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Les    Chroniques   de

  

20ème  Saison     Chroniques   20.091   à   20.095    Page  397

 

           

     

     

             

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Le dernier baiser de Mozart Pt. Montparnasse à partir du 07/09/16  - photo © Theothea.com

     

   

     

                

Le dernier baiser de Mozart Pt. Montparnasse à partir du 07/09/16  - photo © Theothea.com

     

     

           

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BRITANNICUS

de Jean Racine

mise en scène  Stéphane Braunschweig   

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Comédie Française

Tel  01 44 58 15 15

           

photo ©   Theothea.com

                               

Comme si, pour la valeureuse comédienne, l’histoire se répétait en ses meilleures options, Dominique Blanc est devenue en quelques années, sous l’empathie du public, l’emblème de l’exigence racinienne assumée.

Si donc, en 2003, inaugurant les Ateliers Berthier où l’Odéon Théâtre de L’Europe faisait alors, avant pérennité, villégiature provisoire pour cause de rénovation, Patrice Chéreau lui offrait le rôle de « Phèdre » sur un plateau bi-frontal destiné à la rendre poignante et forcément mémorable avec trois Molières attribués à cette création pour sept nominations dont la sienne, voici qu’aujourd’hui la comédienne, parvenue à pleine maturité de son Art, se voit engagée comme Pensionnaire à la Comédie Française, restée hors d’atteinte de son ambition professionnelle à ses débuts, par celui-là même (Eric Ruff) qui restera « son Hippolyte à vie » devenu, entre temps, Administrateur du Français.

Et comme si les circonstances exceptionnelles se devaient de cumuler leur hospice favorable, voilà que Stéphane Braunschweig passant récemment de la direction du TNS à celle de la Colline pour parvenir désormais à l’Odéon, se voit également confier, de manière concomitante, une nouvelle réalisation de Britannicus sur les planches de Richelieu alors même qu’à l’instar de Patrice Chéreau en 2003, c’est la première fois qu’il monte ainsi une pièce classique.

Et donc, pour ces deux projets raciniens à treize années d’intervalle, c’est Dominique Blanc que chacun des deux metteurs en scène de renom se choisit comme l’élue de leur vision artistique respective. Le succès est d’autant plus au rendez-vous que, cette fois-ci, leur muse attitrée débute son interprétation d’Agrippine en étant nouvellement auréolée du Molière 2016 de La Comédienne pour son incarnation de Madame de Merteuil dans « Les Liaisons dangereuses ».

Ceci dit, rien ne semble spécialement pouvoir distraire l’artiste toute heureuse de cette configuration stellaire aussi favorable à son égard, si ce n’est de maintenir sa concentration sur la tache dévolue de rendre à Racine la force d’impact de ses alexandrins.

Il est d’ailleurs, à ce sujet, étonnant d’observer que, selon une démarche totalement opposée concernant la diction adoptée, Anne Delbée, issue pareillement de la Comédie Française, officie au même moment au Théâtre de la Contrescarpe dans « Racine ou la Leçon de Phèdre » en faisant chanter le vers en un jusqu’au-boutisme enflammé à l’incandescence sans qu’aucune autre alternative ne puisse trouver grâce à ses yeux.

A contrario, le parti pris adopté par Stéphane Braunschweig à l’intention de ses dix interprètes est, lui, d’articuler l’alexandrin de la manière la plus naturelle, la moins emphatique voire même, la plus prosaïquement proche du langage quotidien.

Ce paradoxe fondamental entre deux prises en charge artistique du vers racinien peut fort bien se résoudre, au niveau du spectateur sensible à toute énergie engagée dans son flux absolu, par une égale considération à part entière rendant légitime et justifiée l’appréciation équitable.

Sur la scène de la Maison de Molière, un duo féminin de classe entoure Dominique Blanc. Clotilde de Bayser est une Albine tout en compréhension persuasive et protectrice; quant à Georgia Scalliet, sa Junie ne cesse de séduire par tant de dignité imposant le respect indicible.

Du côté des hommes se jouent les manœuvres du Pouvoir ne rencontrant sur leur chemin que la seule réelle force différenciée et déterminée d’Agrippine.

