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TOUT OFFENBACH ou
presque
de & mise
en scène Alain Sachs
|
****
Théâtre de Paris
Tel 01 48 74 25
37
|
Après le succès de « la Vie parisienne »,
opéra bouffe de Jacques Offenbach au Théâtre Antoine,
Alain Sachs a investi le Théâtre de Paris avec la troupe au
complet des treize mêmes comédiens pour offrir un décapant
pot-pourri du maître de lopérette « Tout Offenbach
ou presque ».
« Presque » puisquil ny aura au menu,
excusez du peu, que 52 airs choisis parmi vingt oeuvres allant du
« Joyeux fantôme » aux « Contes
d'Hoffmann » en passant par « La Belle
Hélène », « La Périchole »,
« La grande duchesse de Gerolstein », « la
Fille du tambour-major » sans oublier les « Monsieur
Choufleuri » et autre « Mademoiselle Moucheron »
ainsi que par exemple, « Le Château à Toto »
!
Avec ce florilège, Alain Sachs propose un vrai spectacle musical,
cocasse et plein dhumour, dont il a signé lui-même le
livret, où sont, ainsi, revisitées les oeuvres dOffenbach
de façon originale, moderne et fort plaisante.
Tout commence a capella par la fameuse Barcarolle des Contes
dHoffmann, « Belle nuit, ô nuit
damour », murmurée puis chantée des quatre
coins de la salle, alors que la justesse des notes se fait perfidement attendre
jusquà ce que chanteurs et chanteuses grimpent sur la
scène.
Laction se déroule dans un théâtre ou des
employés, un ouvreur, une ouvreuse, un metteur en scène, un
directeur, une comptable près de ses chiffres, un toubib de service,
un notaire, un postier et une critique se retrouvent, ensemble un peu par
hasard, dans le projet impérieux de monter un spectacle.
Sur un lit, un bonhomme barbichu somnole en guettant tout son monde, du
coin de lil. Il sagit de Papa Jacques qui fait semblant
de dormir comme pour mieux surveiller ce que lon fait de ses partitions.
Autour de lui, tout senchaîne dans la drôlerie, avec des
séquences tirées du patrimoine culte du maître ou même
de ses pièces les moins connues, le tout mené par une troupe
dynamique qui sen donne à cur joie.
Défrayant toutes les conventions ou autres codes admis, à
la manière dun spectacle de music-hall, totalement
décalé, la réalisation de Sachs se conclura, en
apothéose, dans un délire rock-world-jazzy, grandiose !
Les 13 artistes sont tous, sans exception, épatants et quasiment
polyvalents sous lefficace direction orchestrale de Patrice
Peyriéras; tour à tour ils chantent puis semparent dun
instrument avant de réaliser une chorégraphie ou de jouer la
comédie. Difficile dexprimer une préférence
plutôt quune autre face à cette troupe homogène
et bourrée de talent.
Distinguons néanmoins David Alexis, timbre de ténor et jambes
de contorsionniste, qui, au final, se mue en ventriloque afin de rendre un
ultime hommage humoristique à Jacques Offenbach saluant la foule au
bout du bras du marionnettiste, en signe de victoire populaire triomphale
bien au-delà de son siècle !
Cat.S / Theothea.com, le 11/03/13
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HIER EST AUTRE JOUR
de
Sylvain Meyniac & Jean-François Cros
mise en scène
Eric Civanyan
|
****
Théâtre des Bouffes Parisiens
Tel 01 42 96 92
42
|
Bien malin celui qui parviendrait à démonter la logique
absurde qui va se tisser entre un avocat et un personnage spectral tellement
envahissant que lun et lautre vont paraître agir tels des
automates à remonter le temps
sur 24 heures.
Au départ, lévidence de cet avocat submergé
de tocs va lemporter sur toute autre observation particulièrement
comique. Mais bientôt ce mécanisme gestuel systématique
va, peu à peu, faire place à une sorte de rituel codifié
qui entraînera la curieuse impression de sans cesse revivre la
séquence précédente
souvent à un détail
près !
Avec, en enjeu juridique, limpact dune importante succession
à régler, chacun des autres protagonistes va révéler
son degré dintéressement autour de ce dialogue virtuel
entre lhomme de lois pathologiquement obsédé et une victime
clamant doutre-tombe le règlement équitable de son
testament.
