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Les    Chroniques   de

  

20ème  Saison     Chroniques   20.011   à   20.015    Page  381

 

   

     

             

Véronique Sanson - Palais des sports 10/10/15    -   photo © Theothea.com

   

       

     

       

Véronique Sanson - Palais des sports 10/10/15    -   photo © Theothea.com

     

   

     

                

Véronique Sanson - Palais des sports 10/10/15    -   photo © Theothea.com

     

     

           

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IRMA LA DOUCE

de  Alexandre Breffort   

mise en scène  Nicolas Briançon   

****

Théâtre de La Porte Saint-Martin

Tel  01 42 08 00 32     

           

       photo © Pascal Victor

        

Du Paris interlope au Bagne exotique aller-retour, Nestor court après l’Amour, sans cesse poursuivi par la jalousie l’ayant égaré au point d’avoir dû mettre fin symbolique aux jours d'Oscar, son double virtuel dont il était devenu peu à peu pathologiquement ombrageux !

En effet, quel pourrait être le comble d’un souteneur, passionnément amoureux d’une prostituée, si ce n’est de devenir son unique client exclusif jusqu’à finir par ne même plus pouvoir supporter cette relation tripartite ?

Inspiré par un tel thème néo-romantique à souhait, il était cohérent pour Nicolas Briançon, toujours sur les routes du succès avec sa « Vénus à la fourrure », Molières 2015 du Théâtre privé et de la mise en scène, de faire ainsi lien entre « la subjugation amoureuse transie » et « l’impossible partage amoureux ».

Adossée à cette relation de complémentarité, voici donc « Irma la douce » dont la légende veut qu’elle ait été la première des comédies musicales à traverser la Manche et l’Atlantique depuis la France des années cinquante !

Celle-ci a, en effet, tout d’une « grande », tant par l’avènement mythique du livret d’Alexandre Breffort que grâce aux mélodies composées par Marguerite Monnot, créée à Paris en 56 au Théâtre Gramont par Colette Renard et Michel Roux.

Encore sous l’emprise des vertus de l’Opérette dont il conservait la fantasmagorie lyrique, joyeuse et burlesque, ce spectacle musical innovait avec des chorégraphies en intrication interactive avec le récit.

Aussi, loin de chercher l’actualisation formelle, Nicolas Briançon préfère en maintenir toutes les spécificités d’atmosphère intrinsèques au Paris de l’époque, à son langage argotique, à cette insouciance comportementale dont le charme rétro est garant d’un authentique revival.

Dans cette perspective, faire appel à l’expérience talentueuse de Nicole Croisille pour en assurer, à la fois, le rôle originel de la narratrice mais surtout pour en devenir la véritable meneuse de revue relevait en soi d’un choix artistique éclairé… incontestable !

Par ailleurs, demander à un couple réel dans la vie, de venir sublimer sur scène une relation de prostitution « à la bonne franquette » en histoire d’amour tragico-sentimentale au cœur d’un Paris nostalgico-onirique, comment imaginer que ce ne fussent pas Marie-Julie Baup & Lorànt Deutsch qui se dévouent pour se régaler d’un projet théâtral aussi excitant ?

Il suffirait désormais de réunir une dizaine de comédiens doués pour des compositions hautes en couleurs mêlées aux accents des faubourgs parisiens ainsi que de solliciter Gérard Daguerre pour adapter ses propres arrangements musicaux, ayant précédemment orchestré la mise en scène (2000-2002) de Jérôme Savary, à, ici, une formation de six musiciens, placée côté cour sur la scène de la Porte Saint-Martin afin que les joyeux fantômes de l’opérette ressuscitent dans un délire fantasmatique montant crescendo au gré des codes jazzy qui jalonnent cette fameuse comédie musicale patrimoniale.

