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21ème  Saison     Chroniques   20.066   à   20.070    Page  414

 

     

     

     

           

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TIMON D'ATHENES

de   William Shakespeare

mise en scène   Cyril le Grix

avec  Patrick Catalifo, Philippe Catoire, Thibaut Corrion, Thomas Dewynter, René Hernandez, Maud Imbert, Jérôme Keen, Alexandre Mousset, Carole Schaal Et avec la participation artistique du studio d’Asnières – Musiciens Karim Touré, Florent Hinschberger & Jon Lopez De Vicuna

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Théâtre de La Tempête  

   

                      ©   Theothea.com    

                                   

Timon d'Athènes, pièce méconnue et peu jouée de Shakespeare, bien qu'elle ait été choisie par Peter Brook pour inaugurer les Bouffes du Nord, en 1975, dans cette même traduction de Jean-Claude Carrière, est nominée aux Molières 2017 dans la catégorie "meilleur Comédien" du Théâtre public pour Patrick Catalifo.

Cette pièce s'est jouée pendant un mois au Théâtre de la Tempête sous la direction de Cyril Le Grix qui, en fait, l'a créée en 2007 et l'accompagne donc depuis dix ans.

Le texte qui offre une puissante réflexion sur la cupidité et les bassesses humaines est porté par une mise en scène moderne et musicale dont le ton est donné d'entrée de jeu. Accompagné par un orchestre live de cuivres et percussions, installé côté jardin qui impulsera toutes les scènes, un comédien à l'allure de rockeur, vêtu de cuir, va interpeller le public devant un micro, seul en bord de scène.

Arriveront d'autres comédiens en costume contemporain et chaussures vernies. Le décalage entre le niveau de langue du texte et les tenues vestimentaires est donc un parti pris qui peut dérouter au premier abord mais ce choix illustre magistralement les propos sur la corruption qui gangrène la cité à l'époque Elisabéthaine et qui se révèleraient d'une fracassante actualité.

Toute une ribambelle de courtisans tournent autour de la figure centrale de Timon, riche athénien altruiste. Désintéressé, il prodigue largement sans compter et dilapide sa fortune en offrant festins et cadeaux. Toute la première partie est une démonstration de la puissance bienfaitrice de Timon, matérialisée par la verticalité des hauts panneaux noirs de son palais dans lesquels se réfléchissent la cupidité et la convoitise des notables flatteurs interprétés par une quinzaine de comédiens qui ne partagent pas tous le même code de jeu, entre ceux qui jouent façon "théâtre antique" et les autres qui jouent façon "télévisuelle" avec quelques passages dansés sans grâce.

La vie de Timon va s'effondrer lorsque, ruiné, personne ne lui tendra la main. Dans cette deuxième partie, en passant de la verticalité à l'horizontalité, l'homme royal, debout, a chuté et va se traîner physiquement hors de la carcasse d'un bateau. Il sera désormais résolument seul, toujours à même le sol, se déplaçant en rampant. On le sent verser dans la folie et se fondre dans une haine sans retour, misanthrope retiré du monde, ne se nourrissant plus que de racines, résolu à ne plus accorder sa confiance à personne.

Patrick Catalifo, un peu nonchalant dans son rôle de prince souverain et un peu perdu au milieu d'un essaim d'envieux prend de l'ampleur quand il devient cet ermite aux yeux exorbités, à la chevelure hirsute, vêtu de loques, à la voix rauque, hurlante, tel un loup aux abois.

Cyril le Grix a construit toute sa mise en scène sur le personnage principal de Timon. Son interprète en souligne les nuances et les changements de postures, de l’homme débonnaire au type replié sur lui-même, blessé par l'attitude des hommes. Il donne des fulgurances à ce spectacle quelque peu imparfait dû au traitement inégal accordé à certains personnages.

Cette pièce se révèle parfois en demi-teinte et cependant pleine d'une énergie directe dont quelques images puissantes sont sublimées par la lumière et la musique originale d'un beau trio qui cadence l'épopée flamboyante puis solitaire de Timon d'Athènes.

Cat’s / Theothea.com le 12/05/17 

     

           

               ©   Theothea.com

     

INTRA MUROS

de & mise en scène  Alexis  Michalix  

avec  Jeanne Arenes, Bernard Blancan, Alice De Lencquesaing, Paul Jeanson, Faycal Safi et le musicien Raphaël Charpentier 

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Théâtre 13 / jardin  

   

             ©   Alejandro Guerrero

                                        

Moins de dix années plus tôt, triomphait au Festival de Cannes le film « Entre les murs » qui, mis en scène par Laurent Cantet d’après le roman de François Bégaudeau, obtenait la Palme d’Or 2008. La transgression des relations maître - élèves y impliquait l’ouverture symbolique vers une pédagogie « hors les murs », ceux en l’occurrence du carcan des idéologies… tout en suscitant par ricochets des polémiques.

