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Les    Chroniques   de

  

19ème  Saison     Chroniques   19.81   à   19.85    Page  373

 

     

 

     

 

             

       

   

     

   

     

       

 

   

     

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INNOCENCE

de  Dea Loher

mise en scène  Denis Marleau

****

Comédie Française

Tel  08 25 10 16 80 (0,15 € la minute)

           

           photo © Christophe RAYNAUD DE LAGE  

       

Cette entrée au répertoire du « Français » d’un auteur allemand, pour la première fois de son vivant, a été initiée sous l’ère de Muriel Mayette qui, dès 2009, proposait à Denis Marleau de faire lecture d’Innocence, en perspective d’une prochaine mise en scène.

Fin mars 2014, voici donc celle-ci enfin réalisée sur les planches de la salle Richelieu et, ainsi, livrée à l’appréciation du public dans l’orchestration chorale de son essence tragi-comique où le doute de l’humanité semble s’incarner en de multiples facettes inquiétantes mais paradoxalement fort poétiques, celles sans aucun doute en ligne directe du si troublant romantisme allemand.

Qui est donc cette femme qui, peu à peu, va s’avancer dans l’obscurité de la mer afin de s’y engloutir à jamais, si ce n’est, peut-être, le double du mythe inversé de la Lorelei qui fascinait tant les marins progressant sur les flots du Rhin jusqu’à s’y enfoncer et y périr envoûtés ?

Ainsi, Dea Loher observe-t-elle l’errance de ses personnages tout occupés à se côtoyer, se télescoper, se confronter, se neutraliser et s’en retourner, ainsi de suite, en prise avec leur indéterminisme chronique !

Qui sont-ils donc avec leurs misères, leurs ressentiments, leurs velléités, leurs illusions, voire leur mégalomanie se diffusant autour d’eux comme autant de vérités successives toujours déçues alors qu’ils croient enfin les capter ?

Ce sont bel et bien les représentants du genre humain, en plein désarroi mais sans cesse en quête d’une possible porte de sortie du labyrinthe existentiel que l’auteur étudie dans une empathie infinie, teintée d’aberration comportementale s’épanouissant entre les lignes de son écriture, subtilement drolatique…

Cet humour latent et viscéral n’a pas échappé à la mise en scène de Denis Marleau qui s’emploie à laisser délibérément l’ensemble des protagonistes se prendre dans les mailles du filet rationaliste toujours plus complexe mais virtuellement bien tendu entre le jeu scénographique des douze comédiens et la volonté de compréhension affichée par le spectateur.

Mais voilà, il n’y a rien à comprendre ou, plus exactement, il est fort préférable de ne pas chercher à comprendre le « pourquoi » du « comment »; c’est, en tout cas, la ligne de conduite prônée par Absolue (Georgia Scalliet), née de parents aveugles ayant souhaité, pour une heureuse harmonie familiale, que leur fille fût tout autant qu’eux atteinte de cet handicap originel.

Il pourrait, en effet, s’avérer que cette situation de cécité globale puisse être le talent ultime de l’être humain qui n’aurait plus à chercher le sens de la vie mais simplement à l’imaginer constamment… pour son plus grand profit en parfaite quiétude !

Ainsi, dans un univers où l’homme ne pourrait, en définitive, rien décider pour sa survie, y compris celle d’y mettre fin, la douce perspective de se contenter d’une opacité tellement prodigue à l’égard de l’imaginaire serait en soi un formidable viatique que Dea Loher nous laisse le soin d’apprécier… à l’aune des nombreuses autres impasses répertoriées avec tant de perspicacité distanciée.

Theothea le 01/04/15                 

         

     

           photo ©   Theothea.com

         

UNE JOURNEE PARTICULIERE

de Ettore Scola & Ruggero Maccari

mise en scène  Christophe Lidon

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Théâtre du Petit Montparnasse

Tel  01 43 22 77 74 

           

         photo ©   Theothea.com

     

                    

     

         

HINKEMANN

de  Ernst Toller

mise en scène  Christine Letailleur

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Théâtre de la Colline

 Tel   01 44 62 52 52

           

       photo ©   Theothea.com

           

                        

          

     

         

LES TROIS SOEURS

de  Anton Tchekhov   

mise en scène  Jean-Yves Ruf   

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Théâtre  TGP

Tel  01 48 13 70 00

           

       photo ©   Theothea.com

            

Jean-Yves Ruf nous propose une passionnante séquence de vie, celle d’Olga (Géraldine Dupla), Irina (Elissa Alloula) & Macha (Lola Felouzis), alors que ces trois soeurs débutent, à reculons, leurs vies de jeunes femmes ne pouvant imaginer épanouir leur âge adulte dans un tel village isolé de toute perspective d’épanouissement socioculturel.

C’est pourquoi le rêve d’émigrer à Moscou leur apparaît comme le seul viatique possible pour échapper à une destinée qu’elles craignent ne pouvoir maîtriser.

Entre cette projection onirique et la réalité factuelle, l’unique difficulté semblerait être, au début de la pièce de Tchekhov, celle d’oser décider tout quitter pour un tel saut dans l’inconnu.

Or ce moment approche ! Il ne faudrait pas le laisser passer au risque qu’une telle opportunité ne puisse jamais se représenter.

Et c’est pourtant ce qui, au cours des quatre actes, se déroulera inexorablement sous le regard du public car l’ensemble des circonstances va concourir à retarder, différer et, en définitive, annuler ce grand projet de « fuite » à Moscou !

De toute évidence, l’art pédagogique de Jean-Yves Ruf est de savoir mettre en situation ses comédiens pour que ceux-ci puissent s’approprier « à leur main » tout le fatras imaginaire des motivations, exaltations, ressentiments nécessairement contradictoires engendrant l’inter-comportementalité des protagonistes entre, avec et contre eux.

Ainsi, armés de ces passeports vers l’au-delà du texte in situ, c’est véritablement « boostés » par la crédibilité et le bien-fondé de leurs répliques, en l’occurrence slaves par essence, que le gigantesque séisme souterrain pourra éclater au grand jour dans une sorte d’ « acting out » libératoire pour les acteurs et jubilatoire pour les spectateurs.

En outre, la scénographie agit à l’unisson de ce projet mental en réunissant, autour de tréteaux mobiles, autant de configurations familiales dûment étalonnées que de plans cinématographiques bien balisés par des projecteurs complètement enchaînés aux claps virtuels « Action » & « Couper ».

C’est ainsi que le texte d’Anton Tchekhov semble prendre tout son sens originel comme rarement auparavant.

Même l’entracte d’un quart d’heure provoque, en soi, un regain d’intérêt, tellement le psychodrame intérieur espère toujours la sortie de crise par le haut de l’ambition humaine sans cesse appelée à la rescousse.

Même le rideau de scène à transparence floutée prend le relais, entre quelques plans « séquences », pour accueillir, sous ombres chinoises, les soubresauts des coulisses sororales blessées, à jamais, par Natacha (Sarah Pasquier), la belle-soeur conquérante.

Et cependant, l’expulsion contrainte des trois sœurs de leur terrain de jeu si cher à l’enfance ne pourra résoudre l’enjeu profond caché au sein de ce déchirement collectif :

Mais qui donc est le véritable maître de la destinée?             

Theothea le 04/04/15    

              

         

       photo ©   Theothea.com

         

LA REVOLTE

de Villiers de l'Isle-Asam   

mise en scène Marc Paquien  

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Théâtre des Bouffes du Nord

Tel   01 46 07 34 50

           

               photo © Pascal Victor  

         

           

              photo ©   Theothea.com

         

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