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Les    Chroniques   de

  

21ème  Saison     Chroniques   20.006   à   20.010    Page  402

 

           

     

   

     

           

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PETITS CRIMES CONJUGAUX     

de  Eric-Emmanuel Schmitt 

mise en scène  Jean-Luc Moreau  

avec  Fanny Cottençon & Sam Karmann 

****

   

Théâtre Rive Gauche

Tel   01 43 35 32 31   

   

             ©   F.Rappeneau

     

De Strindberg à Schmitt, il pourrait n’y avoir qu’une inversion de perspective, celle du bonheur conjugal se retournant sur sa pierre d’achoppement en se réduisant à sa plus simple expression, à savoir l’usure inexorable du temps.

Cependant l’écriture de Schmitt, elle, s’avance masquée à l’instar d’une amnésie qu’un clone d’Alfred Hitchcock serait en charge de scanner afin de faire apparaître l’envers du traumatisme crânien survenu soi-disant dans un escalier en colimaçon.

Gilles et Lisa sont effectivement de retour chez eux dans leur duplex, suite à un court séjour hospitalier où celui-ci a pu se remettre d’aplomb après le « choc ».

Et, maintenant, s’ouvrirait donc ce travail de mémoire où il faudrait faire preuve de discernement entre l’oubli, le déni ou toute manipulation du féminin à l’égard du masculin et vice versa.

Et pourtant, ce serait tellement plus confortable de ne se souvenir de rien, de telle façon que l’autre puisse concentrer tous ses efforts à refonder leur couple à l’image idéale de ses ambitions.

Tellement tentante cette phase où tous les espoirs seraient permis, que d’emblée ils vont s’autoriser, à deux, ce passage en force proche d’un jeu de rôles où celui qui sait aurait tout oublié et celle qui culpabilise aurait carte blanche pour tout reconstruire.

Toutefois, au fur et à mesure d’un tel happening en trompe l’œil, le doute va quelque peu s’insinuer dans les esprits soumis aux contradictions de la thèse officielle post-traumatique.

Alors, à tout instant, la vérité pourrait surgir révélant que l’un ou l’autre aurait voulu en finir avec son partenaire mais, selon cette alternative, qui des deux oserait faire le premier pas vers la reconnaissance d’un telle posture criminelle ?

Néanmoins, de l’imaginaire au virtuel, le geste décisif devrait appartenir à celui qui assumerait pleinement ses sentiments et ressentiments à l’égard de son conjoint, en ayant l’audace de les livrer tels quels.

Affaire de conscience ! Affaire de confiance !.. Il suffirait, à cet instant, d’être en mesure de revivre l’émotion de leur première rencontre pour que l’Amour y retrouve ses marques d’origine… ne serait-ce qu’en inversant, complices, les rôles et les répliques échangées quinze années auparavant !…

Ainsi, après Charlotte Rampling et Bernard Giraudeau, lors de la création en 2003 au Théâtre Edouard VII signée Bernard Murat, Fanny Cottençon et Sam Karmann, actuellement au Rive-Gauche, se glissent avec plénitude et grand naturel dans les failles de ce couple en pleine anamnèse sous l’imaginaire prismatique d’Eric-Emmanuel Schmitt et la direction toute sensorielle de Jean-Luc Moreau.

Theothea le 22/10/16

     

       

               ©   F.Rappeneau

         

LE CHIEN     

de  Eric-Emmanuel Schmitt 

mise en scène  Marie-Françoise & Jean-Claude Broche  

avec Mathieu Barbier & Patrice Dehent

****

     

Théâtre Rive Gauche

Tel   01 43 35 32 31   

   

             ©   LD. Rive-Gauche

     

« Si les hommes ont la naïveté de croire en Dieu, les chiens ont la naïveté de croire en l’homme ». Eric-Emmanuel Schmitt a l’art de prendre le lecteur, en l’occurrence, ici, le spectateur, par la main afin de l’emmener dans un monde où l’émotion et le sentiment sont si proches de la métaphysique que tout système défensif rompt les amarres en s’ouvrant sur des dimensions tellement humaines que celles-ci semblent, d’évidence, présentes de toute éternité.

