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15ème  Saison     Chroniques   15.026   à   15.030    Page  259

 

   

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MAMMA MIA

de  Catherine Johnson

mise en scène:  Phyllida Lloyd

****

Théâtre Mogador

Tel: 08 20 88 87 86

   

       photo ©  Cat.S - Theothea.com  

       

Deux ans après la présentation en avant-première de « Mamma Mia, le film » avec Meryl Streep, le théâtre Mogador accueille la version française de l’adaptation théâtrale initiée, au siècle dernier, par la productrice Judy Cramer .

Ainsi, à la suite des dix années de succès engrangé par cette comédie musicale à la fois en tournée mondiale anglophone, ainsi qu’en création locale sous version linguistique appropriée, voici donc, près de trente ans après l’ultime concert du groupe Abba au Japon, vingt-deux de leurs rengaines universellement plébiscitées qui reviennent en échos démultipliés par l’histoire simple de Donna et Sophie, respectivement mère et fille à l’aube de leur prochaine séparation pour cause de mariage en perspective.

Le livret de Catherine Johnson a organisé ce processus de rupture à l’aune d’une fébrile recherche en paternité, si possible identifiée juste à temps, afin de pouvoir sublimer l’apothéose nuptiale.

La restitution d’un humour omniprésent, au travers des tribulations inspirées par les chansons originales de Benny Andersson et Björn Ulvaeus ( Abba ) ayant constitué a posteriori la structure du scénario, a été confiée à Stéphane Laporte et Nicolas Nebot qui ont réussi le tour de force de rendre la langue française quasi pertinente et même davantage, si affinités.

Garant de la mise en scène référentielle de Phyllida Lloyd, Paul Garrington assume, pour la création parisienne, le concept d’un décor mobile et abstrait d’une auberge des Cyclades, ayant été limité aux contingences de l’expression théâtrale alternant entre intimité et extraversion.

     

       photo ©  Cat.S - Theothea.com  

     

Et çà marche !… çà danse, çà chante, çà entraîne, çà frissonne… et tout çà, bien entendu, sous le feeling des « good vibrations » de « Chiquitita », « Dancing Queen », « Money, Money, Money », « I Have A Dream », « Knowing You Knowing Me », « The Winner Takes It All » , « Super Trouper », « Take A Chance On Me », « Gimme! Gimme! Gimme! », « Voulez Vous » et « Mamma Mia »... en VF, s’il vous plaît !…

Un mois après le gala d’ouverture à Mogador, le show paraît très bien parti et sans doute pour une longue période, car il y a fort à parier que les spectateurs auront envie d’y revenir, et même peut-être à plusieurs reprises, avec le goût d’y découvrir, par exemple, des subtilités idiomatiques cachées mais surtout avec l’envie subjective de satisfaire, à juste titre, leur addiction musicale.

Sous la perspective de révélations ultérieures pour les rôles partagés en doublure, le casting initial de cette création française apparaît d’emblée sympathique, spontané et empli d’un enthousiasme communicatif.

Avec son air bien trempé d’un sosie de Véronique Jannot en empathie avec l’air du temps, Claire Guyot a tout d’une grande dont la puissance de voix ne serait pas le moindre de ses atouts.

Marion Posta (Tanya) fait preuve d’une classe malicieuse, franchement drôle, servie par une gestuelle et une dégaine à la fois désinvolte et outrancière.

Karen Gluck (Rosie) joue la vieille copine de bonne composition avec un vrai naturel qui ne trompe pas. En phase avec son rôle fédérateur, la comédienne gagne le talisman confiance.

     

      photo ©  Theothea.com  

           

Le couple de tourtereaux à marier est délicieusement interprété par Gaëlle Gauthier (Sophie) et Dan Menasche (Sky) qui, d’emblée, emportent les suffrages tant leur ardeur amoureuse ne pourrait être feinte.

Les trois pères putatifs se doivent, eux, d’être discrets car leur absence plus ou moins délibérée ne plaide guère en leur faveur, quels que soient les griefs respectifs.