Laurent Stocker (Néron) et Stéphane Varupenne (Britannicus) s’affrontent, en apparence, à fleurets mouchetés mais la monstruosité de l’abus de pouvoir est en marche inexorable et c’est donc la tâche brillante et cynique de Burrhus (Hervé Pierre) et de Narcisse (Benjamin Laverhne) que de se partager les stratégies d’influences respectives pour en finir ou non avec le passage à l’acte meurtrier.

C’est autour d’une immense table de négociations que se tracteront toutes les tribulations diplomatiques autant que sarcastiques se référant scénographiquement aux perpétuels conciliabules décisionnels auxquels souscrit volontiers la Modernité davantage désemparée que convaincue face à ses propres choix par défaut.

Métaphorique plus que jamais, ce « Britannicus » se présente donc comme une parabole aboutie de l’ère Ruff, en première étape de son administration du Français, par ailleurs récompensée pour « 20000 lieues sous les mers » par le Molière 2016 de la Création visuelle.

Theothea le 31/05/16

              

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JE SUIS FASSBINDER

de Falk Richter

mise en scène Stanislas Nordey & Falk Richter  

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Théâtre de la Colline

Tel  01 44 62 52 52    

           

photo ©   Jean-Louis Fernandez

     

A la Colline en ce mois de mai, nous sommes tous, de fait, « Fassbinder » mais nous pourrions tout aussi bien être « Pasolini » ou « Godard » selon que l’auteur, en l’occurrence Falk Richter, pratiquant l’autofiction, se projeta en un échange existentiel avec l’une des figures tutélaires des seventies rejaillissant métaphoriquement sur la contemporanéité.

Celui-ci est donc auteur mais également co-metteur en scène avec Stanislas Nordey qui, lui, de surcroît, est acteur de ce spectacle sans cesse en réécriture puisque porté en permanence par les évènements du monde environnant.

Davantage en lien dialectique mettant à profit la réflexion à apporter à la chose politique telle qu’elle se pratique concrètement plutôt que sur une simple chronique témoignant chronologiquement du réel, le texte tente d’interroger les enjeux de société à la manière de Werner Rainer Fassbinder qui, d’une créativité prolixe, pouvait alors faire feu de tout bois, pourvu qu’il y ait combustion signifiante !

Dans cette perspective, Falk Richter a choisi d’axer sa démarche théâtrale en la fondant sur l’interview filmé que Fassbinder fit de sa propre mère lorsque l’Allemagne était en état d’urgence face aux actes de terrorisme perpétrés par la bande Baader-Meinhof.

Ainsi, en menant une enquête similaire concernant ceux ayant secoué la France récemment, le parallélisme sera poursuivi au sujet des méthodes défensives et de l’arsenal juridique à adopter afin que l’ordre républicain puisse être sauvegardé autant à l’échelle de la Nation que du Citoyen.

Sur toile de fond contextuelle, la scénographie et l’interprétation s’associent en une mascarade transgressive voire subversive telle que les années soixante-dix avaient eu l’opportunité de susciter en inventant la révolution des mœurs intégrant la Pop-culture.

Il faut dire que les cinq comédiens s’en donnent à cœur joie sur le plateau de la Colline organisé tel un kaléidoscope de l’expression audio-visuelle se référant au différentiel de cette quarantaine d’années tout au long de laquelle le son et l’image seraient peu à peu devenus prévalents sur l’écrit.

Ainsi, Laurent Sauvage incarnant avec tempérament la mère de Fassbinder est le plus souvent en prise idéologique avec son rejeton de 30 ans investi par Stanislas Nordey toujours aussi superbement démonstratif et distancié : A eux deux c’est sûr, le verbe fait mouche à satiété !

Au sein de ce jeux de rôles interchangeables, Judith Henry et Eloïse Mignon se partagent malignement la voix du féminisme bafoué par les "hordes de barbares" aux portes de l’Europe ; du moins le duo mâle précédent leur accorde-t-il cette fonction éminemment morale, actualisée en boucle par une médiatisation exacerbée.