Sur la scène du Rive-Gauche, deux comédiens, comme venus d’ailleurs, apparaissent dans la sobriété tamisée du décor constitué exclusivement de quelques cubes improbables.

Durant cette phase initiale, l’alter ego restera à la fois étrange et muet à la différence de son partenaire, au premier plan, mi-sourire aux lèvres, entreprenant le récit, à la manière d’un conteur prenant tout son temps car déjà empreint de l’adhésion du public aux sortilèges annoncés…

L’enjeu de l’histoire va, en effet, s’échafauder autour d’un secret, celui d’un médecin octogénaire ayant exercé avec compétence dans son village jusqu’à la retraite sans que jamais personne n’ait réussi à franchir le mur de son intimité.

En effet, on ne lui aurait jamais connu d’autre compagnie durant quarante ans que son chien ou plus exactement ses chiens successifs… toujours le même Beauceron appelé Argos.

Cependant le croisement à répétition, au cours de promenades rituelles, d’un écrivain nouveau venu au bourg, suscitera peu à peu une approche qui, bien que réservée, pourrait néanmoins se sublimer en affinités autour de bonnes bouteilles… sans jamais, malgré tout, outrepasser la sphère du privé.

Malheureusement, au retour d’une tournée littéraire promotionnelle, le narrateur sera confronté à la terrible nouvelle de la disparition accidentelle d’Argos et celle suicidaire de son maître Samuel Heymann.

Comme mue par la destinée, sa rencontre opportune avec Miranda, la fille du médecin, révélera dans une stupéfaction progressive la saga en déportation de toute une famille juive ayant subi l’abjection au plus haut point.

Cette prise de conscience a posteriori initiera une démarche de résilience par personnes interposées trouvant son apogée au sein d’une lettre révélatrice de forces telluriques, empathiques et quasiment salvatrices, bien que celles-ci fussent étonnement de nature « canine » !

L’intensité du verbe, la douceur du ton, la force du regard, la persuasion de la torpeur et l’imaginaire en plein émoi, tout se mêle dans l’entendement du spectateur suspendu, entre la rive du trop-plein monstrueux et celle de la plénitude inespérée, aux lèvres de ces deux comédiens, Mathieu Barbier et Patrice Dehent, vibrant de pair au diapason d’Eric-Emmanuel Schmitt au sein d’une mise en perspective avec un tact infini par Marie-Françoise & Jean-Claude Broche… dans le prolongement de leur création plébiscitée en Avignon off.

Theothea le 25/10/16    

      

                 

               ©   Theothea.com

     

MONSIEUR KAÏROS     

de & mise en scène   Fabio Alessandrini

avec Yann Colette & Fabio Alessandrini

****

Théâtre Lucernaire

Tel  01 45 44 57 34

   

               ©  Christophe Leclaire

                                           

Lorsque le Théâtre et son double pirandellien font irruption dans l’imaginaire d’un romancier, ni lui ni son personnage ne sont à l’abri d’un vertige identitaire éventuellement préjudiciable à leur libre arbitre réciproque.

Toutefois, si Pygmalion doit s’attendre à ce que sa créature lui échappe dès qu’il en a terminé avec la mise en orbite terrestre, il est davantage surprenant que celle-là se rebelle alors même qu’elle est encore en phase de conception et d’élaboration.

C’est pourtant ce qu’il va advenir à l’écrivain investi par Fabio Alessandrini que nous découvrons en plein labeur devant son ordinateur manifestant à cet instant quelques signes récalcitrants et annonciateurs d’un grand chambardement au sein de l’écriture en cours…

Comme sorti de nulle part mais, en l’occurrence, d’un rideau en trompe l’œil dissimulant l’encadrure d’une porte installée sur scène menant vers un ailleurs indéfini, voici donc Yann Collette, celui par qui la stupéfaction sera désormais au cœur de l’intrigue.

Nous apprendrons rapidement qu’il est chirurgien envoyé en mission humanitaire au milieu des multiples combats menés de façon permanente sur la planète avec, néanmoins, quasiment aucune chance d’en résoudre l’origine des conflits sans que ceux-ci réapparaissent en d’autres lieux.

