Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

17ème  Saison     Chroniques   17.066   à   17.070    Page  315

 

                                 

   

              

     

   

     

              

   

            

     

65ème Festival de Cannes 2012

sous ondée crépusculaire

   

Les Molières 2013

en perspective

   

R E V I V A L

Wight ! + 40 années après

     

Toutes nos  critiques   2012 - 2013

Les Chroniques de   Theothea.com   sur    

   

THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS          

TOUT OFFENBACH ou presque

   

de & mise en scène  Alain Sachs   

****

Théâtre de Paris

Tel   01 48 74 25 37  

 

             photo ©  Bernard Richebé   

                       

Après le succès de « la Vie parisienne », opéra bouffe de Jacques Offenbach au Théâtre Antoine, Alain Sachs a investi le Théâtre de Paris avec la troupe au complet des treize mêmes comédiens pour offrir un décapant pot-pourri du maître de l’opérette « Tout Offenbach ou presque ». 

« Presque » puisqu’il n’y aura au menu, excusez du peu, que 52 airs choisis parmi vingt oeuvres allant du « Joyeux fantôme » aux « Contes d'Hoffmann » en passant par « La Belle Hélène », « La Périchole », « La grande duchesse de Gerolstein », « la Fille du tambour-major » sans oublier les « Monsieur Choufleuri » et autre « Mademoiselle Moucheron » ainsi que par exemple, « Le Château à Toto » !…

Avec ce florilège, Alain Sachs propose un vrai spectacle musical, cocasse et plein d’humour, dont il a signé lui-même le livret, où sont, ainsi, revisitées les oeuvres d’Offenbach de façon originale, moderne et fort plaisante.

Tout commence a capella par la fameuse Barcarolle des Contes d’Hoffmann, « Belle nuit, ô nuit d’amour », murmurée puis chantée des quatre coins de la salle, alors que la justesse des notes se fait perfidement attendre jusqu’à ce que chanteurs et chanteuses grimpent sur la scène.

L’action se déroule dans un théâtre ou des employés, un ouvreur, une ouvreuse, un metteur en scène, un directeur, une comptable près de ses chiffres, un toubib de service, un notaire, un postier et une critique se retrouvent, ensemble un peu par hasard, dans le projet impérieux de monter un spectacle.

Sur un lit, un bonhomme barbichu somnole en guettant tout son monde, du coin de l’œil. Il s’agit de Papa Jacques qui fait semblant de dormir comme pour mieux surveiller ce que l’on fait de ses partitions. Autour de lui, tout s’enchaîne dans la drôlerie, avec des séquences tirées du patrimoine culte du maître ou même de ses pièces les moins connues, le tout mené par une troupe dynamique qui s’en donne à cœur joie.

Défrayant toutes les conventions ou autres codes admis, à la manière d’un spectacle de music-hall, totalement décalé, la réalisation de Sachs se conclura, en apothéose, dans un délire rock-world-jazzy, grandiose !

Les 13 artistes sont tous, sans exception, épatants et quasiment polyvalents sous l’efficace direction orchestrale de Patrice Peyriéras; tour à tour ils chantent puis s’emparent d’un instrument avant de réaliser une chorégraphie ou de jouer la comédie. Difficile d’exprimer une préférence plutôt qu’une autre face à cette troupe homogène et bourrée de talent.

Distinguons néanmoins David Alexis, timbre de ténor et jambes de contorsionniste, qui, au final, se mue en ventriloque afin de rendre un ultime hommage humoristique à Jacques Offenbach saluant la foule au bout du bras du marionnettiste, en signe de victoire populaire triomphale bien au-delà de son siècle !

Cat.S / Theothea.com, le 11/03/13        

HIER EST AUTRE JOUR

de Sylvain Meyniac & Jean-François Cros  

mise en scène  Eric Civanyan  

****

Théâtre des Bouffes Parisiens

Tel  01 42 96 92 42  

     

           photo ©  Evelyne Desaux  

                               

Bien malin celui qui parviendrait à démonter la logique absurde qui va se tisser entre un avocat et un personnage spectral tellement envahissant que l’un et l’autre vont paraître agir tels des automates à remonter le temps… sur 24 heures.

Au départ, l’évidence de cet avocat submergé de tocs va l’emporter sur toute autre observation particulièrement comique. Mais bientôt ce mécanisme gestuel systématique va, peu à peu, faire place à une sorte de rituel codifié qui entraînera la curieuse impression de sans cesse revivre la séquence précédente… souvent à un détail près !

