Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

23ème  Saison     Chroniques   23.71   à   23.75    Page  447

 

          

             

Fête de la musique - Keren Ann - Jardins Palais-Royal     © Theothea.com

   

       

   

       

Fête de la musique - Keren Ann - Jardins Palais-Royal     © Theothea.com

     

       

     

Fête de la musique - Keren Ann - Jardins Palais-Royal     © Theothea.com

   

     

                

     

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LA VIE DE GALILEE

« La Vie de Galilée » en phase avec les forces gravitationnelles à La Comédie Française    

   

de  Bertolt Brecht 

mise en scène   Eric Ruf   

avec  Véronique Vella, Thierry Hancisse, Alain Lenglet, Florence Viala, Jérôme Pouly, Guillaume Gallienne en alternance avec Serge Bagdassarian, Hervé Pierre, Bakary Sangaré, Pierre Louis-Calixte en alternance avec Nâzim Boudjenah, Gilles David, Jérémy Lopez, Julien Frison en alternance avec Birane Ba, Jean Chevalier, Élise Lhomeau et les académiciens de la Comédie-Française Peio Berterretche, Béatrice Bienville, Magdaléna Calloc’h, Pauline Chabrol, Noémie Pasteger, Léa Schweitzer, Thomas Keller, Olivier Lugo & Jordan Vincent

****

     

Comédie Française / Salle Richelieu

   

© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française

             

D’une entrée au répertoire à une nouvelle création, d’un administrateur général à l’un de ses successeurs, de leurs mises en scène respectives à leurs complémentarités dialectiques, d’Antoine Vitez à Eric Ruf, près de trente années séparent les deux gestes artistiques au sein de la Troupe du Français, l’un mettant en exergue la distanciation analytique de la connaissance, l’autre approfondissant la nécessité du doute et de la confrontation critique, tous deux s’appuyant sur un rôle titre d’envergure, Hervé Pierre relayant, par-delà trois décades, Roland Bertin afin d’assurer aujourd’hui l’emploi d’ « acteur-monde » théorisé et conceptualisé par Eric Ruf.

Face donc à la personnalité de Galilée, épicurien et jouisseur des ressources procurées par la vie, l’enjeu de l’époque, pour l’église catholique, était de taille puisqu’il ne lui fallait pas moins que maintenir, coûte que coûte, son influence et son pouvoir fondé au centre d’un organigramme systémique structurant mais vulnérable.

Donc point question d’admettre la moindre déviance du dogme certifiant que le globe terrestre est au cœur d’un univers intangible autour duquel tous les autres astres ou planètes tourneraient en orbites satellitaires.

Aussi, ayant acquis une lunette astronomique très performante autorisant le bien-fondé d’observations et d’études démonstratives auxquelles Copernic et Aristote ne pouvaient accéder en leur temps, il n’ y aurait, malgré cet acquis ayant révélé la réalité héliocentrique, pas d’autre échappatoire scientifique ou philosophique pour Galilée que celle de devoir se rétracter officiellement à moins que d’accepter et d’endurer les affres de tortures dont ne sauraient se dispenser de lui infliger les services « très spéciaux » de l’inquisition.

Serait-ce uniquement par lâcheté et terreur d’endurer de telles souffrances en vain ou ne serait-ce pas plutôt par pragmatisme diplomatique que le physicien aurait ainsi accepté l’humiliation de se renier à la face du monde alors qu’en coulisses, sachant pertinemment que le temps jouerait inéluctablement en sa faveur, il aurait continué à œuvrer à ses recherches et même les aurait communiquées à l’un de ses disciples en charge de transmettre « Les Discorsi » à l’étranger réfutant de facto son stratégique déni ?

C’est bel et bien cette démarche des petits pas s’adaptant aux circonstances plus soucieuses à long terme d’efficacité plutôt que d’actes de bravoure héroïques mais inopérants qu’Eric Ruf a décidé de confier à Hervé Pierre pour que celui-ci en compose un personnage « bon vivant » et optimiste qui, à terme, sortirait vainqueur des compromis à courte vue et des petits arrangements avec la médiocrité humaine envers laquelle il faut savoir effectivement composer, négocier et même ménager la susceptibilité maniaque en ayant la sagesse d’en tenir compte sans arrogance inopportune.

C’est alors qu’Eric Ruf, en grand démiurge ayant la faculté institutionnelle de mettre les petits plats dans les grands, décide d’accorder au décor et aux costumes une place prévalente dans l’environnement formel présidant aux apparentes valses-hésitations de Galilée préférant vivre pour sa recherche plutôt que d’imposer des idées trop en avance sur la « géopolitique » du moment.

