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16ème  Saison     Chroniques   16.056   à   16.060    Page  286

 

    

           

     

         

64ème Festival de Cannes 2011

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LA LOI DU MARCHEUR

de  Nicolas Bouchaud 

mise en scène:   Eric Didry   

****

Théâtre du Rond-Point

Tel: 01 44 95 98 21   

 

        photo ©  Giovanni Cittadini

   

De « La loi du marché » à « La loi du marcheur » s’interfère ce jeu de mots, emprunté à Jean Douchet à propos de Serge Daney, illustrant toutes les différences entre ciné-consommateur et citoyen du 7ème art, engrangeant sa découverte des films sur une carte de géographie virtuelle où chaque élément ferait partie d’un grand tout de la connaissance intuitive.

Ainsi, l’une des vertus de la marche serait de créer un espace temps spécifique permettant d’appréhender sa relation au monde dans une immédiateté existentielle à nul autre substitut préfabriqué.

Le cinéma, à l’encontre d’une télévision toujours réductrice dans sa perception factice, serait porteur de cette opportunité à entrer en résonnance subjective avec l’écran, ici et maintenant, au sein d’une démarche partagée collectivement.

Cette création du temps à soi reconquis sur celui de la réalité indifférenciée constituera la motivation essentielle du passeur de références cinétiques s’inscrivant dans une chaîne analytique du savoir être.

Reprenant à son compte ce legs original, Nicolas Bouchaud crée un spectacle dont il serait tout à la fois, le messager et l’interprète, occupant l’attention des spectateurs au point que ceux-ci pourraient croire que le comédien leur parle, en son nom propre.

Projection théâtrale littéralement détonante car loin de toute imitation ou autre incarnation du célèbre critique de cinéma décédé à 48 ans du SIDA, l’acteur joue l’instantanéité d’une conférence qui, avec pertinence, pourrait être mise au programme de « La Leçon de cinéma » du Festival de Cannes.

A la fois spectateur lambda, émissaire, pédagogue, socio philosophe, l’acteur pense en temps réel et à haute voix ce que le critique a voulu transmettre d’un patrimoine cinématographique où le spectateur serait partie prenante.

Qu’importe d’ailleurs le genre, du western à la comédie musicale en passant par celui de l’intériorité cérébrale, du court au long métrage, tout format de pellicule pourrait faire le miel du cinéphile, pourvu que celui-ci en fasse une implication active et mémorielle.

C’est pourquoi, en marathonien de la dialectique tout autant qu’en « performer » jouant avec l’image de Rio Bravo projetée en toile de fond, Nicolas Bouchaud a rendez-vous avec son public pour la dernière séance de Serge Daney…. celle du passage de témoin.

Theothea le 03/12/11

UN TRAMWAY

de  Tennessee  Williams 

mise en scène:  Krzysztof  Warlikowski 

****

Théâtre de l'Odéon

Tel:  01 44 85 40 40  

 

       photo © Pascal Victor / ArtComArt

         

Huppert culte ?  Alors, Isabelle, forcément uppercut… avec à la clef, hyper-coupe du « désir » nommé Tramway !

Huppert, à jamais offerte, jambes écartées comme sur des roulettes pour une entrée en légende déboussolée… dans la désolation psy.

Isabelle, blonde à pic… à l’instar de Marilyn U.S.A. avec un quelque chose de Tennessee sur terre… sans le Paradis.

Si le personnage de Blanche n’est pas « l’Oncle d’Amérique », il pourrait en être la version négative du paysage mental que Krzysztof Warlikowski apporte, à la Diva française, sur un plateau… assurément, celui de l’Odéon, en gage iconoclaste d’Olivier Py au Théâtre de l’Europe.

De la Nouvelle-Orléans aux Champs-Elysées, beaucoup plus qu’un symbole culturel, une véritable partie de jambes en l’air de rien… vers des références en paillettes servies sur canapé, Flaubert, Dumas, Wilde, Roy, Platon, Sophocle, Coluche et tutti quanti… avec comme flamboyant dénominateur, Wajdi Mouawad.

Tel un caisson mobile de plexiglas faisant office de zoom au bowling des morts vivants, place à l’hystérisation des mœurs, en marge des rails de la dépression vers l’orgie des autres.