En fou du roi (et pareillement compagnon) ou en trublion génial, Thomas Gonzalez assure à lui seul la performance de brouiller, à plaisir, les cartes de l’entendement et de sexualiser à outrance le débat au point de rendre notre époque actuelle presque aussi psychédélique que celle de mémoire post-soixante-huitarde.

Voilà donc un happening essentiel ne ressemblant à rien de déjà connu, à la fois en prise de risque scénique total et en même temps parfaitement structuré… à l’instar d’un ovni du spectacle vivant en pleine démonstration spéculative… fort réussie.

Theothea le 29 mai 2016

                

       

 photo ©   Jean-Louis Fernandez

LA CANDIDATE

de Jean Franco & Guillaume Mélanie

mise en scène  Raymond Acquaviva   

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Théâtre de La Michodière

Tel  01 47 42 95 22   

           

photo ©   Theothea.com

                                   

Après « Panique au Ministère », « Lady Oscar » et « Divina », voici donc, aujourd’hui, la Reine Lear candidate à la Présidentielle !

Dans la suite directe de sa mandature à la jeunesse et aux sports, celle-ci va déclarer sa candidature sur un coup de tête, à trois mois de l’élection suprême, déclenchant ainsi l’immense stupéfaction de son équipe prise totalement à contre-pied.

Avec les mêmes partenaires à une exception près qu’en 2010, avec surtout le même duo d’auteurs « ministériels » bien aguerris à son style, avec un public de plus en plus conquis par la place que l’artiste est en train de se forger dans le paysage théâtral hexagonal, Amanda Lear est définitivement atteinte par le virus des planches.

Il faut dire que cette seconde pièce « en gouvernance républicaine » est écrite de telle façon que chaque réplique, de préférence courte et concise, fasse mouche… si ce n’est rire.

La parodie des mauvaises raisons à se lancer dans la politique y est ici rassemblée en une sorte de manifeste à prendre des vacances forcées au sein du ministère puisque, campagne électorale oblige, il est nécessaire d’être sur la brèche jour et nuit.

Avec force transats, tenues de plage et lampe solaire réunis secrètement en interne autour d’elle, cela devrait suffire pour donner le change médiatique de son « engagement » à ceux qui seraient tentés de croire à la réputation d’une ministre dilettante.

Et bien entendu, pendant cette période, son équipe de « brain storming » et autres conseillers ramerait à tout va pour communiquer à la presse l’emploi du temps, les éléments de langage, les principales lignes directrices du programme dont la candidate n’aurait guère envie de s’embarrasser inutilement.

D’ailleurs, une dizaine de représentations plus en arrière, l’icône ministérielle s’est même autorisée à inviter l’ensemble des élus des deux chambres parlementaires à venir apprécier, à la Michodière, la charge ironique inspirée par les fonctions étatiques.

Une quarantaine de députés et sénateurs ont eu suffisamment d’humour perspicace pour accepter joyeusement cette invitation se terminant en causerie conviviale lors d’un cocktail d’après spectacle.

Elle est comme çà Amanda Lear, professionnelle jusqu’au bout des ongles avec les contraintes de la création artistique et quelque peu provocatrice dans l’expression formelle.

Ainsi, sous l’égide d’un partenaire, metteur en scène pouvant faire office également de professeur dramatique, la comédienne star est assurée d’être bien encadrée par la triple présence scénographique de Raymond Acquaviva qui, en l’occurrence, y joue le rôle le plus loufoque et irresponsable de cette joyeuse bande.

En effet, quand la vie privée et notamment conjugale interfère avec le protocole et les obligations institutionnelles, il est peu probable que la vie de candidate puisse demeurer un long fleuve tranquille.

Mais, apparemment, les Français ne détestent pas être choqués et, en tout cas, n’en tiennent pas vraiment rigueur à ceux de leurs représentants qui dérogent aux principes légitimes pourvu qu’il y ait, en contrepartie, l’Art et la Manière… tellement présents en cette opportunité électorale, ô combien divertissante à la Michodière !