Le scénographe convoque donc le grand couturier Christian Lacroix afin que, main dans la main, ils créent un spectaculaire écrin composé de toiles de grands maîtres, notamment de la Renaissance italienne, dans lequel évolueraient les représentants parfaitement identifiables des castes sociales, gouvernementales et religieuses à l’apparat pleinement pictural.

Ainsi l’évolution du processus menant par à-coups de l’Obscurantisme aux Lumières serait totalement sous contrôle au sein d’un cadre patrimonial élitaire figé dans l’histoire humaine avec, pour unique témoin et garant, l’esthétique ayant la beauté en seul point de mire.

De ce gigantesque musée scénographique éclairant le monde d’une belle lumière en définitive carcérale, il faudra donc que l’esprit critique puisse s’en extraire avec patience et habileté afin de pouvoir fédérer à terme ce point de vue tellement « révolutionnaire » : « Oui, la Terre tourne… autour du Soleil ».

La Troupe du Français est au service et à l’unisson de ce projet XXL, tous derrière son actuel administrateur avec, caracolant en tête, le fameux "acteur-monde" élu en messager de la bonne nouvelle à ne pas ébruiter trop rapidement aux oreilles d’une société idéologiquement verticale si chaste à déroger de ses certitudes protectrices.

Theothea le 03/07/19

     

                              

© Theothea.com

HIROSHIMA MON AMOUR

« Hiroshima mon Amour » Fanny Ardant en mission suprême aux Bouffes Parisiens

   

de  Marguerite Duras    

adaptation & mise en scène  Bertrand  Marcos   

avec  Fanny Ardant     

****

     

Théâtre  des Bouffes Parisiens

   

©  Carole Bellaiche

           

Avec grandeur d'âme, Fanny Ardant s'inscrit en ambassadrice de Marguerite Duras et d’Alain Resnais pour quinze représentations exceptionnelles au théâtre des Bouffes Parisiens :

Telle une tornade, sa passion inconditionnelle à l’égard de la dramaturge-scénariste emporte sa propre tentation du repli, selon une solitude désirée et constructive, jusqu’aux confins du profit à s’exposer pour clamer le péril salutaire à exister et se consumer dans et par l’Amour.

Le véritable danger quasiment inéluctable et spécifiquement inhérent à la vie humaine, ce serait l’oubli !

Cependant, à l’instar de la psychologie où le symptôme demeure la preuve tangible du traumatisme persistant dans l’inconscient, du côté de la mémoire consciente se dresse la déperdition, cette pierre d’achoppement à tout ce qui relève de l’énergie existentielle.

Souvenance sélective et oubli déstructurant étant donc ces deux faces d’une même propension à neutraliser, à tempérer et rendre politiquement correct ce qui devrait rester une déflagration indicible et toujours agissante.

C’est pourquoi il est urgent d’en relever le défi par la Littérature et le verbe en général qui, appelés à la rescousse, seraient en mesure de revivifier la condition humaine.

Aussi, en confrontant la catastrophe nucléaire d’Hiroshima d’avec l’amour fondateur de Nevers face à la résilience amoureuse nippone, les affects s’entrechoquent violemment et intensément au sein d’une même appréhension, celle de la menace d’une amnésie en progression fatale et inexorable.

Fanny Ardant trouve dans les textes Durassiens une fondamentale raison de vivre sans réserve et surtout l’expression artistique dont elle se sent porteuse au point de vouloir, sur les planches, y revenir sans cesse en apportant au spectateur matière à réflexion impérieuse.

La comédienne s’empare des mots de l’écrivaine pour les faire siens en temps réel dans l’instant éphémère du spectacle vivant.

Sur le plateau de ce théâtre longtemps dirigé par Jean-Claude Brialy selon une aura patrimoniale rayonnante, la grande dame brune de noir vêtue sur fond sombre et obscur s’avance vers l’avant-scène telle une « Toréro » en charge de débusquer les forces vives, celles qui mettent la vie en jeu, celles qui permettent d’atteindre à la sincérité avec soi-même.

Avec ce phrasé et cette scansion de la phrase qui n’appartiennent qu’à elle, l’artiste se libère du poids des maux oppressant pour dresser au pinacle l’ode à l’Amour qu’aucun déshonneur, aucune honte, aucune diffamation ne sauraient stigmatiser au point de rendre celui-là absolu, définitif et à jamais éternel.

