Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

20ème  Saison     Chroniques   20.071   à   20.075    Page  393

 

          

        

     

             

Axelle Red - Tournée Acoustique - Théâtre de Paris 21 mars 2016  - photo © Theothea.com

   

       

     

       

Axelle Red - Tournée Acoustique - Théâtre de Paris 21 mars 2016  - photo © Theothea.com

     

   

     

                

Axelle Red - Tournée Acoustique - Théâtre de Paris 21 mars 2016  - photo © Theothea.com

     

     

           

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TEMPÊTE SOUS UN CRÂNE

d'après Victor Hugo  

mise en scène  Jean Bellorini   

****

Théâtre TGP

Tel  01 48 13 70 00   

           

        photo ©   Theothea.com

                     

       

   

       photo ©   Theothea.com

         

RENCONTRE A CASTEL GANDOLFO

Jean-Paul II & Antoine Vitez

de  Jean-Philippe Mestre   

mise en scène  Pascal Vitiello   

****

Théâtre  La Bruyère 

Tel   01 48 74 76 99      

           

        photo ©   LOT

     

Avec cette discussion impromptue entre Jean-Paul II et Antoine Vitez, Jean-Philippe Mestre inaugure d’un genre théâtral différencié qui pourrait fort bien se décliner à l’occasion d’autres rencontres partiellement virtuelles ou non, mais forcément favorables à l’échange respectable d’opinions.

En l’occurrence, en témoin et observateur fortuit, le journaliste lyonnais eut l’idée de poursuivre la conversation informelle relativement brève ayant effectivement eu lieu entre le Pape et l’homme de Théâtre, à la suite d’une représentation privée du « Mystère de la charité de Jeanne d’Arc » de Charles Peguy donnée, dans la résidence d’été pontificale de Castel Gandolfo fin juillet 1988, par la Comédie Française dont Vitez était devenu le récent administrateur.

En s’appuyant sur des propos écrits ou énoncés oralement par les deux débatteurs en d’autres circonstances, l’auteur-éditorialiste pouvait ainsi susciter une véritable réflexion à deux voix sur des sujets thématiques socioculturels voire théologiques, philosophiques et même politiques.

Bref, en inventant le prolongement de leur pensée associative mais bel et bien avérée, celui-ci allait pouvoir mettre en place un exposé contradictoire de points de vue légitimes mais souvent radicalement opposés, à commencer par ceux de la croyance en Dieu ou de la vie éternelle…

Dans la mise en espace a minima, sur fond bleu azur, du plateau du La Bruyère, il nous a semblé que la prise de parole fonctionnait davantage à la manière d’une interview de Jean-Paul II par Antoine Vitez plutôt que d’idées s’entrechoquant spontanément au gré d’une prise de parole à tour de rôle.

De l’écoute globale de cet entretien oral pouvait ressortir l’impression que le metteur en scène, attaché à l’idéologie communiste, avait le désir de questionner et même de tester le représentant du pouvoir religieux en le poussant dans ses retranchements ou convictions et que le Pape lui, de par sa fonction d’autorité et de représentation, se sentait en obligation mais aussi en satisfaction de répondre dans une empathie bienveillante mais assumant et même justifiant toute l’histoire de l’Eglise.

Rien de plus normal d’ailleurs, car ainsi les deux hommes s’affichaient dans leurs positions sociétales respectives :

L’homme de théâtre interroge le monde ! L’homme d’église répond à l’attente de l’humanité en proie au doute !

Dans cette perspective, Jean-Philippe Mestre est resté très précautionneux de n’être que le porte-parole des prises de position publiques respectives de l’un et l’autre interlocuteur.

Au demeurant sur les planches du La Bruyère, c’est un texte de haute volée que Bernard Lanneau et Michel Bompoil se partagent dans la responsabilité incarnée de le faire vivre depuis l’intérieur de sa pensée dialectique évoluant en temps réel.

Sans pour autant jargonner, la réflexion duelle s’y trouve confortée dans sa relation aisée à la contradiction permettant ainsi au spectateur d’être réceptif aux thèses et antithèses avec le même bonheur équitable.

Loin de toute imitation qui serait, avec évidence, contre performante, les deux comédiens sont excellents dans l’incarnation symbolique de la défense conceptuelle de la pensée laïque face à la pensée religieuse.