Theothea le 12/10/15

     

                         

       photo © Pascal Victor

         

FLEUR DE CACTUS 

de Barillet & Gredy 

mise en scène  Michel  Fau  

****

Théâtre  Antoine 

Tel  01 42 08 77 71     

           

       photo ©  MARCEL HARTMANN

       

Prendre le relais après Sophie Desmarets, Lauren Bacall et Ingrid Bergman, il fallait vraiment que ce soit une « Grande » alias Catherine Frot qui puisse se glisser dans le rôle évolutif de « Stéphane », passant de l’assistante dentaire psychorigide à celle d’une femme amoureuse et épanouie.

A la suite de Jean Poiret & Jacques Rosny, il fallait que Michel Fau ait l’intuition bien inspirée pour remonter cette pièce à succès des années soixante, déjà reprise en 87, tout en conservant l’atmosphère de l’époque originelle grâce à des costumes vintage, une bande son raccord sixties, un décor kitsch à souhait dont l’emboîtement mobile s’avère tellement ingénieux qu’il pourrait constituer à lui seul un régal de perspective animée.

Cette Fleur de Cactus est donc un des chefs d’œuvre de Barillet & Gredy que l’imaginaire collectif associe volontiers, de manière concomitante, à l’impact télévisuel d’ « Au Théâtre ce soir ».

Fort de ce contexte patrimonial assumé et même revendiqué, Michel Fau va sortir les « claquements » du Boulevard en des fondus enchaînés cinématographiques faisant sans cesse rebondir l’action à l’envers des codes habituels de ce genre pourtant si rodé.

En effet, si le mensonge monté en colimaçon peut se vanter d’être un must de l’adultère formaté aux coucheries bourgeoises, il est plutôt rarissime de devoir s’inventer, à rebours, des enfants à charge imaginaires, une épouse virtuelle et même l’amant que celle-ci se devrait d’avoir… tout cela exclusivement pour satisfaire aux scrupules moraux d’une conquête amoureuse, devenant bien encombrante !…

Alors, c’est en reprenant à reculons le fil conducteur des passions égarées par des postures fallacieuses que pourra se libérer l’apothéose naturelle plébiscitée par le public hilare, permettant à Catherine Frot de tirer les marrons du feu avec classe ainsi qu’à Michel Fau de finir en paix avec son personnage tellement tourneboulé toute la soirée qu’il en aura ravi la foule.

Du grand art distancié, distillé avec humour et partagé selon six rôles bien campés accompagnant le duo dans un dédale de quiproquos libidinaux montés en neige si délicieusement artificielle qu’au final, celle-ci en fait étinceler de joie les mirettes des spectateurs.

Theothea le 10/10/15   

   

                                

       photo ©  MARCEL HARTMANN

         

PARTIE EN GRECE

de  Willy Russell 

mise en scène  Marie Pascale Osterrieth   

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Théâtre  La Bruyère 

Tel  01 47 74 76 99      

           

        photo ©  Lot   

     

Dans l’intimité de son foyer, Solange Rossignol sait ce qu’est « parler à un mur ». Sans doute, celui-ci est-il son meilleur ami et surtout le garant d’une volonté à être encore en mesure de positiver le quotidien.

C’est à ce prix que, la cinquantaine venue, la ménagère s’autorise à confier ses états d’âme alors que les enfants ont pris leur autonomie et que le mari ronchon n’a plus, à son égard, que des exigences acquises à force d’habitude.

La prise de conscience d’une situation en impasse se révélera au fur et à mesure d’une maïeutique à tendance critique que l’ex jeune femme a su conserver, tel un élan vital que toutes ces années d’abnégation consentie n’ont pas éteint.

C’est pourtant un élément imprévisible qui mettra le feu aux poudres accumulées dans le tréfonds de son désappointement : Une amie toujours prête à prendre un avion en destination d’exotisme tout azimut va lui proposer tout à trac de l’accompagner en Grèce durant une quinzaine, mieux elle lui offre son billet en bonne et due forme.

