Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

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16ème  Saison     Chroniques   16.096   à   16.100    Page  294

 

            

       

             

            

     

         

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INCONNU A CETTE ADRESSE

de  Kressmann Taylor   

mise en scène: Delphine de Malherbe  

****

Théâtre  Antoine

Tel:  01 42 08 77 71      

 

          photo ©  ARTCOMART     

                      

Initiée par « Les monologues du vagin » , repris ensuite par « L’amour, la mort, les fringues », la formule d’une lecture spectacle à plusieurs voix qui se relaient de mois en mois pour, à la fois, faciliter le planning des comédiens, en même temps qu’assurer la longévité d’une création à succès, a le vent en poupe auprès du public autant que chez les professionnels du spectacle vivant.

Ainsi, la reprise de « Inconnu à cette adresse » est actuellement en vitesse de croisière alors que se termine la prestation du duo Thierry Lhermitte & Patrick Timsit et que va débuter, en avril, celle de Thierry Fremont et Nicolas Vaude.

Gérard Darmon et Dominique Pinon avaient, eux, ouvert le bal début janvier 2012 et depuis cette période, la jauge du Théâtre Antoine nouvellement codirigé par Laurent Ruquier, affiche un remplissage maximum chaque soir à 19h00.

Bref, à cette adresse du Boulevard de Strasbourg, « l’inconnu » n’est, certes pas, le chef d’œuvre de Kressmann Taylor, mais, sans doute davantage, le temps escompté des prolongations assurées par quel autre duo, sorti du chapeau d’un magicien en rencontres choc ?

Et cependant l’on sait à quel point l’enjeu des 19 lettres échangées entre Max Eisenstein et Martin Shulse, à partir de 1932, sera poignant, tant de part et d’autre de l’Atlantique va se déliter, au fur et à mesure de leurs envois respectifs, une amitié littéralement assaillie par un système de sape idéologique qu’aucune force individuelle n’était, alors, en mesure de contrecarrer de front.

Ainsi, avec la montée insidieuse du Nazisme se profilait la dictature pernicieuse sur les esprits avant même que les corps subissent à leur tour, la douleur meurtrière.

C’est essentiellement avec leur charisme personnel que les duos dirigés pour la circonstance par Delphine de Malherbe, sont en mesure de transcender leur prestation théâtrale en une leçon de morale politique que la culture citoyenne fédère en autant de bouteilles à la mer.

Theothea le 30/03/12

ONCLE VANIA

de  Anton Tchekhov   

mise en scène:  Alain Françon   

****

Théâtre des Amandiers - Nanterre

Tel: 01 46 14 70 00        

 

        photo ©   Michel Corbou     

                    

Si la destinée de « La Cerisaie » finalement vendue, aura poussé l’ensemble de ceux qui y séjournaient à prendre l’envol vers d’autres projets de vie, c’est bel et bien l’inverse qui se produit dans « Oncle Vania » où la mise en vente de la propriété, envisagée par le professeur Alexandre Sérébriakov, sera fortement désavouée, incitant ainsi l’ensemble de ses occupants à reprendre leur vie de labeur quotidien, certes peu enthousiasmante, mais en définitive assumée, comme telle.

Alain Françon est tout aussi à l’aise, vis-à-vis de ces deux options, car c’est par l’observation factuelle qu’il est adepte de Tchekhov et non, bien entendu, en se référant à des considérations psychosociales, implicitement hors sujet.

Après avoir, de surcroît, déjà mis en scène depuis 95, « La Mouette », « Ivanov », « Le chant du cygne », « Platonov » et « Les trois sœurs », l’ex-directeur du Théâtre de La Colline durant 15 ans est devenu, par la suite, non pas un spécialiste de l’auteur russe, mais en quelque sorte son chantre le plus attentif et, aussi, par lequel son intérêt porté au spectacle vivant entre parfaitement en résonance.