Se présentant quasiment comme un cas d’école voire, en exemple, significatif d’un argumentaire contradictoire ambitieux, ce débat quasi mystique dans les jardins de Castel Gondolfo pourrait s’afficher comme le surgissement du verbe originel dans son affirmation partagée du « Sacré ».

En tout cas, ce genre théâtral innovant est, à lui seul, une voie dramaturgique à suivre car, pourvu qu’il soit fondé, il est à même d’élever l’entendement et l’âme du poète.

Theothea le 1er avril 2016

   

       

       photo ©   Theothea.com

         

LA RIVIERE

de  Jez Butterworth   

mise en scène  Jérémie Lippmann   

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Comédie des Champs Elysées

Tel  01 53 23 99 19   

           

        photo ©   Theothea.com

                           

Lorsque le 3 février dernier, Nicolas Briançon fêtait au Trianon avec Marie Gillain & toute l’équipe de « La Vénus à la fourrure » la toute dernière représentation de leur pièce à succès, prolongée à plusieurs reprises et plébiscitée en tournée après avoir été couronnée par deux Molières 2015, il était de fait naturel pour le comédien, comblé par cette formidable réussite, de vouloir enchaîner immédiatement par une nouvelle création dirigée par ce même metteur en scène, Jérémie Lippmann, qui avait si bien oeuvré à mettre le roman de Léopold van Sacher Masoch au cœur de la modernité transgressée sur les planches.

Or, il se trouve que Jérémie, un an auparavant, n’ayant écouté que son instinct, avait alors sauté dans un avion pour assister à la dernière à New-York de The River de Jez Butterworth, venant de triompher à Broadway ainsi que précédemment à Londres.

D’emblée conquis par le jeu de la vérité qui glisse entre les mains, tel le poisson métaphorique de ce conte fantastique, le découvreur revenait en France avec quasiment une mise en scène « clefs en main » intégrant sa distribution top niveau. Alea jacta est !…

Et voilà donc comment deux jours après la fameuse fête du Trianon, Anne Charrier, Emma de Caunes & Clara Huet allaient, en chœur, retrouver l’étrange séducteur d’une nuit sans lune, interprété par l’irrésistible Nicolas Briançon, ici grand pêcheur, en eau douce, devant l’éternel.

Reclus dans une cabane au fond de la forêt baignée de tous ses sortilèges, celui-ci pourrait fort bien être l’ermite fuyant tous ses contemporains pour se rapprocher au plus près du monde animal et plus spécialement piscicole, si ce n’est qu’un étrange ballet féminin va s’organiser autour de lui alors que les silhouettes, les visages, les voix paraîtraient se confondre au point, peut-être, de n’en constituer qu’une seule et même figure.

Mieux, l’espace temps semblerait lui-même se rétrécir en se réitérant dans une nuit infinie, récurrente et obsessionnelle alors que notre homme des bois, lui, se plairait à discourir sur les vertus de la pêche sous toutes ses composantes, y compris métaphysiques.

Y aurait-il un événement fondateur ou un traumatisme initial à cette répétition d’une même scène ou d’une même situation (re)jouée dans un cycle apparemment sans fin ?

Mais qui est donc cette jeune femme ou quelles sont-elles ? Que représente-t-elle ? Pourrait-elle avoir des accointances, fussent-elles inversées avec La Lorelei du romantisme germanique ?

Et quel objectif poursuit donc le deus ex machina qui organiserait ce bal des fantasmes sylvestres accaparant l’imaginaire des spectateurs sans jamais leur donner le loisir de pouvoir se mettre d’accord sur la version consensuelle d’une histoire fantasmatique sans intrigue ?

Autant de questions sans véritables réponses rationnelles que l’esprit latin a sans doute quelques difficultés conceptuelles à admettre.

Et voilà donc, peut-être, pourquoi, quelque 50 jours après la première à la Comédie des Champs-Elysées, la rivière continuera de s’écouler sauvagement mais sans cette tribu parisienne chic et choc ayant su transformer une vision forestière de l’aléatoire et de l’éphémère en un spectacle culte que, seuls, quelques happy few auront donc pu apprécier… faute de présence conséquente du public pourtant convié et attendu en vain… à cette fascinante « Fishing Party ».