Mais accepter de partir ainsi sans crier gare, ce serait forcément transgresser tous les codes de bonne conduite d’une épouse assujettie à son rôle d’ordonnancement familial.

Et puis le risque serait grand, une fois parvenue dans une crique paradisiaque de la mer Égée, de faire la rencontre d’un professionnel de la drague pouvant perturber son équilibre hormonal juste en situation d’hibernation prolongée depuis des lustres.

Pourquoi donc Solange déserterait-elle le terrain des devoirs conjugaux si bien formatés par l’horloge biologique, certes en état actuel d’inertie ?

C’est tout l’enjeu de la pièce de Willy Russel merveilleusement adaptée par Catherine Marcangeli et Marie-Pascale Osterrieth, elle-même metteur en scène de cette libération initiatique à vocation universelle.

En effet, ce monologue dialectique avec « le mur » qui pourrait fort bien se poursuivre avec « le rocher » en bord de plage revendiquerait aisément une connotation féministe mais l’objectif poursuivi va largement au-delà :

Pourquoi, si nous n’y prenons attention, nos vies devraient-elles devenir, avec le temps qui passe inexorablement, étriquées, repliées sur elles-mêmes et leurs acquis d’apparence confortable, alors que les aspirations de la jeunesse transcendaient les normes établies et les limites bornées ?

Dans cette perspective d’alternative, Solange pourra-t-elle retrouver la complicité constructive qu’elle entretenait d’antan avec Patrick, son jeune mari ?

Vous le saurez très certainement en décidant spontanément de vous embarquer avec la subtile Valérie Mairesse vers ces îles de jouvence, là où toutes les renaissances sont envisageables et même quasiment prescriptes !

Theothea le 15/10/15    

                         

     

       visuel affiche

         

LE POISSON BELGE

de  Léonore Confino   

mise en scène  Catherine Schaub   

****

La pépinière Théâtre

Tel  01.42.61.44.16       

           

       photo © Christophe Vootz     

     

Même ceux qui pourraient sortir perplexes de l’expérience du « Poisson belge » resteraient cois face à l’éventuel désappointement car chacun, à sa façon, ressent confusément que le texte de Léonore Confino fait quelque part écho à une zone très profonde de la conscience, celle peut-être du « grand bleu » où aucune forme de vie ne pourrait subsister mais que pour autant il serait parfaitement inutile de tenter d’assommer le poisson rouge hors de son bocal, tant la métaphore résisterait à une telle transgression scénique…

Alors place au surréalisme, à la poésie, au conte pour « petit fille » & « grande monsieur », en sachant que ceux qui aiment déjà l’auteur pour l’avoir expérimenté au cours de ses trois précédentes pièces « Building », « Ring » & « Les uns sur les autres » prendront aisément le train de la confiance, se laissant emmener en des territoires mouvants, instables mais sans doute réparateurs comme le souhaite la dramaturge.

Il s’agit en l’occurrence de ceux de l’enfance plus ou moins abandonnés au fur et à mesure que l’âge éloigne de ses prémices, sans même se rendre compte que de cet abandon naît une dichotomie souvent irréductible.

Que ce soit deux comédiens à fleur de peau qui se trouvent ainsi engagés dans cette vertigineuse descente du conscient à l’inconscient représente déjà en soi un intérêt spontané, mais que, de surcroît, l’un chanteur de notoriété fasse à cinquante ans ses premiers pas substantiels sur les planches, que l’autre fort expérimentée y trouve l’opportunité d’une reconnaissance amplement méritée, voilà qui ajoute un attrait empathique à cette aventure théâtrale.

Oui, Marc Lavoine a su prendre humblement ce parcours initiatique dans lequel il se trouve confronté à la fois à des réminiscences existentielles et, de manière concomitante, à un véritable choix artistique l’impliquant totalement.