Lui répondant comme en écho bienveillant, la voix off, chaude et voluptueuse de Gérard Depardieu, se glisse dans celle de l’amant et confident japonais en charge conjointe de la résurgence actualisée de l’explosion atomique ainsi que de la réminiscence du coup de foudre de Nevers.

Moins d’une heure plus tard, parvenue au terme de ce parcours à chaque fois initiatique, les saluts et le temps des ovations debout autoriseront celui du sourire, de l’exaltation et même du glamour assumé, en retour partagé avec tous d’un texte qui aura fait vibrer le socle des convenances inopportunes.

Loin d’avoir fait pléonasme avec le film d’Alain Resnais, Fanny Ardant sous la direction et l’adaptation de Bertrand Marcos aura contribué à restituer la pertinence et l’authenticité créatrice de cette commande littéraire alors adressée à Marguerite Duras et que le cinéma aura ensuite permis de consacrer en chef d’œuvre universel.

Theothea le 25/06/19

   

                              

© Theothea.com

TCHEKHOV A LA FOLIE 

 « Tchekhov à la Folie » Prolongations en délire au Poche Montparnasse

En reprise concomitante   ci-dessous :    « Michel for ever »    

     

d' Anton Tchekhov

mise en scène  Jean-Louis Benoit   

avec  Emeline Bayart, Jean-Paul Farré & Manuel Le Lièvre   

****

     

Théâtre de Poche Montparnasse

   

©  Victor Tonelli

     

Au Théâtre de Poche, celui de Philippe & Stéphanie Tesson, donc père & fille, les succès s’enchaînent avec une telle aisance depuis 2012 qu’il apparaît d’évidence que le hasard n’y est point le maître d’œuvre.

A contrario, l’ambition de satisfaire le public dans son exigence de qualité, son goût d’approfondir celle-ci hors des sentiers battus ainsi que sa volonté d’être surpris à chaque création, a créé un tel flux depuis l’avènement de cette direction familiale qu’un état de grâce semble désormais présider à cette ruche conviviale du spectacle vivant.

A telle enseigne que de nombreuses reprises ou prolongations sont devenues nécessité tant leur réputation s’amplifie au prorata de leur impact exponentiel.

Ainsi, en est-il, pour ce « Tchekhov à la folie » qui, depuis début 2019, telle une tornade tourbillonnante emmène tout son auditoire dans un plaisir tellement frénétique que chaque représentation se présenterait quasiment comme un gage multiplicateur de fréquentation.

Ainsi, en associant « L’Ours » et « La Demande en mariage » deux farces initiées par Tchekhov selon le principe de véracité poussé jusqu’à la caricature extrême tout en désignant celles-ci sous un seul titre paradoxalement provocateur, c’est comme si un processus de fusion déchaînée s’était mis en branle pour le plus grand plaisir de tous.

La mise en scène de Jean-Louis Benoit agit comme un remake de film muet en provenance de la belle époque, celle où les acteurs devaient appuyer leurs comportement, gestuelle et effets de telle sorte que les spectateurs soient happés dans un cycle de pensée magique percutant le mouvement cinétique saccadé et heurté à la manière d’un exutoire drolatique.

Sur ce schéma délibérément incitateur à l’hilarité est alors ici plaquée une adaptation francophone (André Markowicz & Françoise Morvan) au rythme effervescent et rugissant qui finira de façonner le trio de comédiens dûment choisis à dessein pour capter et déclencher le rire dévastateur en diable de la nature humaine… façon Tchekhovienne a priori inattendue !

A tout Seigneur tout Honneur, Jean-Paul Farré en est le leader charismatique de par sa grande expérience des situations abracadabrantesques qu’il sait manipuler depuis toujours avec l’art habité du sorcier éclairé; celle acquise brillamment par Manuel Le Lièvre sur « Hôtel Feydeau » à L’Odéon aurait pu faire office de véritable catalyseur en Vaudeville; quant à Emeline Bayard, c’est peu de dire qu’elle est la révélation de ce spectacle, certes déjà nominée aux Molières pour Fric-Frac, mais ô combien atypique, hyper expressive et atemporelle sur le registre de la mauvaise foi vitupérant au féminin rigide dans le rôle d’une Natalia Stépanovna plus préoccupée par son droit de propriété concernant une parcelle de terrain âprement disputée que par celle d’une perspective de mariage.

