Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

18ème  Saison     Chroniques   18.021   à   18.025    Page  330

 

   

                       

     

         

           

                   

         

               

       

     

           

   

           

     

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LA DAME DE LA MER

de  Henrik Ibsen 

mise en scène  Jean-Romain Vesperini  

****

Théâtre Montparnasse

Tel  01 43 22 77 74  

                    

           photo ©  Theothea.com

                 

Lorsque les détracteurs s’abattent en vrille sur une mise en scène d’un nouveau venu sur les planches, en l’occurrence celles du Théâtre Montparnasse, cela pourrait paraître provocant voire présomptueux de s’inscrire en faux face au lynchage critique.

Et pourtant cette Dame étrange et fascinante à la fois, attirée par les flots de la haute mer afin de s’y laisser engloutir par l’amour récurrent à l’égard d’un être venu d’ailleurs, possède toutes les vertus aptes à déclencher l’intérêt du spectateur adepte d’Ibsen.

Lorsque de surcroît, c’est Anne Brochet qui s’est emparée de ce rôle, digne du mythe romantique allemand de la fameuse Lorelei qui elle, à l’inverse, attirait dans ses filets tous les jeunes hommes la croisant au détour des méandres du Rhin, l’étrangeté se fait ici incarnation jusque dans les conséquences ultimes à éprouver l’absence de limites au sentiment passionnel du libre consentement.

Face à elle, Jacques Weber, en mari soucieux de protéger son épouse de tous les tourments mentaux qu’il pense à la source d’un tel dérèglement des affects, se pare, avec sa bonhommie coutumière, d’une distanciation à soi-même, en gage de ressentiments étouffés mais trahis néanmoins par le souffle court de la voix.

Les deux jeunes filles d’un premier mariage, leur précepteur, un jeune homme rescapé d’un naufrage et un trublion de circonstances complèteront la tribu des intimes enclins à jouer les garde fous de cette cellule familiale menacée d’implosion viscérale.

Mais voilà, l’étranger ne cesse de réapparaître dans l’imaginaire que la Dame fomente autour d’elle et c’est donc en raison de ce fantasme de plus en plus tracassant que les amarres devraient être définitivement rompues d’avec ce mari paradoxalement tant aimé.

Mystère et mythomanie feignent alors de pouvoir accepter librement toute destinée tracée par des signes précurseurs, fût-elle éminemment destructrice !

La messe serait donc dite ! Et pourtant, si cette nouvelle adaptation d’Eric-Emmanuel Schmitt n’épuise pas, à elle seule, les ressorts de la fatalité illustrée par Ibsen, Jean-Romain Vesperini y recompose les sortilèges du carcan idéologique norvégien en octroyant à cette écriture, l'inspiration romantique d'y transgresser le mauvais sort.

Theothea le 10/10/13

LA TRAGEDIE D'HAMLET

de william Shakespeare

mise en scène  Dan Jemmett  

****

Comédie Française

Tel   08 25 10 16 80 (0,15e/mn)    

                    

           Eric Ruf & Denis Podalydès - photo © Cosimo Mirco Magliocca

           

Et si la Tragédie d’Hamlet était une véritable Comédie, celle de la Vie avec ses vicissitudes existentielles jamais réductibles au factuel mais bel et bien projetée dans une fuite en avant incessante où tout un chacun devrait trouver son modus vivendi !

Et bien, Dan Jemmett a eu envie de nous montrer cette tragi-comédie dans un Pub anglais des années 70 au beau milieu de la truculence des clients et tant qu’à faire d’y inscrire le spectacle vivant au diapason poétique d’un jukebox d’où les tubes seventies donneraient la réplique iconoclaste à William Shakespeare.

Amours, identités, fantasmes, meurtres, vengeance vont donc tournoyer dans la tête d’Hamlet arpentant son mal de vivre "façon Buster Keaton", en l’occurrence Denis Podalydès stylisé, tout à la recherche d’une perfection inaccessible, celle embrassant les êtres humains avant le fameux crime originel… mais bel et bien fatal à tous leurs malheurs à venir.

Croquer la pomme ou tuer le souverain par simple convenance personnelle, voilà bien la tâche indélébile qui va entraîner l’immense chaîne des tourments.

Mais comment ne pas éclater de rire face à une destinée tellement pesante ? Et c’est donc bien dans la chaleur alcoolisée de ce pub convivial que le grand défouloir de l’humanité en perdition aurait quelques chances d’entrevoir les chances infimes de sa rédemption.

