Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

22ème  Saison     Chroniques   21.05   à   21.10    Page  421

 

     

          

             

Olga Shuvalova - Un Divan pour la Scène / Funambule © Theothea.com

   

       

   

       

 No Filter 2017 U Arena 3 - Lien Gimme Shelter © Theothea.com 

     

     

       

     

No Filter 2017 U Arena 1- Lien Gimme Shelter © Theothea.com

   

     

                

     

En attendant EX ANIMA ou a posteriori © Theothea.com

     

     

           

     

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ÊTRE OU PARAITRE

d'après Aragon & Shakespeare

mise en scène  Pietragalla & Derouault

avec  Julien Derouault   

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Studio Hébertot

   

              © Pascal Elliott

            

« Être ou paraître » Telle est la question !

Titre emblématique tel le dilemme Shakespearien " to be or not be'' qui tiraille Hamlet, le danseur Julien Derouault, ici seul en scène, est en proie à un duel schizophrénique qui le met en transe pendant un peu plus d'une heure ! De cette problématique existentielle, de derrière le monde des apparences surgira le concept de l'Être magnifiquement incarné par l'alter ego de Marie-Claude Pietragalla.

Corps huilé telle une sculpture grecque qui se déploie dans l'espace, tendu comme l'arc, muscles saillants, visage acéré par la découpe des lumières, surmonté aujourd'hui d'une crinière oxygénée, il danse, joue, monologue, interprète la poésie d’Aragon comme une " libération des sens ", le tout sur la musique du pianiste Yannaël Quenel qui résonne et vibre au diapason de l’imaginaire du danseur.

Lequel apparaît sur scène, enchaîné par une corde, essayant vainement de saisir une couronne posée sur un fauteuil, seul objet dans un décor nu et dépouillé. Il est un roi crépusculaire, appelant la nuit tel le mythique et illuminé Ludwig - le Louis II de Bavière de Visconti, roi illusoire d'un royaume de pacotille - roi de son propre monde peuplé de douleurs et de supplications.

Comme lui, plus amateur d'art et de poésie que de politique, ténébreux, exalté, solitaire, tourmenté et capable de détourner en dérision sa quête d'identité, il défie, à la manière d’Helmut Berger, un rêve d'absolu avec cette arrogance aristocratique qu'il tourne brusquement en ridicule, se moquant de lui-même dans un rire sarcastique.

Dans de longues envolées métaphoriques, Julien Derouault mime, se contorsionne, se disloque, se propulse, tombe et rebondit avec une étonnante agilité, rompant soudainement un mouvement d'une sensuelle élégance par une posture burlesque.

On y voit des gestes millimétrés qui servent de point d’impact pour dessiner à la craie, avec une vitesse fulgurante, des figures difformes sur un tableau géant. Les mots dialoguent intimement avec le corps, lequel s’embrase et tente inlassablement de percer les mystères de l’inspiration, de l’acte poétique dans une prouesse vertigineuse. La beauté du corps ainsi malaxé et interrogé sur le chemin à suivre finit par transcender l'éclatante apparence pour exprimer l'essence de l'Art.

Ce spectacle joué à Avignon en 2014 et 2015 est repris au Studio Hébertot, les dimanche et lundi. Il a été conçu en binôme, pour la chorégraphie, avec Marie-Claude Pietragalla qui en a signé la mise en scène. Se nourrissant mutuellement de leur complicité, de leur vision commune du monde, ils nous offrent une superbe réflexion poétique que la puissante énergie de Julien Derouault sacralise " pour révéler l’humanité à atteindre " dans une époustouflante performance jusqu'à épuisement.

Cat’s / Theothea.com le 03/11/17    

         

       

                          © Theothea.com    

              

EX ANIMA

Conception, Scénographie, Mise en scène  Bartabas  

Musique Originale  François Marillier, Véronique Piron, Jean-Luc Thomas, Wang Li

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Théâtre Equestre d'Aubervilliers

   

 © Marion Tubiana    

                                           

« Du fond du coeur » Bartabas convie le public à un ultime show où ses amis les chevaux ont pour mission de donner le meilleur d’eux-mêmes, c’est-à-dire cette part du double où l’être humain pourrait se reconnaître à leur image.

