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Les    Chroniques   de

  

23ème  Saison     Chroniques   23.36   à   23.40    Page  440

 

     

          

             

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ORIGINES

Aux « Origines » du Cirque 44ème création Compagnie Alexis Gruss

     

de & mise en scène Stephan Gruss  

avec Alexis Gruss, Gipsy Gruss, Stephan Gruss, Firmin Gruss, Svetlana Lobova, Alexandre Gruss, Charles gruss, Romuald Bruneau, Louis Gruss, Joseph Gruss, Geoffrey Berhault, desire Cardinali Chavez, Eva Poirieux & l'orchestre dirigé par Sylvain Rolland    

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Théâtre Cirque Alexis Gruss

   

Cie Alexis Gruss – © Eloise Vene

           

Les années se succédant, la compagnie Alexis Gruss est devenue, non seulement, l’un des points focaux de chaque saison du spectacle vivant mais encore, davantage, une sorte de phare générationnel où le public peut suivre, quasiment en temps réel, l’évolution, les avancées, les progrès d’une troupe se référant au patronyme Gruss, celui qu’Alexis (74 ans) ne cesse de transmettre à ses deux fils (Stephan & Firmin) ainsi qu’à l’ensemble de sa descendance dont ses quatre petits fils (Alexandre, Charles, Louis & Joseph) qui, ainsi peu à peu, s’emparent de ce relais circassien presque génétique tout en portant à l’état de grâce l’œuvre du patriarche toujours aux commandes de l’esprit équestre présidant aux destinées du « Cirque à l’ancienne » fondé par lui-même sous les auspices de Silvia Monfort en 1974.

Aujourd’hui, après quatre années d’un fructueux et enthousiasmant partenariat avec les Farfadais autour de « Pégase & Icare » ainsi que de « Quintessence », voici donc, qu’en saison 18-19 pour sa 44ème création, la Compagnie Gruss effectue un véritable retour aux sources en remontant le temps jusqu’aux « Origines » du Cirque qui peuvent être datées en fonction de l’apparition du concept de « piste » initié en 1768 par le major de cavalerie anglais Philippe Astley initialisant celle-ci sur 13 mètres de diamètre et 40m de circonférence.

Actuellement, les écuries de la compagnie Gruss détiennent une cinquantaine de chevaux hautement racés dont une quarantaine participent directement à « Origines » conçu et mis en scène par Stephan Gruss.

La chorégraphe Sandrine Diard est en charge plus spécifiquement de la perspective théâtrale de cette réalisation qu’elle souhaite sublimer de manière artistique et esthétique à partir de la relation homme/cheval.

Durant deux heures et demie, le spectacle en cinq actes et une trentaine de tableaux structurés par un entracte, illustre les phases emblématiques de cette saga équine de 250 ans que la famille Gruss incarne, elle, depuis un siècle et demi sur six générations.

Eva Poirieux raconte, anime et chante, accompagnée par l’orchestre de 10 musiciens dirigés par Sylvain Rolland en présentant les techniques, les disciplines équestres s’esquissant autour de la jonglerie, l’acrobatie et la voltige depuis les parades militaires du XVIIIème siècle jusqu’à nos jours.

Ainsi « La Bardote impromptue » et « Le poste à 17 chevaux » flirtent avec des prouesses dignes de records spectaculaires où, nécessairement, tout le monde retient son souffle.

La deuxième partie du show intitulée « Des racines et des ailes » procède de la synthèse contemporaine à la fois ingénieuse et poétique atteignant son point d’orgue dans la fascinante prestation de Stevana Lobova & Firmin Gruss interprétant leur « duo amoureux dans les airs et à cheval ».

La dynastie Alexis Gruss n’a jamais été aussi cohérente qu’avec ce spectacle mémoriel où trois générations sont en piste de façon assumée, compétente et performante alors que la prestation sobre, intense et resplendissante de l’« Amazone » Gipsy épouse d’Alexis, le Maître écuyer fondateur, est comme garante de son authenticité et de sa qualité, à l’image de ce collectif patrimonial à nul autre pareil.

Selon ses habitudes hivernales parisiennes, le chapiteau se tient à l’orée du Bois de Boulogne, non loin de la porte de Passy atteignant ainsi le début mars avant de partir en tournée hexagonale selon une suite de « Zénith & Aréna » paradant jusque fin mai 2019.

