Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

17ème  Saison     Chroniques   17.026   à   17.030    Page  307

 

                                 

   

              

     

   

     

              

   

            

     

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A LA FRANCAISE

   

de & mise en scène   Edouard Baer

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Théâtre  Marigny

Tel:    01 53 96 70 00

 

           photo ©  Theothea.com  

               

Tout le monde aime Edouard Baer ! Edouard, c’est le mec sympa, toujours prêt à blaguer mais qui, mine de rien, ne ferait pas de mal à une mouche ! Prenant la vie à contre-pied, il s’impose en chef de troupe comme si chacun était son alter ego ou vice versa.

Bref, Edouard, c’est une voix, un ton et surtout un sourire enjôleur avec l’œil malicieux.

Oui, mais qui est Edouard ? Bien malin celui qui pourrait répondre. Sur son compte Twitter, le dernier message envoyé date d’un an ! Est-ce qu’Edouard souhaiterait donner du temps au temps ? En tout cas, si le garçon reste, pour beaucoup, un mystère de gentillesse et d’étrangeté intimement mélangées, ses spectacles, eux apparaissent, également, comme de véritables ovnis dans la galaxie du spectacle vivant.

Ainsi, après « Miam Miam », trois années auparavant, dans ce même Théâtre Marigny, voilà que le trublion atypique rempile, en compagnie de ses fidèles, pour s’afficher dans un show à la française.

En effet, à l’instar d’un titre judicieusement éponyme, le comédien, scénariste & metteur en scène se voit confier le discours d’ouverture du G20 avec l’objectif de valoriser la France de toujours.

Quasiment un spectacle de commande, pour lequel l’humour très british affiché lors de l’ouverture des Jeux Olympiques à Londres aurait pu lui servir de modèle et d’inspiration.

Dans cette perspective, l’auteur et réalisateur convoquent l’ensemble des clichés que les Français ont sur eux-mêmes, en n’hésitant pas à recourir à l’auto complaisance qu’il s’empresse de retourner comme un gant, à chaque tentative de récupération institutionnelle.

Bricolées, tel un chef d’œuvre artisanal fait main, les saynètes thématiques s’enchaînent cahin-caha dans un joyeux bordel, en signe de reconnaissance à la contre-image de marque que l’artiste se doit de garantir à son public.

Bref, Edouard Baer se débrouille plutôt bien avec ce maelstrom, quelque peu brouillon, qu’il signe des deux mains mais force est de reconnaître que l’effervescence impétueuse de « Miam Miam » a laissé place à une digression humoristique davantage buissonnière et poétique.

Au demeurant, le public est satisfait de ce périple en France profonde, sans toutefois jamais être dupe, d’une lecture au énième degré par l’intelligentsia bobo à qui notre héros aurait tort de déplaire.

Theothea le 22/10/12

BUENOS ARIAS

HERMANAS & CINELANDIA

de & mise en scène  Alfredo Arias   

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Théâtre du Petit Montparnasse

Tel: 01 43 22 77 74

 

             photo ©  Theothea.com  

               

De Buenos Aires à… Arias, il n’y a qu’une lettre ou un trait d’esprit, celui qui passe allégrement du Music-hall au Cinéma en des allers-retours malicieux où la théâtralisation régnerait en maîtresse du temps.

En authentique démiurge, Alfredo enfourche son habit de Monsieur Loyal et débarque, quasi incognito, au petit Montparnasse avec son groupe TSE.

En marge de la grande salle où, en 1977, le metteur en scène triompha avec ses fameuses « Peines de cœur d’une chatte anglaise » et après trois autres créations dans ce même lieu, celui-ci est revenu discrètement pour y résider durant les quatre derniers mois 2012.

Au sein de la petite jauge saturée et dédiée, en l’occurrence, au spectacle vivant à double face complémentaire… où comme, dans une plongée psychanalytique, Alfredo s’offrirait une descente fantasmagorique dans l’Argentine de son enfance afin d’y puiser aux sources de l’inconscient… surgissent donc les traces burlesques des fantasmes de toujours.

De leur plein gré, les spectateurs l’accompagnent, sous délire éveillé, en une visite culturellement improbable où, aux émois cinéphiliques emblématiques, correspondraient en prémices ceux de la chanson cabaret pratiquée en duo au féminin !

Ainsi de part et d’autre de l’entracte virtuel, « Hermanas » & « Cinelandia » se donnent-ils le relais, pour proposer au public deux représentations, à part entière chacune, de la mémoire artistique ayant contribué à élaborer la substantifique moelle… constituante du petit géni, devenu grand en France et définitivement surréaliste.

En pygmalion avéré, le maître aurait jeté son dévolu sur deux comédiennes, chanteuses & danseuses totalement accomplies pour en faire ses créatures ex nihilo, au point que celles-ci vont traverser l’écran scénographique avec la maestria de stars latino-hispaniques, façon Hollywood grande époque.