A moins qu’il puisse donner suite à son rêve d’un voyage extatique façon Pégase, peu de chance, en effet, que le réalisateur puisse au-delà d’ « Ex Anima » revenir aux motivations des « galipettes » initiales lui ayant permis d’associer la performance du cheval à la prouesse de son cavalier.

En effet, parvenu désormais au degré d’abstraction où l’incarnation équestre se donne à voir, à entendre et à ressentir sur la piste circassienne d’Aubervilliers, nul doute que le créateur touche au but de sa recherche expérimentale et atteint, par là même, à l’apogée de la représentation artistique qu’il est en mesure de donner à son public.

Voici donc que ce dernier a rejoint l’ensemble des sièges en gradins circulaires mis à sa disposition alors même que progresse la pénombre annonciatrice d’un spectacle à retenir son souffle.

Une équipe d’ombres profilées grises a maintenant envahi les pourtours de l’espace sableux réservé en priorité à la plus belle conquête de l’homme, elle-même déclinée en ses multiples conjugaisons stylées.

Mais voilà celles-ci davantage devinées, car pour l’instant presque invisibles, immobiles au sol sur le dos ou sur le flanc semblant n’obéir qu’à la voix intérieure du subconscient intégré à la manière d’une directive intransgressible mais pourtant excessivement proche d’une improbable autonomie anthropomorphique assimilée.

L’illusion de maîtrise totale est subjugante puisque le cheval serait ainsi censé être à l’origine de ses propres décisions tel l’autodidacte aguerri affichant avec superbe sa force d’esprit.

Dans cette perspective, d’une séquence à l’autre, les chevaux vont se substituer, peu à peu, à l’idée animale qu’a priori l’on se fait d’eux, en se révélant progressivement, par effet de miroir, être les véritables artisans de la conscience humaine… point nécessairement reluisante et bien souvent malheureuse.

Fort heureusement, le souffle des flûtes universelles psalmodie le double cheminement du cheval et de son plus ambivalent pygmalion à travers les âges s’imprimant sur le registre du temps à la manière du pire et du meilleur.

Symbolique, mystique, surnaturel, esthétique et néanmoins sombre, ce spectacle « du fond du coeur » résonne ainsi comme un message venu des profondeurs de l’animal d’élite à l’intention de l’homme tournant en boucle sur son orbite récurrente.

Bartabas nous en livre, par héritage, la teneur ô combien stylisée; à nous spectateurs d’en approfondir le code de conversion, ô combien intuitif !…

Theothea le 08/11/17

         

       

              © Theothea.com    

              

LA LECON DE DANSE

de Mark St. Germain / adapt  Gérald Sibleyras   

mise en scène Eric Metayer 

avec  Andréa Bescond & Eric Metayer 

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Théâtre de L'Oeuvre

   

 © Emilie Deville    

                                 

De la « danse de la colère » à la « leçon de danse », il n’y aura eu qu’un pas à esquisser de côté pour qu’Andréa Bescond franchisse le mur de la rage interne la menant à la légèreté de l’être grâce, paradoxalement, à une attelle rigidifiant sa jambe blessée.

Si la contrainte disciplinaire est la meilleure façon pour parvenir à exprimer artistiquement les enjeux contradictoires dont la personnalité humaine est constituée, alors cette rencontre, sur la scène du Théâtre de L’Œuvre, avec l’homme de sa vie s’affiche comme pain béni mettant sur « pause » le traumatisme originel.

Eric Métayer lui, à sa façon, Pygmalion de sa dulcinée, n’aurait plus qu’à composer l’autre versant du mérite, gagné à coups de cris existentiels, celui d’un autiste tactile cherchant à entrer en phase avec sa normalité de chercheur scientifique.