Theothea le 10/01/19     

           

         

Cie Alexis Gruss – © Eloise Vene

                                                        

   

                   

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FANNY ET ALEXANDRE

« Fanny et Alexandre » Julie Deliquet offre Bergman à La Comédie-Française

         

de  Ingmar Bergman   

mise en scène  Julie Deliquet 

avec  Avec Veronique Vella, Thierry Hancisse, Anne Kessler, Cecile Brune, Florence Viala, Denis Podalydes, Laurent Stocker, Elsa Lepoivre, Julie Sicard, Herve Pierre, Gilles David, Noam Morgensztern, Anna Cervinka, Rebecca Marder, Dominique Blanc, Julien Frison ou Gael Kamilindi, Jean Chevalier et les comédiennes de l’academie de la Comedie-Francaise Noemie Passager et Lea Schweitzer

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Comédie Française

Salle Richelieu

   

©  Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française

                                                     

A l’occasion de l’entrée d’Ingmar Bergman au répertoire de La Comédie-Française, la prestigieuse Maison en a profité pour renouer avec la notion traditionnelle de « l’entracte » qu’elle semblait avoir délaissée depuis plusieurs saisons… au profit de représentations effectivement écourtées prévenant d’éventuelles déperditions de spectateurs.

Cependant, en l’occurrence, la rupture dramaturgique est, ici, suffisamment pertinente pour qu’y soulignant judicieusement un changement existentiel radical le public puisse effectuer, lui-même, en cet instant, une pause synchrone bénéfique.

En effet, après cette interruption, la récente veuve Emilie Ekdahl (Elsa Lepoivre) reviendra sur scène en ayant abandonné par dépit le monde théâtral, s’être remarié à l’Evêque Edward Vergerus (Thierry Hancisse) et avoir emmené avec elle ses deux ados, Fanny (Rebecca Marder) et Alexandre (Jean Chevalier) dans son nouveau foyer conjugal.

Mais face à l’intransigeance rigoriste de son second époux exerçant une autorité de substitution abusive avec l’appui pernicieux de sa sœur Henrietta (Anne Kessler), cette expérimentation tournera court rapidement en suscitant un véritable psychodrame domestique dans lequel le spectre paternel originel viendra jouer les empêcheurs de tourner en rond.

Julie Deliquet ayant trois ans auparavant mis en scène, avec grande réussite, « Vania » au Vieux-Colombier, est donc invitée à nouveau pour une création Salle Richelieu, qu’elle a ainsi dédiée au grand réalisateur suédois grâce à son adaptation scénique partagée en compagnie de Florence Seyvos et Julie André, d’après le roman, la série télévisée et le film formant le puzzle testamentaire voulu par Bergman.

S’appuyant sur l’improvisation travaillée en amont pour que sa direction d’acteurs aboutisse davantage à l’incarnation des rôles plutôt qu’à leur interprétation, Julie incite les comédiens à être eux-mêmes prenant présentement en charge la troupe du Français afin d’en constituer le clone de la famille Ekdahl jusqu’à faire correspondre ces deux entités chorales.

Si l’intrication de la réalité et de l’imaginaire court, bel et bien, tout au long de la représentation, la première partie du spectacle se veut avant tout « hommage festif » à la grande famille du Théâtre se présentant formellement au spectateur de manière impressionniste, c’est-à-dire en se projetant de l’autre côté du miroir de la « vraie vie » au sein des coulisses, des loges et du plateau sur lequel l’ensemble des partenaires fêtera joyeusement Noël avant que ne s’élaborent les répétitions d’Hamlet dirigées par Oscar (Denis Podalydès) dans une esthétique singeant à son insu le réel.

Après l’entracte, c’est une toute autre histoire qui se jouera à la suite précisément de la soudaine disparition du chef de Troupe. L’enjeu dramatique progressif s’y révèlera tangible au beau milieu de fantômes plus ou moins identifiés, alors que l’esprit du Théâtre tenterait à nouveau d’aspirer à lui ceux qui auraient malencontreusement déserté son labyrinthe pleinement métaphorique.

Fanny, Alexandre et leur mère se verront alors l’objet d’une attention familiale réitérée visant à les exfiltrer du piège carcéral s’étant refermé sur eux trois.

Quelle sera la part fictionnelle dans ce sauvetage in extremis des griffes de l’obscurantisme ?

Quel en sera le tribut réaliste fustigeant les principes disciplinaires à outrance ?