Aussi Jérôme Pradon (Sam), Patrick Mazet (Harry) et Francis Boulogne (Bill) jouent la patience, la compréhension et juste ce qu’il faut de concurrence, pour s’assurer une crédibilité solidaire, en assumant, en quelque sorte, des rôles « effacés » face à une tribu de femmes emplies de vitalité et de passion.

Cependant, loin d’être une guerre des sexes revisitée au parfum féministe des seventies, Mamma Mia est, avant tout, une bouffée d’amour et d’amitié conjugués au diapason des générations s’entremêlant à qui mieux-mieux… comme dans la vraie vie.

Theothea le 22/11/10

FOOTLOOSE

de  Dan Pitchford & Walter Bobbie

mise en scène:  Raphaël Kaney-Duverger & Guillaume Segouin

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Espace Cardin

Tel: 08 92 68 36 22

 

      photo ©  Cat.S - Theothea.com  

   

« Footloose », expression libertaire apparentée à « chaussures délacées » et par association intuitive à « libre dans sa tête », est arrivée à Paris en provenance d’un immense succès à Broadway et Londres, suite à l’adaptation du film d’Herbert Ross en 1984, sous forme de comédie musicale.

Actuellement à Paris, Pierre Cardin accueille, dans son Théâtre Elyséen, la troupe francophone, durant quelques mois festifs, alors que Nicolas Laugero et Jacques Collard ont œuvré pour en franciser le livret.

Etrangement et sans doute pour des raisons d’exiguïté scénique, les quatre musiciens live sont cantonnés au fond du balcon, ignorés du public.

Par ailleurs, si, en s’appuyant principalement sur des murs de vidéo, le décor peut donner, à peu de frais, l’illusion d’effets fort spectaculaires, la préparation vocale et chorégraphique des comédiens-danseurs est, elle, particulièrement convaincante.

Le feeling est au rendez-vous de cette histoire que Tennessee Williams aurait pu inspirer à James Dean dans une Amérique puritaine davantage par atavisme culturel que par simple rigidité idéologique.

En effet, si le révérend (Fabrice de La Villeherve) du village de Beaumont a décidé de faire appliquer une loi interdisant les bals et autres concerts alcoolisés aux jeunes générations, c’est à la suite et par contrecoup d’un accident de voiture où son propre fils s’est tué en compagnie de trois copains.

Aussi, en venant de Chicago, suite à un abandon respectivement paternel et marital, Ren (Arno Diem) et sa mère Ethel (Gwnaëlle Deram), confrontés à cette règle locale trop stricte pour être efficace, vont se trouver en porte-à-faux avec leur envie de faire table rase du passé.

Ren a toujours voulu chanter et danser ; en conséquence, il est bien décidé de parvenir à ses fins, fût-ce en faisant preuve de patience et de perspicacité, d’autant plus qu’entre temps, il s’est épris d’Ariel (Tatiana Matre), la fille du Pasteur, qui sait bien lui rendre la réciproque.

Les deux amoureux emportent le spectateur dans une frénésie communicative à toute la troupe, alors qu’en contrepartie, dans le rôle d’empêcheur de tourner en rond, Nicolas Turconi y ajoute une dose talentueuse d’insolence sarcastique.

Energie, humour et empathie sont au rendez-vous de cette création musicale, qui pour peu qu’on en accepte les codes « bon enfant », pourrait, bel et bien, faire l’effet d’une cure de jouvence, façon seventies.

Theothea le 05/11/10

MIKE, LAISSE-NOUS T'AIMER

de  Gadi Inbar

mise en scène:  Thomas le Douarec

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Comédia Théâtre

Tel: 01 42 38 22 22

 

  photo ©  Cat.S - Theothea.com  

   

Gregory Benchenafi dans le rôle de Mike Brant et Caroline Devismes dans celui de Dalida, voici deux recrues de la compagnie Roger Louret dans l’un des duos phare de cette comédie musicale, dont Daniel Mesguich aurait dit: « A priori, on y va à reculons et a posteriori on a qu’une envie, c’est d’y retourner ».