Dans la comédie romantique de Mark St. Germain, ceux-ci se nomment respectivement Senga et Adémar, voisins de palier destinés à se côtoyer ou pas mais pour le meilleur en tout cas.

C’est-à-dire que sur l’initiative maladroite de l’un ne sachant sur quel pied danser, l’autre va se transformer, fort opportunément, en mentor du handicap à surmonter par défi sociétal; ce qui favorisera, par effet de miroir réciproque, la prise de conscience transgressant leurs invalidités respectives sous la pression bénéfique d’une valse hésitation.

De séances particulières en rendez-vous confidentiels, les sentiments réciproques vont peu à peu se frayer le chemin d’une nouvelle carte du tendre dont lui et elle vont détenir le secret… si peu protégé.

Telle une respiration poétique et onirique, cette adaptation française de Gérald Sibleyras, que celui-ci met en scène à la manière d’un dessin animé dont les protagonistes seraient leurs propres sujets de découvertes naïves et ébahies, n’est pas vraiment un objet théâtral.

Cela ressemble davantage à un conte scénographique du parcours amoureux, par essence sujet à contrariétés, qu’il serait préférable d’observer avec une distanciation candide… forcément satisfaite de l’être.

Theothea le 29/11/17

               

     

              © Theothea.com    

              

FAISONS UN RÊVE

de  Sacha Guitry

mise en scène  Nicolas Briançon  

avec   Nicolas Briançon, Eric Laugerias, Marie-Julie Baup & Michel Dussarat  

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Théâtre de La Madeleine

   

 © Pascal Riondy    

                                   

Nicolas Briançon est un véritable artiste « talisman » qui semble transformer en or tout ce qu’il façonne sur les planches.

En metteur en scène instinctif et comédien sensitif, sa « french touch » ne cesse de le guider vers une sensualité assumée jusque dans les nuances de la frivolité autant que de la passion dévorante.

Depuis « La Vénus à la fourrure » où l’acteur excellait à transgresser les codes de la séduction jusqu’à se retrouver à vif face au débordement des émois, l’interprète a acquis l’aisance de ceux qui savent naviguer au-delà des convenances et du psychologiquement correct avec le tact charmeur qui sied au gentleman cambrioleur des sentiments les plus intimes.

En s’associant le temps d’un Guitry avec une sorte d’alter ego dans le dépassement de soi ou plus précisément dans la caricature de soi poussée de l’autre côté du miroir, le duo qu’il forme avec Eric Laugérias, dans un triangle amoureux de circonstances fort opportunes, apparaît d’emblée tel un régal à ravir l’imaginaire enjôlé du spectateur.

Un peu comme si les Dupond & Dupont se sondaient dans le blanc de l’œil sous perspective infinie, nos deux compères de fortune se regardent, à fronts renversés, jouer sur un nuage de rouerie stylisée, d’esprit parisien désuet, de misogynie ouatée et d’arrogance outragée avec le délice chevillé à la commissure des lèvres trahissant non la connivence mais seulement le plaisir à la fois partagé et insondable du simulacre théâtral.

Alors, précisément, ceux-ci auront beau jeu d’accueillir au sein de leur émulation réciproque, l’égérie cousue main par Marie-Julie Baup, maîtresse experte en diplomatie, bonne éducation et charme merveilleusement adapté au bon vouloir de ces messieurs.

Et ainsi, il ne restera plus qu’à Michel Dussarat de faire régner une légère bise d’étrangeté persistante ou, mieux, un vent de folie tourbillonnant sur tout ce beau monde reclus dans les quartiers les plus chics de la capitale où l’avenue Foch deviendrait aisément le point focal symbolique d’un magnétisme lubrique universel attitré, c’est-à-dire celui d’une fascination pour l’amour sans ambages à tous les étages du corps social mais auquel Sacha Guitry aura eu le talent d’apporter le nec plus ultra mondain en le travaillant au plus près du spirituel.

