Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

16ème  Saison     Chroniques   16.001   à   16.005    Page  275

 

    

           

Joan Baez à la Fête de l'Huma 2011

         

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ENTRE DEUX ILS

de  Isabelle Cote

mise en scène:  José Paul & Agnès Boury   

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Théâtre de l'Oeuvre

Tel:   01 44 53 88 88   

 

          photo ©   Bruno Perroud  

   

« Je reste convaincu en effet que respecter et mettre l'Autre en valeur, c'est déjà se respecter soi-même ». Ainsi s'exprime José Paul, le metteur en scène de la troisième pièce écrite par Isabelle Cote, par ailleurs également comédienne.

Claire, Rémi et David forment un trio d’antihéros contemporains que les failles de la vie vont nourrir utilement plutôt que de les laisser s'abattre par l'adversité.

« Je suis persuadée que c'est au cœur de notre petitesse que se révèlent notre dignité et, ô paradoxe, notre grandeur ». L'auteure complète, ainsi, dans le dossier de presse, la portée intimiste et symbolique de son écriture théâtrale.

En compagnie de ces trois personnages poétiques, le spectateur va faire chemin dans les subtilités contradictoires des relations humaines dont la clef pourrait être l'intuition et l'empathie.

C'est la littérature et le monde des livres qui serviront de cheville ouvrière à leurs démarches respectives pour tenter de donner du sens au chaos existentiel qui les guette.

« Viens chez moi, j'habite chez un copain », voilà le lien physique qui les réunit ou les distancie dans cette librairie de quartier qui sent bon les ouvrages de référence, recommandables au "mieux-être" pratiqué comme méthode Coué.

Elle et eux se cherchent, à tâtons, dans l'entre-deux d'un temps suspendu au-dessus des traumatismes de la vie affective.

Ainsi, Lysiane Meis, Bernard Malaka & Eric Savin font équipe autour de José Paul & Agnès Boury qui maintiennent l'irréductibilité de l'être humain à son alter ego, tout en l'authentifiant solidaire de son semblable.

Débuter cette nouvelle saison théâtrale avec « Entre deux Ils », c'est comme entrer en phase avec les harmoniques intimes du non-dit exprimé dans une langue châtiée.

Theothea le 03/09/11

FANTASMES DE DEMOISELLES

de  René de Obaldia

mise en scène:   Pierre Jacquemont

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Théâtre 14

Tel:  01 45 45 49 77   

 

          photo ©   Lot  

       

« Cherche un homme » comme ceci ou comme cela, au diapason des désidératas de ces dames envoûtées par le charme qu'elles prêtent au Prince charmant ! Ainsi, pourraient s'égrenner en de multiples petites annonces, dans les journaux ou désormais sur Internet, les rêves qui les hantent.

Voilà bien, sujet de poème et prétexte à comédie musicale que René de Obaldia confie à Lionel Privat alors que Pierre Jacquemont orchestre l'ensemble en une farce onirique transportant la parodie des sentiments au royaume du burlesque.

Manon Landowski, en égérie, mène la danse et le chant; Laurent Conoir, délaissant provisoirement Mehdi Bourayou, son « demi-frère » à la scène, se magnifie dans le travestissement haut de gamme; Isabelle Ferran emboîte moultes portraits fantasques pendant que le metteur en scène compose discrètement le quatrième larron de ce quatuor plein de verve, de feeling et de musique à décrocher la lune.

Un spectacle destiné à faire fantasmer tous ceux qui sont enclins à rechercher l'âme sœur, tout en sachant que le Père Noël n'existe que pour ceux qui le désirent avec engouement.

Theothea le 09/09/11

L'HOMME INUTILE OU LA CONSPIRATION DES SENTIMENTS

de  Iouri Olecha

mise en scène:   Bernard Sobel

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Théâtre de la Colline

Tel:  01 44 62 52 52

 

          photo ©  Elisabeth Carecchio

   

Une lampe à incandescence qui, à l’instar de la servante, accompagne la pièce, éclatera en fin de partie, tel un fracassement dans la tête de Nicolas Kavalerov, personnage dostoïevskien, intellectuel qui doute, l’Homme qui se trouve inutile, pris en sandwich entre deux frères ennemis représentant les deux pôles antagonistes de la société de ce début du 20ème siècle.