Où commence et se délimite la sphère onirique ? Serait-ce celle de l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte se confondant en une seule et même aspiration où « fiction » et « vécu » s’allieraient pour le meilleur et le pire tout à la fois ?

En ce geste éminemment artistique, Julie Deliquet associe avec talent la démarche théâtrale au prisme cognitif permettant ainsi d’englober l’univers mental. Si donc l’œuvre d’Ingmar Bergman trouve force et crédit dans sa dimension autobiographique, tout un chacun peut y retrouver sa propre vérité en assumant les rapports de force ludiques, enjeu de toutes les destinées.

Julie Deliquet, elle, a trouvé la sensibilité ainsi que la technique pour nous les rendre perceptibles et même palpables.

Sur les planches et dans la salle, la troupe, actuellement managée par Eric Ruf cosignant lui-même la scénographie de cette création emblématique, investit les cœurs et les esprits sous la houlette visionnaire et protectrice d’Helena (Dominique Blanc), la doyenne de la tribu Ekdahl, garante de la continuité identitaire symbolisant l’âme du Théâtre et cautionnant la mesure de toutes choses…

Sociétaires, pensionnaires et comédiens de l’Académie, tous sont à l’unisson de cet ambitieux objectif faisant de ce spectacle Bergmanien, sinon un manifeste, une véritable profession de foi… en leur vocation et leur Art sublimant la solidarité créative.

Theothea le 19/02/19

     

                 

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LES COUTEAUX DANS LE DOS

de  &  mise en scène   Pierre Notte

avec  Muriel Gaudin, Caroline Marchetti, Kim Schwarck, Amandine Sroussi & Paola Valentin   

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Théâtre  Les Déchargeurs

   

© iFou pour Le Polle Media

                                                     

Dans la catégorie « auteur francophone », Pierre Notte était nominé aux Molières 2010.

Dix années après, il revient sur le lieu du crime « Les Déchargeurs » où les couteaux sont à nouveau tirés dans le dos mais avec un nouveau quintette féminin à l’exception de Caroline Marchetti qui officiait déjà à la création.

Autant de chaises et une table, voilà la scénographie prête à virevolter avec l’envolée de Marie vers la liberté et son existence au monde.

Telle une démarche initiatique que l’adolescente effectuera presque à son insu, la découverte de soi à travers les vicissitudes rencontrées sera programmée comme une échappatoire au carcan inhibiteur de la famille jusqu’au vertige séducteur de la mort appelée à la rescousse, tout en passant par les fjords norvégiens et la compagnie d’un jeune gardien de phare… à l’écoute.

Ce « Peer Gynt » de Pierre Notte conjugué au féminin pluriel est issu de multiples influences revendiquées par le dramaturge, tels Ingmar Bergman, Georges Clouzot, Jean Cocteau, Jean Genet, Franz Kafka, Thomas Middleton, Pier Paolo Pasolini, Saint-John Perse, Jacques Prévert, Rainer Maria Rilke, William Shakespeare, August Strindberg et bien entendu Henrik Ibsen.

Pas moins de 40 personnages sont évoqués par cette équipe dynamique, intense et précise qu’interprètent ces jeunes comédiennes aspirées par un souffle imaginaire emportant sur son passage à la fois le prosaïque, la poésie et le drame dans un tourbillon tourmenté et fantasmagorique dont il sera potentiellement possible de s’extraire par le haut… tant l’ambition de Marie projetée à l’égard de la vie s’avère infinie.

Theothea le 04/05/19

         

                 

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J'AI PRIS MON PERE SUR LES EPAULES

de Fabrice Melquiot  

mise en scène Arnaud Meunier

avec Rachida Brakni, Philippe Torreton, Maurin Ollès, Vincent Garanger, Frederico Semedo, Bénédicte Nmenba, Riad Gahmi & Nathalie Matter  

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Théâtre du Rond-Point

   

© Sonia BARCET

                                                   

Avec deux nominations aux Molières 2019, cette épopée des temps contemporains est donc d’ores et déjà distinguée en catégorie « auteur francophone » et « comédienne ».