A linstar dune Gestalt-thérapie, la prise de conscience
du coup fourré en place va seffectuer par degrés successifs
et par adaptation formelle progressive de laveuglement à la
clairvoyance.
Cest, cependant, du télescopage entre troubles obsessionnels
compulsifs, aptitude à entrer en communication avec lau-delà
et propension à revivre en boucle le conflit originel que, sur la
scène des Bouffes Parisiens, se dessine le comique de
répétition illimitée
jusquà
épuisement du sujet et même davantage si affinités.
En effet, la sauce de cette mise en scène sophistiquée à
dominante magique ne prend que si se lie demblée un pacte de
complicité entre le spectateur et son acceptation global dun
état desprit délibérément foutraque.
Daniel Russo est excellent, comme à laccoutumé, dans
ce rôle danormalité patente: plus la situation est
invraisemblable, plus le comédien semble jubiler; Gérard Loussine,
lui, apparaît plus en retrait, dans sa fonction dévanescence
! Tous leurs partenaires font joyeusement le forcing pour donner le change
!
Hier est un autre jour ? Peut-être ! Mais çà,
cétait avant !
Theothea le 21/02/13
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LE PORTEUR
D'HISTOIRE
de & mise
en scène Alexis Michalik
|
****
Studio des Champs Elysées
Tel 01 53 23 99
19
|
|
photo © Alejandro Guererro
|
De la grande Histoire aux petites qui parsèment celle-ci
danecdotes, une même continuité enchaîne les fils
dinnombrables récits pour les emmêler à plaisir,
en nouant autour deux la complexité de la vie sous ses multiples
facettes.
Point de hiérarchie des valeurs, point dinterprétation
préférentielle, point de statut privilégié dans
la perspective dAlexis Michalik qui se veut le conteur de
références, au superlatif, réunissant la destinée
de lêtre humain à lensemble des sagas de ses
congénères.
Des siècles passés à la culture hip-hop du monde
daujourdhui, rien narrête les associations
didées, les rencontres improbables, les sauts vertigineux entre
enjeux géopolitiques et tracasseries domestiques du quotidien.
Puisque tout se vaut sur léchelle des connaissances humaines,
le seul objectif serait de conserver intacte lattention des contemporains
venus écouter, tout ouïe, avec lingénuité
denfants fascinés par les contes aussi bien horribles que
merveilleux !
Toutefois, au-delà du porteur dhistoires, grand messager
du rêve ou du cauchemar éveillé en quête dun
fabuleux trésor, cest léquipe réunie autour
dEric Herson-Macarel qui fait la performance de ce spectacle vivant
à cinq têtes en ébullition.
Leurs personnages se télescopent à la vitesse des changements
de costumes, en direct scène-coulisses, avec des raccords lumière
et décor au diapason de saltimbanques formatés aux tréteaux
de toujours.
Cest dailleurs quand le rideau retombe sur les salutations
en rappel que le spectateur sapercevra quil est définitivement
resté en orbite géo-stationnaire, tout là-haut dans
la stratosphère, là où cette joyeuse compagnie laura
délibérément placé en guise de point de vue
panoramique et forcément critique
par excellence !
Theothea le 03/03/13
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A TORT ET A RAISON
de
Ronald Harwood
mise
en scène
Odile
Roire
|
****
Théâtre Rive Gauche
Tel 01 43 35 32
31
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Sur le ring du Théâtre Rive Gauche, le très subtil
Jean-Pol Dubois et le charismatique Francis Lombrail sadonnent à
un rapport de forces qui pourrait fort bien échapper à son
enjeu originellement dédié, aussi conséquent fût-il
!
Quun célèbre chef dorchestre allemand ait pu
subir, à son insu, linfluence sociopolitique du régime
nazi, du temps de son apogée; voilà qui ne devrait guère
surprendre, si ce nest quun parti pris pourrait fort bien en
cacher un autre !
En effet, quun commandant américain se mette en tête
de débusquer la vérité qui tue, celle qui mettrait à
mal lhonneur dun homme de culture, convaincu de la
supériorité de son art sur toute autre considération
prosaïque, voilà qui pourrait engendrer un véritable bras
de fer entre deux sincérités bien décidées à
ne pas se soumettre aux arguments de la partie adverse !
