Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

16ème  Saison     Chroniques   16.041   à   16.045    Page  283

 

   

     

       

     

         

64ème Festival de Cannes 2011

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L'ANNEE DE LA PENSEE MAGIQUE

de  Joan Didion 

mise en scène:  Thierry Klifa   

****

Théâtre de l'Atelier

Tel: 01 46 06 49 24  

 

        photo  ©  Theothea.com 

     

Côté pile, Vanessa Redgrave et côté face, Fanny Ardant ! Deux immenses actrices lancées comme un pont entre les deux rives de l’Océan pour amarrer la pensée magique aux bouées d’un imaginaire intercontinental, salvateur.

Si le roman autobiographique de Joan Didion évoque le travail de deuil, lié à deux décès au plus proche de l’auteure, le véritable flux incandescent qui s’en dégage est en phase constructive avec l’œuvre agencée par la pensée magique, celle qui place le conditionnel à l’origine du succès escompté.

Si un mari vous quitte brusquement à l'instant de passer à table, si votre enfant pareillement s’éloigne progressivement dans un coma hospitalier, c’est que l’heure a sonné de solder les comptes d’une vie familiale en autarcie heureuse.

Mais de quelle heure s’agit-il ici ? Celle de la mort sans crier gare, celle de la maladie insidieuse ? A vrai dire, tout autant les deux à la fois, bien que celle de la brusquerie a le don détestable de déstabiliser, instantanément, tous les repères de la valorisation de soi-même.

Passé, donc, le temps du groggy à point nommé, Joan se met à rassembler toutes les forces éparses d’un esprit torturé par la dénégation radicale face à une réalité impossible à concevoir.

En effet, qu’adviendrait-il des jours heureux, si l’unique rescapé du trio ne pouvait être à la hauteur du souvenir de ces deux êtres chers, en voie de disparition ?

Seulement en voie ? Sans doute et c’est précisément là que devrait abdiquer, sans mot dire, toute velléité de rationalisme intempestif, car la clef inventée spontanément par Joan, confrontée à l’adversité implacable, c’est de contourner celle-ci, habilement, tout en enrobant dans la vertu de la pensée magique, celle-là même qui annonce : « Si tu fais cela, ceci arrivera très certainement car c’est déjà arrivé précédemment… ».

Ainsi, aux confins du trouble obsessionnel compulsif, l’auteure s’invente, au fur et à mesure de l’absence incompréhensible, toute une panoplie de rituels à observer scrupuleusement afin d’attribuer toutes ses chances au retour inopiné d’un mari, bien vivant et pourquoi pas, pareillement, à celui de leur enfant !

Cela va effectivement durer une année, pendant laquelle toutes les ruses de la stratégie maligne vont effectuer leur danse de l’espoir fou jusqu’à ce que tout à coup, dans un endroit improbable, sur le tarmac d’un aéroport en plein désert, Joan va être touchée par la révélation salvatrice d’une faucheuse enfin conjurée, ayant laissé, de surcroît, la voie libre à un rapprochement assumé des chers disparus.

Que de chemin parcouru, en plein désarroi sous le joug des pulsions irrationnelles, jusqu’à, enfin, parvenir à la reconstruction de soi-même, fort d’une confiance en l’amour plus forte que l’abandon trompeur, quand bien même aurait-il été subi(t).

Une véritable leçon de vie assumée jusque dans les moindres frémissements de la voix venue d’ailleurs, celle bien entendu de Fanny Ardant, en apothéose de sa propre magie.

Theothea le 22/11/11

LE PARADIS SUR TERRE

de  Tennessee Williams 

mise en scène: Bernard Murat  

****

Théâtre Edouard VII

Tel: 01 47 42 59 92  

 

         photo  ©  Theothea.com 

              

A deux jours de la dernière et par-delà les interruptions de quelques représentations pour cause de malaise, le trio de ce Paradis, en première à Paris, était sur le point d’atterrir via une retransmission télévisée en direct de son ultime performance scénique.

Ainsi à J-2, le compte à rebours était déjà lancé, en rendant opérationnelle les diverses équipes techniques dévolues à cette captation qui ferait témoignage, à jamais, de la première expérience théâtrale de Johnny Hallyday ayant duré un peu plus de 2 mois à l’affiche du Théâtre Edouard VII.

Dans quelques minutes donc, Chicken ferait son apparition, d’abord cinématographique, suivie de son entrée en scène, live, alors que le cyclone menace sur le delta du Mississipi.