Pour cette dernière, Rachida Brakni est l’heureuse destinataire dans son rôle d’Anissa la pythie, à la fois, égérie du père et du fils, de Roch (Philippe Torreton) & d’Enée (Maurin Ollès), les deux protagonistes épiques ayant moissonné l’amitié autour d’eux au sein du blême HLM qu’ils s’apprêtent à quitter afin de rejoindre l’eldorado utopique qu’ils se sont forgé dans leur imaginaire quelque part au Portugal telle la dernière conquête de l’Ouest avant que d’y déposer les armes du volontarisme au seuil de la maladie paternelle à l’issue inéluctable mais sous l’auspice de Murray Head et sa chanson étendard « Say It Ain’t So / Dis que c’est pas vrai ».  

Quant à Fabrice Melquiot, l’autre sélectionné, selon une représentation proche de trois heures de « vivre ensemble » réconfortant les âmes d’origines socioculturelles diversifiées, son ouvrage appelle à la rescousse tous ceux dont on ne parle jamais, ces oubliés des rond-points où les gilets jaunes pourraient par la suite fleurir sans crier gare.

C’est autour du Kebab au Rdc que les huit protagonistes, en présence discrète de la faucheuse, peuvent se retrouver au gré des mots chaleureux vainquant les maux du quotidien avant que de plébisciter le grand défi de nos deux anti-héros.

Ce spectacle, véritable Odyssée pour impressionnante scénographie et distribution haut de gamme, est le fruit d’une commande passée par Arnaud Meunier, directeur de La Comédie de Saint-Etienne, offrant ainsi à Fabrice Melquiot l’opportunité de sublimer, sous le parler vrai si poétique, cette fable réaliste moderne au diapason de l’Enéide de Virgile.

Theothea le 01/05/19

   

                 

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LES ANALPHABETES

d'après Ingmar Bergman (Scènes de la vie conjugale)  

Balagan' retrouvé

avec Gina Calinoiu, Lionel Gonzalez & Thibault Perriard   

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Théâtre Gérard Philipe

TGP

   

© Charlotte Corman

                                                     

Près de deux années auparavant, Laetitia Casta & Raphaël Personnaz endossaient le couple Marianne & Johan qu’Ingmar Bergman avait labellisé dans son film « Scènes de la vie conjugale » afin de le mettre à nu sur les planches de l’Oeuvre au point d’en jauger la menace existentielle s’exerçant sur deux consciences autonomes en impasse.

A la même époque, la compagnie du « Baligan’retrouvé » codirigée par Gina Calinoiu & Lionel González trouvait ses marques en prenant ce même document Bergmanien pour en rechercher la structure à la manière de l’école russe, Vassiliev et Stanislavski, et en dégager ainsi la matière d’une improvisation qui servirait de fil conducteur à leur jeu théâtral.

C’est ainsi que chaque représentation serait unique par le fait qu’elle serait vécue en temps réel sur scène, ici et maintenant.

La création qui eut lieu au Studio d’Alfortville était partagée avec un second couple apparaissant en contrepoint du leur.

Pour cette reprise au TGP en 2019, le couple Marianne & Johan se retrouve seul face à face en présence néanmoins d’un musicien Thibault Perriard qui organise autour d’eux un véritable happening jazzy à partir d’instruments « bricolés » et manœuvrés dans la distanciation aléatoire.

De la notoriété des acteurs cités au début menant une introspection ravageuse s’apparentant au jeu de la vérité jusqu’au saut vertigineux dans le vécu en direct par deux comédiens associés selon une quête de l’invisible, voire de l’inconscient d’une œuvre balisée et renommée, il y a bien sûr dans les deux cas une approche de la violence des sentiments et des ressentiments se retournant tels des boomerangs sur leurs détenteurs.

Cependant au diapason de la démarche du « Baligan’ retrouvé » se distingue d’emblée une spécificité essentielle contenue dans le titre de leur spectacle lui-même tiré de la 5ème phase du couple conçu par Bergman : « Les Analphabètes ».

En effet Gina Calinoiu & Lionel González nous apparaissent comme deux néophytes de l’Amour pris au piège de ce que celui-ci est devenu à leurs dépens.

Ils découvrent en même temps que les spectateurs le mal qui les ronge de l’intérieur au moment présent… en vertu du fait que leur propre jeu s’actualise à chaque instant de la représentation en cours : Effet d’intensité émotionnelle garanti !

Aussi, maintenant que la cession du TGP est derrière eux, s’élève une réelle impatience à connaître la suite thématique dévolue au « Baligan’retrouvé ».

Theothea le 28/04/19

   

                  

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