En effet, qu’ils s’appellent Stanley (Andrzej Chyra) le beau-frère, Stella (Florence Thomassin) la sœur ou Mitch (Yann Collette) le prétendant velléitaire… tous n’auront que le « Help ! » du Hard-Rock à opposer à une psychiatrisation mondialisée de la société humaine… en mal de ses relations d’Amour.

Alors, sur la bande son, se succèdent, en transit, les songs in extenso: « Common people », « All by myself » et « Follow me », alors qu’au micro HF, détone rauque et à plein tube, la chanteuse Renate Jett… en concert public.

Sur les surfaces réfléchissantes de la scénographie, l’image « live » des caméras scrute l’expression des visages dans un balayage de la dernière chance… celle, notamment, qui ferait de Blanche, la première à terrasser le « surmoi » alors qu’Isabelle Huppert, à elle seule, est en train de réaliser cet exploit, in vivo et en temps réel, face à tous les spectateurs, médusés d’une telle audace.

OK ! « Un Tramway » est un Opéra pop-schizo, à haute technologie embarquée, qui, paradoxalement, replace la folie des autres au cœur de soi-même.

Forcément uppercut et donc… définitivement, Huppert culte !

Theothea le 10/12/11

L'EPREUVE &  LES ACTEURS DE BONNE FOI

de  Marivaux 

mise en scène:  Agathe Alexis  &  Robert Bouvier  

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Théâtre de l'Atalante

Tel: 01 46 06 11 90  

 

         photo  ©   Fabien Queloz 

     

Au théâtre de l’Atalante sont rassemblées deux courtes pièces de Marivaux, en un acte, l’une « l’Epreuve » mise en scène par Agathe Alexis à laquelle succède «  les Acteurs de bonne foi » mise en scène par Robert Bouvier (directeur de la compagnie du Passage).

Les mêmes acteurs font partie des 2 pièces dont Guillaume Marquet, moliérisé en 2011 en qualité de jeune talent masculin.

Dans les deux pièces, les valets sont chargés de jouer la comédie dans la comédie; leur rôle est essentiel pour démasquer les faux-semblants et faire éclater la vérité. Par leur intermédiaire, les maîtres testent les sentiments amoureux.

Dans « l’Epreuve », Lucidor, aristocrate argenté, va demander à son valet Frontin de se travestir en pseudo marquis et de courtiser Angélique afin de tester l’amour que celle-ci lui porterait et être sûr des sentiments qu’elle éprouve, car ne l’aimerait-elle pas, en effet, plutôt pour ses biens ? Plus que du marivaudage, nous avons affaire ici à un marchandage machiavélique, car si Lucidor avait la preuve d’un intérêt quelconque pour sa fortune, il y a fort à parier que cela contrarierait son propre élan amoureux, il préfère donc soumettre une épreuve à l’élue de son coeur.

Le déguisement de Frontin (étincelant Frank Michaux) est là pour brouiller les cartes entre le maître et le valet, élever illusoirement ce dernier à un rang social auquel il n’appartient pas et se servir de ce stratagème pour manipuler les cœurs. Jusqu’où pousser le jeu du simulacre au risque de tout saborder, et entraîner la confusion dans les sentiments d’autrui. Cependant, c’est au prix d’un tel risque que la vérité éclatera dans une danse sensuelle des corps entre Lucidor (Robert Bouvier) et Angélique (Marie Delmarès), frimousse lumineuse et émouvante à la Jean Seberg, dans une robe vichy très années 60 et ballerines, et qui vole, aérienne, soulagée, après la colère et la crise de larmes (chorégraphie Claire Richard).

Les comédiens, dans une mise en scène très maîtrisée d’Agathe Alexis, excellent de vivacité et de pétulance.

« Les Acteurs de bonne foi »  relèvent du théâtre dans le théâtre, une forme qui implique le va-et-vient entre la scène et la réalité.

Dans cette pièce, également, le théâtre est le sujet d’une controverse qui est à deux doigts de faire dévier la réalité des sentiments, quand Eraste (Guillaume Marquet) décide, sur une idée de sa tante, de faire jouer une comédie à son valet, Merlin, afin de distraire sa future belle-mère, Madame Argante (Maria Verdi).