Loth, son demi-frère en compagnie de Myrtle, son épouse le rejoindront rapidement aux abords de la maison familiale.

Quelque chose de Tennessee flotte sur le décor de Nicolas Sire puisque d’emblée l’atmosphère semble pesante, poisseuse et pleine de sous-entendus.

Si le public vient observer et apprécier la prestation de Johnny Hallyday, 68 ans, sorti du coma une année auparavant, c’est, en fait, l’inconnu Jean-Philippe Smet qui descend de l’écran pour incarner la part sombre des deux demi-frères en présence.

Charge à Julien Cottereau d’en dévoiler la face positive à moins que ce ne soit, à fronts renversés, que ces deux-là osent s’affronter en présence d’Audrey Dana qui, elle, n’ayant pas peur des maux, est non seulement la cheville ouvrière de toute la pièce mais se trouve, de fait, déléguée par la mise en scène de Bernard Murat comme protectrice de ses deux partenaires, alors même que leurs rôles les contraignent, paradoxalement, à lui rendre la vie infernale.

Littéralement écartelée par les motivations contradictoires des demi-frères, Myrtle bat la mesure d’une intrigue à couper le souffle de vie.

Si jamais le talent, c’était avant tout, de savoir mettre en valeur celui des autres, alors il est manifeste qu’Audrey Dana, qui a su payer de sa personne en transgressant ses propres forces jusqu’à l’hypoglycémie, devrait, au terme de ce parcours remarquable et, manifestement remarqué, être élevée au rang distingué des Molières à venir.

Pour sa part, Julien Cottereau semble posséder, grâce à sa pratique du cirque, cette force d’adaptation permettant de moduler, à souhait, l’énergie à transmettre.

Quant au comédien Jean-Philippe Smet, s’il a quelque chose de Hallyday, ce n’est certes pas, en tant que sosie de Johnny, mais plutôt comme cet interprète, es qualités, qui n’aurait pas encore su découvrir tout son potentiel de « jeu » théâtral.

Coup de maître du chanteur ! Coup d’essai du comédien ! Les deux ne font, désormais, plus qu’un seul artiste toujours en devenir…. Et assurément, pourquoi pas sur les planches, à nouveau ?

Theothea le 18/11/11

MON MEILLEUR COPAIN

de  Eric Assous 

mise en scène:  Jean-Luc Moreau   

****

Théâtre des Nouveautés

Tel: 01 47 70 52 76  

 

         photo  ©  Theothea.com 

   

Pour son coup d’essai sur les planches, Dany Brillant se taille un costume de maître en culot et autres outrecuidances qui lui permettent d’incarner le personnage de Bernard en ne s’embrassant d’aucun scrupules afin de tenter de maintenir sa propre honorabilité.

Philippe (Roland Marchisio), censé être son meilleur copain en deviendra peu à peu le bouc émissaire, chargé de prendre les coups, en lieu et place, jusqu’à en devenir la victime non consentante.

Trois jeunes femmes (Murielle Des Aunay, Juliette Meyniac & Aude Thirion), davantage complices que rivales suivront les méandres de ces mensonges et autres arrangements avec la fidélité, dans une perplexité qui se transformera rapidement en révolte conjugale générale.

Jusqu’où aller trop loin dans la mauvaise foi avec la perspective de ne sauver les apparences qu’à ses propres yeux, tel va devenir l’enjeu farcesque d’un quintet exaspéré par l’ascendance imposé par celui d’entre eux qui ose ne douter de rien et surtout pas de lui-même ?

Car, de surcroît, derrière son inventivité excentrique qui mêle son copain à un système de défense fuyant, sans cesse, de partout, Bernard pourrait, aussi, devenir le plus malheureux d’entre les cinq.

C’est effectivement ce qui le rend sympathique au regard empathique des spectateurs qui en redemandent dans l’escalade du bluff et de la fanfaronnade.

A la manière d’un Aldo Maccione, qui aurait pris des cours de rattrapage en mauvaises manières, Dany Brillant arpente la scène des Nouveautés en haranguant tour à tour chacun de ses partenaires, de façon à imposer sa loi, c’est-à-dire celle de la séduction mytho maniaque…. jusqu’à ce que celle-ci fasse, enfin, long feu.

Tenté, alors, de se dévaloriser à l’extrême, dans un mouvement de balancier vers la dénégation de soi, Bernard sera rappelle par Eric Assous au happy end d’une comédie boulevardière, bien en prise avec son époque, tellement aimantée par l’égocentrisme forcené.