Tirant de cette perspective en impasse généralisée, la cruelle sensation de se considérer en situation d’échec à la fois professionnel et personnel, l’intrus, perçu immédiatement par le spectateur dans une ressemblance physique et vestimentaire

troublante avec l’écrivain, réclame tout de go son joker de façon à pouvoir influer avantageusement sur sa destinée… grâce à l’aide opportune et divine de « Kaïros ».

C’est pourquoi le concepteur, avant que d’admettre qu’il puisse s’agir ici de sa propre création littéraire surgissant en révolte des lignes d’un carnet personnel dont il est seul détenteur du contenu et d’éliminer ainsi radicalement l’option éventuelle d’un piratage de son ordinateur, n’est franchement pas enclin à la reconnaissance spontanée d’une telle perturbation de son œuvre en gestation et encore moins à des concessions qui pourraient susciter des idées de protestation à l’ensemble des autres personnages… encore couchés sur le papier.

De cette relation éminemment conflictuelle se développera une lutte aux couteaux verbaux et conceptuels où chacun des deux tentera de justifier, à ses propres yeux, son bon droit selon une argumentation où la liberté d’agir et de penser sera tirée à hue et à dia.

En effet, si le chirurgien souhaite désormais déposer ses valises en des contrées plus positives pour son ambition, l’auteur, lui, souhaite garder la maîtrise d’une écriture dont il est le seul responsable et garant.

Tous les deux, immiscés dans leurs sphères de réflexion respective, se font face dans un étrange mimétisme comme s’ils étaient mus par une scénographie en miroir où aux gestes de l’un semblent correspondre les mots de l’autre dans un vice versa dont l’entendement aurait été envahi par l’ensemble des maux contemporains.

Comment résoudre, en effet, un tel dilemme existentiel où, à « la liberté d’expression » pourraient s’opposer « les droits de l’homme » alors qu’en parallèle chacun des protagonistes paraît également se débattre avec ses propres démons intérieurs mal identifiés ?

Yann Collette et Fabio Alessandrini, impliqués avec une forte puissance intérieure dans ce duel en dédoublement interposé, sont bel et bien chaque soir en charge de la subjectivité des spectateurs tentant, eux, d’apporter leurs réponses appropriées à la différenciation des identités ainsi confrontées aux affres littéraires d’un clonage potentiel ou virtuel.

Theothea le 30/10/16

         

     

               ©   Theothea.com

     

MOI ET FRANCOIS MITTERRAND     

de  Hervé Le Tellier 

mise en scène   Benjamin Guillard  

avec   Olivier Broche 

****

     

Théâtre du Rond-Point

Tel  01 44 95 98 21

   

             © Raphael Arnaud

                             

Sur l’affiche du spectacle se profile le dessin signé Stéphane Trapier rappelant une célèbre photographie de François Mitterrand en compagnie de Michel Rocard, tous deux en « tenue de randonneurs », l’un portant la canne au bras et l’écharpe sous le blouson-parka, l’autre mains dans les poches d’un imper de ville avec chaussures de montagne, posant ensemble pour le cliché tout en souriant à la postérité.

Sur le visuel théâtral dédié où ces personnages ne sont point coiffés des casquettes arborées sur la fameuse photo, Hervé ne représente pas plus Michel Rocard que « Hervé Le Tellier » l’auteur de la pièce puisqu’en l’occurrence, sur la scène du Rond-Point, Olivier Broche interprète ce rôle « partenaire » de François Mitterrand qui, lui, à n’en pas douter est, bel et bien, sur ces supports graphiques l'authentique Président de la Vème République, élu en 1981.

Selon cette alternative, voilà donc le décor planté, l’un est le chef de l’Etat en loisirs et l’autre son invité, son obligé, son faire-valoir… à moins que ce dernier puisse s’imaginer être véritablement devenu « l’ami intime ».

Y aurait-il maldonne ? Que nenni, en salle Jean Tardieu, Hervé entre en conférence, comme tous les soirs, fier comme Artaban et sûr de l’impression qu’il va produire sur les foules admiratives.

En effet, un beau jour de l’été 1983, il eut l’idée sympathique d’envoyer une carte postale depuis Arcachon, sa résidence de vacances, pour féliciter, à retardement, François Mitterrand de sa brillante élection deux années auparavant.