Les répétitions de ce nouveau jeu de l’amour provoquent une belle pagaille, la plupart des acteurs ayant du mal à s’y retrouver entre la fiction et la réalité. Merlin joue en effet l’amoureux éperdu auprès de Colette, la fille du jardinier, qui dans la vraie vie est promise à Blaise, le fils du fermier, alors que lui, Merlin, est engagé auprès de Lisette (très malicieuse Nathalie Jeannet), la suivante d’Angélique.

Cette 2ème pièce est un peu plus confuse dans une mise en scène de Robert Bouvier. Le démarrage est plus brouillon. On y retrouve la même distribution et, en plus, des comédiennes d’expérience, telles Agatha Alexis et Nathalie Sandoz.

Dans les deux pièces, la confusion entre fiction et réalité, soit par le travestissement, soit par le théâtre joué par des personnages qui n’ont pas assez de « culture » pour décrypter l’illusion, pourrait entraîner un psychodrame et faire chavirer les vrais sentiments. Pourquoi joue-t-on ainsi à se faire peur ?

Chez Marivaux, tout se qui pourrait mal finir vire à la comédie et se termine bien. Le jeu est surtout une interrogation pour élucider, éclaircir l’être et le paraître et comme dans la pure tradition de la Commedia dell’arte, les déguisements et le jeu théâtral servent à faire tomber les masques.

Ces deux courtes pièces très envolées sont un régal. Une grâce s’en dégage grâce à d’excellents comédiens, dans des costumes mêlant le 17ème siècle, tel que les peignait Watteau et les années soixante, aux robes gonflées qui tourbillonnent. Une réussite et beaucoup de charme.

Cat.S / Theothea.com, le 15/12/11

DANS LA FOULE

d'après Laurent Mauvignier 

mise en scène: Denis Podalydès  

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Théâtre du Conservatoire

 

         photo  ©   Theothea.com 

     

     

LIZ MC COMB

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Espace Cardin

 

         photo  ©   Theothea.com 

           

Un concert de Liz Mc Comb se présente, assurément, comme une promesse enivrante de Gospel, de Blues et de Soul music par une des valeurs du Jazz américain, les plus appréciées sur le vieux continent.

Aussi, deux heures et demie après que la chanteuse est rentrée sur la scène de l’Espace Cardin dans un halo de lumière blanche, en présence du ministre de la culture, cette perspective aura mué en immense satisfaction, tellement l’artiste se sera donnée sans compter à un répertoire transportant par-delà les rives de son Mississipi natal, depuis les origines culturelles chantées en famille jusqu’aux confins légendaires des solos de Ray Charles et de James Brown.

Entourée par huit musiciens d’une qualité à décoiffer les racines du Rock & Roll, la dame s’installe au piano côté jardin alors qu’en vis à vis, côté cour, Bobby Fann se place face à un orgue à trois claviers superposés.

Ainsi, dirigé par un tel binôme à la mémoire ancrée au sein de l’histoire des chorales d’église et du Negro-spirituals, le groupe va s’animer en un feeling charnel, où tous semblent accorder leur rythme à une force surnaturelle, ô combien présente en chacun d’eux.

Sur « When the saints…. », Liz, suivie de ses cuivres plongera dans le public ravi d’apprécier la cantatrice, si proche, parcourir les rangs d’orchestre sur un tempo bien balancé pour « …go marching in ».

Un certain « Gabriel » , accordéoniste de son état, viendra l’accompagner, en guest plutôt candide, sur « L’hymne à l’amour ».

Au cours des nombreux rappels, son producteur français de vingt ans en collaboration, sera invité sur scène à un salut professionnel autant qu’amical, en duo avec son artiste.

En ce mois de décembre, Liz Mc Comb était donc à Paris pour cinq concerts; la chanteuse, pianiste et compositrice s’y est confirmée, de par son empathie généreuse et son engagement physique sans réserve, la légitime transmetteuse patrimoniale du rhythm’n’ blues, en tous ses états… d’âme et de feeling.

Theothea le 11/12/11

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