C’est ainsi que, servie par une distribution vigoureuse, la dimension chorale, permettant à chacun des protagonistes d’avoir une importance équitable, eu égard aux propos échangés sur le cours des choses de la vie, est intégrée comme fil conducteur de la scénographie.

De plus, pour structurer celle-ci, Alain Françon a l’habitude, désormais, de dégager dans chacune de ses réalisations concernant Tchekhov, quelques mots-clés spécifiques agissant à la fois, en tant que thématique conceptuelle ainsi que comme leitmotiv lancinant, ainsi par exemple présentement dans « Oncle Vania, ce sera: vie, vivre, vivant etc…..

Dans ces perspectives et à l’instar du sous-titre de la pièce, le vaste plateau des Amandiers prend des allures de « scène de vie à la campagne », où chacun des spectateurs peut aisément batifoler au diapason de la mélancolie et interpréter la monotonie, voire sa propre nostalgie, à l’aune Tchekhovienne du « Temps retrouvé » par Françon.

Theothea le 29/03/12

LA MEILLEURE PART DES HOMMES

d' après Trisatan Garcia  

mise en scène: Pauline Bureau  

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Théâtre de La Tempête

Tel: 01 34 28 36 36     

 

          photo ©  Antonia Bozzi     

                  

En s’emparant du roman de Tristan Garcia, Pauline Bureau avait l’objectif de faire vivre, sur les planches, les deux décennies ayant présidé à sa propre naissance, en observant deux couples pris dans les mailles du filet idéologique et politique des années 80 & 90, à travers la palette du consentement assumé jusqu’à l’éventuelle complaisance.

Libre de tout esprit de jugement, la metteuse en scène convoque un quarteron de personnages emblématiques en prise avec la culture de l’époque, tout en les laissant se démener avec les contradictions suscitées par leur fidélité aux convictions et la radicalité de ceux qui les partagent.

Sa perception très rock d’une société labélisée par l’apparition du Sida et la façon empirique de le combattre, trouvera ses point d’ancrage scénographique dans un découpage type BD que les lumières parcelliseront en autant de postures dédiées.

D’ailleurs, si l’amour devait se métamorphoser en haine, c’est que les idéaux originels auraient été bafoués, à l’insu de chacun et qu’ainsi le miroir de la réalité ne renverrait plus qu’à un théâtre d’ombres, mort vivantes.

C’est pourtant dans l’estime et le respect de soi-même que pourrait se trouver le salut d’une génération passant le flambeau à une autre, permettant aux enfants de la Punk attitude de solder les utopies parentales libertaires cristallisées par la mémoire des sixties & seventies.

En parallèle à cette démarche spéculative, le Sida perpétue son travail de sape systématique dans l’attente de traitements faisant évoluer son diagnostic morbide vers une pathologie chronique.

Marie Nicolle, seule présence féminine sur scène, emmène ses huit compagnons dans une autocélébration d’un siècle finissant alors que les tours jumelles attendent en embuscade au coin de Manhattan, sans que l’humour cynique ne puisse venir à bout d’une mélancolie que les personnages semblent tisser entre eux, de manière à résister, par prévention, aux vagues annoncées du « politiquement correct ».

Theothea le 27/03/12

UBU ENCHAINE

de  Alfred Jarry

mise en scène:  Dan Jemett   

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Théâtre de l'Athénée

Tel:  01 53 05 19 19        

 

        photo ©   Pascal Victor     

                  

Trois personnages décervelés dont l’attitude comportementale devrait faire fuir n’importe quel citoyen honnête dans la vraie vie, réussissent sur le plateau de l’Athénée à fasciner l’attention générale voire à la tétaniser depuis le fin fond du poulailler jusqu’aux premiers rangs d’avant-scène.

Que l’un d’entre eux puisse s’enchaîner à la notoriété d’Eric Cantona, n’empêche aucunement les deux autres à se faire psychotiquement remarquer sous les pseudos identitaires de Valérie Crouzet et Giovanni Calo.