En intitulant aujourd’hui sa nouvelle création théâtrale selon l’étymologie latine de cette même expression, Alexis Michalik devait sans doute obéir à la même intuition d’implosion mentale, sauf qu’en appliquant « Intra Muros » aux murs bétonnés d’une Maison centrale, il lui était impérieux de différencier implicitement « évasion de l’imaginaire » et « transgression de l’autorité ».

A la lecture des « critiques » parues depuis près d’un mois après la première ayant inauguré la rénovation du Théâtre Treize « jardin » flambant neuf à l’identique mais désormais ouvert sur la ville, le plébiscite du jeune auteur à succès publics déjà répétés par trois fois, « Le Porteur d’Histoire » créé au Théâtre 13, « Le Cercle des illusionnistes » à La Pépinière et, au Palais-Royal,  « Edmond » nominé par 7 fois aux Molières 2017, n’est entaché par aucune controverse ou autre désaccord tant sa méthode de mise en scène est comprise par tous comme un entrecroisement de récits subjectifs se construisant de façon complexe en une entité fictionnelle évolutive mais « sublimant », par échos, la réalité temporelle.

Alexis Michalik fait ainsi délibérément œuvre de divertissement scénographique voire cinématographique, enrichi de sources multiples qui s’intriquent par associations en temps réel dans l’imagination de chaque spectateur selon une pléiade de rôles à facettes prismatiques se renvoyant ombre et lumière.

Présentement, la « Maison centrale » y est effectivement posée comme lieu d’enfermement par essence.

Ce principe établi à l’instar des moments de stages théâtraux eux-mêmes parenthèses dans ce quotidien carcéral permanent et contingent, il est alors possible ou non de faire surgir la parole, toutes les paroles et, par conséquent, rien que le verbe suivi de sa gestuelle et surtout de son principal vecteur partagé par tous, la dimension profondément émotionnelle.

(Re)construire des identités bafouées, tel pourrait être ici le fil conducteur à tout cet enchevêtrement de destinées connexes auquel nous convie Alexis Michalik, confrontées à Kevin et Ange, deux « forçats » quasiment stéréotypés respectivement dans l’introversion et l’extraversion.

C’est le chemin parcouru par étapes contradictoires sous la bienveillance d’un metteur en scène « has been », d’une actrice « ex-épouse » ainsi que d’une assistante « inexpérimentée », qui fera peu à peu surgir, dans l’oralité et ses silences, la mémoire de ce qui pourrait constituer la conscience de soi et d’être au monde.

Il s’agit, de fait, d’un théâtre équilibriste où la force des mots qui se toisent et s’entrechoquent, forme le canevas d’une humanité en projet existentiel de se retrouver elle-même… fût-ce, en l’occurrence, au fin fond d’une Prison.

Theothea le 04/04/17

               

              

               ©   Theothea.com

     

TROIS

de  &   mise en scène  Mani Soleymanlou

avec  Mani Soleymanlou, Emmanuel Schwartz et les interprètes québécois et français : Gustave Akakpo, Jean Alibert, Loïc Bernard-Chabrier, Nil Bosca, Assad Bouab, Marguerite Bourgoin, Marco Collin, Anissa Daaou, Geoffrey Dahm, Judith Davis, Emmanuel De Chavigny, Agathe De Raymond-Cahuzac, Noémie Durantou Reilhac, Jean-Baptiste Foubert, Didier Girauldon, Nina Klinkhamer, Jocelyn Lagarrigue, Constance Larrieu, Denis Lavalou, Dominique Leclerc, Julien Lewkowicz, Maïka Louakairim, Jean-Moïse Martin, Matthieu Mintz, David Nguyen, Karine Pédurand, Néphélie Peingnez, Emmanuel Schwartz, Samira Sedira, Mani Soleymanlou, Lætitia Somé, Elkahna Talbi, Kevin Tussidor, Frankie Wallach, Miléna Wendt, Hichem Yacoubi

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TGP

   

                      ©   Theothea.com    

                             

       

     

               ©   Theothea.com

     

L'ECUME DES JOURS

de Boris Vian  

mise en scène  Sandrine Molaro & Gilles-Vincent Kapps  

avec  Roxanne Bret, Maxime Boutéraon & Antoine Paulin

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Théâtre de La Huchette  

   

             ©   LOT

                             

       

     

               ©   Theothea.com

     

MARIS ET FEMMES

de  Woody Allen   

mise en scène  Stéphane Hillel  

avec  FLORENCE PERNEL, Hélène Médigue, JOSÉ PAUL, MARC FAYET, ASTRID ROOS, EMMANUEL PATRON & ALKA BALBIR

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en tournée    

Théâtre Montansier  

   

                      ©   Theothea.com    

                                   

A l’affiche du Théâtre de Paris en 2016 avec nomination aux Molières dans la catégorie "meilleure comédie", de nombreuses représentations de "Maris et Femmes" se sont poursuivies en tournée 2017 notamment en région parisienne au Théâtre Montansier de Versailles ainsi qu’au Casino d’Enghien. La prochaine résidence est annoncée pour début mai au Jeu de Paume d’Aix-en-Provence et Angers devrait clore ce cycle hexagonal à la mi-juin

Sur une idée d' Hélène Médigue, une des comédiennes, Christian Siméon (Molière du "meilleur auteur" en 2007 pour "le Cabaret des hommes perdus") a adapté le scénario de Woody Allen dont le film éponyme de 1992 a été le dernier tourné avec sa compagne Mia Farrow et donc marqué par l'empreinte d'une séparation inévitable. Il nous y livrait une vision de la vie en couple dont le contenu primait sur la forme dans un style quasiment documentaire. Comme gagné par l’hystérie de la plupart de ses personnages féminins, Woody Allen traduisait l’instabilité chronique de ces quadragénaires mal dans leur peau par des mouvements saccadés de caméra à l'épaule.