Cette dualité, arbitrée en loccurrence par Odile Roire,
aurait lobjectif, pour le cadre militaire inculte, de réunir
les éléments dun dossier à charge et, pour le
musicien humaniste, celui de désamorcer systématiquement tout
indice révélant la preuve dune faille, ouverture en puissance
vers une faiblesse idéologique significative.
Question de méthode, cest du quant à soi confronté
aux civilités dusage que devra surgir le non-dit dissimulé
en arrière-plan de lenquête directive:
Autrement dit, derrière des sourires sympathiques et autres formules
de politesse, un mot pris pour un autre, une erreur de langage, un simple
lapsus pourraient sonner le tocsin de lassaut final livré sur
la proie désemparée.
Deux assesseurs sont présents pour susciter cet environnement
facilitateur à une mise en condition paradoxale des aveux,
délibérément sollicités.
Mais attention, la « chèvre de Monsieur Seguin »
est en mesure de se battre toute la nuit et de sortir, finalement victorieuse
de ce combat à la vie, à la mort, car la plupart des
témoignages pourraient fort bien ne sapparenter quà
des faux-semblants.
Ainsi, à tort ou à raison, le spectateur aura
létrange et voluptueuse impression que le verdict final lui
appartient, tant la détermination psychologique des deux combattants
aura démontré la nécessité de lintime
conviction.
Cette pièce de Ronald Harwood, dûment inscrite dans le contexte
dépuration daprès-guerre, pourrait donc aisément
servir de métaphore à toute entreprise de déstabilisation
de lindividu menée à laide du détournement
et de la manipulation des idées dominantes. Forcément trop
humain !..
Theothea le 08/03/13
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GOULD MENUHIN
de & mise
en scène Charles Berling
|
****
Théâtre de l'Atelier
Tel 01 46 06 49
24
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Ni Concert, ni Happening et encore moins pièce de Théâtre,
cette association réunissant Ami Flammer et Charles Berling
sapparenterait davantage à un hommage scénographique
à légard de deux musiciens internationaux hors pair
quà une comédie musicale du genre biographique.
En fait, à lissue de la 2ème guerre mondiale, deux
conceptions de la musique allaient pouvoir sévaluer, tout en
se renforçant mutuellement dans leurs oppositions idéologiques.
Dun côté, celle qui voulait sappuyer directement
sur le public en le rassemblant selon des auditoires de plus en plus
gigantesques, de lautre celle qui se structurerait exclusivement
grâce aux nouvelles technologies en plein essor.
Ainsi ces années cinquante, devenues aujourdhui
« vintage », navaient que la déferlante
de leur modernisme à proposer aux générations
contemporaines, toutes éberluées alors par les prouesses de
lélectronique envahissante.
Et cependant, la qualité acoustique des instruments de musique
restait la valeur étalon pour laquelle le concept de « Haute
Fidélité » devrait batailler dur, tant la marge entre
« sonorité naturelle » et « son
reproduit » resterait un enjeu hors datteinte, même
avec lémergence de la stéréophonie, voire même
celle de la quadraphonie !
Cest donc à dessein, dans ce contexte techno-culturel ciblé
quil pouvait être intéressant de situer cette rencontre
artistique au sommet, si peu imaginaire puisquelle eut effectivement
lieu.
Cest ainsi, quau Théâtre de lAtelier,
par-delà la légende, le pianiste et compositeur Glenn Gould
allait se mesurer au célèbre violoniste Yehudi Menuhin, par
scénographies interposées et grâce à des
interprètes de talent :
Le musicien Ami Flammer et le comédien Charles Berling seraient
les vecteurs de cette dualité illustratrice dune époque
révolue dans son actualité historique, mais cependant si
présente dans lénergie du revival !
Une muse de circonstances, Aurélie Nuzillard, les accompagnerait
dans ce périple expérimental, en proposant des alliances affectives
ou professionnelles dont seules, en définitive, la destinée
serait maîtresse.
Voilà pourquoi « Gould Menuhin » est une
véritable performance actuelle au goût dautrefois !
Theothea le 01/03/13
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