Avec, en enjeu juridique, l’impact d’une importante succession à régler, chacun des autres protagonistes va révéler son degré d’intéressement autour de ce dialogue virtuel entre l’homme de lois pathologiquement obsédé et une victime clamant d’outre-tombe le règlement équitable de son testament.

A l’instar d’une Gestalt-thérapie, la prise de conscience du coup fourré en place va s’effectuer par degrés successifs et par adaptation formelle progressive de l’aveuglement à la clairvoyance.

       

         

              photo ©  Theothea.com   

                         

C’est, cependant, du télescopage entre troubles obsessionnels compulsifs, aptitude à entrer en communication avec l’au-delà et propension à revivre en boucle le conflit originel que, sur la scène des Bouffes Parisiens, se dessine le comique de répétition illimitée… jusqu’à épuisement du sujet et même davantage si affinités.

En effet, la sauce de cette mise en scène sophistiquée à dominante magique ne prend que si se lie d’emblée un pacte de complicité entre le spectateur et son acceptation global d’un état d’esprit délibérément foutraque.

Daniel Russo est excellent, comme à l’accoutumé, dans ce rôle d’anormalité patente: plus la situation est invraisemblable, plus le comédien semble jubiler; Gérard Loussine, lui, apparaît plus en retrait, dans sa fonction d’évanescence ! Tous leurs partenaires font joyeusement le forcing pour donner le change !

Hier est un autre jour ? Peut-être ! Mais çà, c’était avant !

Theothea le 21/02/13        

LE PORTEUR D'HISTOIRE

   

de & mise en scène   Alexis Michalik   

****

Studio des Champs Elysées

Tel  01 53 23 99 19  

 

           photo © Alejandro Guererro  

                       

De la grande Histoire aux petites qui parsèment celle-ci d’anecdotes, une même continuité enchaîne les fils d’innombrables récits pour les emmêler à plaisir, en nouant autour d’eux la complexité de la vie sous ses multiples facettes.

Point de hiérarchie des valeurs, point d’interprétation préférentielle, point de statut privilégié dans la perspective d’Alexis Michalik qui se veut le conteur de références, au superlatif, réunissant la destinée de l’être humain à l’ensemble des sagas de ses congénères.

Des siècles passés à la culture hip-hop du monde d’aujourd’hui, rien n’arrête les associations d’idées, les rencontres improbables, les sauts vertigineux entre enjeux géopolitiques et tracasseries domestiques du quotidien.

Puisque tout se vaut sur l’échelle des connaissances humaines, le seul objectif serait de conserver intacte l’attention des contemporains venus écouter, tout ouïe, avec l’ingénuité d’enfants fascinés par les contes aussi bien horribles que merveilleux !

Toutefois, au-delà du porteur d’histoires, grand messager du rêve ou du cauchemar éveillé en quête d’un fabuleux trésor, c’est l’équipe réunie autour d’Eric Herson-Macarel qui fait la performance de ce spectacle vivant à cinq têtes en ébullition.

Leurs personnages se télescopent à la vitesse des changements de costumes, en direct scène-coulisses, avec des raccords lumière et décor au diapason de saltimbanques formatés aux tréteaux de toujours.

C’est d’ailleurs quand le rideau retombe sur les salutations en rappel que le spectateur s’apercevra qu’il est définitivement resté en orbite géo-stationnaire, tout là-haut dans la stratosphère, là où cette joyeuse compagnie l’aura délibérément placé en guise de point de vue panoramique et forcément critique… par excellence !

Theothea le 03/03/13       

A TORT ET A RAISON

de  Ronald Harwood   

mise en scène  Odile Roire

****

Théâtre Rive Gauche

Tel  01 43 35 32 31  

     

          visuel affiche

                         

Sur le ring du Théâtre Rive Gauche, le très subtil Jean-Pol Dubois et le charismatique Francis Lombrail s’adonnent à un rapport de forces qui pourrait fort bien échapper à son enjeu originellement dédié, aussi conséquent fût-il !

Qu’un célèbre chef d’orchestre allemand ait pu subir, à son insu, l’influence sociopolitique du régime nazi, du temps de son apogée; voilà qui ne devrait guère surprendre, si ce n’est qu’un parti pris pourrait fort bien en cacher un autre !