Cependant, comment trouver étonnant qu’un spectacle mis en scène par Thomas le Douarec autour d’un drame mythique écrit pour le théâtre avec des tubes légendaires en fil conducteur, puisse ne pas trouver un succès immédiat, alors que l’époque contemporaine se nourrit de revival attitude ?

Sans doute pour aboutir à une telle impasse, aurait-il fallu que le casting débouche sur un pâle compromis entre voix et feeling qui ne puisse convaincre à la fois les fans du chanteur tragiquement disparu et, en même temps, le public prêt à s’enflammer au tempo des cathédrales, si proche du music-hall !…

Que nenni, tous les ingrédients à l’engouement vont être réunis autour de « Laisse-moi t’aimer », « Rien qu’une larme », « Qui saura », « C’est ma prière »… pour pénétrer l’histoire biographique d’une comète venue d’ailleurs alors que le bénéfice de la résilience n’aura pas encore su atteindre la seconde génération après la Shoah.

Emblème magnifique issu d’un monde de souffrance désormais tue, le jeune Israélien va être happé par les sirènes du show-biz occidental se relayant à son insu pour exploiter le filon commercial jusqu’à l’épuisement moral.

Encore fallait-il trouver le juste comédien-chanteur pouvant s’apparenter physiquement, vocalement et spirituellement avec cette icône médiatique, échappant peu à peu au contrôle de ses pygmalions.

C’est le metteur en scène Thierry Harcourt qui eut le déclic clairvoyant de proposer Gregory Benchenafi à Thomas le Douarec et réciproquement.

Aucun donc des trois professionnels ne rata le coche de l’intuition artistique et voilà cette comédie musicale lancée à coup sûr sur les rails de la fascination collective plébiscitée pour le meilleur.

Scindées par un entracte structurel, deux parties se succèdent dans l’accomplissement d’un destin où la montée fulgurante ne pouvait qu’engendrer la chute verticale, vouée à la gravitation universelle.

En effet, si au-delà des paillettes en apesanteur mirifique, le retour sur terre s’imposait à l’artiste n’étant plus en mesure d’assumer le personnage sidéral perpétué par d’autres apprentis sorciers, la violence de l’attraction terrestre ne pouvait aboutir qu’au surgissement paradoxal du mythe.

Voici donc ce dernier présentement au Comédia Théâtre pour une durable et faste période festive… pourvu que chacun y sache protéger la voie si vulnérable de la destinée.

Theothea le 16/11/10

LES CONFESSIONS DE ROUSSEAU

   

de  & par  Stéphane Rousseau

****

Théâtre Le Palace

Tel: 01 40 22 60 60

 

       photo ©  Theothea.com  

   

Sur la scène du Palace, les initiales « SR » trônent comme un aveu de talents à focaliser dans un one man show pour conquérir, à nouveau, Paris.

« S » & « R » bien entendu, comme Stéphane Rousseau, ce comédien qui, débarquant du Québec en 2001 au Bataclan, s’octroyait d’emblée une réputation de jeune premier doué à tous les étages de la performance.

Vinrent ensuite la comédie musicale « Chicago » et le film « Les invasions barbares » qui confirmèrent tout le bien attendu de cette personnalité artistique francophone éduquée au sein des cultures nord américaines.

A l’affiche aujourd’hui de la salle mythique façonnée aux prestigieuses soirées d’antan, par la suite relookée aux valeurs branchées du spectacle vivant, le jeune homme de 44 ans y remplit la jauge des festivités 2010-11.

En prenant le risque d’intituler son show, « Les confessions de Rousseau », l’artiste prend date avec la renommée de son patronyme à partager au mieux puisque de Jean-Jacques à Stéphane, plus qu’un Océan et trois siècles à franchir, il y a surtout, désormais, un prénom à confesser.

En effet, à l’instar du philosophe des Lumières, l’acteur, pareillement, affronte le défi autobiographique, mais son angle d’attaque privilégié s’inscrit, délibérément, en schéma d’autodérision.