Theothea le 06/05/16

   

                     

 photo ©   Theothea.com

RENDEZ-VOUS GARE DE L'EST

   

de & mise en scène  Guillaume Vincent 

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Théâtre du Rond-Point

Tel   01 44 95 98 21   

           

 photos ©   Giovanni Cittadini Cesi

                                     

Actuellement, le spectacle vivant fait volontiers preuve d’une appétence pour les « seul(e) en scène » basés sur une expérience intime liée à un fort traumatisme ou une pathologie invalidante.

Il est significatif d’observer que ces thématiques s’expriment en s’identifiant sur les planches de manière plus ou moins autobiographique.

Ainsi, par exemple, « Maligne » se développe en un récit thérapeutique vital engageant à cent pour cent l’existence de son auteure; par ailleurs « Les Chatouilles » trace la métaphore à peine fictionnelle de l’artiste se sauvant par son art d’une pédophilie subie en famille; pareillement « Une vie sur mesure » met en scène la sublimation de l’autisme à travers la passion de la batterie pratiquée à l’identique dans sa propre adolescence par l’interprète; en synthèse parodique « Ancien malade des Hôpitaux de Paris » fait fulgurance hilarante en fédérant les travers universels de la relation médicale hospitalière universitaire avec le patient en ressenti instrumentalisé.

Et voici donc « Rendez-vous Gare de l’Est » poursuivant un périple plébiscité depuis 2012, qui fait résidence printanière au Rond-Point dans la salle Topor totalement dépouillée et sous grande résonnance à l’instar de tout espace immobilier vide… à l’exclusion ici de l’estrade dressée pour le public et de la chaise installée à l’intention de l’interprète s’appelant Emilie comme son personnage en souffrance d’une « PMD » autrement dit « Psychose maniaco-dépressive » autrement intitulée cliniquement « Bipolaire ».

Ainsi, Emilie Incerti Formentini est la comédienne qui, depuis la création à La Comédie de Reims, interprète cette jeune femme, hospitalisée à plusieurs reprises à Sainte-Anne, acceptant néanmoins durant quelques phases de stabilisation, une suite d’interviews menés par Guillaume Vincent lors de rendez-vous, dans un café proche de la gare de l’Est, avec l’intention de questionner le vécu de cette maladie au jour le jour.

Tirant de ces entretiens un récit recomposé au plus véridique à destination d’un auditoire élargi, le metteur en scène déclare, a contrario de la réalisation des spectacles cités plus haut, avoir délibérément élevé une barrière hermétique entre la patiente et l’artiste la représentant sur scène, de façon à préserver la subjectivité de la projection et, par conséquent, sa personnalisation émotionnelle.

Le travail consiste notamment à maintenir la bonne distance en évitant de surjouer afin de permettre au spectateur d’élaborer librement son propre imaginaire au cours des cycles récurrents d’excitation intense et de dépression profonde.

Ceci dit, en référence au texte lui-même, il nous a semblé que les bénéfices secondaires paraissent prendre une importance prépondérante dans le quotidien de cette malade, lui procurant paradoxalement un pouvoir immense sur les évènements et les gens formant son entourage.

Cependant, il apparaît tout aussi manifeste qu’Emilie est bel et bien en détresse patente lorsque, se sentant submergée par différents signaux sensoriels, elle ne parvient à maîtriser ceux-ci qu’en les interprétant de manière délibérément affabulatoire.

Au cœur de cette maladie, se trouve ainsi mis en exergue l’impossibilité à appréhender la « normalité » autrement qu’en amplifiant par excès la perception du « réel » ou au contraire en l’affaiblissant jusqu’à le dénier.

Néanmoins en pratique, Emilie « la patiente » paraît être bien encadrée par une équipe médicale lui permettant d’assumer ses propres décisions dans les périodes où elle s’avère en mesure de les prendre.

En contrepoint, le ton distancié à connotation humoristique adopté par l’autre Emilie « la comédienne » pourrait aisément donner l’impression au spectateur que toutes ces tribulations existentielles ne résulteraient que d’une parodie de la Comédie humaine où chacun pourrait calquer son comportement psychosocial au gré de son intérêt immédiat.