Dan Jemett qui a réuni ces trois-là, pour une heure durant, hystériser la pensée de ceux qui ne se méfieraient pas des simagrées d’Alfred Jarry, y met suffisamment de vaisselle à casser, à chaque représentation, pour qu’il soit vraisemblable que les répétitions aient pu permettre de s’entraîner au geste sûre et précis… sans éclats au-delà de la rampe.

Reprenons le casting; il y a un conteur, très maître de lui, dont la charge fondamentale est d’ouvrir et de refermer alternativement le rideau rouge d’un petit théâtre familial où sévissent Père et mère Ubu.

A trois, ils ont le don de se relayer pour sidérer la relation du maître à l’esclave… pour le dire autrement, celle du pouvoir de l’aliénation face à l’aliénation du pouvoir !

Mais rien n’y fait, le conteur aura beau prendre un maximum de précautions, il ne parviendra point à faire d’omelettes sans casser une pléthore d’œufs et tutti quanti…. Cependant, durant ce temps, la mère Ubu pourra s’époumoner de tout son saoul, rien ne ramènera le père Ubu au pays du bon sens partagé avec tous.

Différent parmi les êtres différents, quels que puissent être les gages de sa bonne volonté, le roi restera toujours celui qui ne peut s’imaginer d’autre destin que de ne pouvoir se débarrasser de son charisme inéluctable, reconnu par tous, y compris par lui-même !….

Terrible destinée qu’Eric Cantonna assume jusqu’à la lie artistique des applaudissements…. ramenant à terme, tout son monde autour de lui… sur le plancher des vaches…. en l’occurrence, fort bien gardées.

Theothea le 23/03/12     

L'HOMME DE LA MANCHA

de Dale Wasserman & Mitch Leigh  

mise en scène: James Marvel  

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Théâtre des Variétés

Tel:  01 42 33 09 92        

 

            photo  ©  Theothea.com 

           

Monter une nouvelle version de « L’homme de la Mancha », en sachant que celle-ci ne donnerait lieu qu’à deux représentations, voilà bel et bien un défi digne de Don Quichotte !

C’est ainsi que, quasiment pour le plaisir, David Serero a voulu réaliser son rêve inaccessible d’interpréter « Le Chevalier aux miroirs », en décrochant, de la voûte nostalgique, la star Jeane Manson qui reprend à ses côtés, le rôle d’Aldonza, à 25 ans d’intervalle.

Accompagnés sur scène, d’un piano, d’un violon et de percussions, le Baryton et la chanteuse donnent des couleurs harmoniques à cette comédie musicale, quasiment ressuscitée, en compagnie de sept autres voix se mariant pour la plus vintage des performances.

Inattendues dans ce Théâtre des Variétés, les fameuses chansons de Mitch Leigh, surgissent dans leur résonnance authentique, puisque a contrario de l’adaptation modernisée du livret en langue française, celles-ci conservent l’écriture originale 65 de Joe Darion.

Si cette bipolarité linguistique peut susciter, a priori, une certaine étrangeté, elle devient rapidement tellement naturelle que la V.O. chantée est perçue comme une spécificité et un atout, en bonus de cet éphémère revival parisien.

Ainsi, en référence à la création 69 intégralement française, avec Jacques Brel et Joan Diener, à jamais inégalée, tellement à l’époque, la passion lyrique se consumait à fleur de peau et frissons émotionnels à la clef, l’ambition, aujourd’hui, de mixité expressionniste s’avère, intuitivement, pertinente.

De plus, celle-ci a l’avantage de ne pas faire écran avec le souvenir mythique car le producteur-chanteur David Serero restitue, avec son metteur en scène James Marvel, une scénographie différenciée où le dialogue francophone explicite en permanence le vocal anglophone et vice versa…. comme si cette dialectique bilingue, accompagnée seulement de trois musiciens, pouvait, à son tour, s’envoler en quête d’Absolu.

Theothea le 23/03/12

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