Theothea le 17/03/16

     

       

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RACINE OU LA LECON DE PHEDRE

de & mise en scène   Anne Delbée   

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Théâtre de La Contrescarpe

Tel  01 42 01 81 88 

           

        photo ©   Theothea.com

                         

Dans la petite salle du théâtre de la Contrescarpe, située plusieurs mètres en sous-sol, Anne Delbée surgit sur la scène à grandes enjambées, très déterminée. Allure masculine avec ses pantalons à bretelles et sa veste sur chemise blanche trop grande, elle empoigne d'emblée le vers racinien, tel un toréador dans l'arène affrontant l'animal, muni d'une muleta invisible. Avec élégance et arrogance, elle se cambre, se cabre, exerce des volte-face, défie, brave l'alexandrin et le dompte.

Car Anne Delbée est une comédienne pour qui la Tragédie, dont le goût remonte à l'enfance, est un art total, majeur, une raison de vie. Amante de Racine depuis des lustres, elle a monté Phèdre, en 1995, à la Comédie Française avec Martine Chevallier. Hippolyte, lui, avait les traits d'Éric Génovèse et elle avait fait appel au flamboyant Christian Lacroix pour les costumes.

Son envie de transmission est telle qu'elle revient seule en scène avec son spectacle "Racine ou la leçon de Phèdre", nous livrant une démonstration très physique de la force de la fatalité chez Racine et mettant en écho la vie mystérieuse du poète. Malgré un titre ambivalent, la grande tragédienne ne fait pas une conférence. Elle nous communique intensément son amour de la langue Racinienne : "Je désire plus que tout faire entendre ce qui résonne en moi chez Racine".

Elle commence par ce qui est essentiel dans la Tragédie : la diction de l'Alexandrin. Il doit être déclamé dans un souffle fluide sur une longueur de 12 pieds, en faisant toutes les liaisons, il faut donc l'étirer et le rendre sonore, les voyelles doivent porter. A la fin des 12 pieds, marquer une pause comme si une respiration était nécessaire pour se délecter du vers suivant.

En donnant une valeur tonique aux mots, elle démontre que les alexandrins pourraient être proférés sur une musique de jazz et même de rock, jusqu'à tenter sur un morceau de rapp. Ainsi, chaussée de lunettes noires, allure de rockeuse "croqueuse de diamants", micro en main, elle les chante, les rend mélodieux, elle nous en restitue le lyrisme jubilatoire. Elle module les vers, les enroule et, de sa belle voix grave, joue de toutes les fluctuations et intonations.

Soutenue par un décor et vidéos à l'appui d'Abel Orain, exaltée par la musique de Patrick Najean, elle retrouve l'ardeur de sa jeunesse, son exaltation, sa force, sa conviction intense de la beauté poétique de la tragédie racinienne, théâtre de feu donc théâtre de lumière: "À ses côtés, je retrouve l'éclatement de mon cœur d'adolescente".

Entremêlées à ce spectacle fervent, Anne Delbée nous glisse des anecdotes et des clefs sur la vie de son cher Racine qui vient après Molière et Les Corneille Thomas & Pierre. Elle nous offre le portrait d'un homme fascinant et imparfait. Orphelin à 3 ans, celui-ci recevra, grâce à sa grand-mère, une éducation janséniste au couvent de Port-Royal.

La célèbre comédienne La Marquise Du Parc, qui faisait partie de la troupe de Molière, deviendra sa maîtresse. Elle créera le rôle titre d'Andromaque, premier grand succès de Racine en 1667. Morte en couches en 1668, en suivirent des rumeurs d'empoisonnement compromettant Racine.

Après Phèdre, celui-ci n'écrit plus de pièce et rompt avec le monde théâtral en 1677, à l'âge de 37 ans. Phèdre sera son œuvre testament qui révèle toute sa vie : "l'enfant, l'adolescent, l'amant, le mal aimé, l'ami privilégié du Roi Soleil et le solitaire".

Anne Delbée, entièrement habitée par la Tragédie, s'y consacre corps et âme. En interprétant Andromaque, Antigone et surtout Phèdre, sa bien-aimée, elle est devenue leur complice et la lecture de ces grands textes lui ont donné le sentiment libérateur de pouvoir "changer le monde".

