, tente d’apprivoiser le patient le plus résistant au monde.

En effet, de mai 81 jusqu’à l’appartement du Champ de Mars en janvier 96, le mal insidieux va tenter de ronger de l’intérieur, l’homme politique qui, depuis sa publication du « Coup d’ Etat permanent », avait consacré sa vie publique à vouloir en devenir le guide républicain.

Mais c’est bien en vain que la maladie cherchera à briser sa capacité de méditation et sa volonté de maîtrise du destin, jusqu’à lui faire refuser toute morphine par crainte de modification comportementale.

Après s’être empli, une dernière fois, de la beauté exemplaire d’Assouan, François Mitterrand quittait les rivages du Nil, faisait ses adieux à ses proches à Latche et revenait à Paris pour décider, en toute liberté, d’évaluer le lieu et le moment venu de laisser s’éloigner la vie.

En tant que citoyen et créateur, Olivier Py a, bel et bien, rempli son travail de mémoire. A ses contemporains, désormais, et à leurs successeurs d’apprécier cet hommage à sa juste valeur !

Theothea le 18/03/11

LE CREPUSCULE DU CHE

de José Pablo Feinmann  

mise en scène:  Marion Loran 

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Théâtre du Petit Montparnasse

Tel:  01 43 22 77 74 

 

         photo ©  Lot  

   

Ce crépuscule va se clore début avril au Petit Montparnasse sans avoir eu les honneurs des nominations aux Molières 10-11.

Cruelle injustice à rebours pour Ernesto Che Guevara, mais, encore davantage, pour Jacques Frantz qui, dans son rôle d’accoucheur de vérités, y met toute son âme d’interprète ainsi que pour Olivier Sitruk qui, par contraste et nuances évocatrices avec la photographie mythique du Che, y livre, sans détour, la complexité de cette personnalité charismatique.

Avec en fond sonore envoûtant, le chant des cigales au cœur de la nuit bolivienne, les deux comédiens vont, dialectiquement, s’affronter dans une joute socio-philosophique haut de gamme méritant, sans réserve, la célébration de l’auteur argentin José Pablo Feinmann et, en la circonstance, sa traductrice et adaptatrice Marion Loran.

Comment, au travers l’interrogation d’un journaliste contemporain, ayant décroché une bourse de la fondation Guggenheim, avec l’objectif de mener à bien un projet de thèse concernant les 48 dernières heures de vie du Che, succédant à l’arrestation et précédant l’exécution, y recueillir les réelles motivations du révolutionnaire universel le plus emblématique?

C’est, donc, en jouant au jeu de la vérité au rythme du compte à rebours vers la solution finale dictée par la C.I.A. sous le règne présidentiel de Lyndon Jonhson, que la reconstitution de confidences fictives au tribunal de l’Histoire avance en flash back vers le destin qu’ « El comandante » s’était choisi délibérément:

Libérer le peuple de l’impérialisme colonisateur en l’incitant à prendre les armes contre son oppresseur.

Cependant même Fidel Castro cherchera, en vain, à orienter son compagnon de lutte dans une démarche politique structurée de préférence à des opérations commandos qui ne faisaient que renvoyer dos à dos la violence de l’asservissement à la violence meurtrière.

A notre époque où les populations tentent de se libérer du joug des dictateurs avec l’appui opportun des nouvelles technologies médiatiques, ce duel idéologique recadré dans une perspective théâtrale, pouvait faire figure d’une métaphore en temps réel.

Dommage vraiment que le jury des Molières 10-11 n’ait cru bon retenir cette option réflexive, et ô combien pédagogique, au premier tour de son choix électif.

Theothea, le 24 mars 2011

PAS D'INQUIETUDE

de  Virginie Hocq

mise en scène: Marie-Paule Kumps

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Théâtre du Petit Montparnasse

Tel: 01 43 22 77 74

 

         photo © Cécile HUET

       

« Pas d’inquiétude » ! Virginie Hocq est une vraie gentille. D’ailleurs, si elle met la pression avec la fameuse « page 27 » du script de son one woman show, ce n’est pas tant pour éviter d’affronter seule la « gerboulade » sur la scène du Petit Montparnasse que pour susciter un suspens jusqu’aux rappels de son 4ème spectacle.

En pratique sur les planches, pour agrémenter les changements d’accessoires, Riri son technicien attitré veille au grain, en acceptant volontiers de simuler un sympathique partenariat scénographique, voire davantage si affinités !…

Bien entendu, à l’issu de ce compte à rebours paginé, un spectateur coopératif finira par monter sur scène pour jouer les Roméo avec cette Juliette de très bonne composition, mais a contrario des tendances provocatrices à la mode, la jeune humoriste belge n’aura pas à forcer sa nature bienveillante pour roucouler sur le registre de la (com)passion.

Un bestiaire imaginaire semblerait faire l’objet de ses fantasmes artistiques jusqu’à engendrer, à partir de ses imitations animalières, un véritable recueil de fables ad « Hocq ».

De la parodie de la chirurgie esthétique jusqu’à la nymphomanie, de la dégaine du clown d’Hôpital à celle du manchot, voilà une « Artura Brachetta » ayant terrassé le trac en le qualifiant de « gerboulade »; c’est tout elle çà, La Virginie qui se plaît à faire la grenouille autant que l’autruche !…

Souple comme une gazelle, la comédienne affectionne de flirter avec les stigmates de la vulgarité pour en retourner le gant, côté charme poétique.

Elle semble glisser sur les revers de la médiocrité comme une jongleuse ferait ses gammes avec des paillettes chorégraphiques plein les yeux.

Débordante d’énergie positive, la performeuse contrôle ses transes hystériques pour en communiquer au public, le suc d’une sève revigorante.

Oui, Virginie Hocq a tout d’une grande…. à l’exception de la taille du costard !…

Theothea le 25/03/11

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Conservatoire - Atelier Hans Peter Cloos - photo © Theothea.com 

       

   

   

             

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