Et miracle, trois mois plus tard, le Président répondait en lui faisant parvenir ce que d’aucuns appelleraient une lettre type mais qu’Hervé interprétait comme le signe annonciateur d’une correspondance amicale l’encourageant à persister dans cette voie épistolaire… Il n’en fallait donc pas plus à notre anti-héros pour s’y lancer à « esprit perdu » mais ô combien satisfait de cette nouvelle relation tellement gratifiante.

Lui-même raconterait ainsi à François toutes les anecdotes et autres misères de sa vie jusque-là si discrète, alors qu’en retour, le Président pourrait, à son tour, se confier à Hervé en s’épanchant sur le poids de ses responsabilités et tout en s’appliquant à lui renvoyer des lettres type en provenance de son secrétariat avec le si fascinant tampon présidentiel.

Véritablement lancé sur orbite sidérale, Hervé continuera par la suite, de plus bel, avec tous les successeurs élus à ce poste prestigieux, brossant en creux un portrait spécifique très subjectif des « règnes » de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande que pourrait fantasmer le citoyen mythomane face au prestige de la République.

Parvenu à ce point du plaisir assouvi, resterait à notre mégalomane aguerri celui résiduel de réussir enfin à « bluffer » son ex-épouse, en la conviant à un souper où tous ces Présidents seraient exceptionnellement réunis autour de lui, leur confident privilégié qui, ainsi nuitamment sans chichi, oserait les recevoir en pyjama… par goût de grande simplicité mais juste avant, sans doute, de faire de beaux rêves ou de tirer une dernière fois, en bouquet final, des plans candides sur leur comète irradiante.

Theothea le 27/10/16

       

     

               ©   Theothea.com

     

QUINTESSENCE      

mise en scène   Stephan Gruss & Stéphane Haffner  

avec Les Gruss & Les Farfadais

****

Cirque Alexis Gruss

Tel  01 45 01 71 26

   

               ©   Theothea.com

                                                                  

Alexis Gruss & Les Farfadais sont de retour en Ile- de-France pour une « Quintessence » au long cours puisque sous chapiteau au Bois de Boulogne jusqu’au 19 février 2017, leur spectacle partira ensuite en grande tournée hexagonale des Zéniths.

A la manière d’une « soucoupe volante » adaptée aux dimensions circulaires de la piste, évoluant à la manière d’un ascenseur et libérant ainsi trois niveaux mobiles de prestation équestre et aérienne, la technologie scénographique révèle un enchaînement de performances dessus, dessous et au sol du plus bel effet complexe.

Inaugurée deux années auparavant, la complémentarité des deux compagnies se présente désormais comme une opportunité créatrice sans limite tant leur osmose se prête à de multiples configurations où leurs arts se marient au mieux de leurs talents ainsi qu’au prorata de leurs savoir-faire respectifs tout autant que de leurs incessants apprentissages, plaçant ainsi les performances des écuyers et des acrobates sous la co-mise en scène de Stephan Gruss et Stéphane Haffner.

Alexis Gruss, en commandeur accompli et assumé régissant l’ensemble des générations de cette association, apparaît pour la circonstance, tel un Ben-Hur inattendu, en conducteur de char ailé aidant à la poursuite de la noble quête menée par Joseph missionné avec l’objectif de recueillir des extraits des 4 éléments, l’air, l’eau, la terre et le feu afin de pouvoir sauver le cheval Pégase d’une mystérieuse maladie.

Emmenés par l’orchestre live branché sur des musiques planantes venues d’un ailleurs sidéral et subjugués par la mélodie quasi continue d’une voix enveloppante et enchanteresse, artistes & chevaux se rencontrent et se succèdent, s’apprivoisant selon un rythme fluide en des performances de bas en haut de la « navette orbitale » en show nec plus ultra.

Maintenir l’unité autant que la diversité d’une telle troupe composite apparaît au spectateur comme un miracle constamment renouvelé sous des yeux admiratifs alors que de cette magie s’élève le sentiment tellement empathique de grande famille du Cirque en mutation permanente.

Theothea le 04/11/16

     

     

               ©   Theothea.com

       

     

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QUINTESSENCE Gruss © Theothea.com