Enivrée par les vers raciniens, son spectacle est tonique et elle saluera le public avec la même énergie, les mêmes envolées saccadées, buste renversé, telle une danseuse effectuant des arabesques, signatures d'une grande dame du Théâtre qui, pendant 1 h 30, a joué une véritable déclaration d'amour. Enchantante, vibrante, elle a su captiver la petite salle très douillette de la Contrescarpe. Du pur style.

Cat’s / Theothea.com le 31/03/16 

   

       

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GARDE ALTERNEE     

de Edwige Antier & Louis-Michel Colla   

mise en scène Hervé van der Meulen  

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Théâtre des Mathurins

Théâtre Gaité Montparnasse

           

        photo ©   Theothea.com

     

Avec un nounours allongé sur le divan analytique illustrant l’affiche théâtrale de « Garde alternée », il est tentant d’induire que l’enfance y est inscrite au cœur de la problématique.

En effet, en tant que période initiatrice de toute destinée humaine, c’est toujours elle qui fait figure de pierre d’achoppement dès qu’un trouble apparaît par la suite.

Et c’est donc dans cette perspective que, sur les planches, le professeur David Truman, éminent pédopsychiatre, va prôner l’écoute prioritaire de l’enfant, voire celle de l’adolescent, lorsque la cellule familiale se trouve remise en question par la séparation des parents.

La pièce écrite par l’homme de théâtre, Louis-Michel Colla, sous la connaissance spécialisée de la médecin-pédiatre Edwige Antier, a pour objectif de dédramatiser les conflits parentaux pourvu qu’ils soient gérés au mieux de l’intérêt bien compris des enfants, alors même que ceux-ci risqueraient d’être engloutis dans la tourmente familiale.

En se fondant sur les modalités actualisées de la famille recomposée qui, confrontée, dès les premières négociations, aux responsabilités inhérentes à la garde parentale, trouvent la plupart du temps leur compromis juridique dans l’alternance, c’est donc grandeur Théâtre que va s’effectuer la démonstration pédagogique de la nécessité de porter écoute attentive à l’expression orale de l’enfant dûment accompagnée de ses non-dits, face au désappointement nouvellement créé par le divorce de son père et de sa mère.

En confiant à Patrick Poivre d’Arvor le soin de composer ce rôle du pédopsychiatre attentif à tous les affects contradictoires envahissant nécessairement le champ d’investigation en réévaluation permanente, c’était à la fois gager sur l’intérêt profond que le journaliste nourrit face aux questions relationnelles interactives dans sa vie professionnelle autant que privée mais c’était surtout lui permettre de s’oublier, le temps de la représentation, afin de se projeter dans un personnage d’une notoriété totalement différenciée, quoique …

En tout cas, cette approche artistique semble le satisfaire pleinement au point de prolonger, pour plusieurs semaines, l’expérience théâtrale des Mathurins sur une autre scène, celle de la Gaîté-Montparnasse.

Autour du « nouveau comédien », toute une équipe désormais bien rodée réussit à le mettre en confiance alors que défile dans son cabinet médical un concentré de situations traumatisantes auxquelles il répond dans une quiétude humaniste cherchant toujours à mettre en perspective les enjeux positifs plutôt que les ressentiments destructeurs.

Ainsi dans cette fonction d’autorité gentiment recadrée par son ex (Alexandra Kazan), tourneboulée par le stress des parents (Alexandra Sarramona & David Brécourt) en rupture et surtout confrontée à deux ados (Camille Aguilar & Mathias Huguenot) qui le poussent dans ses retranchements, le professeur Truman leur tient néanmoins, à chacun, dragée haute car ses convictions éthiques sont étayées par la volonté et le savoir-faire de renvoyer sans cesse à son interlocuteur l’image constructive de lui-même.

Une comédie à apprécier comme un Art de Vivre en cohérence !

Theothea le 15/03/16

     

     

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Axelle Red - Tournée Acoustique - Théâtre de Paris 21 mars 2016  - photo © Theothea.com

 

       

   

   

   

     

          

Axelle Red - Tournée Acoustique - Théâtre de Paris 21 mars 2016  - photo © Theothea.com

     

     

     

         

       

     

         

Axelle Red - Tournée Acoustique - Théâtre de Paris 21 mars 2016  - photo © Theothea.com