Cupidité, entêtement, fourberie pourraient d’ailleurs être les trois variables d’ajustement que se partagent allègrement les trios de ces deux « plaisanteries » (ainsi étiquetées par Tchekhov lui-même) mais dont, à l’instar de celui des chaises musicales, le jeu de rôles se déplace en quelque sorte du féminin au masculin pour représenter la posture revêche et disgracieuse « phare » d’une comédie à l’autre.

De plus, comme la proximité des spectateurs et des acteurs est particulièrement intense au Poche, les grimaces, mimiques et simagrées se perçoivent en gros plan cadré et c’est donc ainsi que la scénographie de l’intérieur d’une datcha focalisée au centre de gravité par un ruban tue-mouches suspendu depuis le plafond interfère comme un quatrième partenaire morbide qui régenterait et régulerait d’office la mesquinerie et la stupidité humaine.

Plus philosophique que Tchekhov, tu meurs !… Mais surtout plus décidé d’en rire de tout son saoul libère l’énergie néfaste accumulée au fil des siècles ! A voir, à revoir dans l’intime et chaleureux Théâtre de Stéphanie & Philippe.

Theothea le 28/08/19             

                        

     

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MICHEL FOR EVER

« Michel for ever » en triomphe au Poche Montparnasse

       

de &   mise en scène   Stéphan Druet & Daphné Tesson

musiques  Michel Legrand

avec  Gaétan BORG, Sebastiàn GALEOTA ou Julien ALLUGUETTE, Emmanuelle GOIZÉ, Mathilde HENNEKINNE & Benoit DE MESMAY, piano / Jean-Luc ARRAMY, contrebasse

****

     

Théâtre de Poche Montparnasse

   

©  Pascal GELY

             

Voici donc ce premier hommage scénique célébrant l’artiste Michel Legrand grâce à un kaléidoscope ou patchwork de cent minutes, concocté en trois semaines par Stéphan Druet & Daphné Tesson à la suite de la disparition du compositeur en janvier 2019 et qui atteint d’emblée la juste euphorie suscitée par son œuvre musicale en plein osmose avec l’univers du cinéaste Jacques Demy.

Au Théâtre de Poche Montparnasse, repris depuis 2012 par Philippe Tesson ayant su, en déléguant les rênes de la direction, lui donner une telle impulsion que ce lieu est devenu un must de la création théâtrale ainsi qu’un lieu intimiste et convivial se prêtant à tous les défis artistiques autour du texte, Stéphan Druet y était déjà en 2018 récompensé par le Molière du spectacle musical pour « Histoire du soldat ».

Et voilà qu’actuellement, de nouveau sous la baguette magique de ce concepteur inspiré, un quatuor de comédiens emporte en quelques semaines de représentations un véritable plébiscite à la fois critique et public ne pouvant que réjouir Macha Méril, veuve de Michel Legrand, ayant pu constater que son compositeur de mari avait été davantage célébré de son vivant sur d’autres continents, notamment aux USA qu’en son propre pays.

C’est un véritable florilège de rythme et de swing influencé essentiellement par le Jazz qui constitue la playlist de ce spectacle encadré par deux références cinématographiques fondatrices, « Les parapluies de Cherbourg » ainsi que « Les demoiselles de Rochefort » cependant que s’illustrent également pêle-mêle avec bonheur « Un été 42 », « Lola », « Les uns et les autres », « Yentl », « L’affaire Thomas Crown », « Parking », « Cléo de 5 à 7 » et bien sûr « Peau d’âne ».

Les quatre comédiens composent successivement des saynètes qui mettent en place ces chansons tout en apportant quelques anecdotes ayant participé de leurs créations ou de leurs diffusions ainsi circonstanciées.

Qui oserait disputer à Emmanuelle Goizé & Mathilde Hennekinne d’être l’attrayante réincarnation des fameuses « sœurs jumelles » ? De toute évidence, ce ne sont pas leurs partenaires passionnés, Gaëtan Borg et Sebastian Galeota (en alternance avec Julien Alluguette) qui auraient la velléité de s’inscrire en faux !

C’est enlevé, léger, primesautier, en phase avec l’optimisme d’après-guerre où la reconstruction générale participait du progrès ambiant empreint d’un esprit bon enfant que, par ailleurs, Jacques Tati aura si bien dépeint dans ses esquisses caricaturales du modernisme venant directement de l’Amérique.

C’est aussi très drôle car le jeu des quatre amis est à la fois malicieux, tendre, loufoque et plein d’espièglerie.

Chorégraphie, danse et même claquettes accompagnent, au plus près de la scénographie, le contexte thématique qu’induisent implicitement ces chansons.