Theothea le 05/11/17

   

         

              © Theothea.com    

              

UN DIVAN POUR LA SCENE

   

de & mise en scène Jean-Luc Solal  

avec José Da Sylvia , Grégory Ondet, Olga Shuvalova, Jean-Luc Solal & Claire Tatin   

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Reprise 2017

Théâtre Le Funambule Montmartre

   

 © Theothea.com    

           

Deux ans et demi plus tard, voici donc les mêmes, à l’exception de José Da Silva se substituant à Stéphane Berger dans le rôle de Charles le psychiatre didactique, qui se sont donnés deux mois (sept-oct) au Funambule Montmartre pour approfondir dans ses retranchements la pièce de Jean-Luc Solal tout à la fois auteur, metteur en scène, directeur de compagnie (Théâtre de la Promesse) et, ce n’est pas le moindre, acteur ayant le rôle principal ou tout au moins pivot d’enjeux relationnels duels en dialectique avec la psychanalyse.

Ainsi, Vincent le thérapeute, respectivement & successivement en prise avec Charles, Julia et Colombe alors que celle-ci, sa patiente apprentie comédienne, entre en résistance avec Erwann directeur d’acteur, tous s’entrecroisent dans le but de faire émerger la désaliénation, la sortie de l’emprise liée à l’altérité et si possible la paix avec soi-même.

Tout compte fait, le sujet thématique illustré ici par les pérégrinations comportementales métaphoriques de Don Juan reste toujours pérenne et bien ancré depuis sa création selon notre chronique « Un Divan pour la Scène et faire face au harcèlement » en 2015.

Cependant, ce qui semble avoir évoluer au Funambule, c’est le parti pris de mise en scène. De toute évidence, Jean-Luc Solal a désormais cherché à faire basculer sa pièce du côté de la farce. Ainsi, il a octroyé à son personnage d’analyste fébrile des tics & des tocs qui ne l’ont plus quitté du début à la fin de la représentation.

L’auteur réalisateur a décidé de faire, de son guérisseur des âmes, un fantoche mal dans sa peau, un être instable réversible à chaque décision, un paranoïaque effrayé à l’idée de changer quoi que ce soit au statu quo de son angoisse latente.

Woody Allen n’est pas loin, du moins dans ses intentions de démontrer que son personnage incarné ne maîtrise rien de rien alors même qu’en tant que créateur, il maintient tous les autres partenaires à équidistance de sa zone d’influence.

Jean-Luc Solal cherche à développer ce savoir-faire artistique en caricaturant au maximum sa propre interprétation, de telle façon que les rôles satellites se transforment en autant de relais à un humour de plus en plus objectivé et, par conséquent, à un certain cynisme affiché par rapport à la méthode professionnelle fort « approximative » d’un tel analyste confronté à sa responsabilité thérapeutique.

Au demeurant, la pièce « Un divan sur la scène » est en voie de devenir franchement « comique » et ce n’est pas Olga Shuvalova qui serait en reste de cette tendance car le talent extraverti que l’actrice a de nouveau mis pour composer le comportement étrange de Julia est en soi un condensé de mauvaise foi en posture provocante alors même qu’il serait impossible de la prendre en défaut. Un vrai régal de beauté fatale relookée hyper classe !…

Bref, nous attendons avec impatience une nouvelle reprise parisienne de cette pièce qui, n’en doutons pas, pourrait encore nous ménager de formidables surprises.

Pourquoi pas, par exemple, imaginer la substitution de la séquence improbable du faux plombier au profit d’une réelle rencontre transgressive où puissent se « faire face » soit, dans une dualité paroxystique, Vincent et Julia, soit, dans une innovation réactive, Colombe et Julia ? A moins que tout autre fantasmagorie subjective de spectateur puisse venir combler l’attente d’une confrontation relationnelle cathartique !

A suivre donc au fil du temps, Le Théâtre de la Promesse dans son devenir forcément ouvert à tous les possibles !…

Theothea le 30/10/17

         

 

              © Philippe Petit    

              

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