Il suffirait d’y croire même si les dès sont pipés à l’avance alors que le poison est d’ores et déjà au cœur de la pomme ou de la coupe à partager jusqu’à la lie.

Ainsi, Dan Jemmett prend ses personnages à la manière de marionnettes qu’il agite dans tous les sens, interdits ou seulement « peu recommandables », de façon, à leur rendre, en les entrechoquant, cette forme de dignité que leurs quêtes contradictoires auraient malencontreusement égaré ou fourvoyé en d’hilarantes impasses d’honneur mal placé.

Certes, la vie, avec son cortège de trahisons et de coups bas, est une tragédie qu’il faut affronter avec résolution mais rien n’empêche de la pasticher, de la théâtraliser, de la métaphoriser afin de mieux retourner les armes de l’abjection contre elle-même !

C’est pourquoi les comédiens du Français endossent avec tant d’irrévérence, d’impertinence et même d’insolence le texte et l’esprit de cette salve shakespearienne au pro rata de l’autodérision.

Si donc la Tragédie d’Hamlet reflète l’obscénité de la comédie humaine, Dan Jemmett lui assure sa reconnaissance à part entière en assassinant le rituel du bon goût bien léché... depuis des lustres.

Theothea le 12/10/13

OPEN SPACE

     

de & mise en scène  Mathilda May  

****

Théâtre de Suresnes

Tel  01 46 97 98 10  

                    

           photo ©  Theothea.com

                 

              

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LUCRECE BORGIA

de Victor Hugo

mise en scène  Lucie Berelowitsch

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Théâtre de l'Athénée

Tel   01 53 05 19 19

                    

           photo ©  Theothea.com

       

   

          

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BOBBY FISCHER VIT A PASADENA

de  Lars Norén

mise en scène  Philippe Baronnet

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Théâtre de La Tempête

Tel  01 43 28 36 36  

                    

           photo DR.

           

Si une partie d’échecs pouvait se jouer à quatre partenaires celle, engagée par Lars Norén à La Tempête, pourrait trouver son maître Hitchcockien.

En effet, tout à la fois psychodrame familial & jeu de rôles stéréotypés, cette tragicomédie, au diapason de chaises musicales sous-entendues, situe la représentation théâtrale à l’aune du sac de nœuds récurrents que les protagonistes démêlent tout en les emmêlant de plus belle.

Convaincus inconsciemment qu’au sein de la chaîne tribale, les rôles ont été distribués, une fois pour toutes, par le grand ordonnateur des conflits interrelationnels, le père, la mère, le fils et la fille de la famille « tuyau de poêle » vont reproduire à l’infini le chaos psychique dont ils se transmettent mutuellement le virus tellement contagieux avec, néanmoins, l’infinie sensation partagée du noyau cellulaire insécable.

Convoqués à leur tour par Philippe Baronnet, ce jeune metteur en scène de surcroît comédien, les spectateurs de cette party, à maints égards tellement subtile, vont se trouver dispatchés tout autour de ce cercle familial, si peu vertueux.

Ainsi, à l’entrée de la salle Copi, chacun devra d’emblée choisir la subjectivité de son point de vue, en élisant son angle de prédilection sur la palette des 360° de la perception 3D, spécifique à la caméra cinématographique.

En renfort, une batterie de miroirs sera répartie dans chacune des perspectives, de telle façon à créditer le contrechamp de la rétrovision comme un bonus à la clairvoyance de tous.

Ainsi, armés d’outils de performance, les uns et les autres vont vivre le film intérieur d’une bataille à ranger entre bons sentiments et haine larvée, entre aveuglement et passion, entre fidélité congénitale et indépendance forcenée mais aussi le roman d’une saga sous l’emprise de la fatalité, de la maladie mentale, de l’alcool, de l’égocentrisme tout autant que de l’ambition professionnelle conjuguée au déni de l’échec de la vie privée… de valeurs indéfectibles.

Cette scénographie d’Estelle Gautier est intégralement sublimée par Camille de Sablet qui, dans cet enjeu vital, paye de sa personne, mais aussi complètement dynamisée par le charisme de Nine de Montal ainsi qu’en contrepoint littéralement lestée par les forces d’inertie conjointement réunies et composées brillamment par Elya Birman & Samuel Churin.

Theothea le 23/10/13

            

     

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