Bardé d’un physique « irréprochable », avec lequel néanmoins il se force à composer, l’objectif serait de s’emparer des aléas douloureux, heureux ou même banalisés que la vie lui a fait traverser dans un passé récent, pour en extraire un matériau scénique qu’il aura su échafauder de A à Z.

Pour la première fois, metteur en scène à part entière de son spectacle, l’auteur reconstruit le quotidien relationnel à l’aune de la fiction esthétisée aux néons scintillants d’une ducasse universelle et tapageuse.

Des chaussures achetées en pointures inadaptées jusqu’aux truculences hospitalières lors du trépassement paternel, en passant par le stress délirant d’une naissance prématurée, la sincérité du propos n’aura d’égale que sa mise à distance des affects pour n’en conserver que matière à rire face à la malignité adverse.

Cependant, l’énergie communicative de l’artiste prend résolument l’ascendant sur toutes velléités de laisser transparaître les contrecoups des fêlures afin de ne pas submerger sa sensibilité personnelle qui, paradoxalement, éprouve le besoin de se confier au public.

Macho jusqu’au bout du fantasme, le personnage extraverti de la bande dessinée rentre, alors, dans sa coquille scénographique pour en fustiger, ouvertement, les artifices… tout en imitant avec brio, une prestation rock de David Bowie.

De la belle ouvrage digne d’un palace réhabilité au goût du jour.

Theothea le 15/11/10

BORIS VIAN, UNE TROMPINETTE AU PARADIS

PARIS FROU-FROU, LA DERNIERE SEANCE

de & mise en scène:  Jérôme Savary   

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Théâtre Dejazet

Tel:  01 48 87 52 55

 

       photo ©  Cat.S - Theothea.com  

     

Jérôme Savary en live au Dejazet de Jean Bouquin jusqu’après la Toussaint, çà c’est Paname revisitée au Jazz des années cinquante et soixante.

Avec Boris Vian, en fil conducteur d’une époque, jamais révolue dans les esprits, ainsi qu’en démiurge du Grand Magic Circus, plus performant que la mémoire des seventies elle-même, l’ex-patron de Chaillot et de l’Opéra Comique, remercié pour cause de longévité outrepassée, a repris sa panoplie de saltimbanque « on the road again », épaulé par 2 de ses filles, Manon et Nina.

Grâce à une équipe réduite aux valeurs sûres et éprouvées, Frédéric Longbois, en monsieur Loyal, et Philippe Rosengoltz, à la direction musicale, assurent les deux spectacles sans entracte mais avec buffet pris en sandwichs.

Pour « La dernière séance du Paris Frou-frou », c’est l’inénarrable Michel Dussarrat qui joue les transformistes hors pair durant soixante-dix minutes de changement de costumes au sein du Cabaret dont à soixante-cinq ans, il n’aurait pas l’intention de décrocher.

En effet, pas de retraite envisageable pour l’artiste qui entretient une forme morale et physique, rodée à toutes les épreuves d’une passion consacrée au spectacle vivant.

Pour « Boris Vian », c’est Savary, lui-même, qui se dédouble en hommage vintage à son idéal de jeunesse alors que la trompette est censée, à un siècle d’intervalle, octroyer à Jérôme et Boris les faveurs du Paradis, grâce à la transmission empathique du talent iconoclaste.

Fort du répertoire déjanté et plein de verve outrancière de la comète disparue à 39 ans, « en allant cracher sur sa tombe », Jérôme se dédouane, à son tour, de toutes réserves, y compris de celle de fumer cigare et boire whisky sur scène, pour recouvrer, en complicité d’Antonin Maurel et Sabine Leroc, ce Saint Germain-des-Prés des légendes avec Juliette Greco comme égérie et sans tabous, comme boîte de nuit.

A partir d’un simple truc en plumes et d’une trompinette, le prestidigitateur sait toujours concocter une sublime soirée de music-hall; alors, en déni de toute place vacante, Jérôme est bien décidé de ne pas laisser Savary goûter avant lui, l’indicible plaisir de la saveur de la mort!… Du grand art, partagé en troupe de chic et de choc.

Theothea le 02/11/10 

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