Dans un inénarrable travestissement des corps, de la gestuelle et d’un charisme inné, Sandra Guida et Alejandra Radano vont se fondre en sublimes égéries du Prince qui, lui, semble mener, selon la transmission de pensée continue, leur talent, ô combien naturel, vers des artifices de la raison battant sa coulpe avec délices.

Les deux divas se dénicheront, pour la forme paritaire, un partenaire masculin au deuxième acte mais Antonio Interlandi devra obéir à la consigne implicite « Sois beau mais sois-là essentiellement pour la cause ».

Bref, le maestro aura réussi la triple performance de se jouer de ses propres états d’âme nostalgique, de surjouer le féminin pluriel et de rendre singulier le masculin au point d’en sublimer l’absurde étrangeté.

Theothea le 07/11/12

OCCUPE-TOI D'AMELIE

de Georges Feydeau

mise en scène  Pierre Laville

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Théâtre de la  Michodière

Tel: 01 47 42 95 22

 

           photo © Bernard Richebé

             

Que ce soit sur l’écran ou sur la scène, Cassive la créatrice initiale, Parisys la plus assidue au rôle, puis Vivian Leigh, Madeleine Renaud, Danielle Darrieux, Micheline Boudet & Florence Viala ont été quelques unes des « Amélie » dont Feydeau, depuis plus d’un siècle, a eu la virtualité heureuse de s’occuper… par metteurs en scène interposés.

Avec Pierre Laville pour sa réalisation à la Michodière, l’auteur bénéficie pour le servir, d’une actrice renommée, dont c’est, en l’occurrence, le baptême des planches : Hélène de Fougerolles, puisque c’est d’elle dont il s’agit, apparaît particulièrement à l’aise dans la fonction de « cocotte » qu’elle habite avec un naturel confondant et souriant.

Courtisée de toutes parts au sein d’un enjeu nuptial entre deux amis de longue date, mêlée, à son insu, à des conflits d’intérêts privés et autres stratagèmes plus ou moins foireux, la belle semble évoluer sur un nuage de félicité, alors que tout son monde se dispute son attention et plus si affinités.

En premier lieu, l’inénarrable Marcel, dit Bruno Putzulu qui trouve, avec cet emploi de comédie taillé sur mesure, une sorte d’apothéose en un moment d’anthologie où il lui faut effectuer un calcul mental que le comédien va tenter de résoudre avec une gestuelle des mains et des pieds aussi inappropriée que franchement hilarante.

Tout à la fois empli de bonne volonté et buté dans ses intuitions contre-performantes, l’antihéros semble déjouer les pièges du destin avec une baraka digne d’un cocu…. que, force est de constater, il ne saurait être !

Il faut dire qu’un parrain belge, sorti de nulle part, le fameux Van Putzeboum (Serge Ridoux) va l’aider particulièrement à accomplir la surveillance d’Amélie, selon l’engagement promis au mari provisoirement contraint de s’absenter.

Si l’accent de belgitude y sera pour beaucoup, les mimiques n’en seront pas moins au rendez-vous de l’exaltation secouant la salle, sous des rafales emportées par le surréalisme exacerbé du jeu des dix acteurs.

C’est surtout, en 2ème partie, après l’entracte, que l’osmose entre l’auteur, la mise en scène et le public atteint des phases jubilatoires donnant au spectateur la sensation agréable mais très paradoxale de ne plus savoir exactement pourquoi il ne peut s’empêcher de rire.  Pourtant, c’est bien parce que personne ne sera en mesure de s’occuper d’Amélie que de la confusion générale va surgir le fou rire.

Theothea le 30/10/12

JE T'AIME TU ES PARFAIT.... CHANGE !!!

de  Joe di Pietro & Jimmy Roberts

mise en scène  David Alexis & Tadrine Hocking

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Vingtième Théâtre

Tel:  01 43 66 01 13 

     

             photo ©  Amélie Hardel             

   

Douze années de rodage, entre deux siècles, sur off Broadway, un petit détour pour la patine par Avignon off et voilà que « I’love you, you’re perfect, now change » arrive à Panam et s’installe, avec enthousiasme communicatif, au XXème théâtre dans sa version française, adaptée & réalisée par Tadrina Hocking.

Celle-ci collabore avec Emmanuelle Rivière pour l’écriture et se fait assister à la mise en scène par David Alexis, tous les deux également interprètes de cette comédie musicale.

Ex-chanteuse, Emmanuelle a joué plusieurs fois sous la direction d’Alfredo Arias; quant à David, il a notamment été le maître de cérémonie dans « Cabaret » aux Folies Bergère.

Leurs partenaires Ariane Pirie, Arnaud Denissel et Daniel Glet sont loin eux-mêmes d’être néophytes du spectacle vivant, puisque Ariane a, par exemple, été distribuée au music-hall sur « Zazou » de Jérôme Savary, « Peines de cœur d’une chatte anglaise » de A. Arias ainsi que dans l’Opéra-Rock, Mozart.