Il est indéniablement difficile pour un non soignant professionnel, confronté à un tel récit par définition totalement subjectif, de pouvoir faire la part réelle entre ce qui est « subi » et ce qui est délibérément « voulu » par la patiente. La clef intrinsèque de cette maladie se trouve sans doute au sein d’un tel nœud de complexités.

En tout état de cause, la performance de la comédienne est remarquable car, en position assise quasi permanente sur sa chaise, son phrasé, sa tonalité et ainsi que son expressivité vont servir de support éminemment productif à la compréhension interprétative qu’en fait le spectateur emporté dans les montagnes russes de la pensée en pleine effusion vacillante.

Theothea le 09/06/16

   

                   

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ANCIEN MALADE DES HÔPITAUX DE PARIS

de Daniel Pennac

mise en scène  Benjamin Guillard   

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Théâtre de L'Atelier

Tel   01 46 06 49 24   

           

                  photo ©   Theothea.com

                        

Nominé en « seul(e) en scène » pour les Molières 2016, Olivier Saladin, le fameux ex-Deschiens, est en piste depuis près de trois années avec son « Ancien malade des Hôpitaux de Paris », titre prenant tout son sens savoureux au final de la pièce mais qui, à première vue, n’était pas spécialement annonciateur d’une soirée hilarante et pourtant !…

C’est donc Daniel Pennac qui est l’auteur de cette pièce, parue en 2012, aux éditions Gallimard avant que de trouver son trublion de génie à la hauteur d’une folle nuit passée à travers les services d’un CHU, complètement déstabilisés par un cas tellement atypique qu’il pourrait fort bien remettre en question plus d’une carrière de mandarin.

Ce conte est à la fois suffisamment délirant pour être pris en tant que parodie bienveillante à l’égard de l’Institution Médicale pétrie de bonnes intentions à l’égard des patients dont elle a la charge mais sans jamais oublier que sa responsabilité engage également la notoriété des soignants notamment dans leur cursus hiérarchique bardé de mérites reconnus et sanctionnés par des honneurs professionnels très convoités.

Et bien entendu le bristol, la prestigieuse carte de visite personnelle d’un de ses futurs détenteurs privilégiés, pourrait aisément virer à l’attrait obsessionnel qu’un interne ou « faisant office d’interne » imaginerait se concocter à la face du monde médusé.

Bref, le fantasme de la reconnaissance par ses pairs est encore la meilleure motivation que l’être humain ait à sa portée pour parvenir à une haute estime de soi-même.

C’est ainsi que durant cette invraisemblable nuit hospitalière, un candidat, doté de cette soif de vanités mal placées, va être confronté par un autre de ses congénères, embarqué de l’autre côté du miroir sociétal mais tout aussi déterminé dans sa perspicacité à vouloir démontrer, au sein de la chaîne des thérapies, la réalité d’un hiatus qui devrait être lié à la pertinence du diagnostic appliqué à la souffrance du patient plutôt qu’à l’ambition infinie du chef de service.

La prestation d’Olivier Saladin est plus que remarquable; elle est même tellement pertinente que son jeu de rôles valsant du « prétendu malade qui ne se sent pas très bien » à ceux successifs de tous les responsables en veille au CHU, cette nuit-là, en situation de responsabilité partagée, se trouve pour le coup à « mourir de rire » tant au sens propre que figuré… en tout cas du point de vue du spectateur abasourdi par tant de « verdicts sans appel » devant être remis en question dès la phase thérapeutique suivante.

On le comprend aisément; Olivier Saladin côtoie joyeusement la pratique médicale durant une heure un quart d’horloge comme Monsieur Jourdain fait de la prose à son insu et c’est précisément dans cette candeur néophyte que pourra s’opérer le lien improbable entre aspirant chirurgien & éventuel garagiste, en conséquence du « rêve identitaire » réalisé de facto par le patient.

Mais où vont donc se nicher les vocations tardives ?

Theothea le 14/06/16

       

                       

 photo ©   Emmanuel Noblet

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Le dernier baiser de Mozart Pt. Montparnasse à partir du 07/09/16  - photo © Theothea.com

     

     

     

         

       

     

         

Le dernier baiser de Mozart Pt. Montparnasse à partir du 07/09/16  - photo © Theothea.com