Miroir de Iouri Olecha, l’auteur de cette pièce russe créée en 1929, Karavelov se débat, s’étrangle entre, d’une part, les forces ascendantes de l’avenir social représentées par Andreï, le fabriquant socialiste de saucisses et d’autre part, les résistances tournées vers le passé qui respecteraient les passions et les sentiments individuels affichés en étendard par Ivan, le frère clochardisé et marginal d’Andreï.

En conflit permanent avec lui-même et en proie à cet antagonisme schizophrène du passé et du futur pouvant aliéner son être, Victor Minne joue le personnage de Karavelov d’une manière très expressionniste, révélant les affres du combat intérieur, tout en crevant d’envie de réussite.

Celui-ci se sent en permanence écrasé par Andreï Babitchev, alias l’élégant Pascal Bongard, lequel va de l’avant, veut créer l’immense cantine qui servira des plats standardisés, le saucisson à 25 kopeks pour tous.

Cependant, le même se sent broyé par le « fou » à l’oreiller, Ivan Babitchev, alias le très farcesque John Arnold, nostalgique du 19ème siècle et égaré dans ce nouveau monde mais qui, néanmoins, pousse Karavelov à tuer ce frère à l’esprit de masse.

En ouverture de la pièce, un néon illumine le rideau par sa promotion de « Marx Donald ».

Le metteur en scène va mettre l’accent sur une opposition majeure, une oscillation permanente, un sempiternel flottement.

Il juxtapose les trois postures qui ne parviennent jamais à une unité de sentiments, chacun restant sur ses positions; d’où une mise en scène assez chaotique au diapason des nombreux déplacements des escaliers mobiles devant une construction cubiste et sombre, se révélant plutôt laborieuse avec de longs monologues souvent répétitifs.

Bernard Sobel, l’ex-directeur de Gennevilliers, nous avait déjà fait découvrir l’auteur en créant « le Mendiant ou la mort de Zand » dans ce même Théâtre de la Colline en 2007, dans une mise en scène flamboyante.

Cat.S - Theothea.com le 16/09/11

RENE L'ENERVE

   

de & mise en scène:   Jean-Michel Ribbes

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Théâtre du Rond-Point

Tel:  01 44 95 98 21

 

          ©  Stéphane Trapier  

     

Jean-Michel Ribes jouerait-il sa tête directoriale avec son sulfureux René, alias le "chef du pays" ?

En tout cas l'auteur, metteur en scène et donc mandataire depuis 10 ans du Théâtre du Rond-Point, n'y va pas avec le dos de la cuillère face au Pouvoir politique dont il apprécie, à sa juste mesure, le degré d'acculturation.

Cependant la prise de position artistique du créateur s'accompagne d'une approche psychologique maligne qu'il met au service d'un improbable double présidentiel se présentant comme l'ombre tutélaire d'un surmoi fort providentiel.

Ainsi débarrassé d'une partialité néfaste à la plus haute incarnation de l'état, le démiurge peut, en toute quiétude théâtrale, laisser libre cours à ses ressentiments idéologiques et autres intuitions imaginaires, en suscitant la conviction que les aléas de la fonction suprême sont les seuls responsables des dérives caractérielles liées à la neutralisation des contre-pouvoirs institutionnels.

En outre, comme la charge n'épargne aucunement ses adversaires politiques, la caricature bat son plein de délire fictionnel au cœur d'une réalité fort suggestive à l'issue du quinquennat actuel.

Alors René qui, tel le Phénix renaîtrait de ses cendres ou, en l’occurrence, de ses contradictions successives, fait bonne figure, en ce verlan opportuniste d' « énervé »; ce qui pourrait se comprendre, également, comme le « vé » de la victoire sur un « René » judicieusement inversé.