Comme, à l’accoutumé, Jean-Luc Moreau tire les marrons du feu amoureux, en confectionnant un emballage cadeau à la hauteur de toutes les festivités à transgresser.

Theothea le 30/11/11

TOUT EST NORMAL MON COEUR SCINTILLE

de & par Jacques Gamblin

mise en scène:  Anne Bourgeois   

****

Théâtre du Rond-Point

Tel: 01 44 95 98 21  

 

         photo  ©  Giovanni Cittadini Cesi

           

Tout est normal au Théâtre du Rond-Point, Alfredo Arias joue masqué en PINE (Policière-Infirmière-Nonne-Evaluatrice) cachée derrière l’un des truismes de Marie Darrieussecq, alors qu’aux mêmes dates Jacques Gamblin précède le dramaturge argentin dans la salle Renaud-Barrault en se faisant la tête d’un rêveur décalé du monde de l’absurde poétique.

Penser que cette succession concomitante au sein de la programmation théâtrale de Jean-Michel Ribbes relèverait de la contingence hasardeuse, ne ferait pas grand cas de la malice créative et néanmoins directoriale.

En effet, si en se plaçant résolument en équilibre instable sur le fil de la séduction amoureuse, Jacques parvenait à se hisser à la hauteur d’étoiles dansantes telles que Claire Tran et Bastien Lefèvre viendraient lui répliquer leur état de grâce communicative, c’est que nécessairement la truie d’Alfredo ne devrait pas être, dans les deux heures suivantes, en reste sur le terrain du charme concocté.

Stratégie ô combien gagnante, car ainsi, en posant des problématiques formelles sans commune mesure, ces deux spectacles s’affronteraient, de fait, sur le fil du funambule alors même que leur balancier respectif ne cesserait, pour chacun, d’osciller entre malignité de l’inconscient et humour latent.

Certes, l’enjeu esthétique pourrait déterminer d’aucuns spectateurs à choisir, a priori, celui-ci plutôt que celui-là mais, en revanche, le pari artistique consisterait à imaginer que l’émulation chronologique pourrait fasciner leur envie au point de rendre les vases de l’imaginaire, communicants.

C’est pourquoi, Alfredo Arias & Jacques Gamblin mèneraient, de concert, un même combat, celui du charisme qui emporte la légèreté de l’être, au-delà des limites de la raison.

Theothea le 19/11/11

TRUISMES

de Marie Darrieussecq

mise en scène: Alfredo Arias  

****

Théâtre du Rond-Point

Tel: 01 44 95 98 21   

 

         photo  ©  Giovanni Cittadini Cesi

       

Tout est normal au Théâtre du Rond-Point, Alfredo Arias joue masqué en PINE (Policière-Infirmière-Nonne-Evaluatrice) cachée derrière l’un des truismes de Marie Darrieussecq, alors qu’aux mêmes dates Jacques Gamblin précède le dramaturge argentin dans la salle Renaud-Barrault en se faisant la tête d’un rêveur décalé du monde de l’absurde poétique.

Penser que cette succession concomitante au sein de la programmation théâtrale de Jean-Michel Ribbes relèverait de la contingence hasardeuse, ne ferait pas grand cas de la malice créative et néanmoins directoriale.

En effet, si en se plaçant résolument en équilibre instable sur le fil de la séduction amoureuse, Jacques parvenait à se hisser à la hauteur d’étoiles dansantes telles que Claire Tran et Bastien Lefèvre viendraient lui répliquer leur état de grâce communicative, c’est que nécessairement la truie d’Alfredo ne devrait pas être, dans les deux heures suivantes, en reste sur le terrain du charme concocté.

Stratégie ô combien gagnante, car ainsi, en posant des problématiques formelles sans commune mesure, ces deux spectacles s’affronteraient, de fait, sur le fil du funambule alors même que leur balancier respectif ne cesserait, pour chacun, d’osciller entre malignité de l’inconscient et humour latent.

Certes, l’enjeu esthétique pourrait déterminer d’aucuns spectateurs à choisir, a priori, celui-ci plutôt que celui-là mais, en revanche, le pari artistique consisterait à imaginer que l’émulation chronologique pourrait fasciner leur envie au point de rendre les vases de l’imaginaire, communicants.

C’est pourquoi, Alfredo Arias & Jacques Gamblin mèneraient, de concert, un même combat, celui du charisme qui emporte la légèreté de l’être, au-delà des limites de la raison.

Theothea le 19/11/11

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