En effet, qu’un commandant américain se mette en tête de débusquer la vérité qui tue, celle qui mettrait à mal l’honneur d’un homme de culture, convaincu de la supériorité de son art sur toute autre considération prosaïque, voilà qui pourrait engendrer un véritable bras de fer entre deux sincérités bien décidées à ne pas se soumettre aux arguments de la partie adverse !

Cette dualité, arbitrée en l’occurrence par Odile Roire, aurait l’objectif, pour le cadre militaire inculte, de réunir les éléments d’un dossier à charge et, pour le musicien humaniste, celui de désamorcer systématiquement tout indice révélant la preuve d’une faille, ouverture en puissance vers une faiblesse idéologique significative.

     

         

                photo ©  Theothea.com   

                         

Question de méthode, c’est du quant à soi confronté aux civilités d’usage que devra surgir le non-dit dissimulé en arrière-plan de l’enquête directive:

Autrement dit, derrière des sourires sympathiques et autres formules de politesse, un mot pris pour un autre, une erreur de langage, un simple lapsus pourraient sonner le tocsin de l’assaut final livré sur la proie désemparée.

Deux assesseurs sont présents pour susciter cet environnement facilitateur à une mise en condition paradoxale des aveux, délibérément sollicités.

Mais attention, la « chèvre de Monsieur Seguin » est en mesure de se battre toute la nuit et de sortir, finalement victorieuse de ce combat à la vie, à la mort, car la plupart des témoignages pourraient fort bien ne s’apparenter qu’à des faux-semblants.

Ainsi, à tort ou à raison, le spectateur aura l’étrange et voluptueuse impression que le verdict final lui appartient, tant la détermination psychologique des deux combattants aura démontré la nécessité de l’intime conviction.

Cette pièce de Ronald Harwood, dûment inscrite dans le contexte d’épuration d’après-guerre, pourrait donc aisément servir de métaphore à toute entreprise de déstabilisation de l’individu menée à l’aide du détournement et de la manipulation des idées dominantes. Forcément trop humain !..

Theothea le 08/03/13       

GOULD MENUHIN

   

de & mise en scène  Charles Berling   

****

Théâtre de l'Atelier

Tel  01 46 06 49 24  

 

               photo ©  Theothea.com   

                           

Ni Concert, ni Happening et encore moins pièce de Théâtre, cette association réunissant Ami Flammer et Charles Berling s’apparenterait davantage à un hommage scénographique à l’égard de deux musiciens internationaux hors pair qu’à une comédie musicale du genre biographique.

En fait, à l’issue de la 2ème guerre mondiale, deux conceptions de la musique allaient pouvoir s’évaluer, tout en se renforçant mutuellement dans leurs oppositions idéologiques.

D’un côté, celle qui voulait s’appuyer directement sur le public en le rassemblant selon des auditoires de plus en plus gigantesques, de l’autre celle qui se structurerait exclusivement grâce aux nouvelles technologies en plein essor.

Ainsi ces années cinquante, devenues aujourd’hui « vintage », n’avaient que la déferlante de leur modernisme à proposer aux générations contemporaines, toutes éberluées alors par les prouesses de l’électronique envahissante.

Et cependant, la qualité acoustique des instruments de musique restait la valeur étalon pour laquelle le concept de « Haute Fidélité » devrait batailler dur, tant la marge entre « sonorité naturelle » et « son reproduit » resterait un enjeu hors d’atteinte, même avec l’émergence de la stéréophonie, voire même celle de la quadraphonie !…

C’est donc à dessein, dans ce contexte techno-culturel ciblé qu’il pouvait être intéressant de situer cette rencontre artistique au sommet, si peu imaginaire puisqu’elle eut effectivement lieu.

C’est ainsi, qu’au Théâtre de l’Atelier, par-delà la légende, le pianiste et compositeur Glenn Gould allait se mesurer au célèbre violoniste Yehudi Menuhin, par scénographies interposées et grâce à des interprètes de talent :

Le musicien Ami Flammer et le comédien Charles Berling seraient les vecteurs de cette dualité illustratrice d’une époque révolue dans son actualité historique, mais cependant si présente dans l’énergie du revival !

Une muse de circonstances, Aurélie Nuzillard, les accompagnerait dans ce périple expérimental, en proposant des alliances affectives ou professionnelles dont seules, en définitive, la destinée serait maîtresse.

Voilà pourquoi « Gould Menuhin » est une véritable performance actuelle au goût d’autrefois !

Theothea le 01/03/13

Recherche   par mots-clé