Quant à Géraldine Martineau, c’est peu de dire qu’elle bouge bien, qu’elle fait preuve de feeling et de savoir-faire la propulsant dans cette énième dimension où la prodigalité de l’imaginaire nécessite une résonnance exclusive avec l’enfant que nous avons tous été et que nécessairement nous sommes toujours, à notre insu ou à notre gré selon les cas.

Catherine Schaub parachève l’entière disponibilité de ses interprètes en organisant leur rencontre scénographique selon leurs différences et leurs similitudes avec pour objectif onirique, la fusion identitaire.

A chacun des spectateurs ensuite d’y trouver sa force essentielle d’ouverture et d’écoute attentives afin de profiter pleinement ou pas de cet happening décalé et allégorique !

Theothea le 16/10/15

   

                          

          photo ©   Theothea.com

         

LES VOEUX DU COEUR

de  Bill C. Davis

mise en scène  Anne Bourgeois

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Théâtre La Bruyère

Tel  01 48 74 76 99       

           

       photo ©  LOT 

      

Si, comme pour les poupées russes, un sujet de pièce devait en cacher un autre qui, lui-même, se voudrait être le thème central du débat, « Les vœux du coeur » de Bill C. Davis se feraient fort d’être champion d’une dialectique à plusieurs niveaux de réflexion.

En effet, tout d’abord, en vitrine de l’opinion contemporaine, viendrait s’imposer l’acceptation ou non du mariage homosexuel par l’église catholique affichant une ouverture vers la différence.

Mais cette aspiration à une reconnaissance sociale de l’amour pour le même sexe au cœur de la foi cacherait de fait un impératif coercitif plus fondamental, celui de l’engagement à construire sa vie selon un idéal.

Cette exigence de vie étant acceptée et assumée, il serait alors hors de question d’y déroger sous peine de laxisme face au respect de soi-même et de l’image que la communauté religieuse se renverrait à elle-même.

Les dogmes seraient donc là pour protéger chacun du péril qu’il y aurait à céder à la spontanéité des pulsions tellement fallacieuses qu’elles feraient prendre aisément le mal pour un bien apparent.

Ainsi Brian (Julien Alluguette), Tom (Davy Sardou), Irène (Julie Debazac) et le père Raymond (Bruno Madinier) vont-ils jouter deux heures durant pour chercher à discerner leurs vérités écartelées entre des exigences dépassant leurs existences prosaïques.

Les deux jeunes garçons voudraient sceller leur destinée de vie sous les auspices de la communauté religieuse souhaitée bienveillante à leur égard, la jeune femme, sœur de Brian, voudrait faire un bébé toute seule dont elle confierait l’éducation à son frère devenant l’époux de Tom et enfin le prêtre en charge d’indiquer le bon chemin à suivre, serait lui, malgré ses vœux de chasteté, sur le point de tomber amoureux d’Irène.

Tous sont désemparés de ne pas correspondre aux schémas préétablis par l’éthique religieuse ressentie confusément comme un obstacle à vivre leur vie.

La démarche réflexive qui s’installe sur le plateau du La Bruyère est de haute volée malgré qu’elle puisse donner, en quelques séquences, l’impression d’être inutilement rhétorique mais l’exigence des âmes s’imposant à tous corrige cet écueil formel pour renouveler sans cesse l’intérêt à se dépasser soi-même face aux contradictions de la pensée confrontée aux convictions personnelles.

A la manière d’une exigence de vérité que l’on peut trouver par exemple chez Montherlant dans « La ville dont le prince est un enfant », les quatre brebis égarées trouveront-elles alors une alternative à leurs aspirations existentielles contrariées ?

Place à une interprétation puissante dirigée d’une main de velours par Anne Bourgeois qui emmène ses quatre comédiens à l’écoute des voix intérieures se lisant à fleur de peau !

Theothea le 15/10/15    

     

                                          

   photo ©   Theothea.com

         

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Véronique Sanson - Palais des sports 10/10/15    -   photo © Theothea.com

 

       

   

   

   

     

          

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