Ainsi, paré sur sa droite, de « René » et sur sa gauche, de l'« énervé », Jean-Michel Ribes peut allègrement confondre les deux facettes de son antihéros en un sublime Opéra-bouffe dont la qualité des voix n'aura d'égale que la richesse de sa composition musicale.

Il resterait à l'auteur le soin de composer, avec son adresse coutumière, des répliques à la hauteur des « cons de la Nation » qui puissent se situer dans la veine de ses célèbres « Brèves de comptoir ».

Paradoxalement en retrait sur ce terrain des bons mots, les perles sont davantage à découvrir dans le choc monomaniaque que les divers protagonistes suscitent au gré de leur incompétence notoire et de leurs lacunes respectives.

Véritable portrait en creux d'une schizophrénie collective qui s'est répandue à la vitesse de l'éclair, tel un virus numérique, sur une société qui semblait, cinq années plus tôt, sortir d'une léthargie paralysant ses organes vitaux, l'opérette va se conclure sur un significatif « Nous n'en voulons plus !...» qui réjouira le peuple des aficionados de Ribes mais qui en laissera plus d'un perplexe sur le parti qu'il doit en prendre.

Bravo, monsieur le démiurge, d'avoir apporté le trouble au sein des consciences ainsi tourneboulées par l’esbroufe récurrente du Pouvoir. Le Rond-Point compte sur vous pour le quinquennat suivant.

Theothea le 15/09/11

COLLABORATION

de  Ronald Harwood

mise en scène:   Georges Werler

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Théâtre des Variétés

Tel: 01 42 33 09 92  

 

          photo ©  Theothea.com  

   

D'une saison à l'autre, du « Dîner de cons » à « Collaboration », d'un duo comique à un autre tragique, le Théâtre des Variétés ose la distanciation des genres dans la perspective de remplir sa jauge au mieux de la géométrie opportuniste du public.

Sans doute les trois Molières 2011 du « Repas des fauves » au Théâtre Michel ont-ils suffisamment balisé l'air du temps durant la totalité de la saison précédente, pour qu'une pièce comme « Collaboration » destinée a priori, par exemple, au Théâtre Montparnasse, puisse désormais prétendre faire le plein avec succès sur les Boulevards....

Signe des temps donc où le plébiscite du rire pourrait dignement s'effacer au profit de la prise de conscience, qu'au sein d'une période trouble, chacun devrait composer avec ses valeurs morales de façon à rester debout, malgré les menaces de l'adversité.

En effet, il serait fort incomplet de relater le contexte d'une nazification d'abord rampante avant que de devenir explicite, lors des années 30-40 du XXème siècle pour annoncer l'impact que le tandem Michel Aumont – Didier Sandre va imprimer dans la présente conscience collective, sans faire référence au terrain propice actuel concernant toutes les formes d'indignation.

La famille, l'amitié, l'amour devraient-il faire les frais de compromis mal taillés face aux banqueroutes de la morale et de l'équité confrontés aux pressions des enjeux politiques et financiers mondialisés ?

La créativité de l'artiste devrait-elle s'effacer devant la raison d'état ou pire face aux spéculations personnelles de quelques dirigeants mégalomanes accrochées aux profits de leurs destinées ?

Alors Richard Strauss & Stéfan Zweig d'une part, Gobbels & Hitler d'autre part, pourraient-ils s'incarner symboliquement en témoins repères du spectacle toujours vivant que le XXIème siècle ferait siens pour conjurer tous les maux pressentis à l'aube de la révolution annoncée des masses numériques.

C'est ainsi qu' « au jour d'aujourd'hui », la pièce de Ronald Harwood devrait prendre un sens mobilisateur afin que les comédiens, fiers de leurs performance, puissent ressentir la pertinence artistique d'une mission salvatrice à l'égard de leurs contemporains avant même que d'être récompensés par des nominations plus que probables aux Molières 2012.

Theothea le 16/09/11

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