Les spectateurs sont attablés comme au cabaret avec des rafraîchissements qui leur sont proposés au fur et à mesure de leur placement en salle dans ce sous-sol parnassien.

« Quand on s’aime », créée en 1965 & interprétée par le duo Michel Legrand & Nana Mouskouri pourrait parfaitement illustrer cette heureuse époque où la poésie des mots se mêlait aisément à l’art de la rêverie éveillée, plein de charme et ouvert sur le monde :

« On peut marcher sous la pluie, Prendre le thé à minuit, Passer l'été à Paris, Quand on s'aime; On peut se croire à New-York, Cinq heures du soir, five o'clock, Ou dans un square de Bangkok, quand on s'aime; On peut marcher sur la mer, Danser autour de la Terre, Se balancer dans les airs, On peut tout faire, Quand on s'aime… »

Accompagnée par deux musiciens placés à cour autour d’un piano (Benoit de Mesnay) et d’une contrebasse (Jean-Luc Arramy), la soirée est ainsi scandée selon de multiples et délicieuses réminiscences que la mémoire collective a engrangé notamment dans une multitude de films au sein du patrimoine culturel et qu’ainsi, dans un précipité affectif, celle-ci nous livre avec une subtilité enivrante s’exhalant par salves d’effluves magiques.

Theothea le 27/06/19

                

                           

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HUCKLEBERRY FINN   Le Musical  

   

   

d'après Mark Twain

mise en scène   Hélène Cohen   

avec  Morgane L’HOSTIS, Joël O’CANGHA & Alain PAYEN

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Théâtre de La Huchette

   

© Theothea.com

           

Quelque part entre le Gavroche de Victor Hugo, L’enfant sauvage de Truffaut et l’Emile de Jean-Jacques Rousseau, Morgane l’Hostis se glisse androgyne dans le personnage de Huck, quasi adolescent, refusant la discipline sociétale et donc en rupture de famille, afin de fuir cette dépendance dont celui-ci va s’extraire en remontant sur un radeau de fortune les 1800 kilomètres du Mississippi en compagnie de Jim (Joël O’Cangha), jeune esclave noir rencontré fortuitement.

Véritable parcours initiatique, c’est encore davantage une leçon de désapprentissage du conditionnement que l’Amérique esclavagiste de 1850 propose en modèle culturel exclusif dont Huck va bénéficier au fur et à mesure de leur pérégrination tumultueuse commune ponctuée de tribulations picaresques, en étant confronté de fait à des contradictions idéologiques et existentielles obligeant à la transgression éthique… tout en apprenant ainsi à penser par soi-même.

Faire du Roman fondateur de Mark Twain une comédie musicale, qui plus est en l’occurrence, créée sur le minuscule plateau du Théâtre de La Huchette, voilà bien une gageure exceptionnelle dont la mise en scène d’Hélène Cohen a décidé de partager la contrainte artistique en élaborant la coadaptation musicale avec Didier Bailly.

Pour les paroles des chansons, la plume d’Eric Chantelauze viendrait s’y magnifier à la suite déjà de son engagement pour « La poupée sanglante » et « Comédiens !» venant successivement de triompher à la Huchette depuis ce choix nouvellement directorial d’y effectuer une percée triomphante dans le domaine du Théâtre musical, en parallèle de la vocation originelle à y faire jouer « La cantatrice chauve » et « La Leçon » de Ionesco.

Troisième partenaire, le rôle d’Alain Payen contribue à faire lien d’avec le monde environnant souvent inhibant et hostile tout en s’élevant au rang de Maître de Cérémonie en charge de jalonner cette épopée à rebondissements multiples bien que la plupart du temps incohérents : « Quiconque tente de trouver une morale à cette histoire sera banni ; quiconque tente de trouver une intrigue sera fusillé ! »

Après plus de trois mois estivaux à l’affiche, cette création va laisser place à une programmation précédemment établie pour La Huchette en ce début de saison 19-20 mais, si une reprise ultérieure est toujours possible, une évidence éclate à tous les spectateurs venus applaudir cet ambitieux spectacle : Morgane L’Hostis y aura gagné ses lettres de noblesse avec un tel allant que celle qui a débuté à 16 ans dans le rôle titre de la comédie musicale « Alice » est en passe de devenir une formidable référence du Musical. Ses deux partenaires, en faire valoir délibérement assumés, auront d’ailleurs constitué, à parts égales, un soutien tonique et une vraie catapulte à ce qui devrait devenir sa destinée artistique.

Theothea le 03/09/19

              

                          

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