Arnaud lui était présent sur « Le soldat rose » de Louis Chédid ainsi que sur « Les années Twist » et « La fièvre des années 80 » de Roger Louret.

Enfin, s’il fut directeur musical de « Cabaret » et « Zorro » aux Folies Bergère, c’est bien Daniel qui, présentement, accompagne au piano ses partenaires de « Je t’aime, tu es parfait… change !!! ».

   

       

             photo ©  Theothea.com               

   

« Change » le maître-mot du spectacle, identique en langue anglaise comme française, est donc lâché comme un leitmotiv, utilisé comme le fil conducteur thématique d’une Histoire récurrente de l’Amour, à travers le temps et les continents.

En effet, si « lui » & « elle » se rencontrent, de manière intemporelle, pour le meilleur, avec l’intention sincère de vouloir faire perdurer cet état de bonheur au gré d’une union amoureuse toujours plus forte, il coexiste un réflexe atavique et universel qui consiste à vouloir changer certaines spécificités du partenaire et ainsi modifier certaines de ses habitudes « fâcheuses » … en invoquant toujours la bonne cause !….

Ainsi, en filigrane, les auteurs Joe di Pietro et Jimmy Roberts induisent-ils que, dès l’origine, le ver est dans le fruit et s’apprête à diffuser son venin insidieux, à l’insu des amoureux complètement dévolus à leur passion du moment.

Mais ce qui est réconfortant, et c’est là tout le sens de cette comédie musicale à succès durable, c’est que le virus de l’Amour est toujours prêt à recommencer sa partie de colin-maillard, quels que soient les âges de l’être humain.

A déguster, joyeusement et au feeling, comme Adam et Eve… face à la tentation de la pomme.

Theothea le 02/11/12

ELLIPSE

   

de & mise en scène  Stephan Gruss

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Cirque Alexis GRUSS

Tel: 01 45 01 71 26

   

    

             ©   2012 Photo b...

                   

Si l’ellipse peut être l’art du raccourci dont l’esprit se plaît à suppléer aux chaînons manquants, il est manifeste que « Empreintes » a permis à la famille Gruss de rappeler, lors de son spectacle précédent, sa volonté identitaire d’un Cirque à l’ancienne.

Puis, est venu aujourd’hui le moment de marier les racines équestres avec l’ouverture technologique, en osmose avec un saut culturel qui transgresse les barrières idéologiques inhibant l’acte créatif.

Ces deux premières phases d’un triptyque millésimé respectivement 12-13-14, sont effectivement reliées par des fils invisibles qui oblige l’art circassien à des contorsions forcément spectaculaires mais dont, au demeurant, celui-ci a tout à gagner.   

           

   

             ©   2012 Photo b...

                 

Tout d’abord, en se plaçant résolument dans son époque, il contourne allégrement le risque du déphasage mais surtout il s’ouvre dorénavant à une multiplicité d’opportunités artistiques différenciées; ensuite, assurant de cette manière, une empathie promotionnelle auprès du jeune public, il garantit avec les six générations actuelles de la famille Gruss, une chaîne patrimoniale pour laquelle les spectateurs entrent en affection.

Cet art de l’ellipse prend en l’occurrence, cette année, les couleurs du Cinéma et de son Histoire emblématique à travers les chefs d’œuvre du 7ème art, ses comédies musicales et ses musiques de films.

Ce florilège s’accompagne à la fois d’un orchestre revivifié aux pointures d’anthologie, d’un écran panoramique pivotant conçu et réalisé en symbiose ainsi que d’un geste chorégraphique habité par deux duos de danseurs professionnels.   

   

               

              ©   2012 Photo b...

                  

Les saynètes revisitant une vingtaine de films, sans compter medley et festival, s’incarnent en autant de numéros où les disciplines traditionnelles du cirque se conjuguent à l’humour décalé d’un music-hall quel que peu fellinien.

C’est ainsi que Stephan Gruss est dorénavant en charge scénographique d’un spectacle forain à l’ère numérique dont les prouesses technologiques sont maîtrisées par son frère Firmin.

Responsable de l’écurie, leur sœur Maud maintient et organise l’ensemble de la collaboration équine de la tribu.

Bien entendu, dans la position du commandeur, Alexis et son épouse Gipsy veillent à l’orientation du cirque à l’ancienne et à ses perspectives d’avenir en famille agrandie.   

   

              

              ©   2012 Photo b...

                 

Tous sont en piste, à la tête d’une troupe où le cheval est ce prince respecté et célébré dans une exigence souriante de tous les instants.

Avec fougue, grâce et diableries, tous grimpent, bondissent, sautent et se rattrapent aux ellipses de la pesanteur dont tout un chacun ignore les lois dédiées à cette famille de saltimbanques qui, de facto, semble élue par les forces divines.

Theothea le 10/11/12

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