Comment montrer au théâtre la déstabilisation d'un groupe d’ " intellos-bobos " new-yorkais sûrs de leur statut professionnel, social, en l’occurrence les évolutions sentimentales de deux paires de personnages en apparence équilibrés, mais qui vont révéler peu à peu la béance de leurs failles !

Dans un décor design très épuré de gratte-ciels en carton-pâte, tout de guingois, qui, grâce à un jeu de lumières élégantes (Laurent Béal), s'animeront de couleurs variées indiquant les heures de la journée et instillant à chaque fois une nouvelle ambiance dans laquelle vont déambuler les protagonistes, la pièce démarre sur l'annonce très décontractée de la séparation, par consentement mutuel, d'un couple ayant vingt de vie commune et assumant le fait qu'il arrive à son terme à un autre couple d'amis, les meilleurs du monde, au cours d'une petite soirée sympa.

Coup de tonnerre inattendu et bouleversant pour ces derniers ensemble, eux, depuis dix-sept ans et qui va déclencher fatalement une remise en question, le doute se distillant au fur et à mesure dans leur intimité et leur stabilité apparente. S'ensuit un chassé-croisé de situations et d'émotions, les deux duos agissant comme des vases communicants.

Jack (Marc Fayet), décidé à faire du sport, quitte Sally pour une femme beaucoup plus jeune qu'elle et plutôt "nunuche" qui croit en l'astrologie, sa dynamique prof d'aérobic (Astrid Roos). Cynique, cassante, cérébrale, Sally encaisse avec une certaine désinvolture. C'est la radieuse et renversante Florence Pernel qui endosse le rôle de cette superwoman au caractère bien trempé, ayant besoin de contrôler les moindres détails de sa vie. Elle a besoin de réfléchir sur tout et à n'importe quel moment, même les plus intimes, ce qui donne des scènes très cocasses en particulier avec son nouveau prétendant Mickaël interprété par le très attentionné Emmanuel Patron, qui se taxe d' être un romantique, tout ce que déteste la désabusée Sally.

Hélène Médigue, qui interprète son amie est, elle, une émotive qui essaie de concilier les contraires, dissimulant derrière une façade d'intellectuelle équilibrée une fragilité sentimentale qu'elle tente de refouler, attirée et éblouie par le charme de Mickaël alors qu'elle ne cesse de réitérer son désir d'enfant avec Gabe, son compagnon.

D’autant que de son côté, Gabe, professeur de littérature, ne se sent pas prêt à assumer la paternité et n’est pas insensible aux démonstrations d’admiration d'une jeune étudiante, Rain, pleine de fraîcheur (Alka Balbir). José Paul, toujours bluffant, rentre en finesse dans l'esprit de Woody Allen avec sa carapace ironique, sa nonchalance, sa maladresse qui dessinent en contrechamp la silhouette du cinéaste.

Ces quatre amis et les acolytes qui viennent perturber leur jeu et servent de catalyseurs nous livrent une partition gaie, truffée d'humour noir, on se lance des répliques drôles avec vivacité malgré les interrogations existentielles empreintes de gravité. La mise en scène rapide, nerveuse et sobre laisse la place aux dialogues souvent croustillants, débités dans de courtes séquences qui se déroulent à un rythme soutenu comme si Stéphane Hillel voulait choper des instants de réalité ou des moments d'improvisation.

Cette chronique conjugale à la sauce new-yorkaise est souvent caustique et bien que la séquence d'Halloween semble trop caricaturale et pesante, avec le revirement "pleurnichard" de Jack implorant Sally de revivre avec lui, délaissant sa jeunette délurée, le ton savoureux de Woody Allen est habilement traduit par cette forme de légèreté frivole caractéristique de l'auteur.

"Maris et femmes" opère un véritable coup de théâtre avec ce retournement de situation assez savoureux : Jack et Sally qui avaient annoncé leur séparation imminente finissent par se ressouder, alors que Judy et Gabe qui renvoyaient une image de solide entente subissent le cataclysme de la rupture.

Érosion ou tentation passagère ! Usure du quotidien ou aiguillon du démon de midi ! Poids des non-dits ! Crise de réflexion des quadras ! tels sont les enjeux de cette pièce fort bien adaptée, aux personnages attachants, fragilisés par leurs failles et leurs fêlures.

Cat’s / Theothea.com le 12/04/17 

     

               

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